6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 16:14

Rencontre avec Alain Bottéro: Le terme date de 1908, mais on peine toujours à s’accorder sur ce qu’il recouvre. Les symptômes se retrouvent dans d’autres troubles, les cas cliniques sont très variés... aucune explication définitive ne se dégage.

 

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Peu de troubles mentaux suscitent autant de malentendus que la schizophrénie. On imagine spontanément que le schizophrène est tiraillé entre deux personnalités opposées, une bonne et une mauvaise, une raisonnable et une délirante. Il entend des voix. Surtout, il est dangereux : il peut commettre des crimes d’une sauvagerie inouïe. Or, la réalité est beaucoup plus complexe. Un patient schizophrène n’a pas une double personnalité, il n’entend pas forcément de voix, et, malgré les effets de loupe occasionnés par le prisme médiatique, les crimes commis par des schizophrènes sont statistiquement dérisoires. Ces sujets sont avant tout dangereux pour eux-mêmes, puisqu’un sur deux tenterait de se suicider.

 


Les soignants, eux-mêmes, ont des a priori contre cette maladie particulièrement difficile à comprendre et à soigner. Le psychiatre Alain Bottéro se bat pour que cesse la stigmatisation de patients qui sont les premières victimes de cette énigme médicale.



  • Le terme de schizophrénie date de 1908. Auparavant, on parlait de démence précoce. 
Que recouvrait ce terme ?


 

Le concept de « démence précoce » est inventé en 1893, et affiné en 1896 et 1899, par Emil Kraepelin, grand « aliéniste » allemand (on ne parle pas encore de « psychiatres »). C’est un vrai clinicien, particulièrement soucieux de ses responsabilités : selon son diagnostic et son pronostic, il est conscient de disposer d’un pouvoir d’internement à vie sur ses patients. Insatisfait par les classifications des maladies mentales, il entreprend de décrire les symptômes mais aussi leur évolution dans le temps, pour opposer les maladies les unes aux autres et les classer avec un soin infini. Il ressort trois diagnostics principaux des cas hospitalisés qu’il étudie dans son service à Heidelberg.



D’abord, ce que l’on appelle la paralysie générale, c’est-à-dire le stade terminal de la syphilis, une affection alors très répandue. Ces patients délirent, mais ils présentent des troubles neurologiques : ils ont des paralysies, des atteintes de la sensibilité, de la mémoire par exemple. C’est une folie à démence tardive : il faut un bon quart de siècle entre le rapport sexuel contaminant et l’apparition des manifestations cérébrales.


Ensuite, ce qu’E. Kraepelin regroupe sous le terme inédit de folie maniacodépressive (l’équivalent en mieux articulé de ce que l’on appelle déjà, en France, la folie périodique). Ces fous-là ne sont pas paralysés. Leur réactivité émotionnelle n’est pas atteinte et ils finissent toujours par guérir.



Enfin, un trouble qui commence tôt, qu’E. Kraepelin baptise « démence précoce », qui s’accompagne de délires et d’hallucinations. Les patients, jeunes, perdent leurs capacités de raisonnement, mais aussi, peu à peu, leur affectivité : leurs réactions émotionnelles s’éteignent. C’est à ses yeux une forme de démence, qui survient précocement. 



Ce système va séduire tous les aliénistes européens puis américains. Aujourd’hui encore, le cœur du DSM-IV, la classification psychiatrique américaine, c’est du E. Kraepelin. Néanmoins, il s’est posé tout de suite un problème : dans les faits, la démence précoce n’est pas un état constant. Elle peut être réversible, il arrive qu’elle ne se déclare qu’à 50 ans. E. Kraepelin lui-même le reconnaît. En somme, « la démence précoce peut être ni démente ni précoce », raillent ses détracteurs !



  • La démence précoce n’est-elle qu’un fourre-tout où classer les patients qui n’entrent pas dans les deux premières catégories ?



Certainement, et E. Kraepelin lui-même se montre insatisfait. Il pense d’abord que la démence précoce est une maladie de la dégénérescence, qui s’aggrave au fil des générations. Puis il se ravise, et parle d’un trouble par autointoxication, métabolique, à l’instar du myxœdème ou de l’hyperthyroïdie. Il soupçonne l’action d’une hormone sexuelle, puisque la maladie se déclenche après la puberté. Mais ce n’est qu’une hypothèse. Et les lésions cérébrales qu’il subodore demeurent introuvables, alors qu’à l’époque on fait des découvertes majeures sur le cerveau des personnes souffrant de troubles du langage, ou celui de déments où Alzheimer repère des lésions spécifiques. En France, on continuera d’utiliser le diagnostic de démence précoce jusque dans les années 1950.



  • C’est Eugen Bleuler qui va inventer le mot de schizophrénie, pour en finir avec cette approximation de la démence précoce. Dans quelles circonstances ?



En 1902, ce médecin-chef de la clinique du Burghölzli, à Zurich, est chargé de défendre la notion de démence précoce face aux attaques répétées dont elle fait l’objet. Il s’aligne prudemment derrière l’illustre Kraepelin, mais laisse entrevoir comment il compte personnellement résoudre le problème. Il approuve toutes les descriptions cliniques, mais se montre plus réservé quant à savoir si la démence précoce altère toujours la réactivité émotionnelle : il cite par exemple des patientes internées qui fondent en larmes à l’évocation du bébé dont elles ont été séparées. Pour lui, ce qui est atteint, c’est plutôt la faculté associative. 


Le grand rival d’E. Kraepelin, Theodor Ziehen, propose une classification des troubles mentaux qui fait systématiquement appel à des perturbations de la fonction associative afin de rendre compte des pathologies. Avec Carl Gustav Jung, son interne, E. Bleuler utilise un test pour évaluer les associations des patients. Ce test a justement été mis au point par Ziehen, l’oublié de l’histoire qui, en 1893, avait cherché en vain à imposer un concept de folie délirante qu’il appelait paranoia dissociativa, véritable schizophrénie avant la lettre. E. Bleuler conclut que la démence précoce se caractérise non par une disparition de la réactivité émotionnelle, mais par une pathologie des associations. 



En 1908, devant le congrès annuel des aliénistes allemands présidé par E. Kraepelin, E. Bleuler propose de remplacer le terme de démence précoce par celui de schizophrénie, littéralement « l’esprit scindé », pour rendre compte de la dislocation des associations, et donc de l’esprit, chez des malades qui ne sont manifestement pas déments, qui font de temps à autre des remarques sensées, qui savent qu’ils sont à l’asile. Il met à contribution deux grandes idées qui ont alors cours dans la psychologie associative pour expliquer autrement que par un processus démentiel les symptômes : celle classique d’affaiblissement de la fonction associative, celle plus moderne, lancée une vingtaine d’années plus tôt par l’école de la Salpêtrière, Alfred Binet, Pierre Janet, Paul Richer et leur maître Théodule Ribot, de « dissociation ». Le terme de schizophrénie commence à rencontrer le succès à partir de 1911, grâce au traité d’E. Bleuler intitulé Démence précoce ou groupe des schizophrénies. Le mot, qui sonne étrange comme son objet, frappe les esprits, il fera florès.



  • Le mot est resté, mais recouvre des symptômes tout aussi disparates qu’au début du XXe siècle.



Absolument ! Le terme de schizophrénie, qui reflète une théorie de la maladie, celle de la dissociation généralisée, est longtemps pris au pied de la lettre alors que ce n’était au départ qu’une hypothèse. Jusqu’aux années 1970, voire 1980 en France, on confond la maladie avec sa théorie : on ne voit plus les patients comme souffrant de symptômes de délire, d’hallucinations, d’anxiété, mais comme frappés de symptômes dissociatifs que l’on croit spécifiques. Du coup, les psychiatres traquent ces symptômes-là. Dès qu’ils en voient, ils diagnostiquent une schizophrénie. Mais l’idée de dissociation est ébranlée avec l’arrivée des psychotropes. On se rend compte que ces médicaments ont des indications précises : les neuroleptiques marchent contre le délire, le valium contre l’anxiété, les antidépresseurs contre la dépression, le lithium contre la maniacodépression… mais pour peu que le diagnostic soit bon ! Une étude de la fin des années 1960, la US-UK Study, présente à des psychiatres américains et anglais des vidéos de patients filmés aux urgences. Le résultat est stupéfiant : quand les Américains, en visionnant les films, voient neuf schizophrénies pour une maladie maniacodépressive, les Anglais diagnostiquent eux une proportion strictement inverse. Les bases de prescription de ces médicaments si puissants apparaissent soudain bien fragiles. Grand problème ! De même, on se rend compte qu’en France, on diagnostique des schizophrénies chez des jeunes gens quand au Canada, on parle simplement de crises graves de l’adolescence… L’idée qu’il faut définir les maladies de façon beaucoup plus empirique va aboutir à la troisième édition du DSM en 1980. Entre-temps, tous les essais de redéfinition de la schizophrénie qui apparaissent à partir des années 1970 aboutissent à un même constat : les symptômes dits de dissociation ne permettent pas un diagnostic sûr, puisqu’on en voit chez les maniaques, les déprimés, les grands anxieux, etc. La schizophrénie est désormais définie par des symptômes beaucoup plus simples, des hallucinations et des idées délirantes principalement.



  • La schizophrénie s’accommode-t-elle aujourd’hui d’une lecture particulière, plus plausible que les autres ?



Encore aujourd’hui, si vous ouvrez un manuel de psychiatrie destiné aux étudiants et aux internes, vous trouvez toujours la schizophrénie définie comme une maladie de la dissociation des fonctions psychiques. Les classifications reconnues, sur lesquelles sont fondées les recherches, comme le DSM ou la Classification internationale des maladies de l’OMS, ont pourtant abandonné une telle notion. Les psychiatres se trouvent donc écartelés : lorsqu’on leur demande un diagnostic précis pour justifier leur choix thérapeutique, ils sont obligés de passer par le DSM-IV, qui ne parle jamais de dissociation. Mais lorsqu’on leur demande comment ils voient la maladie, ils ne peuvent éviter de s’y référer.



  • On n’arrive donc toujours pas à se mettre d’accord sur la définition de la maladie, ni à trouver des symptômes permettant de la diagnostiquer à coup sûr. Existe-t-elle vraiment, après tout ?



Les patients existent, leurs symptômes existent, c’est la chose qui se trouve être la plus sûre dans toute cette affaire. Mais la schizophrénie correspond à ce que l’on appelle un diagnostic d’exclusion, par défaut : il faut des symptômes de délire ou d’hallucination pendant au moins six mois, et dont toutes les autres causes envisageables (tumeur, sclérose en plaques, dépression psychotique, état maniaque, trouble bipolaire, etc.) ont tour à tour été éliminées. C’est toujours une catégorie fourre-tout pour les troubles psychotiques dont on n’a pas l’explication. Certains patients ont des délires et des hallucinations, et c’est tout. D’autres ont cette extinction émotionnelle dont parlait E. Kraepelin. Ou sont désorganisés. La plupart des recherches bloquent actuellement sur le fait que l’on tend à appréhender la schizophrénie comme une maladie unique, alors que d’évidence ce sont à de nombreuses affections très diverses que l’on est confronté. Il est très important que les chercheurs soient conscients que la schizophrénie n’est pas une affection spécifique, mais un regroupement provisoire, cliniquement assez grossier, qui exige que l’on imagine des stratégies de recherche originales pour être démembré. Les généticiens, pour leurs recherches, étudient des patients diagnostiqués atteints de schizophrénie selon le DSM-IV, mais rapportent leurs découvertes à cette définition fourre-tout : du coup, chaque fois qu’ils trouvent quelque chose qui pourrait singulariser cette maladie, cela ne répond pas à tous les cas, c’est impossible.



  • Comme cette maladie, ou ces maladies, restent complètement insaisissables, le regard porté sur les patients a toujours été stigmatisant : on a pu les décrire comme dangereux, sentant mauvais, nécessitant une ablation du côlon…



D’une part, en effet, ce qui est insaisissable nous inquiète toujours. D’autre part, comme on croyait comprendre qui étaient ces patients, on a accumulé un certain nombre d’idées sur leur compte, à proportion de l’angoisse qu’ils suscitaient. Les psychiatres les plus en pointe ont eux-mêmes, parfois, des idées complètement dépassées. Sous E. Kraepelin, les patients étaient vus comme déments, avec un cerveau détruit. Après E. Bleuler, on les a crus divisés, coupés à la fois d’eux-mêmes (incapables de comprendre le sens de leurs actes, leurs émotions, leur vie) et d’autrui (incapables d’établir des rapports sociaux, éminemment dangereux). Ce n’était pourtant pas l’intention d’E. Bleuler, qui était proche de ses patients, qui vivait avec eux. Mais le passage de la démence à la coupure psychique lui a échappé. Il est très difficile de dépoussiérer le mot de schizophrénie de cet héritage d’amalgames. Je participe à une commission française visant à faire accepter par l’OMS de trouver un nouveau nom pour la schizophrénie, plus conforme à la réalité clinique et de la recherche. Pour la francophonie, on pourra peut-être obtenir gain de cause. Mais ailleurs, c’est moins sûr, à cause d’énormes intérêts scientifiques mais aussi financiers… La décision sera prise en 2015.

 

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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 10:50

C’est un document exceptionnel, sur Freud praticien et sur son rôle dans le mouvement psychanalytique international, notamment ses relations avec les Sociétés de Psychanalyse de New York, Londres ou Berlin.


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L’auteur, jeune psychiatre à l’époque, effectue à Vienne en 1921 une « tranche » avec Freud, une formation dans le but de devenir psychanalyste et il sera par la suite l’une des figures du courant culturaliste américain avec Ruth Benedict ou Ralph Linton, un courant qui conjugue les points de vue de l'anthropologie et de la psychologie pour rendre compte du processus de l'intégration sociale. On peut lire sous sa plume un ouvrage publié en 1969 chez Gallimard : L'individu dans sa société : essai d'anthropologie psychanalytique. Abram Kardiner a également travaillé sur les névroses et les traumatismes causés par la guerre.

 

Il y a beaucoup de fraîcheur et d’authenticité dans ce témoignage de première main. L’homme est jeune, il a connu l’enfance difficile d’un petit immigré à New York, voyant son père, un ancien tailleur d’origine ukrainienne, se débattre pour obtenir des petits boulots. Sa mère succombe à la tuberculose alors qu’il a trois ans, et le souvenir, corroboré ensuite par sa sœur, lui reviendra en analyse d’avoir lui-même constaté sa mort alors qu’il était en train de jouer à ses côtés. Bref, résume-t-il dans le récit qu’il fait à Freud : « Ma petite enfance est dans l’ensemble un cauchemar incessant, marquée par la faim, le délaissement, l’impression de ne compter pour rien ». Le bon client, en somme, pour le psychanalyste, lequel devant son récit déroulé d’une seule traite, l’arrête et lui demande : « Avez-vous préparé cette séance ? ». « Non – lui répond Kardiner – mais pourquoi me posez-vous cette question ? – Parce que cette présentation était parfaite, je veux dire druckfertig comme on dit en allemand. A demain. » Le mot est l’équivalent de notre « bon à tirer », une expression utilisée dans l’édition.

 

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Son père se remarie et une relation œdipienne se noue avec une jeune belle-mère qui, ne pouvant avoir d’enfants, compense sa frustration en l’invitant à monter dans son lit pour « lui caresser et lui téter les seins », des cajoleries que l’enfant de quatre ans trouve très « stimulantes », à l’ombre d’un père pour lequel il éprouve des sentiments ambivalents de profonde sympathie et de terreur. A l’époque où il fait son analyse avec Freud, ses rêves sont limpides et pourtant il contestera rétrospectivement le postulat œdipien, pour son propre cas, et dans l’absolu il réfutera le caractère « universel » du complexe, objectant qu’il ne peut s’appliquer à toutes les cultures. Au cours de l’analyse se font jour des sentiments de résistance et de culpabilité, et la découverte, qu’il juge « effrayante », de nourrir des pensées dont il n’avait pas conscience.

 

Très vite le transfert lui apparaît massif avec la personne du psychanalyste, qui se met à jouer dans son esprit le rôle du père, ce que confirme Freud au cours d’une conversation ultérieure où Kardiner lui demande comment il se voit comme analyste. « A dire les choses franchement – lui répond Freud – les problèmes thérapeutiques ne m’intéressent pas beaucoup. Je suis à présent beaucoup trop impatient. Je souffre d’un certain nombre de handicaps qui m’empêchent d’être un grand analyste. Entre autres, je suis beaucoup trop un père. Deuxièmement je m’occupe tout le temps de théorie, je m’en occupe beaucoup trop, si bien que les occasions qui se présentent me servent plus à travailler ma propre théorie qu’à faire attention aux questions de thérapie. Troisièmement je n’ai pas la patience de garder les gens longtemps. Je me fatigue d’eux et je préfère étendre mon influence. »

 

Cette influence, on peut en prendre la mesure dans les descriptions que fait Kardiner des réunions de la Société de Psychanalyse de Vienne. « C’était là – dit-il – que Freud montrait toute sa maîtrise : maîtrise des hommes, maîtrise des problèmes ». Un jour, pour mettre un terme à un débat animé concernant un des membres accusé de plagiat des idées de Freud sur l’hypnose, et auquel celui-ci ne prêtait qu’une oreille distraite alors qu’on s’affrontait avec véhémence en son nom, il s’exclama « Pourquoi me traitez-vous comme si j’étais déjà mort ? Vous êtes assis en train de discuter entre vous de ce que j’ai écrit dans tel article, vous me citez ici et là. Pendant ce temps je préside, et personne ne vient me demander : qu’est-ce que vous vouliez dire au juste ? » Et il ajouta : « j’imagine facilement ce qui arrivera quand je serai mort pour de bon ».

 

Abram Kardiner, qui évoque aussi certaines de ses colères, parle d’un « être aimable et attachant, un homme charmant, plein d’esprit et d’érudition » et qui avait un grand sens de l’humour. Lors d’une conversation au sujet du parricide de la scène primitive dans Totem et tabou, il lui souffle : « bah ! Ne prenez pas ça trop au sérieux. C’est une chose que j’ai rêvée un dimanche de pluie. » Et en apprenant le suicide de deux analystes à Vienne, les yeux pétillants de malice il déclara : « le jour n’est pas loin où l’on considérera la psychanalyse comme une cause légitime de décès. » Comme le rappelle Lacan, lorsqu’il se rendit aux Etats-Unis en 1909 à l’invitation de Putnam, il dit à Jung qui l’accompagnait : « ils ne savent pas que nous leur apportons la peste ».

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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 17:18

 

"Tout ce que nous entreprenons, Colibris et l’ensemble des mouvements qui œuvrent à la transition écologique et humaine de la société, participe à la naissance d’une force citoyenne qui compte. Grâce à votre mobilisation, le Mouvement compte aujourd’hui plus de 60 000 personnes et des dizaines de groupes Colibris partout en France. C’est 20 000 de plus qu’il y a un an. Nous sommes une force citoyenne émergente." Pierre Rabhi, philosophe.

 

"Tous Candidats" : une déclaration qui a fait du bruit:


Avec la campagne "Tous Candidats", nous avons voulu porter haut ce message : nous sommes le changement de la société. Grâce à notre travail pour le rendre visible dans les médias, nous avons pu toucher plus de 4,5 millions de personnes tous supports confondus (TV, radio, presse, web, affichage...). Nous commençons à être audible par le plus grand nombre.


2012 : une mobilisation locale pour des projets concrets

 

Rien qu’en 2012, nous avons organisé 25 forums citoyens TNT (Transformons nos Territoires) dans toute la France, qui ont permis l’émergence de 218 plans d'actions locaux et plusieurs dizaines de projets dont :

  • une monnaie locale à Concarneau
  • un centre agroécologique près d’Aix-en-provence
  • une plateforme de co-voiturage en Dordogne
  • une association de recyclage de textile à Lille
  • une école à pédagogie coopérative près de d’Avignon

Nous continuons de recenser tous ces projets. Bientôt, vous pourrez les retrouver sur une page dédiée du site et sur le réseau social des colibris.


La (R)évolution des Colibris


En 2013, nous vous proposons de continuer notre action. D’élargir notre mouvement et d'impulser de nouvelles initiatives partout où nous le pourrons. Car il s’agit aujourd’hui d’incarner concrètement les valeurs que nous avons porté haut et fort !

Les colibris ont un plan : reprendre le pouvoir sur l’économie, l’agriculture, l’éducation, la démocratie, l’énergie, dès 2013.
Pour cela, nous avons regroupé les propositions recueillies lors des forums TNT et de l’Université des colibris, ainsi que des recommandations d’experts, pour élaborer un Plan de Transition de la société, à destination de tous : citoyens, entrepreneurs et élus. Si nos responsables politiques ne proposent pas toutes les transformations que nous pensons nécessaires, nous pouvons commencer à leur montrer le chemin !

>>> Voir le Plan des Colibris
>>> Télécharger le Plan des Colibris (pdf)


On l’a dit, on le fait ?


Avec "Tous Candidats" nous avons déclaré que nous étions ceux qui pouvaient changer la société. Avec "La (R)évolution des Colibris", nous avons décidé de le faire !


Reprendre le pouvoir en 5 étapes: le système Bottom-Up contre l'économie Top Dowm

  • Février 2013 : "Localiser l'économie : on le fait !"
  • Avril 2013 :  "Planter ce que nous mangeons : on le fait !"
  • Septembre 2013 : "Révolutionner l'éducation : on le fait !"
  • Janvier 2014 : "Réinventer la démocratie : on le fait !"
  • Avril 2014 : "Économiser et produire de l'énergie (renouvelable) : on le fait !"

Cette nouvelle mobilisation se déclinera en 5 campagnes thématiques, de janvier 2013 à décembre 2014. Chaque campagne sera l’occasion :

  • de communiquer fortement sur les enjeux d’une thématique pour montrer une autre vision de l’avenir
  • de promouvoir des actions et solutions appropriables par tous
  • de nous rassembler là où nous vivons pour des actions fortes et conviviales, sur le modèle du 31 mars 2012 avec les affichages de portraits
  • de constituer des groupes mixtes sur chaque territoire (citoyens, entrepreneurs, élus), qui feront vivre et grandir ces projets tout au long de l’année

Pour cela, nous vous proposons pour chaque campagne, un support pédagogique (film, livre...) et vous inviterons à co-organiser avec nous, des grandes actions de rue, à la fois locales et nationales (Carrot Mobs, pique-niques locavores géants, opérations potagères en pleine ville...).

 

http://www.colibris-lemouvement.org/

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4 avril 2013 4 04 /04 /avril /2013 09:53

Dès 2002, Google entreprend de scanner tous les ouvrages de la littérature mondiale. L'entreprise californienne signe des contrats avec de grandes bibliothèques universitaires. Dix millions de volumes sont numérisés dans la gigantesque mémoire de Google. Sauf qu'environ six millions de ces livres sont protégés par le droit d'auteur... Récit d'une bataille juridique !

 

 

Dès 2002, Google entreprend de scanner tous les ouvrages de la littérature mondiale. L'entreprise californienne signe des contrats avec, notamment, les bibliothèques universitaires de Harvard, de Stanford et du Michigan, la Bodleian Library d'Oxford et la bibliothèque de Catalogne. Plus de dix millions de volumes finissent ainsi sous forme de fichiers numérisés dans la gigantesque mémoire de Google. Sauf qu'environ six millions de ces livres sont encore protégés par le droit d'auteur... En 2005, une société d'auteurs (l'Authors Guild of America) et un groupement d'éditeurs (l'Association of American Publishers) assignent Google devant les tribunaux. En 2008, la justice tranche en faveur de Google et de son projet de bibliothèque numérique, en lui accordant un quasi-monopole avec le Google Book Settlement. Mais des acteurs du monde du livre et des instances politiques se mobilisent en dehors des États-Unis. Ainsi en France avec Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la BNF, qui lance le projet d'Europeana, la bibliothèque numérique européenne. Après une longue bataille juridique, la justice américaine déclare en 2011 nulle et non avenue la réglementation de 2008...

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 07:09

Les hommes sont-ils finis ? Les femmes auraient-elles vraiment pris le pouvoir ? C’est la "thèse provocatrice" de la journaliste américaine Hanna Rosin dans « The End of Men ». Une interview qui fait mâle. Alors, pour ou contre cette thèse ?

 

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« Ils ont du mal à trouver leur place »

 

Julia Dion: Dans votre essai, vous soutenez que « la fin des hommes » est arrivée, c’est de la provocation ?
Hanna Rosin. Bien sûr, mais pas seulement ! Mon livre est le fruit d’une enquête menée pendant deux ans aux Etats-Unis auprès de couples et de femmes célibataires, avec ou sans enfants, de tous horizons sociaux et culturels. J’ai constaté que « Plastic Woman », la femme inventive, l’a emporté sur « Carton Man », l’homme incapable de se remettre en question. « Plastic Woman » est partie à la conquête de nouveaux territoires (travail, politique...) sans renoncer aux anciens (maison, éducation des enfants...). Plusieurs professions se sont féminisées, alors qu’aucun métier ne s’est franchement masculinisé. Les hommes que j’ai rencontrés sont tétanisés à l’idée d’embrasser de nouveaux rôles : aide-soignant, père à plein temps... Ils ont du mal à trouver leur place.

 

JD. Ce déclin des hommes découlerait selon vous d’une dégringolade économique ?
Hanna Rosin. Tout à fait. Nous sommes passés d’une société industrielle à une économie de services. La force naturelle des hommes n’est plus déterminante dans la course aux jobs. En 1950, un homme sur vingt ne travaillait pas. Aujourd’hui, c’est un homme sur cinq qui est au chômage. Dans le même temps, les femmes sont devenues majoritaires dans la population active américaine. En France, elles représentent 58 % des médecins de moins de 35 ans et près d’une Brésilienne sur trois gagne plus d’argent que son mari.

 

JD. Le décrochage des hommes se jouerait dès l’école ?
Hanna Rosin. Dans le monde entier, à l’exception de l’Afrique, les femmes sont majoritaires dans les universités. Aux Etats-Unis, certaines facs commencent même à appliquer des « quotas » en faveur des étudiants mâles. C’est encore tabou, mais la discrimination positive vis-à-vis des garçons, ça existe.

 

« L'homme est devenu du superflu, de l'accessoire »

 

JD. En quoi cette prise de pouvoir économique des femmes bouleverse-t-elle leur relation privée, voire intime, avec les hommes ?
Hanna Rosin. Plus diplômées, plus indépendantes économiquement et plus sûres d’elles socialement, les femmes peuvent choisir de se marier plus tard, voire du tout ! La plupart des jeunes femmes que j’ai croisées déclarent ne pas avoir « besoin d’un homme » pour vivre. J’ai vu des banlieues entières, en Alabama, dans le Nevada, en Floride, se transformer en véritables matriarcats, régentés par des mères de famille qui remboursent le crédit de la maison et qui décident de tout, de l’éducation des enfants jusqu’à l’achat de la voiture... Que reste-t-il aux hommes ? Les miettes.

 

JD. Vous évoquez aussi les conséquences de cette domination féminine sur le plan sexuel...
Hanna Rosin. Certaines jeunes femmes ont tendance à sélectionner leur copain afin qu’il ne fasse pas barrière à leur carrière. L’homme est devenu du superflu, de l’accessoire. Donc, elles multiplient les expériences sexuelles, adoptent un comportement de prédatrices... et expérimentent de plus en plus la sodomie. En 1992, 16 % des 18-24 ans disaient avoir essayé ; aujourd’hui, elles sont 40 %. C’est un bon indicateur de la « plasticité sexuelle » des femmes et de leur prise de pouvoir progressive au lit. Elles retournent cet acte sexuel de soumission à leur avantage en le désirant. La sodomie est en train de devenir dans leur esprit une pratique sexuelle banale.

 

« Un monde de femmes, ce n'est pas le nirvana »

 

JD. Et les hommes, comment vivent-ils cette chute de leur piédestal ?
Hanna Rosin. Parfois comme une « castration » sociale. Je donne l’exemple de David, 29 ans, éditeur de magazines à Vancouver et qui se déclare « pour l’égalité professionnelle », rejette le statut de « chef de famille » et se dit même plutôt « content » que sa copine gagne plus d’argent que lui. Mais, dès qu’elle sort sa carte bancaire au restaurant, il est mal à l’aise. Même chez les hommes plus jeunes, leur capacité à entretenir leur famille reste l’étalon de la virilité. En plus, certaines femmes ne trouvent pas très attirant d’avoir un homme qui gagne moins qu’elle...

 

JD. Votre thèse a été sévèrement épinglée par les féministes !
Hanna Rosin. Parce qu’elles n’ont pas tout compris ! Je n’ai pas le sentiment de trahir la cause des femmes, je ne dis pas que les combats féministes ne servent plus à rien et que tout est rose. Il reste du chemin à faire afin que les rapports entre les femmes et les hommes soient plus égalitaires et plus apaisés. Le plafond de verre est toujours là, les inégalités salariales persistent, le sexisme perdure... Et puis, un monde de femmes, ce n’est pas le nirvana.

 

« J'essaye de faire comprendre à mes fils que je ne suis pas leur secrétaire »

 

JD. A vous lire, en effet, le matriarcat, ce n’est pas le paradis...
Hanna Rosin. C’est même l’enfer ! Entre elles, les femmes ne sont pas tendres et, en plus, elles mènent des vies épuisantes. Entendre des femmes affirmer qu’elles n’ont plus besoin des hommes, qu’elles les utilisent comme des mouchoirs de papier, ou des produits jetables, c’est effrayant. Et cela ne les rend pas heureuses. Les femmes et les hommes ont besoin les uns des autres, évidemment. Idéalement, je suis pour que les femmes et les hommes aient le choix de leur identité sans que personne paie le prix fort. J’aimerais qu’une femme ambitieuse s’autorise à être forte et qu’un homme puisse devenir père au foyer sans qu’on lui jette la pierre.

 

JD. Comment vos deux fi ls ont-ils reçu ce livre ?
Hanna Rosin. J’ai dédicacé mon livre à l’un de mes fils, Jacob, en m’excusant du titre provocateur. Mais ils me connaissent et, surtout, ils sont éduqués à l’égalité depuis plusieurs années ! Autant je ne crois pas du tout à la lutte contre les stéréotypes dès le plus jeune âge – donner une poupée à un garçon et un camion à une petite fille, pour moi, c’est du vent ! –, autant j’essaie de leur faire comprendre que je ne suis pas leur secrétaire et qu’il faut qu’ils se débrouillent seuls pour la lessive, le ménage, la cuisine. Et puis ils sont à bonne école. Mon mari est très différent de mon père. Il s’occupe des enfants autant que moi. Je ne l’ai jamais regardé changer une couche en me disant « Quel looser ! » J’ai toujours trouvé ça normal.

 

« La fin des hommes » les fait réagir:


Dominique Bernotti, ministre chargée de la Famille
« La fin de la domination masculine aurait sonné ? Hanna Rosin sous-estime la résistance des hommes dans la vie économique, politique et culturelle. Les femmes, si elles ont acquis de nouveaux droits, ont encore beaucoup à conquérir : l’égalité salariale, un partage plus équilibré des tâches domestiques... »

 

Dominique Méda, sociologue
« Ce n’est pas parce que les filles font plus d’études qu’elles accèdent aux mêmes postes, responsabilités et salaires que les hommes. Parce que l’orientation des filles reste différente mais aussi parce qu’elles continuent à prendre en charge la plus grande part des tâches domestiques et familiales. Le temps des femmes n’est peut-être pas pour tout de suite... »

 

Serge Hefez, psychiatre
« Cette opposition entre les hommes et les femmes est absurde ! Il faut penser la mutation des rôles comme une remise à plat des identités dans leur ensemble et non en termes d’amputation ou de perte. Ne relançons pas la guerre des sexes ! »

 

Camille Froidevaux-Metterie, professeure de sciences politiques
« Le livre de Hanna Rosin a ceci d’utile et de pertinent qu’il met l’accent sur l’inédit de la condition féminine contemporaine sur fond de désexualisation des rôles et des statuts sociaux. Dommage que Hanna Rosin nourrisse le féminisme radical qui considère les hommes et les femmes dans une logique du vis-à-vis, voire du conflit. »

 

Anne Navez, présidente de votre-administrateur.com *,
« La montée en puissance des femmes accélérée par la loi Copé-Zimmermann sur les quotas dans les conseils d’administration va avoir un effet d’entraînement indéniable. Les femmes sont sélectionnées de façon plus transparente et exigeante que les hommes. Ils seront eux aussi forcés de répondre à des critères plus objectifs. Pourquoi ne pas voir le côté gagnant-gagnant de ce nouveau partage des rôles. »

* Réseau des femmes administratrices.

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 15:41
Le cerveau abrite une horloge qui permet au corps de vivre en harmonie avec les rythmes circadiens de la Terre. Sommeil, anesthésie, cancer, effets des médicaments, les recherches mettent toujours plus en évidence l'importance d'être "à l'heure" pour vivre en bonne santé !
Une enquête de Mario Fossati et Ventura Samarra.

Au rythme de son espèce

 

Le cycle jour/nuit est à la base du rythme de l'horloge interne [DR]

 

Toutes les 23 heures 56 minutes et 4 secondes, la Terre effectue un tour complet sur elle-même. Pour toutes les formes de vie sur cette planète, l'alternance jour/nuit constitue le rythme de base. Les rats se réveillent le soir, les humains le matin et les plantes capturent le gaz carbonique durant la journée. L'horloge centrale de chaque être vivant régule ainsi les cycles de vie, comme le sommeil et l'appétit.

Chez l'homme, l'exemple le plus commun de dérèglement de l'horloge interne, c'est le "jet lag", ou "décalage horaire". Le passage de plusieurs méridiens plonge notre corps dans un nouveau rythme. Le corps n'est alors plus en phase avec le cycle solaire. Les symptômes sont la fatigue le jour et l'impossibilité de s'endormir la nuit, le manque d'appétit à l'heure des repas ou encore le sentiment d'être à côté de la plaque. Heureusement, les effets du voyage disparaissent progressivement, notre corps s'adaptant à son nouveau milieu.

Mais il arrive que ce dérèglement soit lié à d'autres facteurs que les voyages, et avec des conséquences durables et contraignantes. Certaines sont liées à notre style de vie: les sorties ou le travail de nuit peuvent modifier nos heures de sommeil. D'autres à notre métabolisme: les changements hormonaux qui s'opèrent lors de l'adolescence peuvent influencer et dérégler notre horloge interne.

Dans ces différents cas, les personnes atteintes vivent avec un certain décalage par rapport aux autres, ce qui pose des problèmes dans la vie sociale, avec la famille et les amis, mais aussi dans le monde professionnel ou scolaire. Le temps de sommeil est réduit, la sensation de fatigue apparaissant aux heures auxquelles les autres se lèvent. La fatigue est tolérée par le corps un temps, mais les effets sont lourds au niveau psychologique. Il n'est pas rare de tomber en dépression. On peut réorienter le sommeil, la première étape est de le décaler pour finir le "tour de l'horloge". Donc au lieu de se coucher à 5 heures, le patient se couche à 7 heures, puis à 9 heures, puis à midi, jusqu'à ce qu'il arrive à s'endormir le soir.


Les mécanisme de l'horloge interne et la lumière


La luminothérapie fait partie du traitement de réorientation du sommeil [DR]

 

L'oeil ne sert pas uniquement à voir, il permet aussi à la lumière de stimuler une petite structure au centre du cerveau, le noyau supra chiasmatique, siège de l'horloge interne. Au fil de la journée, cette horloge active et bloque l'expression d'un grand nombre de gènes suivant un rythme d'environ 24 heures.

Pour que le corps puisse accomplir au bon moment les fonctions qui correspondent au jour et à la nuit, il faut que l'organisme soit synchronisé avec la journée terrestre. Ainsi chaque jour, l'horloge interne doit être remise à l'heure. C'est le rôle de la lumière.

Les poules sont de véritables horloges. Dans l'élevage, toutes sont nées le même jour, ce qui permet une synchronisation parfaite du troupeau. Au cours de leur vie de poussin, la durée du jour a été modifiée pour créer un printemps artificiel, qui perdure ensuite toute la vie de la poule.

La lumière agit de deux façons chez la poule; sur la rétine, donc sur le nerf optique, et sur des récepteurs occipitaux. Certaines ondes arrivent à traverser l'os crânien et arrivent à stimuler des glandes telles que l'hypophyse et l'hypothalamus, qui vont aussi avoir des interactions au niveau des sécrétions hormonales, qui vont déclencher la ponte et la production d'oeufs.

Toute variation de la lumière peut entraîner le chaos dans le poulailler. Il va de la modification des lieux habituels de ponte jusqu'au cannibalisme.

Tous les organismes qui ont été étudiés jusqu'à maintenant ont des horloges biologiques. Des bactéries jusqu'aux organismes supérieurs comme l'homme. Ces horloges sont présentes dans le foie, le poumon, le coeur, le muscle... Chacune de ces horloges a une phase très précise et de ce fait une heure à laquelle elle fonctionne de manière optimale. Et toutes sont liées à l'horloge centrale, qui règle ainsi la rythmicité aux autres horloges de l'organisme.

En pénétrant l'oeil, la lumière agit sur l'horloge et bloque la sécrétion de mélatonine. On pensait que cette action passait par les cellules impliquées dans la vision. Or récemment, on a découvert que l'information lumineuse était transmise par un autre type de cellules, situées au fond de la rétine. Et surtout on s'est rendu compte que parmi toutes les couleurs, le bleu était celle qui stimulait le mieux ces cellules.

Sans une lumière suffisante en quantité et en qualité, l'horloge n'est pas remise à l'heure. Or, avec l'âge, on a un vieillissement de l'oeil. Le cristallin brunit, ce qu'on appelle au-delà d'un certain stade une cataracte, et filtre alors les lumières bleues. Si l'hypothèse se vérifie, la luminothérapie sera peut-être prescrite un jour aux personnes âgées souffrant de troubles du sommeil. Comme c'est déjà le cas pour les plus jeunes.

Dans les consultations du sommeil, les médecins accueillent de plus en plus d'adolescents décalés. On ne sait pas encore quelle est la part due aux changements hormonaux et celle liée aux habitudes de vie, comme les jeux vidéos ou les boissons stimulantes bues au cours de la journée. On sait par contre que les retours de fête au petit matin durant le week-end provoquent de véritables jet lags, qui peuvent achever de déphaser le sommeil.


Vers une médication adaptée à l'horloge centrale


Boîtier de planification de traitement - chronothérapeutique [DR]

 

L'horloge interne influence notre métabolisme en général. Quid des effets des médicaments sur notre organisme? Lors d'une anesthésie, de l'endormissement au réveil, le patient reçoit pas moins de cinq substances différentes parmi les analgésiques, anxiolytiques et hypnotiques.

Laure Pain, médecin anesthésiste, dirige un groupe de recherche à l'Inserm de Strasbourg. Des observations sur des rats montrent qu'une anesthésie a des effets sur l'horloge interne. Les produits utilisés sont éliminés par l'organisme en quelques heures. Pourtant, les symptômes du jet lag perdurent plusieurs jours.

Pour vérifier ce constat chez l'être humain, Laure Pain s'est intéressée à des anesthésies de courte durée pratiquées lors d'interventions ambulatoires. Le résultat est net, comme chez le rat, une anesthésie d'à peine vingt minutes suffit à perturber l'horloge interne.

Laure Pain mène actuellement une étude impliquant 200 patients. Au réveil, les patients sont exposés à de la lumière. Une lampe de 1'500 lux, soit l'équivalent d'une terrasse au soleil en été, durant nonante minutes. L'horloge interne reçoit ainsi un signal fort, qui la resynchronise avec le rythme cosmique. Les premiers résultats de l'étude dépassent toutes les attentes. L'exposition des patients à cette lumière leur permet de récupérer d'une anesthésie en seulement 24 heures.

La luminothérapie a fait ses preuves pour corriger les perturbations liées à une intervention ambulatoire.

Mais qu'en est-il de l'horloge interne après une chirurgie de plusieurs heures? Il est probable que l'altération de l'horloge interne soit encore plus importante.

Puisque l'horloge interne est perturbée, les sécrétions hormonales des patients sont perturbées. Or ces sécrétions hormonales sont importantes et influencent directement notre capacité à pouvoir faire du muscle, lutter contre la douleur, lutter contre l'infection. La prise en compte de ces mécanismes dans les soins ouvre une autre piste: si la lumière peut soigner comme un médicament en remettant l'horloge à l'heure, qu'en est-il des médicaments eux-mêmes? Agissent-ils toujours de la même manière en fonction de l'heure à laquelle ils sont administrés?

Le service d'oncologie de l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif, à Paris, est l'un des premiers au monde à tenir compte de l'horloge interne dans l'application des chimiothérapies. Francis Lévi, oncologue de renommée internationale, est à l'origine de cette approche.

En se basant sur les principes de chronothérapeutique décrits par la médecine chinoise, le professeur Lévi a planifié les traitements de ses patients en fonction du rythme cosmique. Les chimiothérapies sont toxiques pour les cellules cancéreuses mais malheureusement aussi pour les cellules saines. Francis Lévi à découvert que la sensibilité du corps à ces effets secondaires variait au cours des 24 heures, selon un rythme régulier, dicté par l'horloge interne.

Pour minimiser la toxicité des chimiothérapies, on peut profiter d'une fenêtre temporelle où l'organisme tolère le mieux ces produits. Ces fenêtres temporelles sont traduites sous forme de courbes, identiques pour tous les patients. Celles-ci établissent la manière dont les substances doivent être diffusées dans le corps heure par heure, durant quatre jours. A chaque substance correspondent des horaires différents.

Dans le laboratoire du professeur Lévi, des souris atteintes de tumeurs cancéreuses y sont étudiées. Toutes sont équipées d'un capteur qui permet de mesurer leur rythme biologique. Les chercheurs sont déjà parvenus à évaluer les rythmes de toxicité pour une trentaine de médicaments anticancéreux. Autre découverte importante, ces recherches ont aussi montré que donner un médicament au moment où il est le moins toxique ne le rend pas moins efficace. Cela tient au fait que les cellules cancéreuses ne sont plus synchronisées avec le corps.

Cette découverte suggère aussi qu'il y aurait un lien entre la survenue des cancers et les troubles de l'horloge. Le corps produit des cellules cancéreuses en permanence. Toutefois, il les élimine par mort cellulaire programmée. Un désordre de l'horloge interne pourrait avoir un effet inhibiteur de cette élimination cellulaire et favoriser la naissance de tumeurs.

L'approche chronopharmacologique permet de diminuer jusqu'à cinq fois l'incidence de certains effets secondaires. Mais moins d'effets secondaires ne signifie pas nécessairement un meilleur pronostic. La chronothérapie a de meilleurs résultats chez les hommes que les femmes.

Le but des recherches actuelles est de synchroniser le traitement avec le fonctionnement personnel de chaque individu. Jusqu'à présent, l'industrie pharmaceutique s'est très peu intéressée à ces approches. Sa logique était celle de la simplification, d'un médicament le plus général possible, pour un marché le plus large possible. Bref, l'inverse de la chronobiologie.

En conclusion, cette nouvelle approche peut apporter des solutions pour le travail de nuit, qui touche en moyenne un employé sur cinq. "Travailler aux heures où l'horloge demande au corps de dormir n'est pas sans effet sur la santé."

 

Voir la partie 1: Cliquez ici.

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 13:51

"Dur pour un ado de sortir du lit le matin !" La faute à la puberté, qui transforme les jeunes en oiseaux de nuit, explique le professeur Till Roenneberg, spécialiste mondial de la chronobiologie, l'étude des rythmes biologiques. Mais de nombreux adultes et personnes âgées ont aussi du mal à s'endormir et souffrent d'un manque de sommeil chronique. L'horloge sociale serait-elle en avance sur notre horloge interne ?

 

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Voir le document, cliquez ici:

 

 

 

Voir la partie 2: Cliquez ici.

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 13:25

" La gauche social-démocrate et la droite décomplexée échouent depuis des années dans ce combat-là "... Le philosophe Bernard Stiegler avait prévu l'impensable dans son livre à dimension curative "Pharmacologie du Front national", tandis que cinq autres intellectuels donnent leur sentiment sur les méthodes à employer face à la montée de l'extrême droite.

    966675-1144285

Le président d'honneur du Front National Jean Marie Le Pen donne une conférence de presse à Haute Goulaine près de Nantes avant un déjeuner avec des militants - SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

 

- Intellectuels, médecins ou engagés: l'urgence de la situation nous oblige à agir, ensemble, contre la répétition des erreurs commises jadis avant guerre, peu avant la montée du national-socialisme allemand. Nous sommes à l'aube du retour de la "statis" (en grec ancien: la lutte de tous contre tous) et il serait pure inconscience de s'écarter de ce débat, y compris pour ceux qui ne nourrissent aucune ambition politique... La pratique du soin, de soi-même comme de ses concitoyens, doit supplanter la pensée grégaire du bouc-émissaire - 

 

 Conférence : Comment faire face au front national - Les cerveaux

 

Un livre ? Une boîte à outils ? Un dépôt d'armes ? Tout cela à la fois. «Cet instrument a été conçu d'abord pour combattre la bêtise.» Le propos est inattendu, mais il n'est pas inhabituel chez le philosophe de la technique Bernard Stiegler, né en 1952, auteur à ce jour d'une vingtaine de livres, et directeur de l'Institut de recherche et d'innovation, sous les toits des immeubles de la rue Saint-Martin, face au centre Pompidou à Paris.

L'auteur de Passer à l'acte (2003), dans lequel il évoquait son passé de braqueur et ses années de prison de 1978 à 1983, n'est pas homme à se résigner devant l'obstacle. Il ne craint pas en effet de s'adresser directement aux électeurs du Front national et «de [se] donner les moyens de prendre soin» de leur anxiété dans son nouvel essai. Depuis le 21 avril 2002, Stiegler n'a eu de cesse d'interpeller les responsables politiques sur les dangers de la montée en puissance de nouveaux populismes un peu partout en Europe, et en particulier en France.

Il prend au sérieux «la souffrance» des électeurs du Front national, arguant que «ce dont ces électeurs souffrent, c'est ce dont nous souffrons - mais moins qu'eux, et parfois sans vouloir le savoir». Il rend aussi responsables les intellectuels - pas tous - de ne pas avoir été partie prenante de la guerre idéologique déclarée à la fin des années 70 par la révolution conservatrice. Il accuse également la social-démocratie d'être devenue le fourrier du populisme, en Italie comme en Grèce, aux Pays-Bas et, demain, si nous n'y prenons garde, en France.


Les alternatives existent !

 

Sa leçon est ambitieuse et les solutions qu'il propose prennent des allures de refondation, par leur souci de repenser de fond en comble notre mode de vie, notre modèle industriel, notre système éducatif, le rapport entre les générations, mais encore les institutions européennes, et notre approche de la croissance. Nous avons demandé à cinq philosophes et sociologues ce qu'ils pensaient de ses analyses concernant le Front national. Ils nous ont répondu sans hésiter. Car, dans le paysage intellectuel, Stiegler n'est pas un penseur isolé. Il rassemble autour de lui scientifiques, informaticiens, psychoneurologues, artistes, acteurs, écrivains. C'est un «amateur», au sens noble de ce terme.

Le lecteur qui s'aventurera dans son livre sera à coup sûr surpris par la pluralité des sujets qui y sont abordés. Car Stiegler ne se contente pas de mettre en garde la classe politique contre sa propre incurie, les citoyens contre leur propre bêtise. «L'idéologie régnante depuis plusieurs décennies - dite ultralibérale ou néoconservatrice - aura précisément consisté à faire croire que l'on ne peut rien faire contre la bêtise, écrit-il, et que là comme ailleurs, there is no alternative.» Stiegler apporte la preuve du contraire.

Son programme repose pour l'essentiel sur ce qu'il nomme «une économie de transition», capable de dépasser le capitalisme consumériste, «devenu structurellement spéculatif et toxique». Il prône pour ce faire un plan commun d'investissements dont il détaille les priorités : le numérique, l'instauration d'une nouvelle puissance publique, la reconstruction de l'attention. Une révolution ? Un cri d'alarme en tout cas.

 

«Mon livre, répète-t-il à l'envi, est un livre de combat.» Le FN, chez lui, est le symptôme de cette maladie de la civilisation dont il se veut le médecin. Car, lorsqu'une société souffre «d'une façon qu'elle ne parvient ni à expliquer ni à soigner, elle se tourne vers un bouc émissaire qu'elle se met à persécuter».

 

Se positionner, c'est faire preuve de courage...  

 
Le combat passe donc nécessairement par la recherche d'une alternative. Et c'est sur cet aspect thérapeutique que Stiegler marque des points. Il refait le monde de bas en haut. Il distingue avec brio la croissance qui se contente de calculer des taux de celle qui augmente notre puissance d'agir et opère sur de nouveaux indicateurs. La capacité de relever le défi de la crise en développant les capacités de tous, par exemple ! Sans jamais retomber dans le culte béat de la décroissance, incapable, selon lui, de s'affronter à un nouveau modèle industriel, il s'attelle avec ardeur à cette nouvelle critique de l'économie politique. Notre système détruit en effet par avance «le crédit» dont il a besoin, «qui n'est pas simplement de la liquidité, mais de la confiance», écrit-il.

Ses propositions permettront-elles à notre pays d'échapper à ses démons ? Stiegler a l'orgueil ou la faiblesse de le croire. On le consulte en haut lieu et il ne rechigne pas à l'être. Le sentiment d'urgence qui traverse son ouvrage n'est pas chez lui une pose, et en authentique amoureux de la jeunesse il pense que l'utopie mérite des résultats.

 

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Peu de philosophes contemporains choisissent de faire vivre leurs outils critiques grâce au terreau d'une association, d'un collectif. C'est le cas de Bernard Stiegler, qui a fondé Ars Industrialis en 2005. Le manifeste de l'association, Réenchanter le monde (Flammarion, 2005 ; 7400 ventes en Champs), devait connaître un grand retentissement. Depuis, les travaux et contributions fleurissent (de l'économiste André Gréau au comédien Robin Renucci, en passant par les spécialistes des digital studies), et Ars Industrialis franchit un cap en s'associant à des collectivités locales (Nantes) ou en nouant des partenariats internationaux (Grande-Bretagne, Allemagne). Cet ouvrage fournit une synthèse de tous ces travaux en proposant un vocabulaire philosophique à la fois ambitieux et accessible. Qu'est-ce le marketing - le psychopouvoir - et pourquoi est-il un des dangers majeurs de notre époque ? En quoi la technique influence-t-elle des fonctions aussi capitales que la mémoire ou l'écriture ? Quelle nouvelle vision de l'éducation devons-nous mettre à jour depuis l'avènement du numérique ? Que sont la bêtise et l'intelligence ? Comment aider la transformation de citoyens passifs et débordés en amateurs, acteurs et membres d'une communauté de goûts et de savoirs ? Faire attention propose, dans ces courts essais-définitions, le manifeste d'une époque charnière qui voit définitivement s'éloigner le monde ancien, tout en souhaitant mettre les outils de l'extrême contemporain au service d'un nouvel humanisme.

 
Pharmacologie du Front national, de Bernard Stiegler, suivi du Vocabulaire d'Ars Industrialis, de Victor Petit, Flammarion, 456 p., 23 €.


http://www.marianne.net/

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22 mars 2013 5 22 /03 /mars /2013 12:42

Le terme « borderline » fascine, inspire et agite les esprits.


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Employé ici et là dans quel domaine que ce soit, et source de nombreuses idées fausses, la personnalité borderline est un rayon de la psychologie encore mal compris...

Le caractère borderline est un trouble de la personnalité


Dans le langage des psys, on définit ce terme de 'trouble de la personnalité' comme une façon d’être (et de réagir) durable et source de mal être. La personnalité borderline est un trouble durable, quoiqu’ évolutif, parsemé de moments de crises et de périodes d’apparence saine.

Particulièrement fréquent chez les adolescents et les jeunes adultes, sa fréquence et ses conséquences ont tendance à baisser avec l’âge. Les chiffres, probablement sous-estimés, indiquent une proportion de 2% de personnes atteintes en population générale (OMS, 2000), et de près de 20% des personnes soignées en psychiatrie. La personnalité borderline touche préférentiellement les femmes.

De quoi s’agit-il vraiment ? Comment savoir si l’on est concerné ? Où s’adresser pour se faire aider ? Réponses à toutes les questions concernant la personnalité borderline, encore trop méconnue, et pourtant si répandue.

 

Un trouble de la personnalité, c’est quoi ?


Un trouble de la personnalité est le terme donné par les psys pour désigner une façon d’être ‘pathologique’ source de mal-être dans toutes les sphères de la vie quotidienne. Un trouble de la personnalité est une affection durable, plutôt stable dans les temps, qui correspond plus à un ‘tempérament’ qu’à une réaction pathologique momentanée. Il en existe plusieurs, chacun regroupant une série de traits de caractère spécifiques et un rapport à l'ego particulier.

En fonction de ces éléments, on peut classer le trouble de narcissique, d'obsessionnel-compulsif, d'évitant, ou encore de paranoïaque. La personnalité borderline en fait également partie.

Suis-je borderline ?


Emotive, impulsive, imprévisible, angoissée… la personne borderline lutte au quotidien contre une hyperémotivité parfois embarrassante, et un équilibre difficile à garder. Les aspects de la vie concernés par cette instabilité personnelle sont l’image de soi, les relations aux autres, la gestion des émotions, et de la vie quotidienne.

Une image de soi bien fragile


Peu confiante en elle-même, la personne borderline a un besoin quasi permanent d’être rassuré par autrui. Elle a une vision assez instable d’elle-même, tantôt enthousiasmante, tantôt insignifiante, qui peut parfois être la source d’une grande angoisse ("Je suis vide") et même de pensées suicidaires. Pour compenser cette ‘inconsistance identitaire’, elle utilise parfois l’extérieur, son entourage (en s’entourant au maximum) ou des objets (achats, toxiques, etc.), pour donner des contours à sa personne qu’elle a tant de mal à définir.

Des relations tourmentées


Il est difficile pour un individu à la personnalité borderline de maintenir une stabilité dans ses relations interpersonnelles. Le schéma habituel est une relation forte en intensité portée par des sentiments extrêmes évoluant entre amour et haine. Les relations peuvent connaître des moments de calme apparent, mais sont le plus souvent marquées de conflits. Ces derniers sont généralement provoqués par la crainte d’être abandonnée, une grande susceptibilité et une méfiance soudaine (voire des idées paranoïaques) vis-à-vis de l’autre.

En plus de colères incontrôlables, les angoisses du borderline sont parfois telles que le sujet en oublie les sentiments et le vécu de l’autre. "On se quitte puis on se remet ensemble" est un des scénarios typiques des relations de couple de la personne borderline, dont le "Je n’ai que des relations courtes" fait également partie.

Attention cependant à ne pas qualifier à outrance de borderline ce type de relations. Seul leur caractère durable est signe de souffrance, et doit mettre la puce à l’oreille.

Une hyperémotivité


La vie d’une personne borderline est un jeu de bascule entre sentiment de vide et émotions fortes. En adepte de la loi du tout ou rien, elle peut passer du rire aux larmes, du profond mal-être à la jouissance.

Les émotions ressenties sont parfois telles que des pensées de suicide ou d’auto-violence peuvent lui passer l’esprit. Des envies d’agir qui prennent parfois forme sous le coup de l’impulsivité, et qui font la gravité de ce trouble. Pourquoi ? Parce que c'est parfois le seul moyen trouvé pour soulager l’angoisse et le mal-être, au moins temporairement.

La recherche de sensations fortes


L’ennui est difficilement gérable, parfois même insupportable. Pour compenser ce vide affectif ressenti, l’individu qui souffre d’une personnalité borderline a parfois recours à des conduites à risques : prise de toxiques, conduite alcoolisée, sexualité non protégée, dépenses inconsidérées (et découverts à la clé !), consommation excessive de médicaments, sports dangereux, etc.

Il n’est d’ailleurs pas rare que la personne borderline souffre d’addiction, c'est-à-dire d’une dépendance à une substance ou à un comportement (achats compulsifs, boulimie, jeux d’argent, etc.). L’impulsivité, très fréquente dans la personnalité borderline, facilite ce genre de comportement.

Pour simplifier, on peut dire que la personne borderline vit dans les excès. Rebelle, la personnalité borderline aime dépasser les limites que son milieu lui impose. Une façon de pondérer les angoisses existentielles en s’emparant de sensations fortes...


Comment cela évolue ?


L’évolution est très variable, avec une tendance générale à la résolution spontanée des symptômes, une fois passé l’âge adulte. En effet, même si la personnalité borderline est un trouble durable, elle peut évoluer positivement au fur et à mesure du travail psychique et des expériences positives de vie.

Les maladies associées


Même si le trouble est propice à s'arranger avec le temps, la fragilité identitaire de ces personnes favorise le développement d’autres maladies psychiques comme les troubles de l’humeur (trouble bipolaire, dépression, etc.), les troubles du comportement alimentaire (surtout la boulimie), les troubles anxieux, ou encore les addictions. A titre d'exemple, on a estimé dans une étude qu'environ 3/4 des patients borderline suivis présentaient un trouble de l'humeur.

La mise en danger


La gravité de cette pathologie réside dans les conduites à risque dont l’issue peut être fatale. Outre les conséquences financières, sociales (difficulté à s’adapter au monde professionnel, etc.) et sanitaires (risque de grossesse non désirée, de MST, d’accidents de la route, etc.) fréquentes, le risque suicidaire représente la pire menace de cette maladie, d’autant plus qu'il est associé à une forte impulsivité.

La fréquence du suicide chez les sujets souffrant d'une personnalité borderline, est estimée à 10%. Néanmoins, ces cas les plus graves ne sont pas majoritaires. Une grande proportion de personnes borderline parvient à vivre ‘normalement’ avec une bonne adaptation socioprofessionnelle, malgré le trouble.

Un suivi parfois difficile


Si le suivi psychothérapique est essentiel pour l’amélioration du vécu de la personne et de son adaptation sociale, il est parfois difficile à mettre en place et à maintenir. Tout comme la personne borderline a du mal à entretenir une stabilité relationnelle et personnelle, elle peut être très réticente à amorcer et à poursuivre la relation thérapeutique.

Les ruptures de suivi et les changements de thérapeute ne sont pas rares. Le cadre, voire le contrat de soins, établi avec le psy, est essentiel pour éviter cet écueil.

 

Quand on est un proche…


Qu’on soit le frère, la meilleure amie ou le compagnon d’une personne borderline, il n’est pas toujours aisé de comprendre, ni de supporter, ses mouvements affectifs fluctuants. D'abord, il est important de prendre conscience que la personnalité borderline est un réel trouble psychiatrique, et non un simple défaut caractériel, qui nécessite des soins psychiques. Le soutien que vous apporterez à la personne borderline est essentiel, mais sachez garder la juste distance dans votre mode relationnel, et ne tentez pas de vous substituer au rôle du thérapeute.

  • Dans les moments difficiles « en crise », la personne borderline a avant tout besoin d’être rassurée. Alors ne jugez pas, mais rassurez-la comme vous pouvez !
  • Encouragez-la dans ses projets (qu’elle a parfois du mal à maintenir), complimentez-la sur ses qualités et ses valeurs personnelles.
  • Restez ferme lorsque cela est nécessaire, en particulier lorsqu'elle dépasse les limites.
  • Soyez vigilant dans les moments ‘dépressifs’ de votre proche, en particulier lorsqu’il exprime des idées suicidaires. N’hésitez pas dans ces moments-là à contacter son entourage, son psychiatre ou à le conduire aux urgences si vous ne parvenez plus à gérer la situation seul. Bref, sachez déléguer tout en vous montrant présent.
  • Sachez relativiser les reproches qu’il/elle vous fait. Gardez à l’esprit que le mobile de sa colère est bien souvent la peur profonde d’être abandonnée.
  • Sachez préserver votre espace personnel afin d’éviter de rentrer dans une relation trop fusionnelle.


Source : Zanarini et coll., 2004.

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21 mars 2013 4 21 /03 /mars /2013 15:35

Réflexion philosophique sur un extrait de "Protagoras", de Platon :

 

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C’était au temps où les dieux existaient, mais où n’existaient pas encore les races mortelles. Or, quand est arrivé pour celles-ci le temps où la destinée les appelait aussi à l’existence, à ce moment les dieux les modèlent en dedans de la terre, en faisant un mélange de terre, de feu et de tout ce qui peut encore se combiner avec le feu et la terre. Puis, quand ils voulurent les produire à la lumière, ils prescrivirent à Prométhée et à Epiméthée de les doter de qualités [dunameis ], en distribuant ces qualités à chacune de la façon convenable. Mais Epiméthée demande alors à Prométhée de lui laisser faire tout seul cette distribution : « Une fois la distribution faite par moi, dit-il, à toi de contrôler ! » Là-dessus, ayant convaincu l’autre, le distributeur se met à l’oeuvre. En distribuant les qualités, il donnait à certaines races la force sans la vélocité; d’autres, étant plus faibles, étaient par lui dotées de vélocité; il armait les unes, et, pour celles auxquelles il donnait une nature désarmée, il imaginait en vue de leur sauvegarde quelque autre qualité (…) En tout, la distribution consistait de sa part à égaliser les chances, et, dans tout ce qu’il imaginait, il prenait ses précautions pour éviter qu’aucune race ne s’éteignit.

 

… Mais, comme, chacun sait cela, Epiméthée n’était pas extrêmement avisé, il ne se rendit pas compte que, après avoir ainsi gaspillé le trésor des qualités au profit des êtres privés de raison [aloga ], il lui restait encore la race humaine [non-aloga] qui n’était point dotée [akosmeton]; et il était embarrassé de savoir qu’en faire. Or, tandis qu’il est dans cet embarras, arrive Prométhée pour contrôler la distribution; il voit les autres animaux convenablement pourvus sous tous les rapports, tandis que l’homme est tout nu, pas chaussé, dénué de couvertures, désarmé. Déjà, était arrivé cependant le jour où ce devait être le destin de l’homme, de sortir à son tour de la terre pour s’élever à la lumière. Alors Prométhée, en proie à l’embarras de savoir quel moyen il trouverait pour sauvegarder l’homme, dérobe à Héphaïstos et Athéna le génie créateur des arts [ten enteknen sophian ], en dérobant le feu (car, sans le feu, il n’y aurait moyen [amekhanon] pour personne d’acquérir ce génie ou de l’utiliser); et c’est en procédant ainsi qu’il fait à l’homme son cadeau. Voilà donc comment l’homme acquit l’intelligence qui s’applique aux besoins de la vie. Mais l’art [sophia ] d’administrer les cités, il ne le posséda pas! Cet art était en effet chez Zeus …. Dans la suite, Prométhée fut, dit-on, puni du larcin qu’il avait commis par la faute d’Epiméthée.

 

Or, puisque l’homme a eu sa part du lot divin, il fut, en premier lieu, le seul des animaux à croire à des dieux; il se mettait à élever des autels et des images de dieux. Ensuite, il eut vite fait d’articuler artistement les sons de la voix [phonen] et les parties du discours [onomata]. Les habitations, les vêtements, les chaussures, les couvertures, les aliments tirés de la terre, furent, après cela, ses inventions [eureto]. » Platon, Protagoras , 320d-322a

 

Les hommes, au début, vivaient dispersés [sporadès ] : il n’y avait pas de cités; ils étaient en conséquence détruits par les bêtes sauvages, du fait que, de toute manière, ils étaient plus faibles qu’elles; et si le travail de leurs arts leur était d’un secours suffisant pour assurer leur entretien, il ne leur donnait pas le moyen de faire la guerre aux animaux; car ils ne possédaient pas encore l’art [tekhnè ] politique, dont l’art de la guerre [polémikè] est une partie. Aussi cherchaient-ils à se rassembler, et, en fondant des cités, à assurer leur salut. Mais, quand ils se furent rassemblés, ils commettaient des injustices [étaient adikoun] les uns à l’égard des autres, précisément faute de posséder l’art d’administrer les cités [ten politikhen tekhnen]; si bien que, se répandant à nouveau de tous côtés, ils étaient anéantis. C’est alors que Zeus, craignant pour la disparition totale de notre espèce, envoie Hermès porter aux hommes l’aidô [ la pudeur, le respect, la honte- peut-être pourrions nous dire aujourd'hui le sentiment de la finitude] et la justice [dikè], afin qu’elles fussent la parure des cités [poleon kosmoï : le faire-monde des cités] et le lien [desmoi ] par lequel s’unissent les amitiés [philias sunagogoi : se rassemblent, se rapprochent]. Sur ce, Hermès demande à Zeus de quelle manière enfin il donnera aux hommes la justice et l’aidô : « faut-il que, ces tekhnaï aussi, j’en fasse entre eux la distribution [nenemestai] de la même façon qu’ont été distribuées [neimô] les autres techniques ?

 

Or, voici comment la distribution s’en est faite : un seul individu, qui est un spécialiste de la médecine, c’est assez pour un grand nombre d’individus étrangers à cette spécialité; de même pour les autres artisans [demiourgoï]. Eh bien! la justice et l’aidô, faut-il que je les établisse de cette façon dans l’humanité ? ou faut-il que je les distribue indistinctement à tous ? – A tous indistinctement, répondit Zeus, et que tous en aient leur part! Il n’y aurait pas en effet de cités, si un petit nombre d’hommes [oligoï ], comme c’est par ailleurs le cas avec les autres techniques, en avaient leur part. De plus, institue même, en mon nom, une loi, au terme de laquelle il faut mettre à mort, comme s’il constituait pour la cité une maladie, celui qui n’est pas capable de participer à l’aidô ni à la justice. » Protagoras , 322a-322e.

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