"La recherche de dividendes et de profits n'est pas la seule motivation des dirigeants. Du respect de l'humain à l'harmonie avec l'écosystème, les entreprises de demain portent de grands principes qui redonnent du sens au travail."
Pour des patrons, anticiper l'avenir passe par d'autres critères que la seule recherche du profit: impact environnemental, préoccupation pour la responsabilité sociale, capacité à tisser de nouvelles alliances en sont quelques unes.
- 1/ L'harmonie avec l'écosystème
- 2/ La vision de long terme
Un arbre est planté toutes les cinq serviettes...Ainsi, le groupe hôtelier Accor a souscrit à un programme de plantation, financé par la réduction du coût de lavage des serviettes et draps. "50% des économies réalisées sont réinvesties dans l'hôtel et 50% sont investies dans les arbres, si bien que un arbre est planté toutes les cinq serviettes, ce qui représente déjà 1 million d'arbres", explique le fondateur de Pur Projet, Tristan Lecomte, qui dénombre une centaine de clients de la multinationale à l'association. Avec des projets forestiers conçus sur quarante ans, on est loin des règles dictées par le court-termisme financier.
- 3/ La réunion du profit et de la responsabilité sociale
- 4/ La capacité à tisser de nouvelles alliances
- 5/ La réinvention des logiques de consommation
- 6/ Le respect de l'humain
Autre qualité indispensable: un management plus altruiste. Isaac Getz, co-auteur de Liberté & Cie (Fayard, 2012), estime que les patrons doivent "libérer" leurs salariés: il ne s'agit plus de contrôler leur travail, mais de les responsabiliser en créant un univers de respect, de considération et de bienveillance. Une acculturation qui prend entre trois et dix ans: Gore, aux Etats-Unis, a intégré cette logique dès 1958 et géré la croissance de son activité en maintenant des unités de travail à taille humaine, adaptées aux cultures locales. En France, le fabricant de pièces en alliages cuivreux Favi a maintenu la qualité de sa fabrication et intégré les enjeux sociétaux sous l'impulsion de son PDG, Jean-François Zobrist. En supprimant la pointeuse, en passant du temps dans les ateliers avec les opérateurs, en cessant de les surveiller pour leur offrir la possibilité d'être leurs propres chefs, ce dernier a instauré un climat de confiance moins coûteux et plus efficace que les logiques de contrôle préexistantes.Les patrons doivent "libérer" leurs salariés
- 7/ La gestion démocratique
Dans une coopérative, le principe est un homme est égal à une voix.Certains vont jusqu'à adopter un statut d'entreprise conforme à leurs valeurs. Il en va ainsi des coopératives, comme l'explique Philippe Durance. Ce professeur au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) a étudié de près la coopérative basque Mondragón (85.000 salariés): "Ceux qui recherchent le modèle coopératif aujourd'hui sont en quête d'un nouveau type de partage de la valeur. Dans une coopérative, la décision collégiale est inscrite dans les statuts sur le principe de un homme, une voix." Pour Baptiste Rabourdin, l'un des trois associés-fondateurs de la Scop Eco-Sapiens, un comparateur de prix dédié à l'écoconsommation (60.000 produits référencés depuis novembre 2007), "le statut n'est pas une finalité, mais un garde-fou contre l'excès de rémunération des actionnaires". Ça tombe bien: 2012 était l'année internationale des coopératives.