1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 15:54

Comment des hommes ordinaires peuvent-ils devenir des bourreaux ? Simplement en exécutant les ordres, expliquait Hannah Arendt. Une série d’études récentes sur le psychisme complète ces conclusions: " La soumission à l’autorité n’est pas aussi facile à induire qu’il n'y paraît ".

  

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L’expression « banalité du mal » provient du sous-titre du livre qu’Hannah Arendt a consacré au procès d’Adolf Eichmann, le haut fonctionnaire nazi chargé de la logistique de la déportation des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Ayant fui vers l’Argentine après la guerre, A. Eichmann est retrouvé par les services secrets israéliens en 1960, arrêté puis conduit en Israël où son procès s’ouvre en 1962. H. Arendt assistera à tout le procès pour le New York Times. Durant ces auditions, A. Eichmann n’a cessé de proclamer qu’il n’a fait « qu’exécuter les ordres ». Le témoignage de cet homme, apparemment si ordinaire, qui ne semble obnubilé ni par la haine ni par l’idéologie, va convaincre H. Arendt de sa thèse sur la banalité du mal. La monstruosité d’un régime peut parfaitement s’appuyer sur le travail ordinaire de fonctionnaires zélés se soumettant aux ordres. Pas besoin de haine ou d’idéologie pour expliquer le pire, la soumission suffit.

    
Quelque temps plus tard, le psychologue Stanley Milgram entreprend de démontrer expérimentalement ce que H. Arendt a révélé au procès Eichmann : la soumission à l’autorité suffit pour transformer un homme ordinaire en bourreau. C’est ainsi qu’est réalisée l’expérience la plus célèbre de toute l’histoire de l'homme: Au début des années 1960, S. Milgram recrute des personnes qui croient participer à une expérience scientifique. Il leur est demandé d’administrer des chocs électriques à des sujets attachés sur une chaise s’ils ne répondent pas correctement à des questions. D’abord étonnés, les bénévoles s’exécutent de leurs tâches, n’hésitant pas à envoyer des décharges électriques de plus en plus puissantes. L’expérience se révèle donc concluante : on peut commettre des actes violents sans forcément être poussé par la haine. Il suffit d’être sous l’emprise d’ordres impérieux. Chacun d’entre nous pourrait donc devenir un bourreau ?

 

Des hommes ordinaires

 

Quelques années plus tard, l’expérience connue sous le nom de « Stanford prison experiment » semble confirmer le fait. En 1971, le psychologue Philip Zimbardo monte une expérience où des étudiants sont invités à rester quinze jours enfermés dans un bâtiment. Les uns joueront le rôle de gardiens, les autres de prisonniers. Mais au bout de quelques jours, des gardiens commencent à se livrer à des brutalités et humiliations sur leurs prisonniers. L’un deux, rebaptisé John Wayne, prend son rôle de maton avec un zèle plus qu’excessif. Au bout d’une semaine, l’expérience doit être stoppée ! Pour P. Zimbardo, la preuve est faite : porter un uniforme, se voir confier un rôle dans un lieu inhabituel suffisent à transformer un sympathique étudiant en un impitoyable tortionnaire. Il vient d’ailleurs de publier un nouveau livre dans lequel il relate l’expérience de Stanford, et y voit une explication à ce qui s’est passé à la prison d’Abou Ghraib en Irak, où des soldats américains se sont livrés à des actes de torture sur des prisonniers irakiens.

  
Cette expérience a été explicitement évoquée par Christopher Browning, dans Des hommes ordinaires, pour expliquer les conduites du 101e bataillon de réserve de la police allemande. Celui-ci, composé d’hommes ordinaires, pères de famille, ouvriers et membres de la petite bourgeoisie, exécuta 40 000 Juifs polonais en 1942 et 1943. Tous les faits et analyses semblent donc confirmer la thèse de la banalité du mal. Pourtant, ces derniers mois, une série de publications est venue remettre en cause ce que l’on tenait pour évident. Et les certitudes vacillent.

 
Dans un article de janvier, deux psychologues britanniques, Alexander Haslam de l’université d’Exeter et Stephen D. Reicher de l’université de Saint Andrews rouvrent le dossier, jetant un pavé dans la mare. « Jusqu’à récemment, il y a eu un consensus clair entre psychologues sociaux, historiens et philosophes pour affirmer que tout le monde peut succomber sous la coupe d’un groupe et qu’on ne peut lui résister. Mais maintenant, tout d’un coup, les choses semblent beaucoup moins certaines. »

   
Les remises en cause sont d’abord venues de travaux d’historiens. Les publications sur A. Eichmann se sont multipliées ces dernières années. L’historien britannique David Cesarani s’est livré à un réexamen minutieux de sa biographie (Becoming Eichmann: Rethinking the life, crimes, and trial of a « desk killer », 2006). Contrairement à l’image qu’il a voulu donner de lui-même lors de son procès, A. Eichman fut un antisémite notoire, parfaitement conscient de ce qu’il faisait. Il a pris des initiatives qui allaient au-delà de la simple exécution des ordres. L’image du fonctionnaire anonyme n’était qu’une ligne de défense. Et H. Arendt est tombée dans le piège. Peut-être même a-t-elle accepté un peu vite ses conclusions parce qu’elle permettait de formuler une thèse forte et percutante : les systèmes monstrueux vivent de la passivité des individus ordinaires.

  
De son côté, l’historien Laurence Rees a rouvert le dossier Auschwitz. Il montre que les organisateurs de la solution finale n’étaient pas des exécutants serviles. Les ordres donnés étaient souvent assez vagues et il fallait que les responsables de la mise en œuvre prissent des initiatives et fissent preuve d’engagement pour atteindre les buts fixés. Selon L. Rees, cet engagement est d’ailleurs ce qui donne force au régime totalitaire. Il faudrait donc autre chose que de la simple soumission à un système pour aboutir à des crimes de masse. Cela nécessite aussi que les exécutants des basses besognes croient à ce qu’ils font, adhèrent à leur mission, se mobilisent activement. L’obéissance ne suffit pas, l’idéologie compte.

 

La morale des bourreaux

 

Ainsi que la morale. Oui, la morale ! Les « exécuteurs » de génocides – en Allemagne, au Rwanda… – n’étaient pas des psychopathes ou des hordes de sauvages assoiffés de sang, ni des exécutants aveugles. Ils agissaient en toute conscience pour ce qu’ils jugeaient être le bien. Dans l’expérience de S. Milgram, il y a fort à parier que les sujets devenant bourreaux agissaient avec le sentiment de faire progresser la science. Autrement dit, soulignent A. Haslam et S. Reicher, ils trouvaient leur comportement moralement justifiable.

  
Un autre mécanisme intervient dans le passage à l’acte. Plus les bourreaux se sentent étrangers aux victimes, plus est aisée leur élimination. Les meurtriers de masse n’ignorent pas la morale commune ; ils portent des valeurs, ont le sens du devoir et des interdits comme chacun d’entre nous. Simplement, c’est à qui peut s’appliquer cette morale commune qui change. Les limites entre le « eux » et le « nous ». Dès lors qu’un groupe n’est plus inclus dans l’humanité commune, tout devient possible. Telle est la thèse développée par le psychologue Harald Welzer, dans son livre Les Exécuteurs (Gallimard, 2007), qui passe en revue des témoignages de massacre, au Viêtnam, en Yougoslavie ou au Rwanda.

  
Enfin, le sentiment de menace est un élément important souligné tant par A. Haslam et S.D. Reicher que par H. Welzer. Les gens qui commettent des massacres le font dans des périodes de guerre ou de guerre civile. Ils ont le sentiment que leur monde s’écroule et que leur communauté est menacée. Ils ont parfaitement conscience de vivre une situation exceptionnelle, et qu’il faut agir selon des normes inhabituelles. "Ce sont des hommes certes ordinaires, mais vivant dans un contexte extraordinaire."

 

Xavier Molénat - www.scienceshumaines.com

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 10:59

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L’état d’esprit modifie la perception du temps.

 

Vous n’avez jamais remarqué comment vous attendez quelque chose, comme Noël, plus longtemps qu’il n’arrive, alors que les examens que vous craignez tant arrivent toujours trop rapidement ? Ceci vient de ce que notre perception du temps qui passe dépend de votre état d’esprit, affirme une étude de psychologues qui ont étudié la science derrière le fait d’être rivé sur l’horloge.

  

Des chercheurs de l’École d’Économie de Paris ont trouvé que différents types d’anticipation pour un événement donné, affectaient la durée que les gens éprouvaient avant l’arrivée d’un événement, ce qui est techniquement appelé sa "durée anticipée".

 

Le sentiment que vous "ne pouvez pas attendre quelque chose" le rend plus long à venir. D’un autre côté, la crainte d’une obligation fait paraître le temps comme plus rapide. Les scientifiques ont découvert qu’attendre un événement créé une impatience qui signifie que vous pensez beaucoup à l’événement et cela semble "étendre le temps", cela semble une éternité.

 

D’un autre côté, le fait de redouter un événement créé de l’anxiété, et cela signifie que vous le sortez de votre tête et cela a un effet de "contraction" sur le temps. Les chercheurs déclarent que le temps n’est pas absolu, mais peut avoir une certaine "élasticité" qui dépendra du type d’émotions qu’on éprouve. "Quand une personne anticipe un événement qui produit une émotion positive, disons passer les prochaines vacances sur une plage ensoleillée aux Maldives, elle pourrait vivre de l’impatience et pourrait ressentir que ces vacances tant attendues n’arriveront jamais" explique les auteurs dirigés par Pierre-Yves Geoffard.

 

"La durée anticipée s’allonge. D’un autre côté, si la même personne doit faire face à un événement négatif, comme un examen difficile, elle pourrait ressentir de l’anxiété, et le temps semblera comme filant jusqu’à cet événement. D’où la sensation d’un temps se contractant."

 

L’étude, publiée dans le journal Philosophical Transactions of the Royal Society, a présenté un ensemble d’autres études. Comme, par exemple, celle sur des volontaires auxquels on a demandé de donner la vitesse du temps passé avant de recevoir un baiser d’une star de cinéma, ou quand ils recevaient un choc électrique... "imaginez les résultats !".

 

Enfants, seniors, schizophrènes, dépressifs, autistes… chacun perçoit le temps à sa façon.

    

C'est un objet d'étude assez insaisis­sable - la perception du temps - qui a réuni pendant tout un colloque psychiatres, psychologues, psychanalystes, philosophes et experts en biologie moléculaire à l'université de Rennes. Enfants, seniors, dépressifs, schizophrènes, autistes: chacun a sa perception du temps qui passe. C'est grâce à une horloge interne et à un mécanisme de comptage évolué que notre cerveau semble capable d'estimer la durée d'un moment passé et, parfois, de se tromper.

  

Une chose est sûre: le temps ne passe pas à la même vitesse pour tout le monde. Les rythmes biologiques pourraient peut-être expliquer certaines variations de la perception du temps en fonction de l'âge: «Les personnes âgées ayant une fréquence cardiaque ralentie auront l'impression que ce qui les entoure va très vite, alors que les enfants (qui ont une fréquence cardiaque accélérée) ont l'impression que tout va trop lentement », détaille le Pr Sylvie Tordjman, responsable du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de Rennes.

  

Le Dr Dina Joubrel, psychiatre et coordonnatrice de la cellule d'urgences médico-psychologique de la région Bretagne, insiste sur la subjectivité de la perception du temps selon les situations: «En cas de traumatisme, le temps est comme figé. Il reste tel quel, il devient intemporel, il n'évolue plus. Le temps du mélancolique, lui, est éternel, il ne finira jamais, et il y a un risque de passage à l'acte (le suicide, NDLR) pour l'arrêter. Au contraire, le temps de l'angoisse se resserre, devient trop court, c'est un temps de l'immédiateté.»

 

Effet accélérateur des émotions

  

Ainsi, dans la schizophrénie, une maladie marquée par des pensées délirantes, la perception du temps se trouve-t-elle aussi modifiée. «Ce qui est étrange, soulève le Dr Olivier Bonnot, pédopsychiatre (Pitié-Salpêtrière, Paris), c'est que le temps devient ramassé - comme si tous les événements s'étaient agglomérés - seulement lorsque les premiers symptômes de la maladie se manifestent, souvent entre 15 et 25 ans. Nos recherches plaident plutôt pour un mécanisme dû aux problèmes cognitifs (mémoire, attention). »

  

Les émotions pourraient aussi accélérer le débit du générateur d'impulsion de notre horloge interne, d'où une sensation que le temps passe plus vite. L'attention peut également avoir un effet modulateur: «L'attention portée à un événement est corrélée à la perception subjective de sa durée», explique le Pr Tordjman.Il est plus difficile de comprendre pourquoi le temps semble aller au ralenti lorsque l'on attend quelque chose.

  

Dans une étude sur 50 enfants autistes, Sylvie Tordjman a ainsi pu mettre en évidence chez près des deux tiers d'entre eux la disparition des fluctuations normales du cortisol, hormone de l'éveil qui monte en principe progressivement avec un pic de sécrétion vers 8 heures: «Ne pas être confronté à des fluctuations biologiques majeures pourrait entraîner des difficultés à s'adapter au changement et jouer un rôle dans l'intolérance au changement observée chez les enfants autistes. Les enfants avec autisme auraient besoin de créer des discontinuités stéréotypées comportementales et/ou idéiques (par exemple, balancement du corps), car des discontinuités répétées à intervalles réguliers leur auraient manqué dans leur développement physiologique, du fait, par exemple, du trouble des rythmes biologiques.»

 

Recréer une harmonie

 

On peut avec saint Augustin relever que le temps passé n'existe plus et que le temps futur n'existe pas encore, nous condamnant au présent, mais la perception du temps est plus délicate encore puisqu'il faut un intervalle entre deux événements pour estimer à quelle vitesse il est passé. «Imaginons que je sois au pub avec des amis. À un moment, je regarde l'heure et je suis surpris de voir qu'il est 3 heures du matin. Je me dis que le temps est passé vite. Du moins, je fais cette déduction, car je ne m'en suis pas rendu compte sur le coup », explique le Pr John Wearden (université de Keele, Angle­terre), un psychologue dont les travaux ont transformé la notion de perception du temps chez l'homme à la fin des années 1980. Pour éclairer la perception humaine du temps, Wearden a modifié un modèle de mesure des performances en temps limité (Scalar Expectancy Theory [SET]) proposé chez l'animal: « Tout se passe comme si nous avions dans le cerveau un générateur d'impulsions. Ces impulsions sont stockées dans un accumulateur, et c'est là que se trouve la représentation brute du temps. Lorsqu'il est peu rempli, on dit que le temps est passé lentement », précise-t-il.

 

Recréer une harmonie entre le temps biologique, le temps mesuré, le temps vécu serait donc un gage de bonne santé ou de bien-être. « Notre organisme comporte de nombreuses horloges biologiques, remarque le Pr Yvan Touitou, vice-président de la Société internationale de chronobiologie. Je ne sais pas où est le chef d'orchestre, mais je ne peux pas imaginer qu'elles ne soient pas coordonnées entre elles.»

  

Sources: http://www.insoliscience.fr et http://www.lefigaro.fr/

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22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 18:39

Sylvain Timsit a élaboré une note sur les « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les médias. Elle détaille l'éventail de diverses techniques (depuis la stratégie de la distraction, en passant par la stratégie du dégradé) utilisées dans le but de maintenir le public dans l'ignorance et la médiocrité: 

   

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1/ La stratégie de la distraction


 Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser; de retour à la ferme avec les autres animaux. » Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles ».


 2/ Créer des problèmes, puis offrir des solutions


Cette méthode est aussi appelée « problème-réaction-solution ». On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple: laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants, afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore : créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.


3/ La stratégie du dégradé


Pour faire accepter une mesure inacceptable, il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socio-économiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.


4/ La stratégie du différé


 Une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire », en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.


5/ S’adresser au public comme à des enfants en bas-âge


La plupart des publicités destinées au grand-public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, souvent proche du débilitant, comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? «Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celle d’une personne de 12 ans». Extrait de «Armes silencieuses pour guerres tranquilles».


6/ Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion


Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…


7/ Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise


Faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. « La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles ».

 

 8/ Encourager le public à se complaire dans la médiocrité


Encourager le public à trouver « à la mode » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…


9/ Remplacer la révolte par la culpabilité


Faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi, au lieu de se révolter contre le système économique, l’individu s’auto-dévalue et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution!…

 

 10/ Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes

 

Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes. 

 

Sources: http://www.syti.net ou http://www.pressenza.com/les-dix-strategies-de-manipulation-de-masses

     

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 09:56

On les appelle « idées noires », « obsessions » ou encore « ruminations ». Elles surviennent souvent après un choc émotionnel. Elles hantent l'esprit pendant des jours ou des mois. Comment s'expliquent l'irruption de ces idées fixes dans notre vie quotidienne ? Comment y faire face ? De nombreuses recherches et théories psychologiques tentent de répondre à ces questions.

 

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Chacun a fait cette expérience

 

Cela survient après une grave dispute avec un collègue de travail ou un membre de sa famille. Le conflit est violent et la rupture brutale. Durant les jours et les nuits qui suivent, notre esprit est envahi par cette histoire. On a du mal à se concentrer sur son travail, à trouver le sommeil. Les mêmes idées reviennent en boucle à l'esprit : la scène de la dispute, le visage de notre interlocuteur, les réponses que l'on aurait aimé faire, les conséquences de cette rupture, etc.

 

Voilà un exemple de ce que l'on appelle couramment les « idées noires ». Les psychologues parlent quant à eux de « rumination mentale ». Celle-ci survient dans la vie quotidienne de chacun d'entre nous, avant de s'estomper rapidement. Elle prend une tournure dramatique, envahissante chez les personnes qui ont subi un choc traumatique, chez les dépressifs ou encore chez les personnes atteintes troubles obsessionnels compulsifs (Toc).

 

La rumination mentale a suscité toute une série de questions chez les psychologues. Comment se développe-t-elle ? Un événement traumatisant est-il nécessaire ou peut-elle surgir de façon endogène, sans raison apparente ? Peut-on contrôler son apparition ou survient-elle toujours à des moments impromptus ? Est-elle liée à certains troubles cliniques (troubles obsessionnels, dépression, stress posttraumatique) ou concerne-t-elle l'ensemble de la population ?

 

L'individu face aux émotions extrêmes

 

Dans les jours qui suivent un événement traumatique ? une agression pour vol par exemple ?, la personne est souvent en proie à des pensées obsédantes qui viennent la tourmenter. Elle se repasse indéfiniment la scène, imagine ce qu'il aurait pu ou dû faire, se reproche de ne pas avoir réagi autrement, etc.

  

Le psychologue Mardi J. Horowitz, spécialiste des états de stress posttraumatique, a été l'un des premiers à s'intéresser à ces ruminations mentales. Des pensées « intrusives » se manifestent d'abord par le retour involontaire de souvenirs liés l'événement : la victime d'un accident ne cesse de revivre les mêmes scènes ? choc, blessés, vision du sang. Un autre signe marquant de cette rumination est justement la tentative de la personne pour repousser ces pensées.

 

Pour M.J. Horowitz, ces pensées intrusives ne relèvent pas forcément de la pathologie, mais seraient plutôt nécessaires à l'équilibre psychologique de l'individu. Suite à un choc émotionnel intense, notre appareil mental met en place des réponses visant à une réadaptation à la vie normale. De ce point de vue, la répétition des ruminations s'expliquerait par un besoin de complétude de l'organisme. L'événement traumatisant (l'agression par exemple) se heurte à nos schémas mentaux courants, à nos routines de pensée et à nos habitudes de vie. Or, l'accident ou l'agression constitue une rupture brutale dans le cours normal des choses. Le besoin de complétude se manifeste par des tentatives répétées de mettre toute information nouvelle en adéquation avec les schémas mentaux préexistants.

 

Tant que l'incomplétude demeure, les ruminations intrusives persistent. La tentative de rétablir une sorte d'harmonie mentale sera progressivement réalisée par un double processus. Dans les situations les moins graves, cette tentative s'effectuera par assimilation, c'est-à-dire par l'intégration des informations nouvelles dans un schéma mental préalable. Si la rupture est plus profonde, un processus d'accommodation sera nécessaire : cette fois, il s'agira de l'adaptation des schémas mentaux anciens aux informations nouvelles. Dans un cas d'agression, la victime peut tenter d'insérer progressivement le souvenir violent à son univers mental, d'ordinaire plus pacifique. Peu à peu, les souvenirs s'estompent et sont « absorbés » dans les cadres de pensée habituels. Mais si l'écart est trop grand entre la réalité et les schémas mentaux, une accommodation des schémas à la réalité nouvelle devient essentielle. Les pensées intrusives surviendront tant que la discordance entre les schémas mentaux et le souvenir de l'événement n'est pas éliminée.

 

M.J. Horowitz insiste sur la dynamique des ruminations au fil du temps. Après l'irruption des pensées désagréables, des processus de contrôle se mettent en place pour protéger notre appareil mental. On assiste à une oscillation régulière entre des moments de pleine conscience de la réalité de l'événement et d'autres qui se caractérisent par un déni de la réalité. Ce serait précisément cette oscillation entre moments de confrontation et ceux de périodes d'évitement (autant des lieux où s'est déroulé l'événement que des émotions associées) qui permettrait, à terme, de se remettre d'un épisode pénible de ce type. Enfin, M.J. Horowitz a montré dans des études de laboratoire que les ruminations qui surviennent dans le cas de situations traumatiques reposent sur les même mécanismes que ceux qui surviennent dans la vie quotidienne, même s'ils sont d'intensité et de fréquence plus fortes.

 

Un modèle sociocognitif des ruminations

 

Le modèle proposé par la psychologue Ronnie Janoff-Bulman comporte un certain nombre de similarités avec celui de M.J. Horowitz. La contribution majeure de cette chercheuse de l'université du Massachussetts concerne nos systèmes de croyances fondamentales que l'événement traumatique vient perturber. Après un accident, un licenciement, une agression, la disparition d'un proche..., notre vision du monde subit une sorte de processus d'effondrement. Trois types de « croyances de base » sont brutalement remises en cause.

  

La première croyance concerne la bienveillance du monde environnant. Même si beaucoup de gens pensent que le « monde extérieur » est imparfait (« trop de souffrances, d'injustices, etc. »), la plupart des gens pensent que leur monde à eux est plutôt indulgent à leur égard. Du moins, il l'était jusque-là ! Puis survient tout à coup un événement qui vient démentir cette croyance profondément ancrée en soi. La personne agressée se retrouve brutalement confrontée à un acte injuste, odieux, cruel. Le monde environnant était plutôt satisfaisant, le voilà devenu malveillant !

 

La deuxième croyance repose sur l'idée que le monde a du sens. Chacun pense de façon inconsciente que les événements de la vie se déroulent suivant des règles établies et aisément compréhensibles. Ainsi, se réfère-t-on implicitement à une théorie d'un monde juste selon laquelle chacun reçoit ce qu'il mérite, et que le fait d'agir d'une certaine manière entraîne l'obtention de certains résultats. Par exemple, un schéma bien ancré veut qu'une personne qui fait régulièrement de l'exercice physique a des chances de rester en bonne santé. Que cette personne contracte une grave maladie et notre croyance dans un monde cohérent et juste s'effondre.

 

La troisième croyance concerne sa propre valeur. Chacun croit plus ou moins à sa bonne étoile et pense qu'il « vaut » quelque chose. Le choc traumatique conduit à un brusque effondrement de l'estime de soi. Les personnes agressées, licenciées, atteintes d'une maladie voient leur estime de soi chuter. Reprenons l'exemple de l'agression. Les trois croyances de base apparaissent soudain comme caduques : « Le monde qui m'entoure est hostile, injuste, insensé et je ne vaux plus rien. » Cette invalidation signale la perturbation profonde des systèmes de référence de l'individu, ainsi que la nécessité d'un traitement actif de l'information émotionnelle afin de les reconstruire progressivement.

 

Le modèle de R. Janoff-Bulman postule, tout comme celui de M.J. Horowitz, que l'alternance régulière entre confrontation et évitement constitue une condition nécessaire pour l'adaptation. Chaque nouveau rappel de l'événement permettrait une réduction de l'intensité des émotions désagréables associées par une extinction progressive de la réponse émotionnelle : une habituation en quelque sorte. Le but ultime de ce traitement de l'émotion est d'inclure peu à peu l'événement traumatique dans un nouvel univers de croyances. Certains facteurs exerceraient un rôle de facilitateur en vue d'accélérer l'adaptation. Par exemple, le support émotionnel de l'entourage permet à l'individu traumatisé de démentir sa nouvelle croyance d'un monde malveillant. Enfin, R Janoff-Bulman montre l'utilité d'un processus de recherche de sens dans lequel l'individu tente de comprendre les raisons pour lesquelles il a ressenti personnellement certains états émotionnels survenus après un événement particulier.

 

Idées fixes et idées noires

 

Les pensées intrusives sont caractéristiques de certains troubles obsessionnels. Ainsi, la personne qui se demande si elle a bien fermé la porte de sa maison et revient vérifier, non pas une, comme nous le faisons parfois, mais cinq, dix ou vingt fois d'affilée ! Dès qu'elle s'éloigne à nouveau de son domicile, le doute, l'angoisse l'envahit. Seule une nouvelle vérification lui permet de calmer ? temporairement ? son inquiétude. Dans certains cas, les pensées intrusives ont des fonctions conjuratoires. Certaines personnes souffrant de troubles obsessionnels sont envahies par des idées bizarres du type : « Si je compte par multiples de deux le plus longtemps possible, alors je réussirai mon examen d'embauche. »

  

Le psychologue canadien Stanley Rachman a mené des enquêtes sur la nature de ces ruminations. Il apparaît que les pensées intrusives ne sont pas le propre des patients atteints de troubles obsessionnels. Chacun d'entre nous peut en connaître régulièrement. On considère aujourd'hui qu'au moins 80 % de la population générale présentent des obsessions dont les contenus sont semblables à celui des patients atteints de troubles obsessionnels. Par contre, les ruminations intrusives sont beaucoup plus fréquentes et intenses dans les cas pathologiques. De plus, les sujets obsessionnels ont beaucoup plus de mal à écarter ces idées que les autres. Ils sont plus perturbés par leur apparition et tentent plus souvent, en vain, de les supprimer mentalement.

  

S.J. Rachman s'est particulièrement intéressé aux types de réponse mis en place pour affronter des ruminations. Certaines réactions conduisent au maintien voire au renforcement de la fréquence des ruminations. Il en va ainsi des « métacognitions » que certains patients développent à propos de leurs troubles. Face à l'irruption d'une idée obsédante, le patient se met en colère ou se désespère. Il ne réagit plus simplement à l'événement émotionnel, mais à l'apparition de ses pensées. Selon S.J. Rachman, les métacognitions constituent un bon prédicteur de la persistance des pensées intrusives. Plus les réactions émotionnelles (colère, tristesse) sont intenses à l'apparition de ces pensées, plus ces dernières seront difficiles à écarter de notre esprit.

  

Des études à propos des effets de l'humeur sur le rappel offrent une explication à ce résultat. Elles indiquent qu'un état dépressif diminue fortement la capacité de l'individu à récupérer du matériel émotionnel positif et, dans le même temps, facilite le rappel d'épisodes négatifs. Par conséquent, le développement d'un état de détresse émotionnelle contribuerait au rappel et au maintien de la rumination mentale des événements négatifs.

 

La rumination a-t-elle un genre ?

 

La dépression constitue un autre champ important de la recherche sur les ruminations. On sait que la fréquence des dépressions est deux fois plus élevée chez les femmes que chez les hommes.

 

Selon Susan Nolen-Hoeksema, cette différence pourrait s'expliquer par une stratégie mentale plus spécifique aux femmes, face à un état de stress, un choc émotionnel ou une humeur dysphorique. Lorsqu'une personne est en proie à ses tourments intérieurs, un premier mode de réponse possible est celui de la distraction. Il ne s'agit de rien d'autre que se « changer les idées » par une activité récréative (sport, cinéma, discussion entre amis). La seconde réponse est celle de la rumination, qui consiste à se préoccuper des symptômes, des causes et des conséquences de son état dépressif (« J'ai l'impression d'avoir l'estomac noué, est-ce grave ? », « Pourquoi ai-je tellement envie de pleurer ? »...). Or, de nombreuses données montrent que les femmes s'engagent plus volontiers dans des activités de rumination, alors que les hommes choisissent plutôt une stratégie de distraction. Ce choix préférentiel pour les réponses ruminatives constituerait l'explication de la prévalence de la dépression chez les femmes. Une réponse ruminative contribuerait à maintenir voire renforcer l'état dépressif initial.

  

S. Nolen-Hoeksema a pu étayer son hypothèse à la fois par des études en laboratoire et par des études prospectives sur le terrain. Ainsi dans une étude, le hasard a voulu qu'elle ait interrogé un groupe d'étudiants deux semaines avant un tremblement de terre spectaculaire en Californie. Les étudiants avaient rempli des questionnaires sur leur niveau de dépression, ainsi que sur leur manière de réagir à l'apparition d'états dépressifs (réponse ruminative vs réponse distractive). Ce groupe fut réexaminé dix jours après le cataclysme, puis une nouvelle fois sept semaines après. Quatre facteurs étaient supposés affecter le niveau de dépression : la dépression initiale, le niveau de stress objectif (c'est-à-dire mesuré par des observateurs extérieurs), la fréquence de réponses ruminatives et celle de réponses distractives. Les résultats ont montré que seul le style de réponse ruminatif après le séisme prédisait le niveau de dépression à court et à moyen terme.

  

La plupart des modèles s'accordent pour considérer que l'intensité des ruminations reflète la profondeur du traitement émotionnel, et que si ces ruminations persistent à long terme, elles traduisent une adaptation déficiente. Certains insistent sur la dynamique temporelle d'un cycle de réponses dans lequel la confrontation, notamment sous forme de rumination, alterne avec des phases d'évitement. La rumination se développe de façon involontaire ou de façon volontaire. C'est une piste importante pour leur contrôle.

 

www.sciencehumaine.com - par Olivier Luminet.

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7 avril 2012 6 07 /04 /avril /2012 06:57

La procrastination est l’« art » de remettre à plus tard ce que l’on devrait faire à l'instant, ou aujourd’hui. L’origine du mot vient du latin : Pro : qui est pour, et de crastinus : du lendemain.

 

  
procrastination1

Comment cela se manifeste-t-elle ?


Le procrastinateur, confronté à la réalisation d’une tâche donnée, va trouver un tas de raisons pour ne pas la commencer tout de suite. Souvent plein de bonne volonté, la personne souffrant de procrastination se fait la promesse de débuter le lendemain. Même si elle met en place les éléments nécessaires pour attaquer la tâche, elle trouvera toujours autre chose à faire : rédiger un courrier si elle doit ranger ses cd, sortir faire une course au lieu de remplir sa déclaration de revenus...

Procrastination et priorités


Ce qui caractérise la personne souffrant de procrastination, c’est l’incapacité à respecter les priorités alors qu’elles sont pourtant bien identifiées. Si elle doit rendre un dossier important pour le soir même à 18 h 00, elle répondra à des emails amicaux ou classera des papiers, car elle n’arrivera pas à respecter la priorité du dossier et va s’éparpiller à effectuer d’autres activités. Souvent acculée, cette personne peut travailler dans l’urgence quand elle n’a plus le choix.

 

Qui est concerné ?


Tout le monde, à un moment ou à un autre de sa vie, a une tendance à remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même. Chez les individus chez qui la procrastination devient problématique, c’est une habitude difficile à défaire.

Attention, car la procrastination peut aussi être le symptôme d’une pathologie telle que la dépression, l’anxiété ou la phobie, par exemple.

Procrastination ou fainéantise ?


Il faut tordre le cou à cette fausse idée. La procrastination ne concerne pas les paresseux ou les individus qui n’ont aucune velléité, c’est même l’inverse. Souvent organisées à l’intérieur de leur procrastination, ces personnes grouillent d’idées et ont des projets plein la tête. C’est leur perfectionnisme et/ou leur peur de l’échec qui est un frein au passage à l’acte.

 

Les conséquences


Outre le fait de ne pas avancer dans sa vie professionnelle, la procrastination met des freins à la vie personnelle également. Si on a un projet de vie, le fait de le remettre continuellement à plus tard, risque de ne jamais le voir aboutir. C’est ainsi que la procrastination peut devenir si encombrante qu’elle devient un obstacle à la vie quotidienne et au bonheur tout simplement.

Les solutions


Il n’existe pas de médicaments, ni de patch... pour arrêter la procrastination. Toutefois, il y a des astuces ou des petites solutions pour une meilleure organisation et une prise en charge de cette absence de volonté.

Parmi les solutions à mettre en place si l’on souffre de procrastination, il faut commencer par écrire la liste des choses importantes à réaliser. Procéder selon « la technique dite du salami » qui permet de tronçonner une activité en sous-activités de petite taille, afin de ne pas avoir l’impression de se retrouver face à une montagne infranchissable. A chaque étape, il faut s’offrir une récompense pour en tirer une véritable satisfaction. Petit à petit, la personne pourra augmenter le rythme des actions à effectuer.

Pour avoir le courage de démarrer, on conseille d’utiliser l’astuce du « plan de 5 minutes » : s’engager dans une action en se limitant à 5 minutes d’essai, au lieu des 8 heures prévues et décourageantes. Dans une majorité des cas, on doit continuer ce challenge en surfant sur ces 5 minutes qui permettront peut-être de terminer ce que l’on a commencé il y a… 6 mois !

Mais bien entendu, l’avis d’un médecin et plus précisément d’un psychiatre, d'un psychanalyste ou d'un psychologue peut être utile si l’on ne parvient pas à vaincre cette procrastination ; pour savoir si elle fait partie d’un cortège de symptômes lié à une dépression, une phobie, etc.
  
Auteur : Ladane Azernour Bonnefoy.

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 17:25

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- La personnalité paranoïaque est composée de quatre traits principaux:

 

  • L'hypertrophie du moi : cette surestimation de soi-même est au centre de la personnalité paranoïaque. Elle entraîne la mégalomanie, l'orgueil, le mépris des autres, la vanité parfois cachée derrière une fausse modestie superficielle.

 

  • La psychorigidité : le paranoïaque est incapable de se remettre en cause, de se plier à une discipline collective. Il a toujours raison et est autoritaire. Cette inadaptation sociale fait qu'il finit souvent par s'isoler et à privilégier les apprentissages autodidactes.

 

  • La méfiance et la suspicion :le paranoïaque pense que les autres cherchent à le tromper car ils sont jaloux de sa supériorité. Il se sent en permanence entouré de personnes envieuses et malintentionnées. Du coup, il est susceptible et toujours sur ses gardes.

 

  • La fausseté du jugement : le paranoïaque suit sa propre logique, laquelle est basée sur une série d'interprétations fausses mais dont il est absolument convaincu. Il cherche d'ailleurs souvent à imposer ses opinions de manière tyrannique et intolérante à ses proches.

 

- Les délires paranoïaques:


Les délires paranoïaques sont très construits et peuvent parfois être convaincants. En dehors des thèmes sur lesquels il délire, le paranoïaque peut tenir des propos tout à fait cohérents. Mais les moments délirants sont bien du registre des psychoses, c’est à dire de troubles où l’individu a perdu tout contact avec la réalité et n’a donc pas conscience de souffrir d’un trouble mental. Le grand risque de ces délires est alors le passage à l'acte sur la personne qui est présumée par le paranoïaque être au centre du complot.



- Trois types de délires paranoïaques...

 


1 - Les délires passionnels
Ils sont centrés autour d'une idée de base qui est fausse. En dehors du thème sur lequel il délire, le paranoïaque peut tenir des propos tout à fait cohérents.

On distingue:

  • Les délires de revendication : procès multiples pour demande de réparation de préjudices que le paranoïaque est convaincu d'avoir subis (ex: inventeur dépossédé de son invention, revendication d'une filiation)

 

  • Les délires érotomaniaques : conviction délirante d' être aimé(e) par une personne, en général de statut social plus élevé. Ce délire est plus fréquent chez la femme et débute vers la trentaine. Il évolue en 3 phases : espoir d'être aimé, dépit lorsque la personne s'aperçoit qu'elle ne l'est pas et enfin rancune. Lors de cette dernière phase, il faut se méfier d'un risque de passage à l’acte agressif sur l'être qui a été aimé.

 

  • Les délires de jalousie :conviction délirante d’être trompé dans sa relation de couple. Les hommes seraient plus souvent atteints que les femmes. Là aussi il y a un grand risque de passage à l'acte agressif sur le conjoint et le présumé amant.




2 - Le délire d'interprétation
Ce délire n'est pas centré qu'autour d'une seule idée mais de plusieurs. En effet, il s’enrichit progressivement et le sujet se sent de plus en plus persécuté. Les complots présumés sont d'abord professionnels puis également familiaux. Finalement, tout fait nouveau est interprété comme ayant une signification dans ce délire de persécution.


3 - Le délire de relation des sensitifs
Il survient chez des personnes ayant une personnalité dite sensitive, c'est à dire marquée par la méfiance, la susceptibilité, la scrupulosité, la tendance à la culpabilité et à l'hyperémotivité.

Ce délire comporte aussi des idées de persécution. Le sujet, souvent une femme, a l'impression que ses collègues ou ses proches se moquent d'elle, la critique. Mais, au lieu d'être revendicative et agressive, la personne sensitive va développer des sentiments de honte et d'infériorité par rapport aux accusations dont elle se croit victime.

 

 

- Évolution:


L'évolution de ces délires est émaillée de moments paranoïaques très aigus où la possibilité d'un passage à l'acte contre autrui est à craindre.

On observe également des phases d'effondrement avec des dépressions qui peuvent être accompagnées d'idées suicidaires.

Un isolement social et affectif, plus ou moins important, est souvent la conséquence de ces interprétations délirantes.

- Traitement:


Le traitement de ces délires est difficile et repose sur l'association de médicaments (neuroleptiques) et d'une action psychothérapeutique. Celle-ci est extrêmement délicate car le thérapeute doit éviter de trop critiquer le délire car sinon il risque d'être mis dans le rang des persécuteurs. D'un autre côté, il ne doit pas non plus approuver le délire car cela risquerait de l'aggraver et de favoriser un éventuel passage à l’acte.

 

- A retenir:

 
On distingue la personnalité paranoïaque et les délires paranoïaques qui sont de trois types: passionnels, interprétatif ou sensitif. Le grand risque de ces délires est le passage à l'acte agressif sur la personne soupçonnée par le sujet paranoïaque d'être au centre du complot contre lui. La dépression est également une complication, surtout dans les délires sensitifs.


Docteur F. Duncuing-Butlen pour santé A-Z

  

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 13:11

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Je t’aime beaucoup, passionnément, à la folie

 

Trop aimer peut-il nuire à une relation ? Qu'est-ce que l'amour passionnel à l'extrême et quelles sont les conséquences au sein d'un couple ? Faisons le point ensemble sur l’amour fusionnel.

 

Aimer à la folie, sans limite, aimer passionnément une personne cela signifie ne pouvoir se réaliser qu’à l’intérieur d’un rapport de couple avec un sentiment de souffrance en raison d’une dépendance trop forte. Un sentiment extrême qui constituera l’équilibre du couple si la relation est perçue de la même manière par les deux partenaires mais qui sera un enfer si seule un des deux partenaires est enclin à ce sentiment qui dépasse la mesure. C’est ainsi que la moindre indifférence du partenaire, le moindre reproche sera perçu avec un fort sentiment de culpabilité ou d'abandon.
 
Se dédier corps et âme à l’autre c’est aussi s’oublier totalement peut être par crainte de rester seul(e), parce que la personne a le sentiment de ne pas mériter l’amour de celui/celle qu’elle vénère et à qui elle s’attache obsessionnellement car elle le considère comme totalement indispensable à sa vie. Celui/celle qui aime trop donne de l’amour sans limite.

Quels sont les signes de la dépendance amoureuse de l’autre ?


Comment comprendre et percevoir si sa propre relation risque de nous faire tomber dans le piège de la dépendance amoureuse ? L’important est de savoir déceler son propre mal-être, sa propre souffrance dans la relation. Si la confiance en soi, son estime de soi, son sentiment de sérénité et d’individualité ne dépendent que du jugement et de l’appréciation du partenaire, si l’on est obsédé par ce que va penser ou dire l’autre, oubliant ses propres envies et sentiments, c’est sans doute que l’amour est trop fort et démesuré.

 
Il est certes normal et légitime que le partenaire se soucie de savoir ce que va penser son conjoint d’une action, d’un choix… qu’il aura fait, mais cela ne doit pas être le fer de lance d’une attitude, cela ne doit pas être systématique et obsessionnel.

L’amour passionnel est-il typiquement féminin ?


Il semble en effet que le dévouement de la femme à l’homme qu’elle aime soit souvent sans limite… mais la dépendance amoureuse peut aussi être attribuée aux hommes avec des origines le plus souvent liées à l’enfance ; des hommes qui ont peu de considération d’eux même.

 
Mais généralement, l’homme sera plus enclin à investir une grande partie de ses énergies dans le travail, le sport ou un hobby pour masquer en quelque sorte son angoisse et sa souffrance. A l’inverse, les femmes, sans doute pour des raisons d’ordre culturel, auront plutôt tendance à se considérer comme fragiles, faibles et dépendantes, elles rechercheront la protection et un point de référence pour se construire. C’est alors que si la femme aura naturellement besoin d’un homme sur qui compter, un homme qui la rassure et l’aide à se sentir bien. La peur de ne pas être aimée peut conduire la femme à tout accepter de l’homme afin de le garder prêt d’elle ; la femme est alors prête à faire office d’infirmière, de maman, de maîtresse, de confidente... On retrouve souvent dans ce cas de figure des femmes dont l’enfance a été difficile, marquée par le manque d’affection, de stabilité, d’encadrement familial.

En effet, à l’origine d’une dépendance affective se trouve souvent une souffrance vécue dans l’enfance. Victime d’un abandon, de violences ou d’expériences intenses qui laissent des traces douloureuses… sont autant de signes qui peuvent conduire une femme à aimer "trop". Une femme qui a par ailleurs tendance à s’oublier, à ne pas penser à elle, à ses passions, ses rêves mais qui se dévoue à son partenaire. Difficile alors de construire une relation avec un autre si on ne parvient pas à se construire soit même.

Fusion amoureuse et dépendance affective


La fusion amoureuse ne doit pas être confondue avec la dépendance affective. En effet, la passion qui est présente au début (et encore pour longtemps chez certains couples) entraîne une fusion entre les deux êtres qui se découvrent, source de plaisir intense sous le seul regard de l’autre et d’une profonde douleur en son absence. Mais l’amour est aussi dans cette situation signe de dynamisme, d’échanges, de complicité au sein du couple. Une nouvelle phase entre ensuite en jeu dans la relation amoureuse : le désir de différenciation de l’autre qui sera suivie de la phase d’exploration pendant laquelle chacun des partenaires tend à prendre des distances par rapport à l’autre. Cet éloignement momentané (sortie entre amis chacun de son côté, pratique d’un sport l’un sans l’autre…) permet à chacun de s’identifier en tant que personne pour pouvoir mieux se retrouver ensuite lors d’une phase de « rapprochement » qui n’est pas toujours aisée à vivre.

  
A la fin de ce parcours, on peut dire que chacun des partenaires connaît l’autre pour ce qu’il est et l’accepte (ou ne l’accepte pas) en tant que tel. C’est là, avec ses défauts et imperfections, que l’individu peut vivre pleinement.

 
Dans le cadre d’une dépendance affective en revanche, la situation est toute autre. En effet, tout est figé, les phases sont inexistantes et rien n’évolue. C’est ainsi que les partenaires semblent avoir un rôle unique à jouer pendant toute la durée de leur relation.

   

http://www.feminin-masculin.com/

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 11:11

Aujourd’hui nous allons parler de la création du possible. Ce qui revient à évoquer tout ce qui rend supportable la traversée de la vie, en particulier le travail de la pensée, l’art, l’amour...

 

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Invité(s) :  Paul Audi, philosophe - Thème(s) : Idées| Philosophie| Psychanalyse| Paul Audi

 

  • Nous allons réfléchir sur cette énergie du désespoir qui parvient à prendre de vitesse le nihilisme ambiant qui souvent entrave la création de soi. Nous allons tenter de dessiner les contours de ce que le philosophe Paul Audi, notre invité, né en 1963 au Liban, désigne comme étant une « éthique de la réjouissance ». Ce n’est pas pour rien qu’un de ces livres sur Romain Gary s’appelle « La fin de l’impossible » (2005). Et qu’un récent recueil de ses articles a pour titre « Jubilations ». Il s’ouvre sur une merveilleuse étude sur Picasso dont la bouche était toujours prête à avaler le soleil. C’est que Paul Audi préférera toujours le miracle de la grâce, l’excédent  de forces, au mirage kitsch, ou aux corps alanguis. Il préfèrera dire oui aux exigences de la création plutôt que conjurer toute jouissance possible. Pourquoi alors parler d’éthique ? Parce l’éthique est ici justement ce qui relève de ce « travail sur soi » destiné à rendre la vie possible. Et pourquoi parler de réjouissance ? Parce que, contrairement au bonheur, la réjouissance n’est pas un état, mais la manière dont la vie se reprend par amour de soi et déploie au maximum ses possibilités.

   

  • On dira que ces dispositions n’obligent personne et qu’elles sont étrangères à toute forme d’impératif. Cela est évident. La philosophie n’oblige personne disait Chestov. Pas plus que l’art ou la littérature. Mais il lui arrive, parfois, d’être créatrice. Elle peut à sa manière participer à l’augmentation des possibilités de la vie. Elle peut créer du possible, inventer une langue qui lui est propre, ne pas se perdre dans la forêt des textes, mais se créer dans un nouvel idiome, une nouvelle langue, autre que la langue maternelle. C’est ce qui est arrivé à Paul Audi, qui est venu aujourd’hui nous parler de son œuvre. 
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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 13:57

Acte criminel, entend-on chaque été après les incendies dévastateurs. Mais qu’est-ce qui pousse un homme à craquer une allumette dans une pinède ? Confession d’un incendiaire qui a su s’arrêter à temps.

 

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Philippe témoigne...

   

Je ne suis plus pyromane. Aujourd’hui, ce sont les cœurs que j’embrase. » La voix au téléphone est rieuse. Trop ? Quelques minutes plus tard, Philippe, 39 ans, accepte un entretien. Rendez-vous est pris dans la multinationale où il exerce le très pacifique métier d’informaticien. Large sourire, démarche sportive, on est loin de l’image que l’on se fait du dangereux maniaque. Impression qui se confirme dès qu’il se lance sur un sujet de toute évidence longuement analysé.

 

Retour sur son enfance campagnarde. Dernier de trois enfants, Philippe a 5 ans en 1971. « Je n’étais pas triste, j’étais solitaire. » Et déjà fasciné par le feu. « Je m’entraînais en enflammant des bouts de papier, pour me faire peur. J’allais jusqu’à brûler des fourmis et mes soldats en plastique. » Frissons assurés. Nul ne s’alarme dans la famille. Philippe continue. Et puis, une nuit – « la nuit, la transgression est plus grande encore » –, c’est le passage à l’acte, prémédité.

 

Terreur et frissons

  

« Nos voisins travaillaient sur les marchés. Dans leur jardin, ils avaient entassé des cagettes de bois qui formaient comme un mur. J’avais volé des boîtes d’allumettes et j’avais calculé qu’en les allumant d’un coup ça ferait une gigantesque explosion. J’ai mis mes chaussures et je suis allé mettre le feu. Et ç’a bien brûlé ! » Frissons encore, et frayeur.

 

« Quand j’ai vu les flammes monter, j’étais terrorisé. » Sirène, intervention des pompiers. Et interrogatoire du père : « Il a tout de suite su que j’étais le coupable. Il m’a donné une fessée gigantesque. Mais ce qui m’a réellement traumatisé, c’est l’intervention des pompiers. Ils étaient les soldats de “mon” feu ! »

 

Etrangement, personne ne reviendra sur l’incident : « Ma mère n’a rien su. Nous n’en n’avons jamais reparlé, ce qui, chez nous, était dans la logique des choses. » L’incendie s’en va alourdir le coffre à secrets de la famille, pas plus lourd qu’un autre. « Nos parents considéraient qu’une fois la bêtise punie l’affaire était close, on n’en reparlait plus. » Les mois passent. En 1974, se souvient Philippe, sort La Tour infernale, le premier film catastrophe américain : « J’ai revécu profondément, violemment mon passage à l’acte. »

 

Impression forte, mais pas suffisante pour lui faire passer le goût des flammes, qu’il apprend à domestiquer. « Je mettais le feu, mais avec un seau d’eau à côté de moi. J’étais pompier et pyromane en même temps, l’idéal. »

 

Fascination et initiation

  

A 9 ans, le spectacle d’un incendie de forêt dans les Cévennes le bouleverse. « Nous avons croisé les pompiers et, sur leur visage, j’ai vu la peur. J’ai compris que ce que le feu engendre est terrible. Ç’a été une étape. Il y a eu un avant et un après. »

 

Trente ans plus tard, Philippe analyse cette passion qu’il est parvenu à domestiquer : « La pyromanie cache une frustration, elle déclenche une émotion que l’on ne parvient pas à obtenir ailleurs. » Le feu, comme une chaleur que l’on attend, d’une mère, d’un père, qui ne vient pas. Philippe se souvient de la douleur à chaque mise à feu : « Je les vivais comme un appel : “Prenez-moi par la main !” La pyromanie, c’est se faire remarquer par le plus grand nombre.

 

Pour le comprendre, il n’y a qu’à regarder la fascination exercée par la pyrotechnie », dit-il, pudique. « C’est le signe d’une difficulté à s’extraire de l’enfance, de sa toute-puissance. En même temps, mettre le feu, comprendre son acte, relève de l’initiation. Il y a l’excitation, la transgression. Paradoxalement, par cet acte irresponsable, on comprend l’idée même de responsabilité. Vers 10 ans, j’ai compris la dualité de l’individu. Nous sommes réellement l’Ange et la Bête. Notre attitude face au feu, craint, vénéré, le démontre depuis toujours. »

 

Prise de conscience et guérison

   

On doute bien sûr que tous les pyromanes aient cette lucidité sur les portées, réelles et symboliques, de leurs actes. Philippe s’est soigné tout seul. Enfin, presque seul. Sur le tatami d’un dojo, à 14 ans, en pratiquant, en groupe, l’aïkido, cet art où l’on apprend à contrôler, à canaliser son agressivité, à utiliser celle de l’autre aussi. Affrontement, mais surtout échanges de forces et regard de l’autre sur soi. Au cours de l’analyse qu’il a entreprise, il n’a pas encore éprouvé le besoin d’évoquer son ancienne pyromanie. Aujourd’hui, Philippe s’estime guéri : « A part dans ma cheminée, je n’ai plus envie de mettre le feu. »

   

Une pulsion incontrôlable ?

    

Pour Pierre Lamothe, psychiatre au service médico-psychologique régional de Lyon, les mises à feu sont des appels au secours. Et les pyromanes, des adultes à qui l’on n’a pas fixé de limites durant l’enfance. Explications.

  

Selon le docteur Pierre Lamothe, il existe trois catégories d’incendiaires : « Le pyromane occasionnel, qui, un soir d’ivresse – par vengeance ou jalousie – met le feu. Celui que l’on appelait autrefois “l’idiot du village”, qui, par vengeance lui aussi, met le feu à une grange. L’un comme l’autre ne recherchent aucun plaisir et ne récidivent pas, contrairement aux individus du troisième type, les pervers. Eux ne reconnaîtront jamais les faits, même pris sur le vif. Ils s’inventent d’ailleurs de très bonnes excuses. Victime d’un délire d’innocence, ils finissent par y croire. Comme ce chercheur du CNRS, pyromane, qui soutenait l’intérêt scientifique de l’étude d’un incendie. »

  

D’où vient cette pulsion incontrôlable ? « Souvent, enfants, ils n’ont pas été soumis à l’interdit, poursuit Pierre Lamothe. Ils n’ont pas été protégés par les adultes contre un état qui les excitait. En cela, leurs parents ne sont pas sadiques, mais leur ont donné une éducation sadique. Qu’elle soit trop permissive ou trop sévère, le résultat est le même. » Ainsi, Pierre Lamothe se souvient-il d’un jeune hommes qui avait incendié un hôpital : « Ce fils de profs n’avait jamais eu l’occasion de “mettre ses cahiers au feu et le maître au milieu”… » En clair, de s’opposer à son père, considéré par tous comme un modèle de compréhension.

 

Silence coupable de l’enfant face à une instance paternelle qui ne dit pas la loi mais la commente sans cesse, ou face à une autorité absolue qui ignore tout dialogue. Silence blessé de l’enfant face à un père souvent absent, qui atteint davantage les garçons que les filles. On s’étonnera à peine que l’écrasante majorité des incendiaires soit des hommes.« Le feu renvoie au narcissisme phallique, à la peur de la castration, explique le docteur Lamothe. C’est pour cela que les premiers épisodes surviennent souvent au moment où l’enfant découvre la différence des sexes et ressent ses premiers émois sexuels. »

 

Une période décisive. « Le futur pyromane, poursuit Pierre Lamothe, commence sa carrière vers 7 ou 8 ans, âge où l’énurésie, fréquente chez ces enfants, cesse. » En général, l’enfant pyromane cherche un exutoire à des émotions trop lourdes à vivre. La pyromanie devient alors une manière de les « mettre en scène à travers les réactions des autres », poursuit Pierre Lamothe. Par exemple, comme il ne s’autorise pas la colère, il s’identifiera à celle des victimes et des pouvoirs publics. Avec cette croyance qu’il peut, à son gré, l’amplifier et la maîtriser. Métaphore suprême de ce fantasme de toute-puissance : les rares pompiers pyromanes.

Et ce même fantasme, paradoxalement, a des côtés positifs : « Un dixième des feux sont contrôlés par les pyromanes eux-mêmes, certains s’arrangeant même parfois pour ne pas passer à la mise à feu », ajoute Pierre Lamothe.

 

Pour avoir une chance de soigner ces patients aux émotions si soigneusement cadenassées, le thérapeute guette les doutes dans leur discours. Comme une béance d’où peut s’échapper une colère trop longtemps contenue. A charge pour le thérapeute de lui montrer ensuite que le monde ne s’écroule pas si on laisse affleurer ses émotions. Pari long et difficile.

 

 

Par sophie Rostain.

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 12:30

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Un chef très confiant en ses qualités, faisant preuve d'autorité naturelle et cherchant à se faire admirer, est-il nécessairement bénéfique à une entreprise, une organisation ou un pays ?

   

Barbara Nevicka et ses collègues de l'Université d'Amsterdam ont fait une expérience où des groupes de trois personnes disposaient d'informations sur des candidats à recruter, et devaient choisir le meilleur candidat. Des informations différentes étaient données à chaque participant, de sorte que la qualité de leur décision commune dépendait de la capacité des membres du trio à partager leurs données. Au sein de chaque groupe, un leader était désigné au hasard par les psychologues.

 

Chaque participant remplissait aussi un questionnaire d'évaluation du narcissisme, comportant des questions telles que : « Je suis plus capable que la plupart des gens » ; « J'aime être le centre de l'attention » ; « Je veux compter aux yeux des autres » ; « J'aime mon corps » ; « J'ai un désir de puissance ».

 

Les résultats ont montré que plus un leader est narcissique, moins le choix collectif est judicieux. Les participants, bien que persuadés des qualités de leur leader, livrent moins d'informations à la réflexion collective. Le leader leur demande moins souvent leur avis, et des données essentielles sont oubliées.

 

Contrairement au lien parfois établi implicitement entre charisme et leadership, cette étude montre que les leaders narcissiques, malgré leur aura, ont un impact parfois désastreux sur les performances d'un groupe. De nombreux chefs d'État ont souvent une composante narcissique importante. Les conséquences pour leur pays peuvent être négatives, alors même que le narcissisme semble être un avantage pour arriver au pouvoir...

 

Par Sébastien Bohler www.pourlascience.fr


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