“Le seul savoir qui influence vraiment le comportement, c’est celui qu’on a découvert et qu’on s’est approprié soi-même”, affirmait Carl Rogers. Avec lui, l’homme et l’œuvre sont indissociables. Très attentif à la personne humaine, cette grande figure de la psychologie humaniste regardait chacun comme un être digne de respect et de considération. Reconnaître à l’autre sa pleine valeur d’être humain, porter sur lui un regard chaleureux, telles furent les caractéristiques de l’homme, tels sont les fondements de sa « thérapie centrée sur le patient » et, plus largement, de son « approche centrée sur la personne ». Ces valeurs, il les mit en œuvre et en démontra la pertinence tant dans son activité de psychologue clinicien que dans celle d’enseignant et de facilitateur de groupe. Il fut ainsi sollicité pour intervenir dans des situations de conflits sociaux ou internationaux. Son action lui valut d’être nominé pour le prix Nobel de la paix l’année même de sa mort, à l’heure où ce grand humaniste pouvait dire : « Ma vie, à 85 ans, est plus belle que mes projets, plus belle que mes rêves, plus belle que mes aspirations. »
Ses concepts:
Réaliser son potentiel
Nous portons tous en nous la capacité de conduire notre vie d’une manière à la fois satisfaisante sur le plan personnel et constructive sur le plan social. Cela ne signifie pas que nous allons nous développer dans une telle direction, mais que nous en possédons tant les moyens que l’élan, de manière que l’on peut qualifier d’organique. Enfant, Rogers avait passé de longues heures à observer la nature, et notamment les papillons et les chenilles dont il conservait les cocons. Son hypothèse sur le potentiel naquit probablement de cette observation, avant d’être appuyée par sa pratique professionnelle et ses recherches scientifiques.
L’authenticité, condition de la relation
« Dans mes relations à autrui, j’ai découvert qu’il ne servait à rien, à long terme, de me conduire comme si j’étais ce que je ne suis pas. » La confiance entre deux êtres ne peut s’établir que si chacun est fiable, à soi-même et à l’autre par conséquent. La qualité de la relation humaine passe par notre capacité à voir ce que nous sommes, à ne pas nous abriter derrière une façade car celle-ci apparaîtra tôt ou tard et les dégâts seront considérables. Cela implique vigilance et questionnement, car il est toujours plus facile, par exemple, de se fâcher contre l’autre que de découvrir sa mauvaise humeur.
Ecouter pour entendre
Bien que nous passions beaucoup de temps à nous parler, nous ne nous écoutons pas. Or, être entendu par l’autre est d’une portée profonde ; c’est ainsi que naît le sentiment de compter à ses yeux, d’être considéré et respecté pour ce que nous sommes. Cela permet de franchir bien des barrières – culturelles, religieuses, raciales –, et de parvenir à une « rencontre de personne à personne ». « Que ses propos soient superficiels ou profonds, j’écoute celui qui s’exprime avec tout le soin, toute l’attention et toute la sensibilité dont je suis capable. » Lorsque cette attention existe, la communication s’établit et elle conduit à son tour à une meilleure compréhension.
Développer une qualité d’être
Derrière une simplicité trompeuse, Carl Rogers nous invite à chercher la réponse à la plupart de nos questions non pas dans une compétence technique, mais dans la relation. L’élément décisif, c’est la confiance que nous avons en nous-mêmes et dans les autres, dans la gestion de nos sentiments et de nos conflits, dans la recherche d’un sens à notre vie. Cela vaut jusque dans le domaine de la relation d’aide, où le facteur décisif du changement relève non des techniques spécifiques du psy, mais de ses attitudes envers son patient et de la manière dont ce dernier perçoit la relation.
Encourager l’autre à mûrir
L’existence d’un climat propice au développement de la personne ne doit pas être le propre des seuls psychologues et psychanalystes. Elle est valable pour tous les métiers de l’humain (enseignants, médecins, travailleurs sociaux) mais aussi pour la relation parent-enfant et, de manière générale, pour toute relation humaine dans laquelle l’une des parties a pour objectif d’encourager l’autre à s’épanouir, à se développer, à mûrir et à mieux faire face à la vie.