C'est un livre qui donne envie d'aller voir plus loin. 288 pages qui poussent à se rendre à Longjumeau dans l'Essonne, à quelque 20 kilomètres au sud-ouest de Paris, pour voir comment on peut résister au discours de la peur lorsque l'on entreprend de soigner la folie. Car dans Quelle politique pour la folie?, le Psychiatre et Psychanalyste Guy Dana défend farouchement l'idée que la folie peut s'apaiser lorsqu'une certaine liberté de circulation lui est accordée.
"Une idée un peu dingue" si l'on se souvient qu'il y a moins de deux ans, le président de la République en visite à l'hôpital d'Antony n'a offert en guise de soins aux malades suivis en psychiatrie que plus d'enfermement et de surveillance afin de protéger la société des menaces que pourraient représenter certains d'entre eux. Et si l'on se rappelle qu'une réforme des soins sous contrainte sera présentée prochainement à l'Assemblée, visant à assouplir les conditions d'entrée dans le dispositif et à en durcir les conditions de sortie.
Mais Guy Dana est l'un des membres du collectif des 39, ces professionnels de la psychiatrie qui se sont organisés, il y a moins de deux ans, pour répondre à ce désormais fameux discours d'Antony, et qui, de textes en meetings, de rencontres en pétitions, veulent apporter la preuve de l'inefficience du discours sécuritaire.
Ce livre-là est donc un manuel. Théorique en sa première partie (Freud, Lacan et Winnicott), pratique en sa seconde, il entend «construire une politique de la folie où le médical n'aurait pas seul son mot à dire mais où la politique de civilisation serait aussi à l'œuvre». Ce qui donna donc envie d'aller voir sur le terrain, dans un établissement public de santé, le passage du discours à l'acte.