Laurent Aigon représente cette nouvelle génération capable des paris les plus fous, devenus réalisables grâce aux technologies réticulaires ! Avec son cockpit de Boeing 737 à la maison, ce Médocain passionné d’aviation est devenu la star d'une publicité pour Google. Le géant du net se lance désormais dans le soutien de ces élites d'un nouveau genre.
Laurent Aigon cherche des financements pour vivre de sa passion. (Photo J. Lestage)
Paradigme vivant de des théories Stigleriennes
Son smartphone n’arrête plus de sonner… et surtout de vibrer. Son compte Facebook a lui aussi explosé. Les demandes d’amis ne cessent d’affluer. Depuis l’été dernier, Laurent Aigon, jusqu’alors parfaitement inconnu, est sollicité comme peut l’être une rock star. Il enchaîne les reportages et les interviews. Avec un sourire, il évoque son «tableau de chasse». On y trouve nos confrères de la radio, de la télévision et de la presse écrite. Le rayonnement est même international. «C’est comme si j’avais gagné au loto», dit-il... Bernard Stiegler avait prévu l'émergence de ces talents, qui, en dehors des grandes écoles et autres institutions d'état, réussissent à gravir l'échelle sociale, au nez et à la barbe de nos élites conventionnelles, qui rejettent toutes différences.
DOCUMENT A CONSULTER: Vers une politique des amateurs ?
(OU Voir l'article: http://www.psy-luxeuil.fr/article-la-puissance-de-l-amatorat-114912650.html)
L’apogée de ce très récent parcours médiatique est une publicité réalisée par le moteur de recherche Google. Sa « success story » passe en boucle sur les médias. Il est l’autodidacte qui, en allant au bout de sa passion, sera parvenu à devenir une sorte de pilote de ligne hors norme tout en restant dans le monde virtuel.
Ainsi, Google aurait été frappé et bluffé par sa détermination. Et aurait aussi saisi l’occasion de montrer que le Web peut permettre de réaliser bien des prouesses et des escapades à l’autre bout de la planète. Laurent Aigon ne cache pas que, à l’origine de ce décollage, un article paru dans les colonnes du quotidien «Sud Ouest» (le 18 juillet), a certainement contribué à attirer l’attention sur son aventure. Au départ, il y a surtout le talent de ce quadragénaire. Lequel a réussi une performance qualifiée d’exceptionnelle par le milieu de l’aéronautique.
Dingue d’aviation depuis son plus jeune âge, ce serveur, qui travaille dans un bar-restaurant de Lacanau-Océan, a monté un cockpit de Boeing 737 dans la chambre de ses enfants.
Son tour de force est que la «plateforme» n’est pas inerte. Elle est reliée à des ordinateurs. Tous les boutons sont actifs. Les commandes répondent. L’avionique fonctionne comme dans une vraie machine qui serait prête à prendre son envol.
Dominique Blangarin, 53 ans, instructeur pilote de ligne à Air France, ancien de l’armée de l’air, ne tarit pas d’éloges sur la performance réalisée par Laurent Aigon : «Ça correspond véritablement à ce qui se passe dans un Boeing 737-800. Dans un vrai cockpit, il serait capable d’assurer la mise en œuvre.» L’instructeur s’émerveille : «Pour construire son simulateur, on n’imagine pas la somme de travail engagée par ce passionné. C’est tout simplement exceptionnel, et invraisemblable.»
Construire l'avenir...
Et Laurent Aigon n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. S’il a fait une croix sur son rêve de gosse de devenir un jour pilote «dans le réel», c’est un autre objectif tout aussi ambitieux qu’il veut atteindre. Il s’agit de créer une société lui permettant d’exploiter le modèle de simulateur de vol qu’il a mis au point. « L’idée est de proposer une machine performante et plus accessible financièrement aux écoles de pilotage. Je vise aussi un public d’entreprises pour des stages de cohésion, et puis des particuliers dans le cadre du loisir ou de sessions antistress en avion », dit-il. Le concept est d’ailleurs bien avancé. Laurent Aigon affirme : « J’ai des lettres d’intention de structures de formation qui sont prêtes à travailler avec moi. Je pourrais commencer dès demain. »
Laurent Aigon a déjà confectionné la maquette du nouveau simulateur qu’il compte créer. «Quelque chose qui sera plus mobile que le prototype fixe d’aujourd’hui», avance-t-il. Une lueur dans les yeux, il dévoile son plan. Mais, avant de pouvoir concrétiser la dernière partie de son projet et lancer sa société, c’est un nouveau tour de force qu’il va devoir accomplir.
Avec l’aide du Club des entrepreneurs du Médoc, il a constitué un dossier et fait le point sur toutes les compétences nécessaires. En éclaireur, il est aussi allé à la rencontre des banques. «J’ai besoin de 200 000 euros pour mettre en place mon entreprise, ce qui comprend la construction du simulateur. Pour obtenir le financement, on me demande d’apporter 40 % de cette somme. Pour le moment, c’est là que l’on bloque, dit-il. Il m’en manque une bonne partie.»
Aujourd’hui, Laurent Aigon, qui continue de peaufiner son dossier, cherche donc des bailleurs de fonds susceptibles de l’aider à accéder à la dernière marche. Il compte d’ailleurs taper à toutes les portes. « Google m’a apporté une certaine notoriété. Et j’ai rencontré plusieurs représentants et techniciens du monde de l’aéronautique. Ils m’ont donné leur avis. Ils m’ont tous encouragé à aller au bout. Je ne suis pas parti à l’aveugle. J’ai consulté et j’ai pris des précautions. »
Dans cette dernière ligne droite, Laurent Aigon se dit que «tout est possible ». Et les nombreux contacts obtenus sur sa page professionnelle Facebook ne font que le motiver à ne pas lâcher prise.Tout en avouant «avoir peur», le pilote confie «s’être découvert une âme d’entrepreneur. Un moteur de plus pour réussir à finaliser ce rêve». En attendant le dénouement de cette aventure, il profite de quelques invitations à «monter à bord dans de vrais avions». Les pilotes veulent savoir à qui ils ont affaire.
«Son projet est viable»
Selon Dominique Blangarin, «le projet de Laurent est viable». L’instructeur fait observer que «seules les grandes compagnies ont des simulateurs. En parallèle, il y a des écoles et des pilotes qui ont besoin d’outils de formation pour acquérir ou maintenir leurs compétences. Dans ce sens, il y a un vrai créneau à prendre». Toujours selon lui, «la difficulté consistera à faire certifier la machine par la Direction générale de l’aviation civile, ce qui n’est pas insurmontable».