John Bowlby (1907-1990) est un psychiatre et psychanalyste anglais, célèbre pour ses travaux sur l'attachement, la relation mère-enfant. Pour lui, les besoins fondamentaux du nouveau-né se situent au niveau des contacts physiques. Le bébé a un besoin inné du sein, du contact somatique et psychique avec l'être humain.
La famille Bowlby appartenait à la classe aisée à Londres. Quatrième de six enfants, John a été élevé par une bonne d'enfants à la mode britannique de sa classe sociale. Il voyait sa mère seulement une heure chaque jour après le « teatime » (collation de 16 heures), sauf pendant l'été où elle était plus disponible. Comme beaucoup d'autres mères, elle considérait que l’attention et l'affection parentales étaient néfastes pour les enfants. Bowlby a eu la chance d’avoir la même bonne d'enfants dans toute son enfance et il avait presque quatre ans quand elle quitta la famille. Plus tard, il devait décrire cette séparation comme aussi tragique que la perte d'une mère. À l'âge de sept ans, Il fut envoyé dans un internat. Il a considéré cette période comme une terrible épreuve.
Ces expériences dans l’enfance l’ont conduit à avoir une sensibilité particulière pour la douleur des enfants durant toute sa vie.
Il intègre la Tavistock Clinic en 1946 et, grâce à son expérience pendant la guerre, l’organisation mondiale de la santé le nomme responsable d’une étude sur les besoins des enfants orphelins ; de cette étude va naître un rapport qui va provoquer l’intérêt et la critique des psychiatres et des psychanalystes (1949).
À partir des travaux des éthologues Konrad Lorenz et du couple Harlow, Bowlby va dégager cinq compétences qu'il considère comme innées et qui permettent à l'enfant de s'attacher à sa mère :
- la capacité de succion (téter)
- la capacité à s'accrocher
- la capacité à pleurer
- la capacité à sourire
- la capacité à suivre du regard.
La théorie de John Bowlby
À la fin des années 1940, les nurseries londoniennes accueillent de nombreux bébés séparés de leurs parents en raison du conflit mondial. L’intérêt porté au développement émotionnel de l’enfant se développe. À la Tavistock Clinic de Londres, le pédiatre et psychanalyste John Bowlby (1907-1990) dirige un séminaire sur « l’observation du développement émotionnel du nourrisson ».
J. Bowlby élabore alors sa théorie. Pour lui, « l’attachement » fait partie des besoins primaires : de même qu’il doit s’alimenter pour grandir, le bébé doit aussi, pour se développer et explorer le monde, pouvoir trouver sécurité et réconfort par un lien privilégié avec l’adulte.
J. Bowlby s’appuie aussi sur ses observations de jeunes enfants et de familles, tout en utilisant les apports de l’éthologie et de la psychologie cognitive. Il avance que les bébés développent des stratégies adaptatives différentes selon la manière dont on en prend soin. Un attachement sécure (le mot vient de l’anglais) engendre une meilleure régulation émotionnelle, et minimise par la suite les troubles de comportement chez l’enfant et l’adolescent.
La théorie de l’attachement est devenue centrale dans le développement de la pédopsychiatrie et a connu de nombreux prolongements. Pourtant, elle a rencontré bien des critiques. Dans les années 1970 notamment, on lui a reproché de donner un rôle central à la mère, et de cantonner ainsi la femme dans un schéma très conformiste. En fait, J. Bowlby ne pointait pas le rôle spécifique de la mère, mais dans la société de l’après-guerre, c’était elle qui s’occupait principalement de l’enfant. Les travaux ultérieurs ont montré que le père ou toute autre personne pouvait prendre soin du bébé et le sécuriser.