11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 16:31

"Quand Diogène le cynique rentre dans son tonneau !"

  

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Après une analyse sur deux années: on s’aperçoit désormais que la couche de population endoctrinée par ses enseignements est peu portée vers le savoir et l'ouverture d'esprit, mais recherche plutôt un guide pour canaliser la haine ou la frustration envers le système, souvent (comme par hasard), refoulée derrière une façade épicurienne et de belles rhétoriques.

  

Les personnes plus ouvertes, souvent la classe moyenne, sont indifférentes ou savent relativiser ses écrits, qui semblent plutôt extrêmes... voire radicaux !

 

onfray-sarko.jpgLe gavage médiatique qui a duré plusieurs années a également joué en sa défaveur. Comme des oies trop remplies, les français "refoulent" désormais Onfray jusque dans ses émissions télévisées...

   

Malgré le grand renfort du groupe France Télévision (sous l'égide du gouvernement), du journal Le Point (de tendance libérale !) et du secours de Franz-Olivier Giesbert (anciennement Le Figaro, toujours de droite), la destruction programmée de la psychanalyse n'a pas eu lieu ; au grand désarroi du Triumvirat cité ci-dessus et de la neurologie moderne, qui comptait bien gagner beaucoup d'argent sur le dos de l'ignorance humaine !

 

La psychanalyse n'a pas vocation à être politique. "La psychanalyse de gauche" est un concept gentillet, mais cela fait longtemps déjà qu'elle a évolué vers l'empathie et la tangibilité... Il s'agissait donc bien, par déduction, d'une volonté politique qui ne dit pas son nom.

 

A présent que ce cap est franchi, la psychanalyse va pouvoir reprendre ses activités, essentiellement liées à la guérison, et continuer à porter des messages humanistes en direction d'une psychiatrie qui a perdu son chemin !

 

En fin de compte: "personne ne peut déformer la vérité, absolument personne... ce qui est juste demeure indivisible et immuable". Tous les efforts pour briser cette loi naturelle se sont vus réduits en cendres, le maître Onfray et ses disciples en ont fait les frais à travers la stigmatisation de leur mouvement. Ils sont devenus les victimes de leur propre obstination. 

  

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  "slogan-choc pour tenter d'endiguer la baisse de fréquentation et la baisse des ventes"


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Voici une analyse pimentée mais néanmoins réaliste de ce polémiste : 

 

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 12:06
" Isolement, agressivité, suractivité… Et si, sans le savoir, vous étiez victime du syndrome d’abandon ? Une souffrance qui puise sa source dans l’enfance, et que les psys savent aujourd’hui décrypter ".

 

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« L’abandon est l’une des causes les plus courantes du mal-être et du mal de vivre. » Tel est le constat dressé par Daniel Dufour, médecin et animateur de stages. À l’origine de cette souffrance, qu’il appelle « l’abandonnite », « il y a toujours une situation mal vécue au cours de la vie fœtale, de la prime enfance ou de l’enfance, qui n’est pas forcément un abandon effectif. » Ici, c’est un père absent ; là, une mère débordée, un couple de parents fusionnels, ou encore l’arrivée d’un petit dernier, un séjour en pension, le décès d’un grand-père auquel nous étions particulièrement attachés.

   

Un traumatisme souvent minimisé

 

Ces événements, sans conséquences majeures pour certains, vont être traumatisants pour d’autres. Pourquoi ne sommes-nous pas égaux devant la peine ? « Chacun de nous a fait l’expérience de la séparation, explique la Psychanalyste Catherine Audibert. Nous nous sommes aperçus, souvent très tôt, que papa et maman n’étaient pas toujours là, à notre disposition, prêts à répondre à tous nos désirs. Mais nous n’avons pas vécu cette nouvelle solitude de la même façon. Soit ceux qui nous entouraient ont perçu, pris en compte et atténué nos peurs enfantines?; soit, pour des raisons éducatives, morales, faute de temps ou d’une juste compréhension, ils n’ont pas accordé de valeur à nos angoisses, et les ont renforcées. Ils n’ont pas pour autant fauté. Ils ne nous ont simplement pas appris à nous séparer avec confiance et sérénité. Sans doute parce qu’eux-mêmes le vivaient mal de leur côté. »

   

Une crainte : être rejeté de nouveau

 

Cet épisode traumatisant, nous nous empressons de l’oublier, en le minimisant ou en le normalisant. Quoi de plus « normal », en effet, qu’un nouveau petit frère ? Et de plus formidable que des parents qui s’adorent ? La tristesse et la colère éprouvées sont du même coup jetées aux oubliettes. « À partir du moment où il n’y a pas de logique à éprouver ces émotions, il ne reste plus qu’à nier notre droit à les ressentir », constate Daniel Dufour. Sauf que, même étouffée, l’émotion reste bien présente. « En surface, le raisonnement, notre éducation nous amènent à penser que tout cela n’est que du passé et doit être oublié. Mais à l’intérieur, ça “bout”. »

 

Notre logique implacable conclut que, puisque nous avons pu être abandonnés, nous ne sommes pas dignes d’être aimés. Cette croyance va dès lors sous-tendre toutes nos relations sociales et affectives. « Nous allons ainsi osciller entre hypersociabilité et hyperagressivité, selon que nous ressentions le besoin viscéral d’être aimé ou que nous désirions provoquer le rejet de l’autre, convaincus que nous aurons inévitablement à le subir un jour. » Un cercle vicieux, qui nous mène à des conduites paradoxales. Comme John, 45 ans, qui multiplie les efforts pour être estimé de toute son entreprise, mais sacrifie sa vie privée. Comme Giselle, 20 ans, qui s’oppose sans cesse à ses parents mais ne rêve que d’être aimée par eux. Ou comme Gilles, 12 ans, petit garçon réservé qui met tout en œuvre pour ne pas déranger, heurter, contrarier sa famille et s’oublie, lui. Au cœur de la douleur des uns et des autres, une peur : celle d’être rejeté. Et abandonné de nouveau.

  

Une incapacité à vivre en couple

 

Il y a un domaine où la blessure va se faire plus sensible encore : l’amour. « Le couple est souvent le lieu où nous réglons nos comptes avec notre enfance, remarque la Psychanalyste Catherine Audibert. Et nous projetons sur l’autre les angoisses du passé. » Pierre, 45 ans, vit dans la peur que sa femme ne le quitte mais collectionne les aventures « au cas où ». Ange, 33 ans, rêve d’une relation au long court mais fuit l’engagement, certaine de ne pas être à la hauteur. André, 27 ans, ne supporte pas que sa compagne lui concède des qualités, et tente de lui prouver qu’il est la pire personne qu’une femme puisse aimer. « Cette souffrance a deux versants, explique Daniel Dufour. D’un côté, le sentiment de ne pas correspondre à ce que notre partenaire attend?; de l’autre, la certitude que la rupture est inéluctable. Et celle-ci, lorsqu’elle se produit, apparaît comme une nouvelle preuve que nous ne sommes pas aimables. »

 
Que faire d’un bagage si lourd à porter ? Afin de prendre la mesure de son propre degré d’« abandonnite » et tenter de s’apaiser, la psychologue clinicienne Andréa Filia propose un test et des conseils. Pour se pardonner un jour d’avoir été abandonné, et mériter aujourd’hui d’être aimé.

  

Apprendre aux enfants à se séparer

 

La tentation est grande de préserver à tout prix nos enfants de « l’abandonnite ». Mais attention à ne pas tomber dans l’excès inverse. Selon Catherine Audibert, tout est question d’équilibre. « Il s’agit en fait d’apprendre à l’enfant à se séparer de façon sereine et confiante. Si vouloir l’émanciper avant qu’il n’en soit capable est dangereux, le surprotéger mènera à la même problématique abandonnique. Dès son plus jeune âge, il est judicieux de lui laisser des petits moments à lui, même s’il s’ennuie, afin qu’il parte à la découverte de lui-même, qu’il développe sa créativité et sa curiosité.

 

Nous avons tendance à surinvestir l’enfant, à vouloir l’occuper en permanence, à lui expliquer sans cesse ce qui se passe autour de lui. Nous oublions parfois qu’il est tout à fait capable de faire ses propres expériences. » Et d’apprendre à gérer la solitude et notre absence.

 

De Aurore Aimelet.

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 12:18

“Le seul savoir qui influence vraiment le comportement, c’est celui qu’on a découvert et qu’on s’est approprié soi-même”, affirmait Carl Rogers. Avec lui, l’homme et l’œuvre sont indissociables. Très attentif à la personne humaine, cette grande figure de la psychologie humaniste regardait chacun comme un être digne de respect et de considération. Reconnaître à l’autre sa pleine valeur d’être humain, porter sur lui un regard chaleureux, telles furent les caractéristiques de l’homme, tels sont les fondements de sa « thérapie centrée sur le patient » et, plus largement, de son « approche centrée sur la personne ». Ces valeurs, il les mit en œuvre et en démontra la pertinence tant dans son activité de psychologue clinicien que dans celle d’enseignant et de facilitateur de groupe. Il fut ainsi sollicité pour intervenir dans des situations de conflits sociaux ou internationaux. Son action lui valut d’être nominé pour le prix Nobel de la paix l’année même de sa mort, à l’heure où ce grand humaniste pouvait dire : « Ma vie, à 85 ans, est plus belle que mes projets, plus belle que mes rêves, plus belle que mes aspirations. »

  

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Ses concepts:

 

Réaliser son potentiel

 
Nous portons tous en nous la capacité de conduire notre vie d’une manière à la fois satisfaisante sur le plan personnel et constructive sur le plan social. Cela ne signifie pas que nous allons nous développer dans une telle direction, mais que nous en possédons tant les moyens que l’élan, de manière que l’on peut qualifier d’organique. Enfant, Rogers avait passé de longues heures à observer la nature, et notamment les papillons et les chenilles dont il conservait les cocons. Son hypothèse sur le potentiel naquit probablement de cette observation, avant d’être appuyée par sa pratique professionnelle et ses recherches scientifiques.

L’authenticité, condition de la relation

 
« Dans mes relations à autrui, j’ai découvert qu’il ne servait à rien, à long terme, de me conduire comme si j’étais ce que je ne suis pas. » La confiance entre deux êtres ne peut s’établir que si chacun est fiable, à soi-même et à l’autre par conséquent. La qualité de la relation humaine passe par notre capacité à voir ce que nous sommes, à ne pas nous abriter derrière une façade car celle-ci apparaîtra tôt ou tard et les dégâts seront considérables. Cela implique vigilance et questionnement, car il est toujours plus facile, par exemple, de se fâcher contre l’autre que de découvrir sa mauvaise humeur.

 

Ecouter pour entendre

 
Bien que nous passions beaucoup de temps à nous parler, nous ne nous écoutons pas. Or, être entendu par l’autre est d’une portée profonde ; c’est ainsi que naît le sentiment de compter à ses yeux, d’être considéré et respecté pour ce que nous sommes. Cela permet de franchir bien des barrières – culturelles, religieuses, raciales –, et de parvenir à une « rencontre de personne à personne ». « Que ses propos soient superficiels ou profonds, j’écoute celui qui s’exprime avec tout le soin, toute l’attention et toute la sensibilité dont je suis capable. » Lorsque cette attention existe, la communication s’établit et elle conduit à son tour à une meilleure compréhension.
   
Développer une qualité d’être

 
Derrière une simplicité trompeuse, Carl Rogers nous invite à chercher la réponse à la plupart de nos questions non pas dans une compétence technique, mais dans la relation. L’élément décisif, c’est la confiance que nous avons en nous-mêmes et dans les autres, dans la gestion de nos sentiments et de nos conflits, dans la recherche d’un sens à notre vie. Cela vaut jusque dans le domaine de la relation d’aide, où le facteur décisif du changement relève non des techniques spécifiques du psy, mais de ses attitudes envers son patient et de la manière dont ce dernier perçoit la relation.
  
Encourager l’autre à mûrir

 
L’existence d’un climat propice au développement de la personne ne doit pas être le propre des seuls psychologues et psychanalystes. Elle est valable pour tous les métiers de l’humain (enseignants, médecins, travailleurs sociaux) mais aussi pour la relation parent-enfant et, de manière générale, pour toute relation humaine dans laquelle l’une des parties a pour objectif d’encourager l’autre à s’épanouir, à se développer, à mûrir et à mieux faire face à la vie.

 

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 12:20

doudouLe doudou réconforte, console et aide à récupérer en cas de fatigue. Des liens très forts peuvent se nouer entre un enfant et cet objet fétiche, contre lesquels il ne faut pas intervenir !

 

 

L'objet transitionnel

  

Le « doudou » ou tout autre nom inventé par l'enfant (ou souvent par l'enfant aîné), est appelé « objet transitionnel » par les psys pour désigner l'objet fétiche de l'enfant et dont il ne voudra plus se séparer. Vers 7 ou 8 mois, le bébé commence à réaliser qu'il est une personne distincte de sa maman. Pour compenser le fait qu'elle ne soit pas toujours là ou disponible, il développe un attachement privilégié à un objet qui participera à le réconforter et à le détendre. Vous constaterez alors vers 9 mois que votre bébé s'endort plus facilement avec un objet particulier, lequel semble l'aider à supporter la solitude de la nuit, l'angoisse de la séparation ou le console de ses chagrins.


 

C'est le bébé qui choisit

   

Certes, les parents préféreront un doudou qui existe en plusieurs exemplaires, quelque chose de pas trop volumineux et qui passe facilement à la machine. Seulement, les choses ne se passent pas comme ça, et il est primordial de respecter le choix de l'enfant, quelle que soit la forme que prend son doudou. En effet, il n'y a aucune règle. Il peut s'agir d'un tissu, d'une peluche, d'une poupée, d'un biberon, ou de tout autre objet, mais également d'un geste comme sucer son pouce, caresser son oreille ou ses cheveux, se balancer en rythme, boulocher un lainage, glisser un drap entre ses doigts, frotter un mouchoir contre son nez, etc. De toute façon, peu importe l'objet ou le geste, c'est bébé qui choisira. C'est lui aussi qui décidera d'y être plus ou moins attaché et du moment de s'en séparer. Le choix s'effectue généralement entre six et douze mois et cette histoire d'amour dure entre trois et six ans selon les enfants. Sachez que certains enfants ne s'attachent pas à un objet et s'en portent tout aussi bien.

 

 

Ne jamais lui supprimer son doudou !

 

Les parents doivent toujours respecter le choix de leur enfant, particulièrement si l'attachement est solide. Ils n'ont pas à intervenir dans cette relation, laquelle répond à un besoin. Dans le développement d'un enfant, cette étape occupe une place importante. Même s'il le maltraite ou le déchire, n'intervenez pas. Lavez le doudou qu'avec l'accord de l'enfant, car notamment, son odeur a un très grande importance. C'est pourquoi, le mieux est d'habituer le petit très tôt à ce que son doudou soit régulièrement lavé. Ne l'oubliez pas lors de vos déplacements, surtout si vous ne passez pas la nuit chez vous. Mais attention à ne pas le perdre, sinon ce serait le drame assuré.

 

  

Donald Winnicott fut le premier à parler de l'objet transitionnel

  

Selon ce Psychanalyste, l'enfant n'a pas — dans les premiers mois de son existence — conscience des limites de son corps et de celui des autres (principalement sa mère), vivant dans une sorte d'indistinction, sujet à des angoisses spécifiques (en partie liées à ses besoins physiologiques).

  

Selon Winnicott, il est dans l'« illusion » : lorsque tout se passe bien, ses cris (déclenchés par exemple par la faim) entraînent une réponse à ses besoins, sous la forme d'un sein (accessoirement un biberon) qu'il fantasme comme étant une partie de lui et qui semble apparaître magiquement. La mère, normalement dans un état de « préoccupation maternelle primaire », permet au bébé d'avoir cette « illusion d'omnipotence ».

  

En effet, la mère se montre hypersensible au désir de l'enfant, lui présentant le sein au moment où il s'apprête à le créer pour soulager ses besoins. Il est primordial que la mère permette à l'enfant de rester, au départ, dans cette illusion car celui-ci ne pourrait supporter des carences précoces et répétées. Ultérieurement, la mère suffisamment bonne sera celle qui introduit progressivement la frustration... le doudou fera alors son apparition pour apaiser ses angoisses de séparation.

  

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 08:53
 Catherine Maes est psychologue, Jos Corveleyn professeur de psychologie clinique à l’Université de Leuven (Belgique). Alliés d’ATD Quart Monde, ils analysent les effets destructeurs de la pauvreté sur le psychisme des plus précaires.
 

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Hausse du chômage, situation aggravée pour les plus pauvres… Un tableau noir dressé par lObservatoire national de la pauvreté et de l’exclusion, dans son rapport sur ses dix ans d’activité.


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Le discours actuel sur la pauvreté, dominé par la perspective sociologique, analyse les structures socio-économiques pour distinguer différentes formes de pauvreté. Mais pour bien apprécier l’apport de la psychologie et de la pédagogie, il faut faire appel à d’autres modèles et opérer quelques distinctions nécessaires.

  

Nous entendons par « précarité » la situation de celle ou de celui qui, à un moment de sa vie, bascule dans la pauvreté. Nous parlons de pauvreté transgénérationnelle quand nous évoquons les personnes qui connaissent la pauvreté depuis toujours.

 

Les influences négatives de la pauvreté sur les possibilités de développement des personnes vivant en pauvreté sont généralement reconnues dans la littérature scientifique. Les conséquences néfastes pour la santé mentale ont été clairement démontrées dans la littérature épidémiologique. Que cette relation existe n’est pas pour autant la preuve d’un lien causal direct ni dans un sens, ni dans l’autre (la pauvreté comme cause de maladie mentale ou inversement). Il est néanmoins évident qu’il faut tenir compte de liens complexes qui se tiennent dans une causalité circulaire.

 

De façon descriptive nous faisons une distinction entre les influences psychiques néfastes pour la personne vivant en situation de pauvreté ou de précarité d’une part et les facteurs psychologiques néfastes pour les personnes vivant plus spécifiquement dans une situation de pauvreté transgénérationnelle d’autre part.

 

Pauvreté en général et santé mentale
 

En ce qui concerne la pauvreté en général, l’influence négative psychique peut être décrite en termes de “stress mental” très grave. Ne mentionnons que l’incertitude cuisante et durable qui marque la vie de tous les jours au sujet du logement, de la nourriture, de la santé, ainsi que la peur du lendemain, l’angoisse concernant le bien-être des enfants, la critique à laquelle on peut constamment s’attendre, les tensions qui en résultent dans les relations avec le partenaire et les enfants, les reproches qui tourmentent, le sentiment de culpabilité ou d’impuissance, l’expérience sans cesse répétée de n’avoir pas prise sur les différents aspects de la vie, une confiance et une estime de soi extrêmement basses…

 

Cette situation mène inévitablement à un effritement de la santé mentale et peut se manifester de façons diverses : se sentir mal dans sa peau, maladies psycho-somatiques, etc. Ce poids psychologique ou stress chronique n’est évidemment pas une maladie mentale, mais mène à une vulnérabilité accrue de la personne vivant dans la précarité. Cette vulnérabilité accrue est responsable de perturbations plus ou moins graves du fonctionnement psychique de cette personne. Pensons à l’irritabilité générale, à la fatigue chronique, à la labilité d’humeur, à l’irascibilité latente, etc.

 

En outre, la personne se replie sur elle-même et n’est souvent plus capable de s’accrocher aux amarres de l’environnement. D’où l’incapacité de l’atteindre et son sentiment constant de rejet. Donc : solitude, dépression, incapacité de garder un travail ou de poursuivre une formation, problèmes dans toutes les relations, tentation grave de suicide ou passage à l’acte…

  

Ces états de perturbation ne sont pas des maladies mentales. Ce sont des états sont des états réactifs ou des réactions psychologiques compréhensibles : l’individu réagit avec son comportement, ses pensées, ses émotions, ses actes… de manière compréhensible à une situation de pression que tout un chacun vivrait pareillement comme une charge difficilement supportable. Parler de « réaction », c’est dire aussi que la plupart du temps les perturbations - si du moins elles n’ont pas duré trop longtemps - pourront disparaître dès que la source de la tension ou de la charge psychologique aura disparu.

 

Cet aspect réactionnel est donc présent dans toute situation de pauvreté, qu’elle soit d’origine relativement récente (précarité) ou qu’elle soit d’origine transgénérationnelle.

 

Pauvreté transgénérationnelle
 

Psychologiquement parlant, la pauvreté transgénérationnelle se présente autrement. Ici, il n’y a pas seulement cet élément réactif, mais aussi une composante de complication psychologique qui entrave l’existence de la personne pauvre depuis son enfance.

 

L’enfant naît avec un mécanisme central qui favorise sa survie par le maintien de la proximité à certains individus (pas nécessairement mais souvent la mère, le père et quelques personnes de son entourage immédiat). Cet « attachement » forme la clé de sa survie physique et psychologique. Plus la personne d’attache est sécurisante, plus l’enfant sera à même d’explorer son monde avec confiance et intérêt. L’attachement est donc le contraire de la dépendance. L’expérience de sécurité est l’objectif du système d’attachement qui est donc, en premier lieu et avant tout, un régulateur de l’expérience émotionnelle. Dans des états d’inconfort, l’enfant cherchera la proximité physique de celui ou de celle qui prend soin de lui dans l’espoir d’être rassuré et de retrouver ainsi son équilibre.

 

Le modèle d’interaction entre le petit enfant et ses figures d’attache se convertit - durant les premières années de la vie - en une structure représentationnelle interne. Cette représentation est à considérer comme un « modèle opérationnel de soi, de l’autre et de la relation avec les autres. »

 

L’enfant naissant dans une situation de grande pauvreté vit, dès le premier jour, dans une situation chronique d’insécurité. Cette insécurité tient certes aux conditions matérielles, mais aussi à la condition psychologique des figures d’attache. Ces personnes absorbées par leur propre passé, vécu dans l’angoisse et dans l’insécurité, court-circuitées dans leur développement et vivant constamment dans un climat hostile, n’ont souvent pas la possibilité ni les moyens d’offrir un attachement suffisamment sûr, condition indispensable d’un bon développement psychologique. Ainsi s’explique le manque de confiance de base qui est pour l’enfant le fondement d’une exploration tranquille du monde, des choses et des personnes. Cela hypothèque fortement son développement à tous points de vue (cognitif, social, émotionnel, relationnel, voire même physique).

 

Ainsi s’installe un modèle opérationnel négatif qui devient partie intégrante de sa personnalité dès l’âge de trois ou quatre ans et qui est très résistant à tout effort de changement.

 

Avec un tel modèle négatif l’enfant se vit comme n’ayant aucune valeur, insécurisé, incapable et impuissant. La personne à laquelle l’enfant peut être fortement attaché, lui apparaît néanmoins comme insensible, non-fiable, menaçante, rejetante, voire même dangereuse. Ainsi, au lieu de se jeter à partir de la prime enfance dans l’aventure de l’exploration du monde, l’enfant reste prisonnier des angoisses relatives à sa sécurité et découlant du mal-être de ses personnes d’attache. De cette façon l’enfant sera inhibé dans toutes les dimensions de son développement psychologique. Ce modèle négatif continuera à jouer un rôle capital dans toutes ses relations futures.

 

Il se définit comme sans valeur, incapable, et le monde lui apparaît menaçant et cynique. D’où sa méfiance, difficile à surmonter même après des années, et son vécu d’impuissance permanente.

 

En précisant les empêchements psychologiques du développement de la personne vivant dans un contexte familial de grande pauvreté, nous ne faisons pas l’équation entre extrême pauvreté et maladie mentale ou déficience psychologique. Mais il est évident qu’une charge psychologique aussi forte et aussi précoce que nous avons décrite comme typique de cette situation, ne peut que causer des entraves essentielles au développement normal de la personnalité. La lutte contre la pauvreté extrême devra donc aussi se concentrer sur ces lacunes, aussi bien du point de vue préventif, que du point de vue curatif.

 

Jos Corveleyn et Catherine Maes pour: ATD Quart Monde.org

  

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 11:01

"Rien à voir avec le monde de la psychologie, mais tellement pratique au quotidien qu'il est bon de faire connaitre cet ouvrage... Une excellente initiative de cette pharmacienne, que la rédaction de cet abécédaire".


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Ce livre est unique en son genre. Il réunit une mine de conseils pratiques pour prévenir et soigner les maux du quotidien le plus naturellement possible, accompagner un traitement médical ou chirurgical, mieux se nourrir, bien prendre soin de soi. C’est une vraie bible du bien-être, physique et mental, pour vous guider et vous conseiller les bons gestes au bon moment.   
Dans ce livre – dont vous n’allez plus pouvoir vous passer ! –, vous trouverez :

 

  • Un inventaire inédit des symptômes et leurs principales causes. Mal de ventre, nez qui coule, mauvaise haleine, gencives douloureuses… peuvent avoir de nombreuses origines. Soigner la cause plutôt que le symptôme est un investissement santé à long terme. Fatigue, surpoids, douleurs, tristesse, cystites à répétition… que se cache-t-il derrière ces maux, et comment s’en débarrasser enfin ?
  • Un abécédaire complet des troubles, de « Acidité gastrique » à « Zona », et pour chacun toutes les solutions pour les traiter naturellement – avec les plantes, les huiles essentielles, les tisanes, les probiotiques, l’homéopathie, les vitamines, les oméga 3, les antioxydants, les enzymes… –, efficacement et sans danger.
  • Des solutions express à faire vous-même pour un mieux-être immédiat, et des formules plus complexes à commander en pharmacie pour une action en profondeur et un traitement complet, avec l’explication claire des molécules actives dans chaque ingrédient (pourquoi la prêle, la vitamine B, l’huile essentielle de basilic ? Pourquoi le magnésium marin plutôt que le chlorure de magnésium ?).
  • Rennie, Charbon de Belloc, Jouvence de l’Abbé Soury, pommade Vicks, Élixir du Suédois… des médicaments de toujours qui ont fait leurs preuves et n’ont pas pris une ride, et l’avis d’une pharmacienne sur la meilleure façon de les employer.


Danièle FESTY est pharmacienne. Passionnée par l’alimentation, les compléments alimentaires et les huiles essentielles, elle est notamment l’auteur de Ma bible des huiles essentielles, Tout vient du ventre (ou presque) ou encore 100 réflexes aromathérapie. Retrouvez l’auteur sur son blog : www.danielefesty.com et sur sa page Facebook « huiles essentielles ».

 

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13 septembre 2011 2 13 /09 /septembre /2011 10:28

Négocier, ce n’est pas uniquement s’asseoir autour d’une table pour débattre d’un problème. C’est tenter, chaque jour, de parvenir à des accords avec son entourage...sans pour autant basculer dans des relations commerciales et stériles !

 

    

-Quel est l’intérêt de savoir “bien” négocier ? Entretien avec Michel Ghazal:

    

Michel Ghazal :

La négociation est la règle de base des relations humaines. Dès que deux personnes sont dans une même pièce, on assiste à l’émergence de désaccords, de disputes ou de différends. Avec notre conjoint quand nous évoquons les vacances. Avec nos enfants qui refusent d’aller se coucher. Avec notre voisin dont le chien ne cesse d’aboyer. Le conflit n’est pas systématiquement à fuir, il est un signe de vie et de santé et permet aux différences de s’exprimer. Comme il n’est pas possible de changer de mari ou de démissionner chaque fois qu’un problème se pose, la négociation est un moyen civilisé de gérer ces situations. Elle est le signe d’une relation vivante, une nécessité absolue pour vivre en société.

 

Faut-il bien se connaître ?
  

Cela permet d’éviter deux écueils : charger l’autre de tous les maux, rester dans l’accusation et le braquer ; ou, à l’inverse, lui céder. Certains ont un tel besoin d’être aimés qu’ils cherchent un accord à tout prix, au détriment de leurs propres intérêts. Dire simplement : « J’ai très envie de sortir dîner avec toi, mais, ce soir, je suis trop fatigué », leur semble insurmontable. Ils doivent apprendre à connaître leurs désirs et à les exprimer.

  

Vous dites “ni céder, ni agresser”. Alors, que faire ? Des compromis ?

  

Le compromis est la solution classique qui consiste à couper la poire en deux. « Tu veux aller partir à la montagne, moi à la mer, on fait une semaine ici, une semaine là. » C’est facile, c’est rapide et vous avez l’impression d’avoir réglé le problème. Sauf qu’aucun des deux interlocuteurs n’est satisfait. Dans une négociation, vous êtes face à un problème à résoudre en fonction d’intérêts que vous pensez divergents. Mais, la plupart du temps, ce ne sont pas les intérêts qui le sont, mais les positions que l’on prend pour les défendre. Alors, plutôt qu’agression, soumission et compromis, retrouvez les besoins sous-jacents et élaborez une solution inédite avec l’autre. Soyez créatifs. Faites-le participer sans décider à sa place. C’est un signe de considération : l’autre est toujours un interlocuteur respectable.

  

Un ado agressif, un patron injuste, un mari violent : l’autre n’est pas toujours respectable…
  

Céder à l’injustice ou à la violence, c’est l’encourager. Lui répondre sur le même terrain, c’est provoquer l’escalade. Le bon négociateur doit dégager en touche parce qu’il est impossible de parler avec quelqu’un qui est dans un état émotionnel trop fort. Le bon négociateur est celui qui sait donner du temps au temps : « Ecoute, je suis fatigué ce soir, on en reparlera demain. » Ou parler de ce qu’il ressent profondément : « Je me sens agressé par ce que tu dis. » Attention cependant à ne pas confondre l’émotion et l’expression de cette émotion. L’important est de témoigner de son ressenti, pas de hurler ni de pleurer. Tout ce qui est excessif est de nature à agacer l’autre ou à engendrer la même attitude. Si vous criez, il y a de fortes chances qu’il se mette à crier.

  

Négocie-t-on de la même façon avec ses enfants et son patron ?
  

Les règles d’une négociation efficace sont valables pour toutes les situations conflictuelles, de l’agacement conjugal à la prise d’otages. Il faut être en mesure d’équilibrer raison et émotion. Il y a des intérêts en jeu et la négociation permet de trouver une solution pour régler le problème. Quel qu’il soit. Il est très important de négocier avec votre enfant : si vous cédez à la moindre demande, vous vous montrez incapable d’affirmer vos intérêts et vos désirs. Comment, lui, sera-t-il capable, demain, de comprendre que d’autres ont des intérêts différents des siens et qu’il doit les respecter ? Et si vous ne laissez pas votre enfant défendre ses besoins dans un conflit avec vous, comment saura-t-il les exprimer avec d’autres ?

  

Quand doit-on cesser de négocier ?

  

Si tout peut faire l’objet de négociations, tout n’est pas négociable. Dès lors que mes intérêts fondamentaux, que mes besoins prioritaires sont remis en cause, c’est non négociable. D’ailleurs, un bon négociateur se prépare toujours à cette éventualité en ayant une solution de rechange. Si cette femme n’arrive pas à faire entendre raison à un mari violent, si ce patron pratique le harcèlement moral, la solution de rechange consiste à rompre la relation : quitter son mari, changer de travail. Mais, parfois, les gens tirent un bénéfice négatif de ce qui les fait souffrir : c’est pourquoi il est important de bien se connaître pour bien négocier avec l’autre.

  

Par Violaine Gelly.

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29 août 2011 1 29 /08 /août /2011 19:02

-Dossier complet et reportage-

 

A l'heure ou certains grands groupes politiques, médiatiques et intellectuels misent tout sur le contrôle des masses populaires et la rentabilisation de celles-ci, un outil de choix leur est proposé par la science de l'imagerie médicale:

 

Le "Brain Impact", méthode d'influence des prises de décisions de l'humain par processus inconscients. Cette technique très controversée faisant de l'homme un personnage docile, porte le nom d'une société leader dans le domaine de la neuro-économie!

 

Cliquez sur ce logo pour découvrir un site révélateur:

 

neuro

      

Pour compléter cet article, je vous propose ce documentaire de Canal Plus. "Jusqu'où ira la dérive des neurosciences ?" 

 

Nous sommes submergés de publicité. Chaque année, des milliards d'euros, de dollars ou de yens sont dépensés pour tenter de nous persuader d'acheter tel ou tel produit ou pour nous influencer dans nos choix électoraux. les enjeux de cet exercice sont très importants puisqu'il s'agit de maintenir le système de production et de consommation sur lequel est, pour le moment, fondé le développement de nos sociétés. 

 
Les techniques publicitaires sont aujourd'hui tellement sophistiquées que nous pouvons nous demander si nous disposons encore de toute notre liberté de jugement, si nous ne sommes pas dejà des citoyens sous influence, d'autant plus que de nouvelles techniques de marketing, apparues il y a une dizaine d'années, s'intéressent de très près au fonctionnement de notre cerveau.
 
Le neuromarketing est l'application des connaissances issues de la recherche publique en neurosciences cognitives au marketing et à la communication. Le but de cette discipline émergente est de mieux comprendre les comportements des consommateurs grâce à l'identification des mécanismes cérébraux qui interviennent lors d'un achat.

 
Le neuromarketing désigne deux concepts étroitement liés :
l'étude, via les neurosciences, du fonctionnement du cerveau humain lorsque soumis à des stimuli qui peuvent être des marques, des produits ou des publicités.
l'amélioration des outils de communication.
Le terme « neuromarketing » est apparu aux débuts des années 2000.
 
L'objectif recherché par les défendeurs du neuromarketing est d'augmenter la consommation citoyenne, en ne considérant plus sa capacité de jugement mais sa réceptivité à un stimulus, lui retirant ainsi la rationalité de ses besoins. Les détracteurs jugent que d'orienter la recherche neuronale dans le but d'influencer les choix des consommateurs est un manque d'éthique scientifique.
 
Notre cerveau, cible préférée du marketing, semble menacé d'un décryptage toujours plus efficace. Danger véritable ou simple avatar de la société de consommation ?

 
Si le débat n'est pas tranché, le neuromarketing doit rester sous surveillance. Car certaines applications des neurosciences, mal utilisées, pourraient porter un nouveau coup aux libertés individuelles.

   

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27 juillet 2011 3 27 /07 /juillet /2011 12:01

Un physique de rugbyman, un accent à la Pagnol et un service hospitalier à son image : chaleureux et haut en couleurs... Un article à redécouvrir avec bonheur et contentement !

 

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« Regardez la salle d’attente d’un psy pour enfants, et vous en saurez davantage sur sa technique qu’avec des longs discours », affirme Marcel Rufo. Justement, nous y sommes. L’entrée du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Sainte-Marguerite, à Marseille, ressemble à son chef. Atypique, haute en couleur, vivante, et totalement dédiée au monde des petits. Les jouets s’amoncellent sur les tapis et les mères discutent devant leurs « minots ».


Le professeur Rufo, belle cinquantaine, a un mot pour chacun. Avec sa langue à l’accent provençal et estampillée Pagnol, ce fils d’émigrés avoue s’être longtemps débattu : « Enfant, je pensais en italien et, quand j’entendais du français, il me fallait un peu de temps pour traduire dans ma tête avant de répondre. » Résultat : le petit Marcel, 7 ans, fut envoyé chez le psychologue. Cette consultation allait, selon lui, changer le cours de sa vie.

 

Il serait intelligent...

 

« Le psy a dit que je n’étais ni sourd ni idiot. Bonne pâte, il a conclu son intervention d’un : “Il serait même plutôt intelligent.” » L’année d’après, le jeune élève recevait le prix d’excellence. Et retenait sûrement une des clés de sa future pratique : les encouragements et l’espoir ont de puissants effets thérapeutiques.

  

Trente-cinq ans aujourd’hui qu’il reçoit des enfants de tous âges avec leur lot d’insomnies, de troubles énurétiques, d’anorexie, d’apathie. « Quand un enfant entre dans mon cabinet, il arrive avec plus de mille enfants, ceux que j’ai déjà reçus et qui étaient dans une situation plus ou moins identique à la sienne. » Avantage du métier et de l’expérience. Une expérience, mais aussi une technique d’approche originale. Lui a beau dire : « Traduisez Winnicott en marseillais, ça suffit pour réussir dans la vie ! », ses compétences ne s’arrêtent pas là.

 

La patte Rufo

 

"Au-delà de la fidélité à ses maîtres, il y a une « patte Rufo ». De quoi est-elle faite ?"

 

Déjà, d’une revendication de non-savoir. Entendez : « Au départ, je suis comme les parents. Je ne sais rien. » Professeur agrégé, membre émérite de différents comités scientifiques – sa biographie déroule deux pages de titres hospitaliers – il ose avouer ses tâtonnements ! Dans son bureau, à côté d’une marine peinte par une patiente autiste, on lit ces mots de Raymond Devos : « Comment identifier le doute avec certitude ? » Toute la démarche professionnelle de Rufo est résumée là. Les troubles de l’enfant, son histoire familiale, les mots qu’il lâche en séance sont comme les pièces rassemblées par un détective au cours de son enquête. Et qu’est-ce qui fera avancer la thérapie ?

  

« Il faut du savoir-faire, de l’intuition et de la patience », résume le pédopsychiatre. Pour parler de son « impossible métier », Rufo regorge de métaphores : « Dans mes échanges avec l’enfant, je me fais l’effet d’un pêcheur à la “romagnolles”, ce drôle de trident qu’on lance dans l’eau un peu au hasard. »

Pour lui, c’est donc souvent la clinique, le terrain qui l’emportesur la théorie. Il faut voir son corps de rugbyman se pencher vers un petit patient, et entendre sa voix chaleureuse lancer « bonjour, cocotte » à une autiste de 5 ans. Son style thérapeutique, très « maison », est bien loin de la froideur affichée par certains psychanalystes : « Vous imaginez, s’exclame-t-il, rester silencieux en face d’un petit qui va mal ? Jamais ! » Certains de ses pairs le jugent d’ailleurs trop spectaculaire, et surtout animé d’un fort narcissisme.

 

La parole d'or

 

Une chose est sûre : il fait sauter le sacro-saint huis clos du cabinet. Tous les mardis matin, des consultations filmées sont projetées aux internes du CHU. « La dernière fois, il s’agissait de trois autistes, raconte sa secrétaire. Des cas très difficiles. Les discussions qui ont suivi ont duré bien plus longtemps que prévu ! » Ces films sont des occasions formidables de voir le praticien à l’œuvre. Lorsque Serge Moati, dans son documentaireLa Psy dans tous ses états, diffusé en 1999 sur France 3, montre Rufo face à Loreline, petite mutique de 11 ans, la France découvre les puissants effets de l’empathie. La fillette a fini par lâcher le nom du chat de son grand-père. Rufo s’est vu décerner un Psy d’or (prix décerné par la revue de psychiatrie “Synapse”.). « Vous vous rendez compte ? Ils m’ont téléphoné en pleine nuit ! Je les ai envoyés bouler. »

 

Parfois, et il l’avoue, Rufo se plante. Le contact avec l’enfant ne passe pas, la parole ne vient pas. Alors, il doit inventer : jouer, pousser le petit dans ses retranchements, hausser le ton. Dès lors, le cadre thérapeutique explose : le professeur a même osé emmener certains de ses patients au cinéma ! Il a du mal avec deux cas, une petite qui boite sans raison et une qui aboie comme un petit chien ? Il les réunit dans une séance commune. Des ados vont mal ? Pour une association marseillaise, il va les chercher dans les bars derrière le port. Il a aussi créé l’Espace Arthur – « Pour Rimbaud, bien sûr » – qui propose des soins culturels et pédagogiques aux anorexiques et délinquants.

 

Depuis six mois, il passe une journée par semaine à la prison des Baumettes, et rencontre les mères détenues et leurs bébés incarcérés jusqu’à l’âge de 18 mois. Rufo se passionne pour cette nouvelle aventure : « On vient de réussirà faire inscrire ces petits à quelques heures quotidiennes de crèche, dehors ! Vous imaginez ? Jusque-là, dès qu’ils entendaient le cliquetis des clés ouvrir la porte de la cellule, ils se frottaient le dos contre le mur… en réaction à ce seul contact avec l’extérieur ! »

 

Sa passion pour la psychanalyse

 

Voilà une autre originalité de Rufo : il avoue une passion pour la psychanalyse – « C’est mon cadre de référence » –, cite ses maîtres dans le texte – Winnicott, Leibovici, Klein, tous psychanalystes – mais rejette quelques-uns des diktats les plus fondateurs de la théorie freudienne, mais sans en repousser les enseignements ! La trop grande distance entre le patient et son psy, la fameuse « neutralité bienveillante » ? « Je lui préfère l’intérêt réel, l’émotion vraie mais dénuée de toute passion intime ou personnelle. » Son reproche général à la psychanalyse ? L’« adulto-morphisme ». Et Rufo de s’en tenir à des règles de bon sens : « Sur un divan, un enfant s’endort. Il faut donc jouer avec lui. »

 

Autre marque maison : le docteur Rufo refuse tout net de prescrire des médicaments aux enfants. Un pédopsychiatre sans Ritaline (médicament réputé pour améliorer de façon efficace les troubles de la concentration et du comportement chez l’enfant) ? « Je ne me sentirais plus thérapeute si je le faisais. Seule l’interprétation de ce que dit l’enfant et sa famille guérit. De toute façon, un enfant sans parole ne peut pas être heureux. » Et lorsqu’on lui demande : « Que devient un enfant guéri ? », la réponse ne se fait pas attendre : « Pédopsychiatre ! » Sans doute une dernière allusion à son enfance de tuberculeux. Autant dire que le professeur Rufo n’a guère de difficultés pour se mettre à la place de ses petits patients. Empathique, forcément.

 

De www.psychologies.com

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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 18:04

France-Culture-copie-1 

 

Alain-Gérard Slama, essayiste, journaliste et historien, analyse ce fait de société qui s'accroît de façon exponentielle !  Cliquez sur le logo France Culture pour écouter le podcast de la chronique.

 

Les incivilités : une notion difficile à définir


  • L’apparition du terme incivilities remonte au début des années 1970 aux États-Unis. Mais, c’est en 1982 que deux chercheurs, Kelling et Wilson, développent, à la suite du sociologue Erving Goffman, les implications de la notion, en se fondant sur la théorie dite de "la vitre brisée". En 1993, un chercheur français, Sebastian Roché s’intéresse à cette notion au regard de la situation de la délinquance en France.
  • Si la définition traditionnelle de "civilité" correspond à "l’observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social", la définition du terme "incivilité", lui-même n’est pas aisée. Sebastian Roché les définit comme un "ensemble de nuisances sociales extraordinairement variées qui ne blessent pas physiquement les personnes, mais bousculent les règles élémentaires de la vie sociale qui permettent la confiance". Les comportements qu’elle recouvre sont des crachats, graffitis sur les murs des villes, dégradations de biens publics, attroupements d’individus potentiellement menaçants, bruit dans les immeubles d’habitation, insultes dans la vie quotidienne, manque de respect envers les personnes âgées...
  • La difficulté principale est que cette notion sociologique englobe à la fois des comportements gênants, mais qui ne sont pas pénalement sanctionnés, et d’autres qui constituent de vraies infractions. Des débats ont lieu autour de cette notion. Certains considèrent que l’expression masque de réelles infractions et une partie de la délinquance, d’autres récusent cette formulation qui légitimerait l’établissement insidieux d’un appareil répressif public et privé.

 

Les incivilités remettent en cause le bon fonctionnement de notre société


  • Les incivilités sont perçues comme un défi à l’ordre public. Le problème central ne réside pas dans les actes commis, mais dans leurs conséquences. En effet, plusieurs travaux sociologiques semblent souligner que la multiplication des incivilités, notamment dans un lieu géographiquement limité (ex : un quartier), accroît le sentiment d’insécurité, mais aussi la délinquance, dès lors que les mécanismes informels de contrôle disparaissent.
  • Le lien entre les citoyens s’estompe et une méfiance généralisée s’installe. Ces atteintes à l’ordre public sont destructrices des interactions de civilité et, finalement, de la confiance nécessaire à un bon fonctionnement de la société.
  • Il faut cependant souligner la réelle difficulté à évaluer ce phénomène qui n’est pas sans lien avec l’imprécision de sa définition. Les chiffres mesurant la forte croissance des violences urbaines, ont été critiqués car ils posent des problèmes d’interprétations. De même, le discours sur les incivilités, qui les associe à la peur de l’insécurité et qui les assimile à la jeunesse et à l’immigration, doit être interrogé.

 

Des solutions difficiles à élaborer


  • Depuis 1997, des contrats locaux de sécurité ont été signés, impliquant tous les acteurs de la sécurité (policiers, magistrats, élus locaux, éducateurs...), et dont l’un des buts est de lutter contre ces phénomènes.
  • La police de proximité lancée dans certains départements depuis 1999, est généralisée en 2002. Enfin, des Maisons de justice et du droit, expérimentées depuis 1990 et consacrées par la loi du 18 décembre 1998, assurent une présence judiciaire dans une commune ou un quartier sensible.
  • Les solutions paraissent cependant difficiles à élaborer. Il est en effet nécessaire de rechercher un équilibre pour les politiques de sécurité afin d’empêcher la désertion de l’espace public sans pour autant instaurer un contrôle permanent.
  • Les pouvoirs publics semblent conscients de cette difficulté : en septembre 1999, lors d’une rencontre qui avait pour thème le bilan des contrats locaux de sécurité, le Garde des Sceaux a mis en garde contre le caractère vague du terme "incivilités" et rappelé que les forces de l’ordre ne pouvaient réprimer que des infractions prévues par la loi.
  • La loi pour la sécurité intérieure de 2003 transforme pourtant certaines incivilités en délits (ex : occupation des halls d’immeubles).
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