14 novembre 2015 6 14 /11 /novembre /2015 12:30

Voici les articles de presse que vous pouvez consulter ou télécharger concernant les activités connexes, conférences et ouvrages du psychanalyste et psychosociologue Franck Trommenschlager :

- Dossier de presse et activités connexes -

L'université populaire UPL : Une thérapeutique sociale, en réponse à la solitude induite par la modernité

 

Interview Mr.Trommenschlager / Le reportage de la rédaction

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- Dossier de presse et activités connexes -
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France bleu - Trommenschlager / Neuromarketing

Podcast de l'émission - Cliquez ici :

 

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 16:02

La numérisation généralisée qui est en cours conduit à l'automatisation intégrale, et ce fait emporte des questions épistémologiques aussi bien qu'économiques, sociales et politiques de première grandeur. Cet article s'attachera tout d'abord à esquisser le contexte de cette métamorphose des sociétés -- qui se décline aussi bien du côté du calcul intensif et de la "smart city" que de la production robotisée, de la neuro-économie, du corps et de la transformation des conditions de la décision dans tous les domaines. Il tentera ensuite de montrer que toute l'organisation économique qui s'était concrétisée au cours du XXè siècle autour de l'organisation fordiste et keynésienne de la production et de la consommation s'en trouve compromise. Il soutiendra enfin que, d'une part, loin d'être le contraire de l'automatisation, la capacité de décision la suppose, et d'autre part, seule l'automatisation qui permet la désautomatisation est productrice de valeur durable -- c'est à dire de néguentropie.

 

Chaine de montage entièrement automatisée... sans humains !

Chaine de montage entièrement automatisée... sans humains !

  • A propos de l'ouvrage "La société automatique"

  

Le 19 juillet 2014, le journal Le Soir révélait à Bruxelles que selon des estimations américaines, britanniques et belges, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Italie, la Pologne et les États-Unis pourraient perdre entre 43 et 50 % de leurs emplois dans les dix à quinze prochaines années. Trois mois plus tard, le Journal du dimanche soutenait que trois millions d’emplois seraient condamnés à disparaître en France au cours des dix prochaines années.

 
L’automatisation intégrée est le principal résultat de ce que l’on appelle « l’économie des data ». Organisant des boucles de rétroactions à la vitesse de la lumière (à travers les réseaux sociaux, objets communicants, puces RFID, capteurs, actionneurs, calcul intensif sur données massives appelées big data, smart cities et robots en tout genre) entre consommation, marketing, production, logistique et distribution, la réticulation généralisée conduit à une régression drastique de l’emploi dans tous les secteurs – de l’avocat au chauffeur routier, du médecin au manutentionnaire – et dans tous les pays.

 
Pourquoi le rapport remis en juin 2014 au président de la République française par Jean Pisani-Ferry occulte-t-il ces prévisions ? Pourquoi le gouvernement n’ouvre-t-il pas un débat sur l’avenir de la France et de l’Europe dans ce nouveau contexte ?

 
L’automatisation intégrale et généralisée fut anticipée de longue date – notamment par Karl Marx en 1857, par John Maynard Keynes en 1930, par Norbert Wiener et Georges Friedmann en 1950, et par Georges Elgozy en 1967. Tous ces penseurs y voyaient la nécessité d’un changement économique, politique et culturel radical.

 
Le temps de ce changement est venu, et le présent ouvrage est consacré à en analyser les fondements, à en décrire les enjeux et à préconiser des mesures à la hauteur d’une situation exceptionnelle à tous égards – où il se pourrait que commence véritablement le temps du travail.

 

1_Prolétarisation de la théorie

 

L’ère du capitalisme industriel atteint son point de « prolétarisation » ultime. Après la perte du « savoir-faire » des travailleurs – provoquée au XIXe siècle par le machinisme –, après la perte du « savoir-vivre » des consommateurs – provoquée au XXe siècle par le marketing –, Stiegler soutient, avec un effet de vérité certain sur son lecteur, que c’est la perte du « savoir-théorique » des citoyens qui, aujourd’hui, menace. En effet, la « gouvernementalité algorithmique » induite par les big data (la masse des données numériques), anticipant nos faits, nos gestes et nos choix, « automatise » nos attentes. Mais aussi « dé-cultive » notre liberté de raisonner, de synthétiser, de concevoir des manières singulières – plutôt que moyennes – d’avancer.

 

2_Désautomatiser les automatismes

 

Stiegler n’oppose pas la technique à la vie. Il démontre même que l’invention technique est au fondement même de l’humanité. L’homme est l’animal qui se dote d’organes artificiels (silex, écriture ou numérique) : il ne cesse d’extérioriser sa puissance d’être dans de nouveaux automatismes. Mais, toujours, il préserve une capacité à « désautomatiser », à bifurquer, à prendre une décision, à sortir du cadre… Bref, à penser. Or toute pensée nous vient de notre faculté de rêver, et donc d’élaborer de nouvelles tekhnes afin de réaliser nos rêves. Telle est la vie du désir que Stiegler appelle « les intermittences de l’âme » et que le capitalisme « 24/7 » est en train d’étrangler.

 

3_Économie de la contribution

 

Face à la destruction annoncée, d’ici à une ou deux décennies, de plus de la moitié des emplois salariés par la robotisation, il s’agit donc de travailler à la sortie de l’organisation « tayloriste, keynésienne et consumériste ». Et d’inventer alors une « économie de la contribution », fondée sur une pratique et une politique du savoir – par où se crée la nouvelle valeur. Cela passerait, d’une part, par une généralisation du régime des intermittents, fondé en 1946 en France, redistribuant non pas des salaires, mais le « temps libre » permis par l’automatisation. Et, d’autre part, par la mise en œuvre d’une « technologie digitale herméneutique » où chacun pourrait participer à l’interprétation des nouveaux savoirs – faire, vivre, concevoir.

 

Bernard Stiegler , Philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation

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Peut-on aborder la question du chômage autrement que comme une fatalité ? Quelles pistes d'avenir pour un retour de l'emploi ou… du travail ?

 

 

Un niveau est inégalé depuis 5 ans… Il ne s’agit pas de la courbe du chômage qui, elle, a atteint en mars un sommet historique, mais du moral des ménages. Un paradoxe en temps de crise qui n’appelle aucune morale, plutôt quelques explications… Si ce n’est sur le taux de chômage ni sur les points de croissance, sur quoi avons-nous indexé notre moral ? Sur le cours du pétrole, nous dit Libération, la baisse continue des prix du Brut donnerait en effet un petit coup de pouce au pouvoir d’achat qui relance la demande et regonfle la confiance… D’autres mettent ce regain d’optimisme sur le compte de la faible inflation. Quelqu’en soit la cause, cette tendance n’est en rien révélatrice de "l’état de l’économie réelle" (Libération, 30 avril 2015).

 

De ce côté-ci, les mauvaises nouvelles se sont accumulées cette semaine :  des 600 emplois français bientôt supprimés par le fabricant Vallourec aux 500 postes menacés chez le suédois Renaud Trucks, il n’y a guère que l’industrie de l’armement qui tire son épingle du jeu avec la vente annoncée de 24 rafales au Qatar.

 

 

Des annonces qui ajoutent une touche de noir au tableau déjà peu réjouissant de l’emploi dans l’hexagone, à l’heure où François Hollande, le Président qui avait promis d’inverser la courbe du chômage, fête ses trois ans à l’Elysée. Avec ce nouveau cap de plus de 3 millions et demi de chômeurs en mars, la situation ne s’arrange pas. 3 millions et demi de personnes n’ayant pas du tout travaillé et dès lors privées de leur légitimité à fêter le travail, à communier avec un brin de muguet autour de ce fondement du lien social, de cette valeur sacralisée que la sociologue Dominique Méda interrogeait  il y a 20 ans comme une espèce « en voie de disparation ». Le travail que l’avenir pourrait réhabiliter, en enterrant définitivement l’emploi.

 

Sources : http://www.fayard.fr/   http://www.philomag.com/   http://www.franceculture.fr/

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1 décembre 2014 1 01 /12 /décembre /2014 09:07

Tout changement social doit concevoir son économie. Alors que s’est ouvert en 2013, à Paris, le OuiShareFest, premier événement européen entièrement dédié à l’économie collaborative, il s'agit de faire le point sur un ensemble de termes qui reviennent souvent dans l’actualité pour qualifier les modèles économiques émergents et à venir, qui cherchent à fournir des réponses aux urgences d'un consumérisme plus que jamais en ruine... entrainant avec lui les citoyens et l'ensemble des forces vives qui souhaitent redonner de l'oxygène... et de l'espoir !

  

http://www.evous.fr/local/cache-vignettes/L316xH296/screenhunter_09_dec._05_20.36-91738.jpg

- Le paradigme de Schumpeter, un modèle économique caduc -

Onze théories économiques par Anne-Sophie Novel :

 

L’économie coopérative

 

Commençons avec le plus ancien de ces modèles, qui relève de l'économie sociale et solidaire. Les premières coopératives de consommation sont apparues à la fin du XVIIIe siècle afin de promouvoir une économie plus sociale. À l’époque, les consommateurs se regroupaient pour acheter en gros des biens de consommation en donnant à chaque membres le droit d’exercer des droits et des devoirs.

 

Dans cette économie sociale, des groupements de personnes visent à satisfaire des attentes collectives: des réseaux coopératifs aussi variés que celui des magasins Biocoop, des fournisseurs d’électricité comme Enercoop ou une banque comme le Crédit coopératif (dont la logique reprend celle des coopératives de production) proposent plus que des biens et des services : ils offrent des garanties sur la qualité des produits, les modes de production, le respect de l’être humain et de l’environnement, la garantie d’un prix juste, et au final une autre vision de la société.

 

En ce sens, la logique n’est pas anticapitaliste, mais a-capita-liste: ces initiatives ne sont pas en opposition au capital, mais dans sa négation, et la personne humaine remplace le capital dans la finalité de l’action collective des hommes.

 

Pour Jean-François Draperi, spécialiste du mouvement mutualiste et coopératif, ce mode de fonctionnement permet surtout d’assurer la cohérence des sociétés: "L’entreprise d’économie sociale renoue le lien entre les actifs et le capital. Elle réunit en association des personnes volontaires, chacune disposant d’une voix et d’une seule dans la prise de décision indépendamment des différences d’investissement financier. Le bénéfice réalisé n’est pas considéré comme un profit, mais comme un excédent de gestion sur lequel l‘entreprise constitue des réserves impartageables et inaliénables", explique-t-il dans Rendre possible un autre monde.

 

Dotée maintenant d’un ministère, ce secteur a créé 400 000 emplois nouveaux (davantage que le secteur privé traditionnel) en dix ans et avance actuellement sur la question de ses liens avec l’entrepreneuriat social (sous l’impulsion du Mouves, notamment) pour savoir si une acceptation plus large des statuts de l’ESS et de la gestion des profits peut être entendue (voir le tableau suivant pour saisir les nuances)

 

Tableau extrait du livre Vive la Corévolution ! 
 


L’économie positive

 

 

Définie par Maximilien Rouer et Anne Gouyon dans Réparer la planète, la révolution de l'économie positive (publié en 2005), l’économie positive se définit par rapport à l'économie négative (qui dégrade l'environnement et domine actuellement), l'économie neutre ("celle des écologistes des années 70, moins polluante mais qui ne résout en rien les problèmes environnementaux existants" résume M.Rouer dans cet entretien) et la positive, qui se veut réparatrice de l'environnement tout en générant des profits. Comme Maximilien Rouer le précise également dans cet article, cette économie s'applique "à tous les secteurs aussi bien les transports que le bâtiment, l'agriculture, l'énergie ou encore les biens de consommation. Elle désectorise l'environnement. Elle le passe d'une logique sectorielle à une logique mainstream et fait évoluer nos repères scientifiques, technologiques, économiques et financiers. Au point de questionner la vulnérabilité des modèles d'affaires, des produits et des services existants."

 

Aujourd'hui, le terme a été repris par Jacques Attali, notamment dans le cadre du LH Forum dont la première édition s'est déroulée en septembre 2012 au Havre et qui devrait mettre à l'honneur un rapport sur le sujet dans sa prochaine édition, en septembre 2013.

 

L’économie circulaire

 

Voilà une forme économique qui fait également parler d’elle ces temps-ci. Entre les travaux lancés par la fondation Ellen Macarthur, le nouvel institut de l'économie circulaire créé en octobre 2012 à Paris, les travaux de l’Institut Inspire et l’ouverture d’une chaire de recherche intitulée "business as unusual" dédiée au sujet par Euromed Management, les moyens ne sont jamais trop peu nombreux pour faire avancer le concept expliqué de manière claire et succincte dans la vidéo pédagogique suivante :

 

Si cela vous intéresse, la Fondation Ellen MacArthur a publié en janvier 2013 une bibliothèque d'études de cas identifiant les entreprises qui ont amorcé une transition vers l'économie circulaire.

 

L’économie de la fonctionnalité

 

Liée à l’économie circulaire mais différente tout de même, l’économie de la fonctionnalité repose sur la vente de l’usage d’un produit et des services associés plutôt que sur la vente du produit lui même. Comme le précise à juste titre la page Wikipédia, "c’est la recherche normative de gains environnementaux et/ou sociaux qui distingue l’économie de la fonctionnalité de la servicisation classique".

 

 

En France, le club économie de la fonctionnalité suit de près ces sujet, et l’Institut Inspire  travaille actuellement avec la région PACA sur une guide méthodologique (la méthode NOVUS, Nouvelles Opportunités Valorisant l’Usage et le Service) "visant à préparer le territoire à une transition vers une économie plus sobre en ressources naturelles, tout en étant créatrice de plus de valeurs et de nouveaux emplois".

Parmi les pionniers de cette approche, les plus connus sont, en France, Michelin (qui loue des pneus à ses clients professionnels) et, à l'international, Interface (qui propose une offre de location de moquette, pour ses clients professionnels là aussi).

 

L’économie collaborative

 

 

 

Aujourd’hui au coeur du OuiShareFest, demain au centre de la conférence Le Web London, nous sommes en plein boom de l'économie collaborative, cette économie qui valorise l'accès sur la propriété et favorise les échanges pair-à-pair (peer-to-peer, entre personnes).

 

Plus de 1000 initiatives ont été recensées dans le monde par le site collaborativeconsumption.com et les experts réunis aux OuiShareFest estiment qu'un nouveau monde est en marche tout en étant conscients du besoin d'asseoir les valeurs et l'identité du mouvement: les adeptes de ces nouveaux modes de consommation ne remettent pas forcément en cause le fait de consommer, et ils n'y viennent pas pour les mêmes raisons. Alors qu'il gagne en maturité, le mouvement doit aussi "gagner en visibilité" ainsi que le soulignait ce matin Jean-Baptiste Roger, de la Fonderie, en introduction du festival.

 

Chose intéressante, l’ère du collaboratif donne une autre perspective au déploiement des logiques coopératives décrites ci-dessus. L’alliance du socle de valeurs formalisées dans l’économie sociale et solidaire avec la souplesse et l’agilité des logiques collaboratives ouvre clairement la voie d’un nouveau paradigme économique et social.

 

L'économie contributive

 

Le philosophe Bernard Stiegler, qui suit aussi de près les transformations du monde, aime parler pour sa part d'économie contributive et explique en quoi notre prochain modèle du travail sera ancré sur le savoir et non plus sur le modèle consumériste. Un exemple ? "Dans le champ énergétique, le contributif est très très important. Il y a plusieurs types de contributeurs. Les individus, d’abord. Moi, par exemple, j’ai un moulin. Je peux aussi mettre 300 m2 sur mes toits de photovoltaïque. Je peux revendre 3-4 fois ma consommation. Mais je ne le fais pas parce que les conditions de sécurité pour le faire sont telles qu’il faudrait que j’investisse beaucoup d’argent", expliquait-il à Rue89 en février 2013.

 

Avec une question clef: comment sortir de l'attitude de consommation ? Car le modèle économique actuel est devenu toxique pour les gens et pour l’environnement et nous devons nous orienter dans une "ère du travail contributif, où le contributeur n’est ni simplement un producteur, ni simplement un consommateur".

 

Et attention, "l’économie coopérative n’est pas contributive mais c’est une nouvelle version, m'a expliqué le philosophe en mars 2013. C’est plus profond car l’économie coopérative ne change pas fondamentalement l’économie industrielle, telle que pensée initialement, elle se développe à côté du modèle industriel". L'économie de la contribution est un modèle industriel coopératif qui n'est donc pas "à part" tout en faisant la promotion du logiciel libre et de tout ce qui procède de la décentralisation et de la mise en réseau décentralisé (dans le champs de l’énergie notamment).

 

Le hic, c'est que "les politiques n’ont pas de vision industrielle de cette question, et les gens de l’économie sociale et solidaire ont tort de ne pas mettre cela sur le plan industriel" estime le philosophe. Et "si l'économie collaborative fait partie de l’état d’esprit contributif, mais elle ne doit pas trop diaboliser les logiques descendantes et pyramidales" estime-t-il également, en annonçant non pas la fin du travail mais sa renaissance.

 

 

 

L’économie horizontale

 

Pour Daniel Kaplan, de la FING, il serait préférable de ne pas parler d'économie collaborative à tort et à travers: "les individus qui s’engagent dans ces pratiques (ebay, le car sharing, ...) ne se disent pas qu’ils "collaborent", ils cherchent à réaliser des actions de façon plus rapide, moins coûteuse ou plus satisfaisante. Et l'essentiel de la valeur économique est capté par un intermédiaire" expliquait-il à WithoutModel il y a quelques semaines.

 

A ses yeux, il s'agit plus d'économie horizontale, alors que la collaboration serait réservée à ceux qui échangent des produit des biens ou des services en dehors de la sphère marchande. Mais bien plus encore, "l'univers du Do it Yourself, des makers et des Fablabs révèle une autre tendance qui peut transformer en profondeur le modèle industriel. Ces émergences annoncent a minima une évolution importante de la conception et du prototypage ; sans doute une transformation du cycle de vie des produits et de sa gestion ; et peut-être, dans certains domaines, un nouveau mode de production et d’assemblage". Ainsi, les processus deviennent plus fluides, comme l'explique d'ailleurs depuis longtemps Joël de Rosnay, notamment dans Surfer la Vie ou Jeremy Rifkin lorsqu'il parle d'économie latérale.

 

L’économie quaternaire

 

Pour l'économiste Michèle Debonneuil interrogée début janvier dans cet article de Laure Belot dans Le Monde, nous voyons émerger aujourd'hui des pionniers d'une économie "quaternaire". "Les nouvelles technologies sont pleines de potentialités et le Bon Coin est une illustration embryonnaire de tout ce qu'il va être possible de faire grâce à ces nouveaux échanges sur Internet et sur mobiles. Ces technologies vont permettre de décupler les capacités mentales des hommes comme les technologies de la mécanisation ont permis de décupler leurs capacités physiques" estimait-elle alors.

 

La limite, selon elle, est le risque de revenir à une économie de troc "qui ferait fi de l'apport réel de l'économie de marché". Aussi les entreprises doivent-elles intégrer ces nouvelles logiques dans leurs façon de faire, en étant plus ouverte aux nouveaux besoins des consommateurs, et entrer dans l'ère de la co-création. Sans oublier qu'"il s'agit, avec les technologies numériques, de passer d'une économie de l'"avoir plus" à une économie de l'"être mieux"" souligne la chercheuse.

 

L’économie open source

 

 

 

Autre modèle dont on entend parler de plus en plus, celui inspiré des modèles open source très développé dans les logiciels informatiques. Aujourd'hui nous voyons émerger de l'open hardware (matériel libre) et il est possible de concevoir des voiture open-source, des tracteurs open source, des bateaux open source pour nettoyer les dégâts liés aux marées noires.

 

Ici, l'idée est de partager le savoir, de l'enrichir, de le compléter, d'en faciliter la reproduction et la progression en jouant sur la créativité de chacun et la transparence. Le mouvement des makers cher à Chris Anderson (et à Joël de Rosnay, qui utilise le terme "doueur") participe aussi de cette dynamique collective ouverte.

 

Si le sujet vous intéresse, cet article de Mathilde Berchon, publié en octobre 2012 sur Owni offre un panorama utile.

 

L’économie symbiotique

 

Définie par Isabelle Delannoy, l'économie symbiotique tend à intègrer l'ensemble des modèles décrits ci-dessus. "L'émergence parallèle et non concertée de ces modèles montre qu’un vrai nouveau souffle irrigue notre époque et avance de façon autonome et forte, rassemblant de plus en plus d’industriels, de territoires, de citoyens et de consommateurs dans un mouvement qui a dépassé les signaux faibles" peut-on lire sur ce site dédié. Leur point commun ? Coupler la rentabilité économique avec la restauration des écosystèmes et la résilience sociale. Ce qu'ils peuvent atteindre ensemble ? Une toute nouvelle voie pour le développement durable, un développement où l’homme ne fait pas "moins pire" mais "bien".

  L'économie Symbiotique, par Isabelle Delannoy

 

Au total, six principes fonctionnant en synergie guident cette économie. Du biomimétisme (ou économie bleue) en faisant appel à l'intelligence des écosystèmes à la parcimonie en passant par une économie plus propre (non polluante),  relocalisée et diversificatrice, l'économie symbiotique fournit une boussole permettant d'évaluer des projets existants, construire des outils d’amélioration et de pilotage de nouveaux projets. "Elle permet aussi de proposer de nouveaux indicateurs de mesure de la restauration écologique, économique et sociale" explique Isabelle Delannoy.

 

La décroissance

 

Souvent décriée et critiquée (et trop idéologisée), la décroissance (ou sobriété heureuse, petite déclinaison) est un modèle qui mérite pourtant qu'on l'étudie. Les travaux de Serge Latouche sont très utiles pour bien comprendre leur logique, et le livre Un projet de décroissance – Manifeste pour une dotation Inconditionnelle d’Autonomie publié début 2013 offrira un regard politique sur ce projet de société.

Mais pour bien comprendre les enjeux d'une société décroissante, je vous conseille vivement de lire Tim Jackson: avec de nombreux chiffres à l'appui et un long travail de concertation, il montre dans Prospérité sans croissance comment il est possible aujourd'hui de changer de modèle sans pour autant revenir à une économie de la bougie, oui oui.

 

En attendant, cette liste reste incomplète et ces modèles se nourrissent les uns les autres. Gardez donc vos antennes en alerte, de nouveaux concepts apparaissent au quotidien en cette période de transition. De quoi nourrir la réflexion et les alternatives d'avenir, non ? Puisse nos dirigeants "enfin" s'en inspirer...


Anne-Sophie Novel / @SoAnn sur twitter - http://alternatives.blog.lemonde.fr/

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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 08:38

L’agro-écologie, solution pour que chacun se nourrisse sainement demain ? Oui, démontre ce documentaire ! Il présente des initiatives agro-écologiques réussies aux quatre coins du monde, augmentant les rendements et créant de nouveaux liens plus humains, entre producteurs et consommateurs... 

 

 

 

 

Comment nourrir la population mondiale en se détournant des pesticides ?

 

C'est à cette question que tente de répondre ce documentaire, en menant l'enquête sur quatre continents. S'appuyant sur les témoignages d'experts, d'éleveurs et de cultivateurs, il dresse un bilan de la révolution agricole qui, après un demi-siècle, n'est pas parvenue à nourrir le monde, alors qu'elle a largement participé au réchauffement climatique, épuisant les sols, les ressources en eau et la biodiversité, provoquant des allergies ou des maladies... Des expériences montrent aujourd'hui que l'agriculture familiale et biologique sur une large échelle est non seulement possible, mais efficace d'un point de vue économique.

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 09:37

"Les plus riches ont pris le pouvoir à l’échelle mondiale"

"La crise de la zone euro n’a pas été fondamentalement créée par la nonchalance des débiteurs, mais par l’agressivité des prêteurs"

"La vérité de cette période n’est pas que l’État est impuissant, mais qu’il est au service de l’oligarchie"

Propos d'Emmanuel Todd - 15 août 2012

 

 

http://www.lesobservateurs.ch/wp-content/uploads/2013/09/suisse-taxe-guerre-fiscale.png

 

E.Lévy : Les États sont-ils en guerre contre "les marchés" ?

Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l’échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l’argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir L’État prédateur, de James Galbraith). Il suffit d’observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu’ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l’opposition entre les uns et les autres n’a plus aucun sens.

 

Vous êtes bien léger avec l’argent des petits épargnants  !

Je refuse de céder au chantage. Lorsqu’ils partaient à la conquête de villes, les Mongols utilisaient des otages comme boucliers humains. Le groupe des plus riches fait exactement la même chose : ses otages, ce sont les petits épargnants.

 

"La faute aux riches !" : n’est-ce pas sommaire ?

Que cela vous plaise ou non, l’accumulation excessive d’argent dans les strates supérieures de la société est l’une des caractéristiques de la période. La baisse, ou la stagnation, des revenus des gens ordinaires est allée de pair avec la hausse des revenus des 1 % les plus riches et, à l’intérieur de ce petit groupe, des 0,01 % les plus riches. Quant à l’État, il faut reconnaître son ambivalence et s’appuyer sur la partie raisonnable du marxisme pour comprendre ce qui se passe. L’État est à la fois l’incarnation de l’intérêt général et l’expression de la classe dominante. L’État social d’après-guerre, l’État gaulliste, et quoi qu’en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l’intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd’hui, l’État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.

 

La situation serait-elle meilleure si les riches étaient moins riches ? Autrement dit, le problème est-il moral ou économique ?

Mon analyse n’a aucune visée morale. Depuis 1990, l’ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités. À ce sujet, je rends hommage à l’école Piketty, dont il semble que les travaux comparatifs à l’échelle mondiale aient été décisifs dans l’émergence actuelle de la thématique des 1 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n’est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l’oligarchie et de son rapport à l’État. Il faut donc identifier cette oligarchie et analyser sa structure, son mode de vie, sa composition.

 

S’agit-il d’un groupe hors sol, d’"élites mondialisées", expression qui faisait bondir tout le monde il y a dix ans ?

On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale. Parce qu’on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu’il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d’implacables rapports de forces. La spécificité de l’oligarchie française, c’est sa proximité avec la haute administration. Ses membres ont souvent étudié dans de grandes écoles - sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l’anglais, sont incroyablement français dans leurs moeurs et n’en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l’oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor’s et Moody’s est une soumission à l’oligarchie américaine. Quant à l’oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s’habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l’oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité. La gauche nourrit l’illusion d’une égalité au sommet, alors que l’inégalité caractérise autant le haut que le bas de la structure sociale mondiale.

 

 

Si les États ne s’endettaient pas, ils ne s’appauvriraient pas et n’enrichiraient personne en remboursant leur dette.

Cette idée est complètement à côté de la plaque parce qu’elle méconnaît le mécanisme réel de l’endettement. On analyse la dette publique à partir du point de vue d’un emprunteur qui serait coupable d’avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu’ils ont vécu à crédit. Or ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l’origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l’avait très bien vu dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, les riches adorent la dette publique ! Un État qui s’endette est un État qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d’obtenir une sécurité maximale pour leur argent.

 

Donc, ce n’est pas la faute des gouvernements, puisqu’on les a poussés à emprunter ?

Sauf que ce sont leurs choix fiscaux qui les ont conduits à se mettre dans la main des plus riches. Dans Les dettes illégitimes, François Chesnais montre bien comment, en France, les ultrariches ont bénéficié d’une baisse de leurs impôts qui leur permet de prêter à l’État les ressources dont il s’est lui-même privé. Sans oublier l’auto-interdiction pour l’État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973, mais rendue idéologiquement formidable par le mythe supplémentaire d’une Banque centrale européenne à Francfort, supposée être hors de portée de l’État français. Chaque année, les Français se voient ainsi ponctionner, à travers la TVA et les impôts directs, 250 milliards d’euros, dont près de 50 milliards d’intérêts, qui vont à des gens qui ont déjà trop d’argent. Les deux tiers sont d’ailleurs étrangers, parce que la fête est mondiale, les riches Français pouvant en contrepartie se gaver de la soumission des États et des peuples. Voilà ce que cache le discours alarmiste et moralisateur sur l’endettement abyssal, la faillite du pays et la nécessité de sauver le triple A. Derrière l’apparente logique libérale du système, l’État devient une machine à rançonner les populations au bénéfice des plus riches.

 

L’impôt est aussi le fondement de la démocratie. Quand ils rechignent à s’en acquitter, comme en Grèce, les citoyens sont-ils des victimes ?

Je ne peux que me répéter : on a poussé les Grecs à s’endetter afin de pouvoir mieux les étrangler. Regardez votre téléviseur : sans cesse des publicités nous incitent à emprunter. Les banques, pardon, les riches, aiment prêter. Et les usuriers aiment saisir les biens si l’on ne peut rembourser. Privatiser les biens de l’État grec, par exemple.

 

Ne seriez-vous pas un peu complotiste ? Même si "on" les a poussés, le dealer est-il le seul coupable de la dépendance du drogué ?

Le monde de l’oligarchie est un monde de pouvoir et de complots. En aidant l’État grec à trafiquer ses comptes, Goldman Sachs s’est comporté en usurier. Maintenant, ce qu’on appelle "aider" les Grecs, c’est les maintenir en état d’être rançonnés. La crise de la zone euro n’a pas été fondamentalement créée par la nonchalance des débiteurs, mais par l’agressivité des prêteurs.

 

Cette oligarchie, la définiriez-vous comme une classe sociale et, en ce cas, est-elle dotée d’une conscience de classe ?

L’oligarchie se comporte comme une classe sociale, mais en même temps on sent en elle de l’irrationalité et même un vent de folie collective. Du coup, je me demande s’il faut recourir à l’analyse marxiste de l’idéologie ou à la psychiatrie. Pourtant, un groupe social privilégié n’est pas nécessairement décadent et irresponsable. À la différence des nobles français du XVIIIe siècle, attachés à l’exemption fiscale, les classes supérieures anglaises acceptaient une pression fiscale élevée. Elles ont conquis le monde. L’oligarchie actuelle est à mille lieues de cet exemple. Il serait préférable, si ce terme ne renvoyait aux slogans antisémites, de parler de ploutocratie. Gardons en tout cas à l’esprit que l’oligarchie, pouvoir d’un petit nombre, diffère de l’aristocratie, qui est celui des meilleurs.

 

Ces oligarques ont plus à perdre que les autres catégories. L’irrationalité explique-t-elle tout ?

La conduite des acteurs hésite entre rationnel et irrationnel. Le point de départ de la crise de 2008, c’est l’accaparement par la Chine et d’autres, grâce à leurs bas salaires, d’une part croissante de la production mondiale, qui entraîne, dans les pays riches, une compression des revenus, donc une insuffisance de la demande. Le résultat, c’est que les salaires évoluent à la baisse, alors que le volume de la production mondiale augmente. C’est dans ce contexte que les États-Unis, puissance monétairement dominante, découvrent le mécanisme fou du crédit hypothécaire. Les ménages américains ne s’endettent pas seulement pour acheter une plus grande maison, mais pour continuer à consommer des produits chinois. Et à la veille de la crise de 2008, le déficit commercial américain s’élève à 800 milliards de dollars. Le système est étonnant : les États-Unis, forts de leur statut impérial, font de ce déficit un régulateur keynésien à l’échelle mondiale. Ainsi, l’endettement est appelé à compenser l’insuffisance de la demande. Bien entendu, le mécanisme du crédit finit par imploser et les revenus comme les importations par s’effondrer. Dans ce contexte, les plans de relance concoctés par le G7, le G8 et le G20 sont une réaction rationnelle. On célèbre le triomphe de Keynes et le retour de l’État.

 

Voilà qui n’aurait pas dû vous déplaire !

Le problème, c’est qu’il s’agit d’un keynésianisme des riches. La relance n’est pas financée par la création monétaire - la planche à billets -, qui ne coûterait rien à l’État, mais par l’endettement, qui permet de sécuriser l’argent des nantis sans apporter la moindre réponse de fond à l’insuffisance de la demande. Ce pseudo-keynésianisme encourage la croissance chinoise, booste le CAC 40 et accélère les délocalisations en Europe. À l’arrivée, le fameux "retour de l’État" n’est rien d’autre que l’instauration d’un socialisme des riches. L’État doit sauver les riches, nom de code : "les banques", parce que les banques, qui contrôlent aussi les moyens de paiement des citoyens, comme l’a très bien dit Frédéric Lordon, ont pris l’État en otage pour le compte de leurs riches actionnaires. Si on avait opté pour leur nationalisation, on aurait pu garantir les économies des gens ordinaires, indemniser les petits actionnaires et sanctionner les coupables. La vérité de cette période n’est pas que l’État est impuissant, mais qu’il est au service de l’oligarchie.

 

Si la relance profite aux riches - les prêteurs -, l’austérité bénéficiera-t-elle aux pauvres  ?

Ce qui est certain, c’est que le discours antirigueur, incarné par exemple par Martine Aubry, est complètement archaïque. Les gouvernements ont fini par comprendre que les politiques de relance ne relançaient que l’économie de la Chine et des pays émergents. Mais ils refusent toujours la moindre mesure de protectionnisme national, sectoriel ou européen. Dans ces conditions, la rigueur peut apparaître comme un refus passif de contribuer à la croissance de la Chine, une troisième voie que je qualifierai de "protectionnisme des imbéciles". Voilà la triste vérité, nous sommes gouvernés par des imbéciles. Les gens qui sont aux commandes doivent être tenus pour responsables de leurs actes. Cela dit, je ne suis pas mélenchoniste : je crois qu’il faut des élites pour gouverner. Il ne s’agit pas de les pendre, mais de les ramener à la raison. Baroin et Pécresse, l’incompétence au sommet, sont sans doute sincèrement convaincus que le retour à l’équilibre budgétaire donne la solution de tous nos problèmes. Toutefois, il n’est pas exclu que les gouvernements aient inconsciemment fait un autre choix : si la relance est impossible et le protectionnisme impensable, la réduction des dépenses budgétaires dans les pays déficitaires est le seul moyen de mettre à genoux les pays exportateurs excédentaires, en gros l’Allemagne et la Chine, pour les obliger à entrer dans un processus de négociation.

 

La fascination française pour le modèle allemand va de pair avec la montée de la germanophobie...

De même que l’antisémitisme et le philosémitisme constituent deux versions d’un excès d’intérêt, pathologique, pour la question juive, la germanophobie et la germanolâtrie sont deux façons de prendre l’Allemagne trop au sérieux, ce qui contribue à aggraver le problème. Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait une position assez antiallemande et faisait preuve d’une certaine souplesse doctrinale en économie. Le maintien de François Fillon à Matignon et la nomination d’Alain Juppé au Quai d’Orsay ont consacré le retour de la droite orthodoxe et de ses vieilles lunes économiques et moralisatrices. C’est alors que le gouvernement et une bonne partie des élites françaises ont adopté un discours germanolâtre, dangereux pour les Allemands eux-mêmes. Privés d’un partenaire sympathique mais critique, ils se sont enfermés dans l’admiration de leur propre modèle. L’urgence aujourd’hui n’est pas de les flatter, mais de les arrêter.

 

Vous n’allez pas entonner l’air de la bête immonde ? Cela fait cinquante ans que la puissance allemande va de pair avec une démocratie solide.

Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l’union nationale plus volontiers que l’alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires. L’Allemagne a mené une stratégie parfaitement égoïste d’adaptation au libre-échange, en délocalisant hors de la zone euro une partie de la fabrication de ses composants industriels, en pratiquant contre la France, l’Italie et l’Espagne la désinflation compétitive, puis en utilisant la zone euro comme un marché captif où elle a pu dégager ses excédents commerciaux. Cette stratégie commerciale est la poursuite d’une tradition autoritaire et inégalitaire par d’autres moyens.

 

Vous jouez à nous faire peur ?

Je ne joue pas, mais vous devriez avoir peur. Les pays passés sous le contrôle des technocrates ou menacés sont la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, pays de démocratie récente. D’ailleurs, c’est pour les sécuriser dans un espace démocratique qu’on les a intégrés à l’Europe et à la zone euro. Or, aujourd’hui, loin de stabiliser ces démocraties fragiles, les mécanismes bureaucratico-monétaires les renvoient en accéléré aux pires moments de leur instabilité passée. Oui, l’heure est grave. Le risque de voir resurgir l’Italie du fascisme, la Grèce des colonels, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar est bien réel. Vous voulez que je vous fasse peur ? En démographe, je vois réapparaître l’opposition des années 1930 entre l’Europe nord-occidentale des démocraties libérales, où la fécondité tend vers 1,9 ou 2 enfants par femme, et l’Europe autoritaire, fasciste ou communiste continentale, où la fécondité est ultrabasse, avec 1,3 à 1,5 enfant. Mais que faire si les Allemands sont réfractaires à toute négociation sur la capacité d’intervention de la BCE ? Devrons-nous mourir pour l’euro ? N’exagérons pas ! S’il est angoissant de voir l’Allemagne mettre à genoux ses partenaires tout en s’enivrant de l’admiration que lui vouent les droites européennes, il ne s’agit pas de tomber dans la psychose. Souvenez-vous que les Allemands ne voulaient pas entendre parler de l’euro et qu’ils n’ont cessé, après sa création, de menacer de sortir de la zone euro. Aujourd’hui, le gouvernement et le patronat ont compris que la fin de l’euro mettrait l’Allemagne au tapis, puisqu’elle seule serait dans l’impossibilité de dévaluer. En réalité, les Allemands sont plus souples qu’on ne l’imagine. Mais ils ne comprennent que la négociation franche et brutale.

 

Au fait, pourquoi tenez-vous tant à l’euro ?

Je ne tiens pas particulièrement à l’euro. Je dis qu’en régime de libre-échange l’euro est condamné. Je ne prédis pas l’avenir ici, je décris le présent. De toute façon, l’enjeu immédiat n’est pas l’euro, mais la crise de la dette. Soyons clair : les dettes souveraines ne seront jamais remboursées. Même les emprunts allemands commencent à être suspects. Nous avons deux possibilités : la planche à billets et le défaut sur la dette, qui serait selon moi préférable, ayant la netteté d’une opération chirurgicale. Le défaut sur la dette marquera le début de la reconquête de l’État par l’idéal démocratique, un État aujourd’hui pillé et rançonné par l’oligarchie financière.

 

Oui, mais, pour les "otages", petits épargnants français, retraités américains, ce défaut négocié ressemblerait fort à une spoliation assumée.

Mais ce sont les prêteurs qui nous spolient ! Pourquoi laisserait-on les prédateurs engloutir ce qui reste du patrimoine national ? Quant aux otages, les petits épargnants, en France, c’est pour les protéger que la nationalisation des banques est indispensable. Et cessons de pleurnicher sur le petit retraité américain, l’Amérique vit à crédit sur le dos du monde depuis des années. Et ce ne sont pas de petits retraités qui détiennent les deux tiers de la dette publique française. De plus, un défaut sur la dette de la France entraînerait des défauts en cascade des autres nations. Dans cette redistribution générale, les défauts s’annuleraient pour l’essentiel les uns les autres. Quelques nations seraient perdantes. À l’arrivée, je vous garantis que les plus coupables - nations ou individus - seront le plus sévèrement punis.

 

On peut comprendre que nos dirigeants aient la trouille, non ?

Plus le naufrage idéologique et intellectuel de la société est évident, plus les gens d’en haut s’enivrent de leur discours de domination, plus ils exigent la mise en vente des biens publics et la baisse des salaires. Et le pouvoir se réfugie dans une sorte de déni munichois : non contents d’avoir mis en place un système stupide, des gens supposés être modérés et compétents nous laissent en état d’impréparation pour gérer son effondrement. Ne nous laissons pas intimider, une société développée, dotée d’un haut niveau éducatif et technologique, est parfaitement capable de s’adapter après un effondrement systémique de cet ordre. Nous traverserons une année très difficile, mais très vite la libération des énergies et des ressources permettra un nouvel avenir. La délégitimation d’élites médiocres et corrompues sera une nouvelle jeunesse pour notre pays, un coup de balai moins douloureux que celui de 1940, un coup de balai sans la Wehrmacht !

 

Propos recueillis par Elisabeth Lévy pour Le point.fr

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1 mai 2014 4 01 /05 /mai /2014 16:09

« Le Capital au XXIe siècle », de Thomas Piketty est désormais best-seller aux Etats-Unis ! Celui-ci développe, dans son ouvrage, ses inquiétudes concernant la montée des inégalités et tente d'expliquer la mauvaise répartition des richesses dans le monde.

 

 

Le mot de l'éditeur: Le capital au 21e siècle

 

La répartition des richesses est l’une des questions les plus vives et les plus débattues aujourd’hui. Mais que sait-on vraiment de son évolution sur le long terme ? La dynamique de l’accumulation du capital engendre-t-elle inévitablement sa concentration toujours plus forte entre quelques mains, comme l’a pensé Marx au XIXe siècle ? Ou bien les forces équilibrantes de la croissance, de la concurrence et du progrès technique conduisent-elles spontanément à une réduction des inégalités et à une harmonieuse stabilisation dans les phases avancées du développement, comme l’a cru Kuznets au XXe siècle ?

 
Ce livre tente de répondre à ces questions à partir de données historiques et comparatives beaucoup plus étendues que toutes les études antérieures. Parcourant trois siècles et plus de vingt pays, il offre une perspective inédite sur les tendances à l’œuvre et un cadre théorique renouvelé pour en comprendre les mécanismes. Dès lors que le taux de rendement du capital dépasse durablement le taux de croissance de la production et du revenu – ce qui était le cas jusqu’au XIXe siècle, et risque fort de redevenir la norme au XXIe siècle –, alors le capitalisme produit mécaniquement des inégalités insoutenables, arbitraires, remettant radicalement en cause les valeurs méritocratiques sur lesquelles se fondent nos sociétés démocratiques. Des moyens existent pour inverser cette tendance, tout en repoussant les replis nationalistes ou totalitaires, mais la voie est étroite.

 

Explication claire du système monétaire en Europe : 

 

 

Biographie de l'auteur : Directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et professeur à l’École d’économie de Paris, Thomas Piketty a notamment publié Les Hauts Revenus en France au XXe siècle (Grasset, 2001), avec C. Landais et E. Saez, Pour une révolution fiscale (Seuil/La République des idées, 2011) et Peut-on sauver l’Europe ? (Les Liens qui libèrent, 2012)

 

Thomas Piketty, économiste, à l'Assemblée nationale, le 13 mars.

 

Les éléments du livre: Le capital au 21e siècle

 

Par Thomas Piketty - Site ENS

Editions du Seuil - Septembre 2013. Cliquez ci-dessous:

(couverture du livre) (extraits du livre) (slides de présentation) (commander ce livre)

(version française) (english version)

 

Ce site internet comprend les éléments suivants:

- le sommaire et la table des matières (pdf) du livre "Le capital au 21e siècle"

- l'ensemble des graphiques et tableaux (pdf) présentés dans le livre

- l'ensemble des graphiques et tableaux supplémentaires (pdf) auxquels le livre fait référence

- l'annexe technique (pdf) décrivant l'ensemble des sources, méthodes et références bibliographiques utilisées dans le livre (en particulier pour établir les séries statistiques utilisées dans les graphiques et tableaux)

- l'ensemble des fichiers (xls) contenant les graphiques, tableaux et séries statistiques

- un fichier zip contenant la totalité de ces fichiers

 

Il est également possible d'accéder directement à ces différents fichiers en parcourant les répertoires suivants:

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 12:05

Aujourd'hui, 247 milliards de mails transitent chaque jour par la toile. Quelle énergie le permet ? Propre en apparence, le monde virtuel est en réalité aussi polluant qu'énergivore... Voici l'impact réel de nos vies numériques :

 

 

 

Si Internet était un pays, il serait le cinquième consommateur mondial d'électricité. Mais ses besoins, immenses, se heurtent à la diminution des ressources énergétiques. Voyage dans les «datacenters», usines de stockage qui fonctionnent jour et nuit (pensez à supprimer vos mails pour éviter le trop plein de datacenters), centres névralgiques de la prochaine guerre de l'économie numérique. Certains grands groupes, comme Google ou Apple, ont réagi en construisant de nouveaux centres, utilisant des énergies renouvelables. La Toile pourrait-elle être, à l'inverse, à l'origine d'une "troisième révolution industrielle" ?

 

Quelques mots sur « la troisième révolution industrielle » de Jeremy Rifkin, par Fréderic Ichay, avocat spécialisé en financement :

 

« Une troisième révolution industrielle doit prendre le relais de notre modèle actuel, à bout de souffle », J. Rifkin. Dans son essai intitulé « The Third Industrial Revolution : how lateral power is transforming Energy, the Economy, and the World », l’économiste et essayiste américain J. Rifkin, conseiller de nombreux chefs d’Etats, dresse les contours d’un nouveau modèle économique et social fondé sur les énergies renouvelables et l’utilisation d’internet.

 

La crise financière mondiale a, selon lui, démontré que nos modèles de croissance économique fondés sur les énergies fossiles, le travail à temps plein, une organisation pyramidale des entreprises, et une gestion exclusivement marchande du monde ne sont plus viables. Nous vivons la fin d’une ère économique et nous entrons dans ce qu’il nomme la troisième révolution industrielle qui va bouleverser nos manière de vivre, de consommer, de travailler et d’être au monde.

 

Il indique que la crise économique actuelle n’est pas financière mais énergétique. Nous serions actuellement en train de subir l’agonie d’un modèle économique fondé sur le pétrole abondant et bon marché. Depuis 1979, la quantité de pétrole disponible par habitant diminue tandis que la demande émanant notamment des puissances émergentes telles que la Chine et l’Inde augmente. Cette tendance a entraîné l’envolée des cours du baril conduisant par là même à un ralentissement de l’économie mondiale. L’économiste estime que c’est cette hausse des prix du pétrole qui a déclenché la crise économique en juillet 2008. A cela s’ajoute le fait que cette énergie est polluante et que les catastrophes naturelles liée à la pollution sont de plus en plus violentes et fréquentes (par exemple la marée noire dans le golfe du Mexique suite à l’explosion en avril 2010 d’une plateforme pétrolière louée par BP).

 

Ainsi, afin de contrer les effets néfastes d’une économie fondée sur les énergies fossiles, J. Rifkin préconise la mise en œuvre d’une troisième révolution industrielle. Selon lui, les grandes révolutions se produisent lorsqu’une technologie de communication rencontre un nouveau système énergétique. La première révolution industrielle a vu l’alliance de la vapeur et de l’imprimerie tandis que la seconde s’est construite à partir de la combinaison du moteur à combustion et de la communication électronique (radio, télévision, etc.). Selon l’essayiste américain, la troisième révolution industrielle s’appuie sur la rencontre des énergies renouvelables et de la communication en réseaux dématérialisés (internet).

 

Il expose, dans son ouvrage, un plan d’action pour conduire cette révolution à l’échelle mondiale. Celui-ci repose sur cinq grands piliers.

 

Le premier est celui du passage aux énergies renouvelables : les énergies fossiles, actuellement utilisées dans la quasi-totalité de nos activités doivent être remplacées par des sources d’énergie verte tels que l’éolien, le solaire, l’hydroélectricité, la géothermie, etc.

 

Pour mener à bien cette étape, le pilier numéro 2 du plan propose de transformer les bâtiments (maison ou usine) de chaque continent en mini-centres énergétiques (source de milliers d’emplois). Mais puisque, comme le souligne J. Rifkin, le soleil ne brille pas toujours et que le vent ne souffle pas en permanence, il faudra procéder au stockage de l’énergie notamment via l’hydrogène, pilier numéro 3 du plan.

 

Enfin les quatrième et cinquième piliers reposent sur la transformation du réseau électrique en un réseau intelligent, grâce à internet où chacun pourra vendre et acheter son électricité et la création de réseaux électriques continentaux dans lesquels les véhicules électriques pourront vendre leur surplus d’énergie en se branchant à une prise. Les réseaux de voitures électriques en libre service, à l’instar d’Autolib à Paris, seront de ce fait appelés à se développer.

 

Ces cinq piliers doivent être interconnectés et envisagés dans le cadre d’une réflexion d’ensemble pour pouvoir produire la troisième révolution industrielle.

 

Au-delà du changement de régime énergétique, la troisième révolution industrielle devrait selon l’auteur entraîner une transformation profonde de nos sociétés en modifiant la façon dont nous travaillons, vivons et sommes gouvernés. Nous entrons désormais dans ce qu’il nomme le « capitalisme distribué » construit sur des énergies vertes accessibles à tous. Cette démocratisation de l’énergie devrait conduire au passage d’un pouvoir hiérarchique et vertical aujourd’hui pratiqué par les entreprises à un pouvoir latéral et collaboratif. Les décideurs se verront de moins en moins comme les chefs de territoires délimités mais de plus en plus comme les membres d’une « biosphère », c’est à dire la Terre. Dans ce nouveau contexte, ils privilégieront la coopération par rapport à la confrontation. Des millions d’entreprises ainsi que des propriétaires privés devraient devenir « coopérativement » des acteurs de l’énergie. Un certain nombre d’entreprises se sont déjà lancées dans cette transition (Bouygues et Phillips).

 

La troisième révolution industrielle devrait également avoir pour effet de dépasser le clivage gauche/droite. Il deviendra anachronique de raisonner en terme de socialisme ou de capitalisme puisque la nouvelle ligne de partage se jouera entre les partisans de la coopération, de l’ouverture et de la transparence et ceux de l’ancien système fondé sur la hiérarchie.

 

Les transformations toucheront également le système éducatif. Il s’agira d’ébranler la conception traditionnelle de l’enseignement basée sur l’objectif de formation de futurs travailleurs productifs. Il conviendra désormais d’envisager l’apprentissage comme une expérience collective, partagée et ludique où les élèves pensent et agissent en tant qu’éléments d’une biosphère commune dont ils sont responsables. L’enseignement devient lui aussi latéral et coopératif. Nous pouvons d’ailleurs d’ores et déjà constater cela au travers des nouvelles méthodes d’enseignement au travers d’internet.

 

La troisième révolution industrielle doit aussi encourager l’échange d’énergie entre les continents. Cela requiert une gouvernance continentale et en réseau. L’auteur indique que l’Union européenne semble être le projet le plus abouti. Il souligne en effet que cette dernière s’est officiellement engagée en faveur de la troisième révolution industrielle et qu’elle a adopté dès 2008 un « paquet climat-énergie » prévoyant à l’horizon 2020 de produire 20% d’énergies renouvelables, d’augmenter de 20% les économies d’énergie et de réduire de 20% les émissions de CO2. L’Union européenne a également établi un plan stratégique pour le déploiement des smart grids (réseaux intelligent) au sein de l’Union. En cela, elle a pris une longueur d’avance sur les Etats-Unis qui n’ont pas compris, selon l’économiste, la logique qui sous-tend la troisième révolution industrielle.

 

L’Allemagne semble être le pays leader en la matière. Elle produit déjà 20% d’énergies vertes et devrait  atteindre les 35% en 2020. Elle a converti, en cinq ans, un million de bâtiments à l’énergie positive, et a créé ainsi 250 000 emplois. Sa force réside dans son modèle décentralisé avec une fédération de régions où le pouvoir est distribué.

 

La France possède également de nombreux atouts pour réaliser la troisième révolution industrielle (forte compétitivité de l’industrie de la construction, bonne maîtrise des technologies de stockage d’énergie, solide gestion du transport et de la logistique, etc.). Elle laisse cependant entrevoir certaines faiblesses par rapport à son voisin allemand. Parmi celles-ci : son organisation fortement centralisée. L’auteur encourage ainsi la France à s’orienter vers un modèle coopératif.

 

Cette vision économique qui suscite l’intérêt de plusieurs Etats a toutefois essuyé quelques  critiques. Certains auteurs ont en effet émis des doutes quant à la viabilité de la théorie développée par J. Rifkin. Des auteurs à l’instar de Jared Diamond ont critiqué les systèmes économiques et de gouvernance comme celui de la troisième révolution industrielle fustigeant un risque d’inertie. Des observateurs français ont également fait valoir qu’il serait impossible de prévoir l’aménagement de tous les bâtiments en mini-centres énergétiques. La France compte en effet de nombreux immeubles historiques ou classés qu’il est impossible d’aménager ou de détruire. Le chroniqueur Peter Fost, réfute quant à lui les pronostics de l’auteur de la troisième révolution industrielle. Il l’accuse d’aller à l’encontre du développement économique et de vouloir instaurer un modèle anti-capitaliste.

 

J. Rifkin quant à lui, estime que la mise en place de ce nouveau système prendra sans doute environ une vingtaine d’années mais qu’ensuite, « le développement de la troisième révolution industrielle sera très rapide ». Il ne s’agit pas selon ses dires d’une panacée qui guérira la société de tous ses maux mais d’un plan économique pragmatique réalisable sans que sa réussite ne soit totalement garantie. Il espère cependant son succès car… il ne dispose pas de plan B !

 

Comme souvent, ce type de théorie globalisante requiert une adaptation au cas par cas et pays par pays. Néanmoins, il apparait clairement que le modèle économique sur lequel repose notre système actuel génère de plus en plus de tensions à la fois financières, énergétiques, économiques, que géopolitiques, ethniques, religieuses et confessionnelles. L’excellent ouvrage d’Amy Chua (professeur de droit à Yale), « Le monde en feu » met clairement en lumière le lien qui existe entre violences sociales et mondialisation. L’un des substrats de ces violences sociales est la distorsion économique toujours plus importante entre des pans entiers de population.

 

La théorie de J. Rifkin qui tend à appréhender de manière plus large l’élément participatif de l’économie semble ici faire écho à d’autres études qui démontrent la nécessité de plus en plus impérieuse de tenir compte des inégalités économiques et financières trop criantes.

 

Dans ce contexte, l’accès à l’énergie tient une place majeure. Etant donné les contraintes environnementales et les risques écologiques aujourd’hui clairement identifiés, les énergies renouvelables apparaissent donc comme un complément nécessaire des autres sources d’énergies afin d’assurer un niveau de production suffisant (à des prix abordables) permettant un accès au plus grand nombre tout en ménageant au mieux les contraintes environnementales. La limite de cet exercice, et elle est immense, est qu’une telle évolution de notre société, ne se conçoit que si tous, ou la grande majorité, des états y prennent part de manière active… et convergente ! La partie n’est donc pas encore gagnée.

 

En France, la transition énergétique revient de nouveau au centre des débats. Pourquoi un tel engouement intellectuel pour ce sujet ? La France, comme ses partenaires européens, doit résoudre la question de son approvisionnement en énergie en tenant compte d’un certain nombre de paramètres essentiels :

 

-          Enjeu géostratégique : Indépendance énergétique afin de dépendre le moins possible d’approvisionnement extérieur ;


-          Accompagnement de la croissance économique : la France comme les Etats-Unis ou la Chine, doit assurer un niveau d’accès à l’énergie suffisant (et à des conditions tarifaires raisonnables) pour soutenir sa croissance économique ;


-          Maintien du pouvoir d’achat : il s’agit ici d’une contrainte de politique intérieure incontournable puisque le niveau de croissance économique actuel ne permet d’assurer mécaniquement le maintien du pouvoir d’achat. De surcroit, la tendance haussière des prélèvements obligatoires rend d’autant plus cruciale le contrôle des prix.


-          Aspects environnementaux : les évènements tels que la catastrophe de Fukushima vient nous rappeler, plus de 30 ans après celle de Tchernobyl, qu’un accident dans une centrale nucléaire n’est pas un évènement anodin sans conséquence sur les années qui suivent.


-          Contraintes budgétaires : l’Etat est un gros consommateur d’énergie au travers de ses différents services et ses administrations. Dès lors, le coût de l’énergie impacte sensiblement sur le budget de l’Etat et donc….sur ses dépenses et recettes (impôts).


-          Engagement financiers actuels et futurs : nos énergéticiens ont investi des sommes colossales dans la production d’énergie d’origine nucléaire. Il est évident que les modalités de production sont aujourd’hui largement maîtrisées. En revanche, les coûts liés au démantèlement des installations ne sont pas précisément chiffrables car nous ne bénéficions que de peu de retour d’expérience en la matière.  


-          Aspects psychologiques : à l’instar d’internet, l’accès à l’énergie est perçu comme un droit « acquis »….je dirais même en un quasi droit de l’homme. Nous ne connaissons pas, en France, de contingentement de notre consommation (au sens d’une limitation de MW par exemple) comme c’est le cas dans certains pays où les coupures d’électricité sont fréquentes. Néanmoins, un coût trop élevé de l’énergie pourrait être perçu comme une restriction d’accès.

 

La question énergétique n’est plus aujourd’hui la chasse gardée des mouvements écologiques et c’est tant mieux. De même, il est intéressant de constater que cette question est à l’ordre du jour de nombreuses grandes économies mondiales (la Chine, les Etats Unis, l’Allemagne, etc). Comparaison n’est pas raison disons-nous habituellement. Néanmoins, les expériences vécues par nos partenaires, leurs décisions liées à leur propre transition énergétique interne sont autant d’éléments que nous pouvons utilement utiliser pour nourrir nos réflexions sur le sujet.

 

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 14:28

Le traité TAFTA vise le démantèlement ou l’affaiblissement de toutes les normes qui limitent les profits des grandes entreprises, qu’elles soient européennes ou états-uniennes et inscrit le droit des multinationales au dessus de celui des États... donc des citoyens. Sous la tutelle des grandes industries mondialisées, c'est la soumission ou la mort des fonctions régulatrices républicaines ! Les conséquences seront l'annihilation définitive de toutes les libertés individuelles de consommer, d'entreprendre ou simplement d'exister... au non de la libre circulation des biens et marchandises.

 

L'abolition de l'esclavage en 1848 : Un oubli de l'histoire ?

L'abolition de l'esclavage en 1848 : Un oubli de l'histoire ?

Voici 10 explications claires pour comprendre le TAFTA :

 

 

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE : Nos normes plus strictes que les normes américaines et que les « normes internationales » (niveaux de pesticides, contamination bactérienne, additifs toxiques, OGM, hormones, etc.), pourraient être condamnées comme « barrières commerciales illégales ».

 

 

GAZ DE SCHISTE : Les gouvernements européens ne réglementeraient plus les exportations de gaz naturel vers les nations TAFTA. La fracturation hydraulique pourrait devenir un droit pour les sociétés qui pourraient exiger des dommages et  intérêts auprès des nations qui s’y opposent.

 

 

EMPLOI : Les entreprises souhaitant délocaliser dans les états concernés par le projet TAFTA où les salaires sont inférieurs, seraient protégées. L’Inspection et le code du travail devenant illégaux, plus de préavis de licenciement. Pôle emploi devrait être privatisé ou serait attaqué en justice par les sociétés d’intérim pour concurrence déloyale. Les conséquences du TAFTA sur le taux de chômage en Europe ne seraient que néfastes.
 
 
SANTÉ & RETRAITES : Les médicaments pourraient être brevetés plus longtemps, les groupes pharmas pourraient bloquer la distribution des génériques. Les services d’urgence pourraient être privatisés. Les Assurances privées pourraient attaquer en justice les CPAM pour concurrence déloyale. Les retraites par répartition pourraient être démantelées, les compagnies d’assurances se substitueraient aux CRAM,ARRCO, AGIRC…
 
 
EAU & ÉNERGIE : Ces biens seraient privatisables. Toute municipalité s’y opposant pourrait être accusée d’entrave à la liberté de commerce, idem pour l’énergie, qu’elle soit fossile, nucléaire ou renouvelable. La sécurité nucléaire serait réduite. Le prix du gaz et du kW seraient libres.
 
 
LIBERTÉ & VIE PRIVÉE : Grâce à la révolte publique, les sociétés espérant enfermer et monopoliser l’Internet ont échoué l’année dernière à faire adopter leur ACTA répressif ; des textes plus pernicieux sont dans le TAFTA.
 
 
SERVICES PUBLICS : Le TAFTA limiterait le pouvoir des États à réglementer les services publics tels que : services à la personne, transports routiers, ferroviaires, etc. et réduiraient les principes d’accès universel et large à ces besoins essentiels.
 
 
CULTURE & PRODUCTION ARTISTIQUE : Les gros producteurs d’audiovisuel pourraient interdire les productions privées ou professionnelles à faible budget comme youtube, vimeo, dailymotion, les financements collaboratifs seraient rendus illégaux. Les musées nationaux perdraient leur droit de préemption sur les trésors artistiques nationaux au profit de collectionneurs privés.
 
 
ENSEIGNEMENT : Les universités privées pourraient attaquer en justice l’Éducation nationale pour concurrence déloyale. De la maternelle au doctorat, les sociétés privées contesteraient aux écoles, cantines scolaires et resto U, toutes subventions municipales, régionales ou nationales.
 

*TAFTA : Trans-Atlantic Free Trade Agreement

 

10 raisons pour s'inquieter TTIP TAFTA

TAFTA - Les DANGERS du grand marché Transatlantique - Document ARTE

 

Le TAFTA en coulisse : Ce qu 'en pense Rue 89

 

 

Le plan com’ était pourtant calé : la négociation d’un accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis générerait de la croissance et des emplois à gogo ! Sauf qu’à y regarder de plus près, les gains de croissance envisagés ne sont au mieux que de 0,03% par an, et une étude récente de l’université de Tufts aux Etats-Unis évalue à 600 000 le nombre d’emplois détruits par le Tafta en Europe, dont 130 000 en France. Aïe !

Surtout, les « obstacles au commerce » que veut lever ce traité sont aussi des choix de société qui touchent au cœur la régulation de notre économie et de notre société.

 

Au menu des négociations :

  • l’alimentation,
  • la santé,
  • les services publics,
  • le bien-être animal,
  • les OGM,
  • les données personnelles et les libertés numériques,
  • les droits sociaux,
  • l’environnement,
  • les services financiers,
  • les marchés publics…

Ces négociations concernent donc les citoyens au plus près, elles touchent à leur vie quotidienne comme à leurs perspectives d’émancipation individuelles et collectives. Ils sont pourtant tenus totalement à l’écart des négociations.

 

 

« Les gens » n’y comprennent rien ?

 

Pour quelle raison ? L’argument « coup de poing » avancé par les Etats et la Commission est la nécessité de garder la confidentialité de la stratégie de négociation et une capacité de bluff.

Comique quand on sait que la négociation du Tafta a été lancée alors qu’explosait le scandale des écoutes de la NSA et que, grâce aux révélations d’Edward Snowden, nous savons que les services américains en connaissent bien plus sur cette négociation que les Européens eux-mêmes.

Il y a fondamentalementn de la part des promoteurs du Tafta, une défiance vis-à-vis des citoyens. Leur discours est devenu rhétorique : l’opposition grandissante des Européens au projet d’accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis est fondée sur des craintes injustifiées, des peurs irrationnelles, des fantasmes et des mensonges véhiculés par des agitateurs ignorant de la réalité du monde.

Bref, « les gens » n’y comprennent rien mais pourraient faire capoter un grand projet de civilisation. François Hollande lui-même avait déclaré lors de sa visite aux Etats-Unis en février 2014 :

« Nous avons tout à gagner à aller vite. Sinon, nous savons bien qu’il y aura une accumulation de peurs, de menaces, de crispations. »

 

  

" Salle sécurisée "

 

Il a fallu attendre dix-huit mois pour que, cédant à la pression, les gouvernements européens rendent enfin officiellement public le mandat de négociation qui avait depuis longtemps fuité sur le Web.

Mais encore aujourd’hui, si la Commission européenne a certes changé sa stratégie de communication et publie de plus en plus de documents de position jusque là confidentiels, les textes de négociation, ceux qui disent la réalité des compromis passés, restent inaccessibles aux citoyens, aux parlementaires nationaux et à l’immense majorité des eurodéputés.

Seuls une vingtaine d’entre nous pouvons y accéder dans une salle sécurisée dite « salle de lecture », où les smartphones et autres appareils électroniques sont interdits. Les ministres du commerce eux-mêmes ne peuvent les lire dans leurs pays qu’en se rendant… à l’ambassade des Etats-Unis !

Il n’y a d’ailleurs pas que les citoyens, les organisations de la société civile ou les écologistes pour contester cette opacité.

 

 

Obligations de transparence ?

 

La médiatrice européenne, dans un avis rendu en janvier dernier, conteste le refus de la Commission de rendre publics les documents consolidés de négociation et rappelle la Commission au droit européen en matière d’accès du public aux informations les concernant très directement. Elle souligne qu’en aucun cas, la Commission peut se soustraire à ses obligations de transparence sur la seule base qu’il s’agit d’un accord international et que cette transparence pourrait déplaire aux autorités américaines. Cet avis juridique est pour le moment resté sans réponse...

S’il fallait une autre preuve que la négociation du Traité de libre-échange transatlantique se fait sans, et contre les citoyens européens, il n’y a qu’à lire les conclusions de la Commission européenne sur la consultation publique à propos du mécanisme très contesté de règlement privé des différends Etats-investisseurs (ISDS).

Pour rappel, ce mécanisme prévoit d’autoriser les entreprises à attaquer devant un tribunal privé supranational les Etats ou les collectivités locales si elles considèrent que leurs activités et leurs perspectives de bénéfices sont impactées par les décisions de politiques publiques.

Ainsi, Philip Morris demande-t-elle des milliards de dollars de compensation à l’Australie et à l’Uruguay parce que ces pays ont mis en place des politiques anti-tabac.

 

 

150 000 personnes se sont exprimées ...

 

Si le traité était déjà en vigueur, des entreprises américaines auraient pu attaquer la France pour son moratoire sur les cultures d’OGM, son refus d’exploiter les gaz de schiste ou son interdiction du bisphénol A dans les biberons !

Pour faire face aux critiques croissantes sur cet inacceptable transfert de souveraineté démocratique vers les entreprises, la Commission a décidé il y a un an de lancer une consultation publique.

Succès historique et inattendu : 150 000 personnes et organisations se sont exprimées... et 97% d’entre elles ont rejeté ces tribunaux arbitraux, rejoignant en cela l’avis de Parlements nationaux (dont l’Assemblée nationale et le Sénat), de nombreuses régions, des syndicats, d’organisations de PME et de très nombreuses organisations de la société civile.

Conclusion de la Commission : loin d’acter l’exclusion de ce dispositif, elle cherche à le réformer !

 

 

Déni de démocratie !

 

Un déni de démocratie sans surprise puisque la Commission avait déjà rejeté le projet d’initiative citoyenne européenne qui demande l’arrêt des négociations transatlantiques avec les Etats-Unis et le Canada. Ce projet devenu pétition a pourtant plus de 1,3 million de signatures.

Il faut bien au contraire se féliciter de la mobilisation grandissante des citoyens qui veulent s’informer, comprendre, évaluer les risques comme les opportunités, débattre en toute connaissance de cause, interpeler leurs élus, bref être des acteurs de la vie publique, de la société, de la construction européenne et de la régulation de la mondialisation. Beaucoup refusent à juste titre ce marchandage entre la démocratie et les intérêts de quelques multinationales.

L’Europe a trop longtemps été ce que ses dirigeants en font. Il est temps qu’elle devienne ce que ses citoyens en veulent.

 

Yannick Jadot pour http://rue89.nouvelobs.com/

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 09:01

Laurent Aigon représente cette nouvelle génération capable des paris les plus fous, devenus réalisables grâce aux technologies réticulaires ! Avec son cockpit de Boeing 737 à la maison, ce Médocain passionné d’aviation est devenu la star d'une publicité pour Google. Le géant du net se lance désormais dans le soutien de ces élites d'un nouveau genre.

 

Laurent Aigon cherche des financements pour créer sa société et vivre de sa passion.

Laurent Aigon cherche des financements pour vivre de sa passion. (Photo J. Lestage)

  

Paradigme vivant de des théories Stigleriennes

 

Son smartphone n’arrête plus de sonner… et surtout de vibrer. Son compte Facebook a lui aussi explosé. Les demandes d’amis ne cessent d’affluer. Depuis l’été dernier, Laurent Aigon, jusqu’alors parfaitement inconnu, est sollicité comme peut l’être une rock star. Il enchaîne les reportages et les interviews. Avec un sourire, il évoque son «tableau de chasse». On y trouve nos confrères de la radio, de la télévision et de la presse écrite. Le rayonnement est même international. «C’est comme si j’avais gagné au loto», dit-il... Bernard Stiegler avait prévu l'émergence de ces talents, qui, en dehors des grandes écoles et autres institutions d'état, réussissent à gravir l'échelle sociale, au nez et à la barbe de nos élites conventionnelles, qui rejettent toutes différences.

 

DOCUMENT A CONSULTER: Vers une politique des amateurs ?

 

 

(OU Voir l'article: http://www.psy-luxeuil.fr/article-la-puissance-de-l-amatorat-114912650.html)

  

L’apogée de ce très récent parcours médiatique est une publicité réalisée par le moteur de recherche Google. Sa « success story » passe en boucle sur les médias. Il est l’autodidacte qui, en allant au bout de sa passion, sera parvenu à devenir une sorte de pilote de ligne hors norme tout en restant dans le monde virtuel.

 

Ainsi, Google aurait été frappé et bluffé par sa détermination. Et aurait aussi saisi l’occasion de montrer que le Web peut permettre de réaliser bien des prouesses et des escapades à l’autre bout de la planète. Laurent Aigon ne cache pas que, à l’origine de ce décollage, un article paru dans les colonnes du quotidien «Sud Ouest» (le 18 juillet), a certainement contribué à attirer l’attention sur son aventure. Au départ, il y a surtout le talent de ce quadragénaire. Lequel a réussi une performance qualifiée d’exceptionnelle par le milieu de l’aéronautique.

  

Dingue d’aviation depuis son plus jeune âge, ce serveur, qui travaille dans un bar-restaurant de Lacanau-Océan, a monté un cockpit de Boeing 737 dans la chambre de ses enfants.

Son tour de force est que la «plateforme» n’est pas inerte. Elle est reliée à des ordinateurs. Tous les boutons sont actifs. Les commandes répondent. L’avionique fonctionne comme dans une vraie machine qui serait prête à prendre son envol.

  

Dominique Blangarin, 53 ans, instructeur pilote de ligne à Air France, ancien de l’armée de l’air, ne tarit pas d’éloges sur la performance réalisée par Laurent Aigon : «Ça correspond véritablement à ce qui se passe dans un Boeing 737-800. Dans un vrai cockpit, il serait capable d’assurer la mise en œuvre.» L’instructeur s’émerveille : «Pour construire son simulateur, on n’imagine pas la somme de travail engagée par ce passionné. C’est tout simplement exceptionnel, et invraisemblable.»

 

Construire l'avenir...

  

Et Laurent Aigon n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. S’il a fait une croix sur son rêve de gosse de devenir un jour pilote «dans le réel», c’est un autre objectif tout aussi ambitieux qu’il veut atteindre. Il s’agit de créer une société lui permettant d’exploiter le modèle de simulateur de vol qu’il a mis au point. « L’idée est de proposer une machine performante et plus accessible financièrement aux écoles de pilotage. Je vise aussi un public d’entreprises pour des stages de cohésion, et puis des particuliers dans le cadre du loisir ou de sessions antistress en avion », dit-il. Le concept est d’ailleurs bien avancé. Laurent Aigon affirme : « J’ai des lettres d’intention de structures de formation qui sont prêtes à travailler avec moi. Je pourrais commencer dès demain. »

 

Laurent Aigon a déjà confectionné la maquette du nouveau simulateur qu’il compte créer. «Quelque chose qui sera plus mobile que le prototype fixe d’aujourd’hui», avance-t-il. Une lueur dans les yeux, il dévoile son plan. Mais, avant de pouvoir concrétiser la dernière partie de son projet et lancer sa société, c’est un nouveau tour de force qu’il va devoir accomplir.

 

Avec l’aide du Club des entrepreneurs du Médoc, il a constitué un dossier et fait le point sur toutes les compétences nécessaires. En éclaireur, il est aussi allé à la rencontre des banques. «J’ai besoin de 200 000 euros pour mettre en place mon entreprise, ce qui comprend la construction du simulateur. Pour obtenir le financement, on me demande d’apporter 40 % de cette somme. Pour le moment, c’est là que l’on bloque, dit-il. Il m’en manque une bonne partie.»

 

Aujourd’hui, Laurent Aigon, qui continue de peaufiner son dossier, cherche donc des bailleurs de fonds susceptibles de l’aider à accéder à la dernière marche. Il compte d’ailleurs taper à toutes les portes. « Google m’a apporté une certaine notoriété. Et j’ai rencontré plusieurs représentants et techniciens du monde de l’aéronautique. Ils m’ont donné leur avis. Ils m’ont tous encouragé à aller au bout. Je ne suis pas parti à l’aveugle. J’ai consulté et j’ai pris des précautions. »

 

Dans cette dernière ligne droite, Laurent Aigon se dit que «tout est possible ». Et les nombreux contacts obtenus sur sa page professionnelle Facebook ne font que le motiver à ne pas lâcher prise.Tout en avouant «avoir peur», le pilote confie «s’être découvert une âme d’entrepreneur. Un moteur de plus pour réussir à finaliser ce rêve». En attendant le dénouement de cette aventure, il profite de quelques invitations à «monter à bord dans de vrais avions». Les pilotes veulent savoir à qui ils ont affaire.

 

«Son projet est viable»

 

Selon Dominique Blangarin, «le projet de Laurent est viable». L’instructeur fait observer que «seules les grandes compagnies ont des simulateurs. En parallèle, il y a des écoles et des pilotes qui ont besoin d’outils de formation pour acquérir ou maintenir leurs compétences. Dans ce sens, il y a un vrai créneau à prendre». Toujours selon lui, «la difficulté consistera à faire certifier la machine par la Direction générale de l’aviation civile, ce qui n’est pas insurmontable».

 

http://www.sudouest.fr/

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 12:35

Don ou relation marchande : quelle forme d’échange domine aujourd’hui ? Tout est question de définition...

 

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« Le don représente dans la société française contemporaine une grandeur approximativement équivalente aux trois quarts du PIB. » Cette étonnante évaluation faite par l’économiste Ahmet Insel n’est pas une plaisanterie, mais elle ne signifie pas que les Français dépensent l’essentiel de leur énergie en cadeaux de Noël (1).

 

Ce n’est pas non plus une tentative pour mesurer l’ampleur de phénomènes comme la gratuité sur le Web, les cadeaux d’entreprises, ou les seuls dons caritatifs ou humanitaires. Non, le don auquel il pense embrasse tous les transferts de temps, d’énergie et d’argent « qui ne sont pas régis par le marché » et peuvent être considérés comme volontaires. Ainsi défini, le domaine du don, explique A. Insel, se répartit en deux cercles, du fait des méthodes de recueil des données. Il y a, d’un côté, le cercle des ménages, et, d’autre part, ce qui circule entre ces derniers. Or, c’est dans le ménage que réside le « noyau dur » du don sous la forme du travail domestique qui, tout en étant « gratuit », n’en est pas moins productif : une évaluation ancienne (1985), mais considérée comme inchangée en 1999, estimait à 47,3 milliards d’heures par an le travail domestique des Français, accompli à 80 % par des femmes. La même année, le travail rémunéré s’élevait à 37 milliards d’heures seulement… Estimation de la valeur de ce travail domestique : 64 % de la valeur du PIB. À cela, il ajoute les services non marchands rendus par l’administration puis – passant au second cercle – les dons aux associations (0,2 % du PIB), le bénévolat (120 millions d’heures de travail, 2 % du PIB), et les invitations entre ménages (12,2 milliards d’euros).

 

Des sociétés capitalistes… dominées par le don ?

 

On dépasse sans peine les fameux trois quarts du PIB… alors que ces chiffres ne comprennent ni les donations entre personnes, ni les héritages, ni les cadeaux familiaux, car ils ne sont pas chiffrables. Mais le bilan est clair : l’économie réelle des échanges permettant aux gens de satisfaire leurs besoins serait en grande partie assurée par le don. Affirmation paradoxale au début d’un xxie siècle qui ne jure plus que par l’économie de marché…

 

Vivons-nous, sans même le savoir, dans une société non seulement habitée, mais dominée par le don ? Comme nous le verrons, le problème est surtout celui de sa définition. Le constat d’A. Insel repose en effet sur une conception héritée de Marcel Mauss, celle que défend également le mouvement d’Alain Caillé, Serge Latouche et Jacques Godbout. Dans leur pratique, on inclut dans le don tout échange qui n’est ni marchand ni strictement comptable.

 

Or cette vision est aujourd’hui contestée par certains sociologues. Selon Viviana Zelizer, la séparation « marchand » ou « non marchand » n’est pas une bonne base. Elle ne permet pas de distinguer vraiment ce qui se passe : un artiste qui fait cadeau d’un de ses tableaux à son médecin fait-il un don ou un paiement déguisé ? Une personne qui touche une indemnité pour la perte d’un de ses proches suite aux attentats du 11 septembre 2001 reçoit-il le prix de cette perte ou un don de reconnaissance ? Comme le souligne V. Zelizer, « tout dépend de la manière dont les partenaires définissent la situation (2) », ou bien font appel à un tiers arbitre (observateur, expert, juriste).

 

Florence Weber propose donc d’éclaircir la question en distinguant deux sortes de prestations (3) : les « transferts », qui ne comportent pas de contrepartie exigible, et les « transactions », qui en comportent une précisée dès le départ. Rien n’empêche les transferts d’être réciproques, cela ne change rien au fait qu’il s’agit d’actes séparés. Il est clair à ses yeux qu’un don ne saurait être qu’un transfert.

 

Payez le restaurant, ne demandez pas la nuit

 

Elle rejoint sur ce point Alain Testart qui, lui, pratique une distinction principale entre don et échange, marchand ou non marchand. Le point fondamental est qu’à ses yeux un don n’est pas un échange, comme un transfert n’est pas une transaction. Toute la sphère du don circonscrite par M. Mauss se trouve alors modifiée, dans son étendue comme dans ses implications morales. M. Mauss et ses héritiers considèrent que donner crée une obligation de rendre. Pour A. Testart, c’est faux : le concept de « don » n’a de signification sociale que si l’on admet que, justement, il n’oblige pas le donataire à rendre. Ce n’est pas qu’une question de mots. Pour prendre un exemple, si je donne une pièce à un mendiant et que celui-ci me remercie par la formule « Dieu vous le rendra », est-ce un échange ? Non, car justement cela veut dire que le mendiant ne se sent lié par aucune dette. Quant à Dieu, comment pourrait-il avoir une dette ? Autrement dit, le don peut créer des sentiments de dette, mais pas d’obligation de rendre.

 

Une autre façon de décomposer le don maussien concerne ses intentions et ses effets. Son élévation au rang de concept lui a attribué des qualités qu’il n’a pas forcément. Ainsi, on perçoit souvent le don comme plus généreux, moins individualiste, moins matérialiste que les échanges commerciaux. En fait, il peut être très intéressé. L’important est de ne pas en faire état. Imaginez un homme qui, à l’issue d’un bon dîner en compagnie d’une femme, lui propose cet échange : « Ma chère, puisque j’ai payé le restaurant, vous m’accorderez bien cette nuit ? » Le plus probable est qu’elle s’en ira outrée. S’il s’était abstenu, la dame, séduite par sa largesse, aurait peut-être fait le pas elle-même. L’essentiel est qu’aucun rapport entre la note de restaurant et l’affectueux service ne soit établi explicitement. Ainsi va le monde du don : ce ne doit pas être un échange, même si l’intérêt est au cœur de l’affaire.

 

Si, comme le souligne A. Testart (4), le don doit être distingué par sa forme – et non par ses intentions ou son résultat –, alors il ne peut désigner la plupart des échanges, même non marchands, que nous pratiquons tous les jours. Pour en revenir au constat établi par A. Insel, une définition plus restrictive ne donnerait pas le même résultat. D’abord, en toute rigueur, il faudrait vérifier que dans chacune des situations, la forme des prestations est bien celle du don : le travail domestique ne comporte-t-il pas une bonne part d’échanges ? Échanges d’ailleurs inscrits dans les textes du mariage : « Les époux se doivent assistance mutuelle, etc. » Ensuite, il est possible que les services rendus par l’administration seraient aussi reclassés : assurer des services sociaux exige que les citoyens paient des impôts. Cependant, il n’y a pas de lien entre le service reçu et le montant de l’impôt : on appelle cela « redistribution ». S’agit-il d’un échange non comptable ou de quelque chose qui, comme le pense A. Testart, « ressemble au don » ?

 

Au bilan, seuls subsisteraient sans discussion au rayon du don les donations personnelles, caritatives, et peut-être le travail bénévole. Cela ne représenterait plus qu’un faible pourcentage du PIB. Allons, constater que nous ne sommes pas aussi généreux qu’on nous le disait n’est pas vraiment une surprise… 

 

NOTES :

 

(1) Ahmet Insel, « La part du don », in Philippe Chanial (dir.), La Société vue du don. Manuel de sociologie antiutilitariste appliquée, La Découverte, 2008.
(2) Viviana Zelizer, The Purchase of Intimacy, Princeton University Press, 2005.
(3) Florence Weber, « Introduction », in Marcel Mauss, Essai sur le don, Puf, 2007.
(4) Alain Testart, Critique du don. Études sur la circulation non marchande, Syllepse, 2007.

 

Par Nicolas Journet - www.scienceshumaines.com

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