28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 16:37

Ce terme sibyllin émeut les biologistes, les médecins, les physiciens, les psychanalystes, informaticiens, philosophes, autant que les éducateurs. C’est le principe impitoyable régissant chaque individu à chaque instant de son existence. Ce mystérieux second principe est une loi de mort ! Il est semblable à un courant glacé qui emporte les hommes vers une dégradation irréversible. Il conduit l’univers vers l’équilibre thermique, autrement dit vers la mort. Et, par ce « second principe », la notion de « mort » est entrée dans les concepts scientifiques.

  

cosmos 2  

Rappel des lois fondamentales et transposition à l’analyse :


La Thermodynamique 

 

La thermodynamique est représentative des découvertes arrivant trop tôt, et bien avant que l’humanité en puisse concevoir la portée affective et éducative. Ses lois sont implacables. Rien ne semble leur échapper. Toute machine, tout organisme physique, toute entreprise humaine ou autre, toute société, toute famille, sont soumis à ces lois.

 

La thermodynamique est (si l’on peut dire) fille de la machine à vapeur. Elle est ce que Carnot appelait « la puissance motrice du feu ». Son origine fut purement utilitaire, mais son aboutissement déborde largement verts la philosophie et la métaphysique.

 

La thermodynamique étudie les rapports entre les phénomènes de chaleur et ceux de mouvement. L’idée fondamentale est que le travail ne se perd pas. Si ce travail semble disparaître, il est restitué sous forme de chaleur. S’il n’est pas restitué de cette manière, la fraction restante de travail nous sera rendue si nous sommes capable de la solliciter.

 

L’étude des machines thermiques montre une « hiérarchie » entre les diverses formes d’énergie. Par exemple : l’énergie mécanique peut devenir chaleur. Mais la transformation inverse demande un apport extérieur. De plus, il y a perte d’énergie : une partie de la chaleur est irrécupérable (mais elle n’est pas détruite). Cette partie d’énergie est de plus en plus indisponible, et de façon irréversible, tel le carbone dans l’atmosphère. « L’entropie » est la mesure de cette « non disponibilité ».

 

Si on applique à l’univers les principes de la thermodynamique, on déduit qu’il possède une quantité d’énergie qui demeure constante ; mais la qualité de cette énergie se dégrade, de façon irréversible ! L’univers tout entier va ainsi vers sa mort, du moins l’univers physique. Car un système fermé n’échange aucune énergie, aucune matière, avec l’environnement. Il utilise sa propre réserve, dont la dégradation augmente, sans espoir de retour…

 

  • Notons que les principes de la thermodynamique s’appliquent à des systèmes « fermés ». Notre univers peut-être assimilé à un circuit fermés… La névrose également : la névrose est une sorte de « circuit fermé ». Le névrosé se coupe du monde extérieur ; il échange de moins en moins avec l’environnement. Son organisme utilise sa propre réserve d’énergie, et son entropie va vers un maximum !

 

L’entropie et le genre humain

 

Cette notion de destruction inexorable de toutes choses a paralysé la plupart des disciplines humaines. Elle a fortement marqué les esprits et les inconscients humains.

 

L’entropie est généralement considérée comme « mesurant l’état de dégradation irréversible d’un système physique ». On pourrait le traduire par : Rien ne dure, tout s’use, tout casse, tout lasse, tout est promis à la destruction et à l’annihilation !

 

L’entropie représente une course contre la montre et contre la mort. Jamais on ne peut retourner en arrière. Ainsi, toute chose accomplie, toutes les réalisations et tous les rêves, toutes les amours et les haines, se dégradent sans que jamais on ne puisse faire quoi que ce soit pour en assurer la pérennité.

 

« Le second principe » est une loi terrible et vérifiable ! Il a toujours le dernier mot dans l’univers et dans l’humanité. Il enrobe le monde d’un immense « A quoi bon lutter ou exister ? ».

 

La notion d’entropie a bloqué la culture. Pensez ! Mort et dégradation sont les seules perspectives finales… Citons ici Brillouin :

-Comment est-il possible de comprendre la vie quand le monde entier est dirigé par une loi de fer telle que « le second principe » de la thermodynamique, qui pointe vers la mort et l’annihilation ??

 

Encore l’entropie

 

N’y aurait-il pas une autre face de cette médaille sinistre ? Tout se dégrade, c’est pour nous « un fait ». La machine la mieux entretenue s’use. L’usure est le dénominateur commun de tout ce qui existe. Du moins, selon nos critères.

 

En fait, ce que nous appelons usure correspond à « une transformation ». Si une maison abandonnée tombe en ruine puis en poussières, nos critères concluent à l’usure. En réalité, cette maison s’est transformée ; elle a progressivement passée de l’état de maison à l’état de poussière. Elle a ainsi suivi une courbe de lois parfaitement naturelles !

 

Et rappelons ici que nous appelons « désordre et destruction » ce qui ne correspond pas à nos notions « d’ordre et de structuration ». Oui, vraiment : n’y aurait-il pas une face cachée de l’entropie ? Nous pouvons constater que si le corps physique d’un homme vieillit dès sa naissance, ses connaissances et sa conscience augmentent (ou sont censées augmenter) avec l’âge. Les pessimistes diront que « connaissance ou pas, sa machinerie physique retournera au néant, y entraînant sa conscience ! ». Les optimistes diront simplement : « Voire ! ».

 

Notre vie et La Vie

 

On constate que si les individus meurent, La Vie dans son ensemble ne diminue pas dans l’univers. Bergson faisait remarquer que : « la mort des individus n’apparaît pas du tout comme une diminution de la vie en général. La vie n’a jamais fait un effort pour prolonger l’existence d’un individu ».

 

On pourrait rétorquer ici que chacun fait désespérément le maximum pour échapper à la notion d’entropie ? C’est possible. Mais ceci est important : on remarque la mort des individus, on remarque des faits particuliers, on remarque des choses séparées, mais on est incapable d’avoir une vue d’ensemble de la vie et de l’univers. On manque d’informations généralisées.

 

On pourrait se demander : ce qu’un individu perd par l’âge et la dégradation physique, ne se retrouve t-il pas sous forme de conscience ? Car jusqu’à présent, et malgré de nombreux essais, l’affirmation « rien ne se crée, rien ne se perd » reste indétrônable !

 

Si l’univers entier provient d’une source unique, ne peut-on croire qu’il y retourne après un détour de quelques milliards d’années durant lesquelles la conscience se libérera progressivement de « la matière » ? (Voire l’article : La longue veille ou l’art des maîtres). Et tout cela fait songer aux dictons populaires, tel que : « qui gagne ici perd là-bas, après la pluie le beau temps, rien ne se perd et rien ne se gagne », dictons qui traduisent ce permanent "équilibrage" des choses, dont nous ne voyons que les apparences.

 

Et la maladie ?

 

Dans cette optique, que devient la maladie ? Si tout instant, dans l’univers, représente un état d’équilibre maintenu par « des lois » ; si l’univers est « en ordre » à chaque moment, tout instant d’une vie se trouve, lui aussi, dans cet état.

 

Alors pourquoi intervenons-nous en cas de maladie, par exemple, ou d’accident ? Car si la maladie est un état d’équilibre de « l’ensemble de la personnalité », nous risquons de déséquilibrer le tout en intervenant ? C’est, à nouveau, n’envisager que l’individuel en négligeant l’ensemble !

 

Voici une personne malade : A travers quoi la ressentons-nous, sinon à travers nous-mêmes ? Nous avons pitié d’elle parce que nous avons pitié de nous ; car la même souffrance pourrait nous atteindre. L’autre devient la projection de nous-mêmes (c’est d’ailleurs toujours le cas). L’autre devient le miroir de notre maladie possible. La maladie nous apparaît également comme une « cassure » dans un ensemble harmonieux. Nous appelons cela « désordre ou injustice », etc. Ces états d’âme provoquent en nous une angoisse, consciente ou inconsciente ! Cette angoisse, à son tour, provoque une perte d’énergie. Nous devons récupérer cette énergie en éliminant l’angoisse et, par conséquent, en soignant l’autre…

 

En soignant l’autre, nous nous soignons nous-mêmes ! Nous soignons notre déséquilibre provoqué par la maladie de l’autre. [et il n’est pas exclu que l’autre soit tombé malade pour des raisons identiques, ce qui ferme le cercle vicieux des perturbations. Cette hypothèse prouverait donc que les maladies de tous sont les maladies de l’un, et que la thérapie de l’un doit passer par la thérapie de tous ! Une société saine engendre donc des individus sains, et vice-versa.]

 

En soignant l’autre, nous tentons donc d’éliminer notre propre perturbation. Il n’existe aucune exception. Nous rétablissons ainsi un équilibre en nous, sous des termes de « solidarité, justice, droit, devoir, altruisme, bonté » etc.

 

Croire à une intervention individuelle est "une illusion" ! Notre action personnelle ne fait que s’inscrire dans un ensemble d’échanges d’énergie, faisant partie des échanges énergétiques de l’univers entier, tel une immense équation. Ainsi, toute entraide est une aide envers soi-même, par un gigantesque jeu de miroir !

 

Et l’éducation ?

 

C’est la même chose. L’éducation que nous donnons découle de notre façon d’envisager les choses. Elle se fait selon nos critères ! Mais les critères de l’autre bousculent les nôtres. Ils nous placent en état de déséquilibre et de perte d’énergie (soucis, tracas, colères, hésitations, anxiétés, réflexions profondes, etc.) En éduquant l’autre, nous tentons de le placer dans notre critère, et de rétablir ainsi notre équilibre. En éduquant l’autre, nous nous éduquons nous-même. Ici encore, c’est le jeu des miroirs et des échanges permanents d’énergie.

 

Il faut bien comprendre que ces échanges et ces rétablissements d’équilibre ont lieu « à chaque micro-instants de la vie ! », et quelles que soient les circonstances. Comme un navire dont l’assiette se rétablit à chaque seconde à l'aide d'un gyroscope automatique…

 

Il n’existe rien qui soit séparé ou individuel. Toute action, toute circonstance, tout instant font partie d’un ensemble continu…

 

Ainsi donc…

 

Ainsi donc, tout semble "en Ordre", partout et toujours, par un perpétuel rétablissement des forces contraires. Tout n’est « qu’équilibrage » et cohérence, si l’on considère l’univers dans son ensemble, nous compris, bien entendu ; le tout formant une trame mathématique extrémement rigoureuse !

 

Je cite ici un texte du physicien Costa de Beauregard :

« …s’affirmera notre conviction que l’univers matériel étudié par la physique n’est pas le tout de l’univers, mais qu’il masque, démontre, et laisse entrevoir l’existence d’un autre cosmos bien plus primordial, de nature psychique, dont il serait comme une doublure passive et partielle… ».

 

Et peut-être l’entropie et la destruction de la matière libèreront-elles des savoirs et une conscience qu’elles enferment, et dont cette matière n’est qu’un « phénomène » temporaire ?

Plus que jamais, l’homme doit donc « jouer le jeu » et continuer d’apprendre et d’évoluer.

  

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