3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 19:00

Pour écouter ce magnifique essai littéraire, décrivant la chute des pays occidentaux à travers la tragédie grecque, cliquez sur le logo France Culture:

 

France-Culture

 

« Texte singulier dans l'ensemble de l’œuvre théâtrale et poétique de Dimitris Dimitriadis, il porte une réflexion sur l’identité grecque, et sur le présent d'un pays au lourd passé historique mais qui, à cause de ce passé, ne prend que difficilement conscience de son présent. Appelant à la nécessité absolue de regarder avec lucidité et sans illusion la situation dans laquelle le pays se trouve, ce texte encourage à se fier à l'esprit créateur, avec tout ce que cela comporte de risque et d'inconnu. Car sans la confiance au risque et sans la foi dans l'inconnu, nous sommes condamnés a la stagnation et a la stérilité qui sont les composantes de notre vie de tous les jours. »

 

Dimitris Dimitriadis est né en 1944 à Thessalonique. Poète et dramaturge, traducteur et essayiste, il porte une œuvre d’une voix singulière, ne s’arrêtant ni à un genre littéraire, ni à une frontière géographique. Il a d’abord été connu avec « Le prix de la révolte au marché noir », que Patrice Chéreau a mis en scène en 1968, et l’Odéon-Théâtre de l’Europe l’a associé à sa saison 2009-2010 comme artiste invité. Enfin, France Culture a créé et réalisé un grand nombre de ses œuvres au printemps 2010 en lui consacrant un cycle de 8h de théâtre. Penseur du monde, de la grécité, de l’identité, c’est la figure tutélaire de nos chantiers d’Europe 2012 consacrés à la Grèce, avec un texte éminemment politique à écouter.

 

-Suivi d’une rediffusion de

Je meurs comme un pays, de Dimitris Dimitriadis.

Traduit du grec par Michel Volkovitch.

Avec Anne Alvaro.

Réalisation Cédric Aussir.

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 19:05

Pour en finir avec la dictature de l'évaluation comptable, paradigme du néo-libéralisme.

 

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" Tout ce qui peut se compter ne compte pas, tout ce qui compte ne peut pas se compter ". Albert Einstein.

 

 

"Il faut évaluer, contrôler les esprits et les idées !"

       

[Article acerbe de Jean-Jacques LOTTIN, ancien directeur d'études de santé publique et ex-Président du comité scientifique de la Société européenne de santé publique:]

  

Tout évaluer en santé. Autrefois, c'était une vertu " naturelle " liée à la déontologie, l'éthique : rendre des comptes est cardinal quand on reçoit de l'argent public et qu'on œuvre au service de la population (définition même de la santé publique). Lucien Bonnafe parlait encore du peuple…


- Auto-évaluation : responsabilité.

La vertu s'est dégradée en impératif comptable, en postulat (ça évite toute discussion), en dogme. Et s'est installée l'évaluation-culpabilité, outil de la maîtrise des soins, norme intériorisée par chacun, de gré ou de force, n'appelant pas de critique, forme buro-technocratique de l'autocensure.

Il faut dépenser moins, affirment les gestionnaires, les administrateurs de caisse, l'Etat (ex) Providence, sans jamais apporter d'argumentation d'une logique autre que " l'horreur économique " en œuvre, évolution normale de l'Ordre cannibale d'Attali.

 
Cette culpabilisation est fascinante dans sa procédure. Elle consiste, en déresponsabilisant largement l'Etat ( et en privatisant l'offre ) à transformer les victimes en coupables, responsables de leur situation, au nom des libertés individuelles, pas toutes assumables, et du mérite (just do it ! tu seras un homme mon fils), selon un cycle historique qui a connu trois phases aux USA : les années Reagan sont passées du " guerre à la drogue " au " guerre aux drogués ". Il y eut ensuite, au début de Clinton, le passage du " guerre à la pauvreté " au " guerre aux pauvres " qu'on punit-pénalise ( deux millions d'emprisonnés). Il y a maintenant l'échec de la réforme du welfare state, et le passage du " guerre à la maladie " au " guerre aux malades ", les ONG subventionnées servant de plus en plus de bonne conscience patronnesse.

 
La boucle se boucle : on en revient à l'idéologie britannique du début du siècle…Il ne restera qu'à pas rater la seconde révolution d'octobre (si l'histoire repasse les plats)…ou à subir l'aliénation.
Et on finit donc par tout évaluer : la pertinence, la cohérence, l'efficacité, l'efficience, l'impact, l'à priori, les objectifs, le but, la stratégie, la qualité, la méthodologie, "l'ex ante", l'utilité, le processus, les coûts, le bénéfice, la contingence, la compliance, la pratique médicale, le modèle décisionnel, 251 autres items répertoriés par l'Ecole de Rennes, et même parfois les résultats… Seule manque à l'appel l'évaluation de la complexité humaine : il semble qu'on n'ait pas encore trouvé de " grilles " derrière lesquelles l'enfermer (je n'ai jamais rencontré dans l'immense industrie éditoriale que crée l'évaluation, une étude sur " évaluer le temps relationnel " !)


- Evaluation-bidon ?

Faut-il rappeler que l'évaluation princeps ne peut être qu'une aide à la décision et au jugement humain de la valeur d'une action, et qu'elle est toujours subjective-empirique-qualitative ?

  
Devenue fin en soi, l'évaluation a subi la contagion du modèle radiologique-endoscopique : on explore tout, l'homme doit devenir transparent, rationnel, sans mystère, fonctionnel, classifiable, triable, formatable, standardisable, code-barrable, carte-à-puçable, nomenclaturable : bref, homogénéisé, transformé en marchandise (cette phase suprême du capitalisme pour Marx). Le modèle obsessionnel-exhaustif a fini par remplacer la clinique et mettre en péril la relation, la parole, l'écoute, la singularité. Le clonage biologique devient inutile si triomphe cette idéologie non-dialectique du "tous informatisés".

 
Piochée dans les Actes du Colloque de Lille sur l'évaluation de 1994, cette perle :
-" l'évaluation est une démarche utile si ses résultats améliorent la connaissance…de l'évaluation "…
(P.100. G.F. de Sherbrooke . Canada).

Denis DUCLOS (Le Monde diplomatique de janvier 2000 : Une universelle exigence de pluralité) résume bien cette folie :

  
-" L'information endosse, à n'en pas douter, la construction de l'humanité comme telle, mais…elle ne doit pas la précipiter aussitôt dans l'absolue inhumanité de la transparence comptable. Déjà dans les grandes entreprises (l'hôpital en est) les cadres collectivement sadiques infligent à beaucoup de salariés les souffrances qu'on peut attendre de la caserne cybernétique. Sous couvert d'une adaptation aux normes mondialisées, ils épinglent les salariés comme les insectes d'un nouveau taylorisme, au plus près cette fois, du contrôle des esprits ".

  
- L'évaluation de tout a fini par expulser la Santé pour tous : évaluation = exclusion ?

 
Nos savants économistes sont partis en Amérique (dictature du modèle) et ont ramené la solution à tous nos maux : la management des hôpitaux (aux malades, j'mens ?) et sa batterie " d'outils " à traquer le gaspi, les dépenses " inutiles " et à contrôler les soignants. De service public, l'hôpital est ainsi devenu entreprise de production de soins.

    
En jargon gestionnaire, le PMSI (ce petit machin sans importance des PH, bientôt étendu à la psychiatrie pour y MESURER -selon quel étalon ? les coûts) appliqué dans les lits du " champ MCO " où sont regroupés des GHM (selon la loi de la marchandise), accompagnés à leur sortie de RSS par RMO, ont permis de produire des points ISA selon leur place dans les CCAM (par exemple : le GHM 113 -intervention majeure sur le thorax- vaut 5634 " points ") permettant de calculer le coût moyen en francs des-dits GHM et donc d'être accrédités-labellisés par l 'ANAES et admis par les ARH dans les SROS, antichambre libératrice des pécules globaux… Mais, comment évaluer les effets du thermalisme, par exemple ? quelle échelle pertinente pour le mieux-être subjectif (alors, comment ça va ?) sans même, bien sûr, évoquer les psychothérapies…
   
The Big One est installé et veille sur l'argent des soins. Notre argent. Il s'appuie sur la secte des "ZEVALUATEURS" (selon la belle trouvaille de Didier BOURGEOIS , PH à Montfavet) ces dociles technocrates d'un hôpital-entreprise où les effectifs croissent aussi vite que diminuent les personnels soignants. L'évaluation ( appraisability) devient la superstructure même : une pensée-action unique, autoréférente, imposant sa logique, son néolangage terrorisant et tautologique, global/total, globalitaire. Extermination " douce " de toute pensée libre...

 
Mais qu'en est-il du coût de l'évaluation, et qui va enfin l'évaluer, la soumettre à une critique radicale, résistante, citoyenne, démocratique et sans langue de bois ?

  
Comme le dit Christophe DEJOURS (" L'évaluation du travail à l'épreuve du réel " -INRA éditions, 2003) : " seuls les évaluateurs ne sont jamais évalués, l'évaluation est un procédé puissant qui médiatise les effets pervers de l'utilitarisme et de la rationalité cognitive instrumentale ".  Il paraît nécessaire de rappeler quelques évidences sémantiques bousculées par l'idéologie néolibérale mondialisée, à l'oeuvre dans le champ de la santé.

 
Evaluer, c'est " extraire (de) la valeur ". La valeur, dans le métalangage de notre temps, expert en euphémismes, c'est le " return on equity ", c'est à dire le taux de profit ( la vieille plus-value marxienne). Que valeur soit au départ polysémique et parle AUSSI de dignité, de vertu, de courage, de morale, est presque un gag. Créer de la valeur ( le retour sur investissement ) est devenu " équitable " puisque le marché, c'est naturel et sans alternative. Le bénéfice est bien une récompense pour la vertu investissante, payée en retour de gratitude. La valeur morale est ainsi contaminée par les valeurs économiques.

 
Les synonymes du ROBERT sont estimer, juger, jauger, priser, apprécier, expertiser. Toujours une redoutable confusion sémantique entre les sentiments et l'argent, ce qui ne saurait vraiment étonner les pratiquants de Freud. "Sauf qu'à l'ère des think-tanks pour start-up en stock-options (à lire à haute voix pour jouir de l'euphonie), l'alternative ne fait pas encore consensus".


Evaluer est donc bien déterminer la valeur d'une action (autre double sens), l'apprécier (lui donner un prix, toujours " juste ") pour l'accréditer : l'ANAES en a la charge (Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé). Mais, pour Georges SOROS : " L'une des erreurs les plus courantes est de penser que la soi-disant valeur fondamentale est indépendante de l'acte d'évaluation ". (L'incroyable histoire de G.Soros. Edit. Assouline 1999).


- Evaluation, piège à cons ?

La réforme Juppé est en place. Elle fonctionne. Elle a préparé la réforme Mattéï. Dans l'ensemble, elle a rencontré peu de résistances, car elle est du côté de cette nouvelle idéologie dominante. Elle a réussi à réduire violemment chaque praticien en simple rouage gestionnaire systématiquement sus-pecté, complice plus ou moins forcé d'une puissante pulsion de mort. Et pourtant, qu'est-ce qui PROUVE (evidence based policy) qu'il y a trop de lits ?


- Evaluation = élimination.

Nous avons tous constaté qu'évaluer en pédopsychiatrie, en gériatrie, en gynécologie, en petite enfance, en psychiatrie, a toujours pour ultime fin de démontrer l'inefficacité (sic) et la non-rentabilité de ces secteurs du soin, donc à préparer des fermetures de lits ( cette obsession analogue au rêve de Michelin : je fais du profit, donc je licencie).

Pour Pierre GINESY (dans son bel article " Ordre gestionnaire, système totalitaire, position perverse " paru dans la Lettre de la Psychiatrie française N° 59/96) :

  
-" surgit alors une question qui risque bien de ne jamais être soumise à évaluation par un ordre qui n'a pourtant que ce mot à la bouche : quels sont les effets délétères d'un tel système sur ce que nous repérons en Occident comme corps et esprit ? Comment un système peut-il proposer d'évaluer systématiquement, sans dérision, sans démesure, sans obscénité, ce qui touche aux drames du destin humain ; dont la dignité se fonde précisément sur son absolue singularité, sur sa résistance à toute cette volonté forcenée de mesure, héritière directe d'une morale marchande…Dans cette société de contrôle… cette massive volonté d'anonymisation… " un patient est géré "…nous sommes du côté de la perversion, en ce que cela vise directement l'effacement de cette subjectivisation de l'autre, sa " cadavérisation ".

 
- Evaluer, gérer, pulsion de mort, moyennes, manque à jouir, système pervers, globalité.

Pourtant, elle demeure une nécessité éthique, une dimension déontologique de l'acte sanitaire car, de même qu'un réseau pour survivre ne peut être qu'informel, l'évaluation ne peut être que QUALITATIVE, subjective, hors de toute mesure de comptage. C'est une pratique humaine, sociale, culturelle, pas une science. Et les chiffres réduisent et mentent ( " Sanity is not statistical " disait G.ORWELL dans 1984). En 1994, j'ai co-organisé à Lille un Colloque international sur : " Peut-on évaluer en promotion de la santé ? "

  
La réponse élaborée a ressemblé à ceci : une pratique sociale humaine à l'aune communautaire ( pas communautariste) donne des résultats à moyen ou long terme non-évaluables d'un point de vue comptable, ni statistiquables.

 
Mais pour autant, il est nécessaire qu'à chaque étape d'un projet de prévention, de promotion de la santé, de développement social, une attention bienveillante, critique, reformalisante, transactionnelle (démocratique ?) se manifeste sous la forme d'une expertise qualitative, contradictoire, ouverte et collective associant les " experts ", les décideurs, les financeurs et les usagers-habitants-citoyens-clients rendus à leurs compétences. Certains appellent cela une utopie. Modestement, à l'échelle d'un quartier, d'une cité, d'une association, chacun d'entre nous proche du terrain, a pu un jour constater que ça marchait…(même si ce n'est jamais spectaculaire ou médiatique) la mise en mouvement d'une initiative de personnes sujettes de leur petite histoire locale. Et nous avons tendance à préférer la démocratie et l'empowerment, à l'éducation du patient, si mal nommée, souvent si peu désirée. Où est la démocratie sanitaire dans le projet Mattéï ?

Pour Michel DEMARTEAU (Prof. de santé publique à Liège) :

 
- " L'objectivité de l'évaluation vient de la valeur sociale qui lui est attribuée… l'évaluation doit s'interroger sur elle-même… la responsabilité ultime de l'évaluateur est de rendre compte à la population… en accord avec les Droits de l'homme ".
  
Entre 1970 et 1975, le ministère de la santé avait mis en place un programme de RCB (rationalisation des choix budgétaires, l'ancêtre de nos outillages de contrôle) dans le champ de la périnatalité pour vérifier que certaines méthodes de travail ouvertes, associant déjà médecins, personnels sociaux, usagers autour d'objectifs cogérés, ça pouvait marcher. Et ça a marché si l'on croit les statistiques : la réduction des taux de mortalité infantile a semblé manifeste.

  
De même, toute transparence n'est pas en soi perverse qui permet aux acteurs de corriger, chiffres à l'appui ; par exemple les effets négatifs de l'organisation des CH en services hyper spécialisés où règnent des dynasties plus accrochées à " garder " les lits, qu'à soigner des patients.
 
Tâchons de réfléchir ensemble aux conditions démocratiques préalables à la mise en place d'une contre-expertise populaire (ou " citoyenne " ?) dans le champ de la santé, s'appuyant sur la récupération du slogan de " démocratie sanitaire " et sur le principe de précaution ( quid par exemple des jurys de citoyens ?) - " En soulignant les incertitudes de la connaissance et en ouvrant une gamme de choix, une dynamique pluraliste de l'expertise permet de rendre toute sa place au débat public et à la décision politique ". (Savoir, c'est pouvoir J.P. GAUDILLIERE. Mouvements N°7, janvier 2000). Et pourquoi ne pas prendre au mot Martine Aubry quand -tout ce qu'elle a fait n'était pas " mauvais "-…dans sa lettre aux médecins du 15/2/1999, elle suggèrait " le développement de l'auto-évaluation des pratiques par la profession elle-même, collégiale et confraternelle, et non sous le contrôle de la sécurité sociale " ( la Loi confie cette mission aux URMEL ) : vive l'évaluation par les pairs.
  
Nous pensons qu'un des moyens pour réduire la malfaisance de l'impérialisme évaluateur comme symptôme du néo-libéralisme dans sa phase actuelle est d'inverser la logique de l'offre centralisée de biens et de moyens (ONDAM), et de réimposer (notamment par la décentralisation) la vieille logique des besoins : qui doit définir le contenu du fameux " panier " sinon NOUS ? L'actionnariat populaire revient à la mode sous sa forme salariale : en santé, nous sommes tous actionnaires en tant que cotisants. Demandons des comptes à notre tour.

Pour résister aux " nouvelles contraintes " économiques et aux lois " naturelles " du marché que symbolise en santé l'évaluation de tout (sic), qui coûte cher, prend beaucoup de temps, et vide les hôpitaux des soignants les plus motivés (n'est-ce pas le but recherché ?) nous proposons une alternative démocratique qui fasse confiance aux compétences des citoyens/clients/usagers, et valide l'expert empirique-pragmatique, l'audit populaire.

 
Le concept d'évaluation est déjà usé d'être mésusé. Il est devenu dogme, rituel, fin en soi.
L'approche communautaire, (le concept fait-il sens ?) parce qu'elle reconnaît l'hétérogène, le différent et s'en nourrit, semble encore fertile si nous convainquons que la santé est irréductible à l'ordre inhumain de l'économique, car : - " même le capitalisme, dernière forme concrète de la pensée totalisante, ne peut réussir à immerger complètement les masses humaines dans la seule logique comptable… " - (Denis DUCLOS, ibidem).


"Laissons-les donc gérer la co-errance : c'est leur contre addiction."

Par Jean-Jacques LOTTIN, ancien directeur d'études de santé publique, Lille.
ex-Président du comité scientifique de la Société européenne de santé publique.
http://www.serpsy.org/
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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 17:35

"L'épopée pénale d'Eric Dupond-Moretti, homme en noir et bête de somme."

 

 

L'épopée pénale d'Eric Dupond-Moretti homme e - 16797196.jpg 

 

Le plus grand pénaliste français signe avec le chroniqueur judiciaire du Figaro Stéphane Durand-Souffland un ouvrage écrit comme une aventure chez Lafon. Celle d’un avocat aux cent acquittements !
 

Entendre plaider une montagne humaine ne s'aborde pas par la variante la plus facile.

Chez Me Eric Dupond-Moretti, l'ascension se fait en recevant en pleine face la force d'une éloquence habituée à rompre les jurés.

 

"Ses colères"

   

Le sous-titre de son livre le dit tout net : Condamné à plaider. Une phrase venue du titre d'un très joli portrait du ténor, écrit dans le Figaro à l'époque de l'affaire d'Outreau par Stéphane Durand-Souffland. Celui-ci est à la chronique judiciaire ce que l'autre est à la défense. Ces deux-là se croisent et s'apprécient, se retrouvent et s'allient, ils étaient faits pour écrire ensemble.  

 

Sous la plume de Durand-Souffland, le récit coule et les mots claquent. D'humanité, souvent, quand Dupond-Moretti évoque ses clients ou ceux des autres, les victimes ou les témoins... Tous ces gens ordinaires à qui il arrive un jour l'extraordinaire. « Les avocats pénalistes partagent la même vision singulière de l'humanité. Le manichéisme leur est parfaitement étranger, les êtres ne se distinguent pas entre bons et mauvais, gentils et méchants, innocents et coupables (... ). Les pénalistes ne font pas profession de se vautrer dans la morale alors que l'époque nous y invite tous. » Les personnages croisés au fil de ces pages vous prennent à la gorge. On a parfois envie de les aider, de les protéger, de... les défendre.

  

Et la colère, bien sûr. Contre l'institution - les institutions - les petites et les grandes lâchetés ou ce qui en découle : l'injustice. Et ici comme à l'audience, Éric Dupond-Moretti considère que la charge de la preuve revient à l'accusation. Alors, il balance : « Les assises sont gangrenées par le même mal qui ronge toute la magistrature : le corporatisme. Aujourd'hui encore, on a du mal à acquitter. » Sous-entendu : même les innocents. « Le verdict d'innocence est perçu comme le désaveu du juge qui a instruit le dossier et renvoyé l'accusé devant la juridiction de jugement, du procureur qui a suivi l'affaire, de la chambre de l'instruction qui a validé la procédure et, in fine, de l'avocat général. »

 

Les failles...

 

Il écrit : « Je rencontre souvent des présidents médiocres, parfois des présidents tricheurs. » Ou encore : « Les dérapages peuvent parfois aller très loin. » Mais aussi : « Je suis fasciné chaque fois que je rencontre un magistrat d'exception qui se dépouille de ses a priori. » Et chaque fois, il explique, raconte, s'appuie sur ce qu'il a vécu, gagné ou souffert. En un mot, il se livre. Jusqu'au plus intime : pour la première fois, il lâche l'une de ses failles les plus profondes, quand sa vie a failli basculer par la faute d'un « coup fourré » monté contre lui, qui n'est pas à la gloire des autorités.

     

La sincérité

 

La sincérité est obligatoire. Ou du moins son impression. Justement parce que souvent, il est du côté de celui « que l'on appelle le monstre ». Et qu'il ne sert à rien de crier à la barre, comme il le rappelle : « Acquittement, acquittement ! ». Souvent dégoulinant de sueur, jurant comme un charretier, jouant la provocation jusqu'à l'agacement, il est la bête de somme des assises. Mais il livre aussi sa fragilité qui se trahit « dans la peur de faillir ». Le colosse de Lille qui totalise plus de cent acquittements depuis près de trente ans, vient de signer chez Michel Lafon, avec Stéphane Durand-Souffland, le chroniqueur judiciaire du Figaro, Bête noire, condamné à plaider.

  

« On l'a écrit un peu quand on a pu, entre deux procès, car nous n'avons pas beaucoup de temps », explique l'avocat du Nord qui s'échappe quand il le peut dans sa ferme de cht'i. Sa vocation de pénaliste ? Révélée à 15 ans, le 28 juillet 1976, jour où la tête de Christian Ranucci, l'homme au pull-over rouge fut tranchée par la société.

  

Au carrefour, surgissent aussi d'autres brisures qui furent des leviers pour ce fils d'immigré italien venu dans les Flandres. Comme la mort d'un père à quatre ans sur laquelle sa pudeur ne dira que trois lignes. Puis des petits boulots qui lui ont permis de fréquenter « ses futurs jurés » sans perdre le contact avec la « vraie vie ». Enfin, le chemin du droit. « Je suis sorti dernier du classement du barreau de Lille », confesse celui qui voulait s'inventer un destin de pénaliste.

  

« Acquittador »

  

On connaît la suite. Évitant l'écueil de la biographie pompeuse ou des mémoires, la Bête noire est un tableau impressionniste.« Il raconte peu de lui et nous avons commencé par reprendre les échecs plutôt que les victoires », souligne Stéphane Durand-Souffland qui a savamment distillé l'ensemble en petites touches.

 

Entre les deux amis qui se vouvoient encore, l'écriture a été pétrie des angoisses des salles d'audience. Des soirs d'euphorie où les acquittements étaient obtenus. Des défaites, aussi. « Ce qui marche chez Dupond, c'est la sincérité que sentent les jurés, il est authentique, pour ceux qui le connaissent, derrière le côté bourru, il y a un homme d'une profonde gentillesse », poursuit-il.

 

Un surnom attribué par l'ancien bâtonnier de Marseille, Dominique Mattei, lui colle à la peau : « Acquittador », qui fut transformé par un journaliste en acquittator. « C'est sûr, je préfère cela à perd-tout-tator, mais je ne suis pas un Terminator car je ne suis pas un tueur », s'enflamme Eric Dupond-Moretti, qui refuse la connivence sans tomber dans la défense de rupture systématique.


Lieu géométrique du malheur


Dans treize chapitres, découpés comme autant de moments d'humanité, le défenseur emmène le lecteur dans des prétoires où se joue une violence inouïe dans un décor de cinéma où chacun incarne un rôle déjà écrit par l'arrêt de mise en accusation.


C'est dans ce monde feutré dépeint avec minutie, que l'avocat s'élève pour défendre un homme contre lequel les apparences sont parfois trompeuses.Un innocent se défend mal, souvent rappelle le défenseur. « Imprégnez-vous de cette atmosphère unique qui règne à la cour d'assises : les boiseries patinées sur les murs, les allégories pompières au plafond, la solennité des robes rouges rehaussées d'hermine, le langage châtié des professionnels, qui, parfois, jouent leur rôle comme s'ils étaient au théâtre, mais aussi le costume défraîchi de l'accusé encadré par deux policiers, ses mots maladroits et souvent inaudibles… », signale l'avant-propos.


C'est là, dans ce huis clos que Robert Badinter appelait « le lieu géométrique du malheur humain », que s'agite Dupond-Moretti, pour retourner une procédure et faire entendre la voix d'un homme. Forgeant l'intime conviction. Au-delà des coulisses de la justice, cette invitation faite au lecteur l'entraîne aussi dans la vie errante de l'avocat entamant son tour de France des assises.

  

Un jour à Marseille, rue Emile-Pollak, pour le procès Jacques Mariani, l'autre à Paris, sur l'île de la cité pour Yvan Colonna un autre enfin, dans son Nord natal pour faire éclater l'affaire d'Outreau. Un long passage dresse le réquisitoire de ce naufrage orchestré par le juge Burgaud et plus généralement la« bureaucratie judiciaire ».Taclant aussi au passage« certains policiers au-dessus des lois ».Ou dans un autre registre, le procureur Thorel, qui avait contribué à le mouiller dans une grossière manipulation.


De Colonna à Castela, « terroriste des prétoires »


Les affaires corses l'ont également rendu célèbre. « Je n'ai qu'un regret, c'est de ne pas avoir pu offrir le livre au regretté Me Vincent Stagnara », murmure Eric-Dupond-Moretti.

 

Faut-il rappeler qu'il avait obtenu l'acquittement de Jean Castela, impliqué dans la cellule nord du commando Erignac ? Il fut également présent au dernier procès d'Yvan Colonna, en juin 2011.

Dans les belles pages de la Bête noire, il y a aussi la réponse à une question banale : comment peut-on défendre un assassin ? Parce qu'un avocat n'est pas un moraliste. Qu'il ne doit pas plaider l'impossible. Et que la justice n'est pas une vengeance légale. Ces idéaux, Dupond sait les incarner, les défendre et les raconter. Bête de somme, homme en noir.

 

Source: http://www.corsematin.com/

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 12:55

"Un entretien éloquent" sur l'influence des médias, avec Bernard Stiegler... La deuxième partie de l'entretien censurée sur youtube est désormais disponible ici. Le philosophe y développe une critique très aiguisée et profondément acerbe des médias associés à la politique générale du pays.

 
          
 
   
  

  Un synopsis de Bernard GENSANE:

 
 

Bernard Stiegler est un penseur original (voir son parcours personnel atypique). Ses opinions politiques personnelles sont parfois un peu déroutantes, comme lorsqu’il montre sa sympathie pour Christian Blanc, un personnage qui, quels qu’aient été ses ralliements successifs, s’est toujours fort bien accommodé du système dénoncé par lui. J’ajoute qu’il y a un grand absent dans ce livre : le capitalisme financier.

   

Cet ouvrage a pour but de montrer comment et pourquoi la relation politique elle-même est devenue un marché parce que l’appareil télécratique, nous dit l’auteur, a « développé un populisme industriel qui engendre, à droite comme à gauche, une politique pulsionnelle qui a détruit le désir. » En Europe, entre un tiers et deux tiers des enfants ont désormais la télévision dans leur chambre (les trois-quarts dans les milieux défavorisés en Angleterre). Aux États-Unis, dès l’âge de trois mois, 40% des bébés regardent régulièrement la télévision.

  
En 2004, Patrick Le Lay, ancien directeur de TF1 expliquait que le populisme industriel était devenu la loi de notre époque, les citoyens s’étant effacés devant « le temps de cerveau disponible ». Les consommateurs de la télécratie sont ainsi, et se sentent, irrémédiablement tirés vers le bas, ce qui provoque une réelle souffrance. Ils souffrent d’être seuls devant leur télé, tout en ayant le sentiment d’appartenir à une « foule artificielle d’où surgissent des processus d’identification régressive. »

  

Court-circuités en tant que représentants d’organisations sociales par le temps réel et le direct des médias de masse (ce qui les conduit à produire une pensée sous forme de slogans, par exemple), les représentants politiques ont tendance à court-circuiter à leur tour les organisations politiques qui les ont mandatées. Les présidentiables, nous dit Stiegler, recherchent les faveurs du quatrième pouvoir, en osmose désormais totale avec le pouvoir industriel et capitalistique, en « faisant de la télé-réalité politique, cultivant leurs personnages et leurs discours dans le sens de ce qui détruit l’opinion et avec elle la démocratie. Le peuple n’existe plus : il est remplacé par une population en attente de spectacles.

  

C’est parce que les liens sociaux ont été détruits par la télécratie que la répression est vouée à proliférer. Les politiques ne traitant jamais les causes des comportements déviants “ barbares ” (y compris ceux des patrons voyous) mais leurs effets.

 

  

Les blogs des politiques sont des simulacres qui imposent des modalités de fonctionnement inspirées des techniques de communication mises en œuvre par les industries de programmes. Ces blogs ne proposent pas des programmes politiques (on utilise désormais le mot “ logiciel ” en lieu et place de programme), mais des réponses individualisées. Ce qui renforce tous les communautarismes, pas seulement ceux spécifiquement “ ethniques ”. La défense de la consommation, du “ pouvoir d’achat ” devient alors le commencement et la fin de la “ politique”. Le marché, explique Stiegler, est désormais « l’unique horizon de toute identification collective ». La commercialisation (le marketing, pour parler la langue du dollar) crée du manque qu’il comble par un autre manque, ce qui débouche sur une consommation addictive, y compris pour la politique passée par le tamis de la télécratie. Tous les « segments de l’existence humaine » sont devenus des marchés. Les politiques ont intériorisé cet état de fait en ne voyant pas que leur « impuissance publique » n’était que la traduction de leur impuissance (acceptée) politique.

  

Cette télécratie est le corollaire superstructurel de la société de marché, cette société qui, bien sûr, creuse les inégalités et qui, selon l’auteur, « pose comme principe fondamental que l’individu se fait par le marché ». Stiegler dénonce, dans ce contexte, « l’explosion de l’espace et du temps publics ». Le consommateur, qui n’est pas un citoyen, n’a plus aucune prise sur ce qu’il utilise : transports privatisés, nourriture industrielle, thérapies géniques, services médicaux etc. Il tend à ne plus y avoir, prévient Stiegler, d’action publique. Les privatisations (sans parler des délocalisations) renforcent la division industrielle du travail. Étant progressivement dépossédé de la responsabilité de son savoir, le travailleur n’est plus un ouvrier qui « ouvre le monde ». L’objet lui échappe en même tant que sa fabrication.

 

B.Gentiane pour http://www.legrandsoir.info/

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 16:03

« Nous avons besoin de votre soutien. » 


 

Cinquième site le plus visité au monde, Wikipédia est aussi la Sagrada Familia du numérique : un chantier permanent, jamais achevé. Mais depuis quelques mois, l'édifice subit les assauts d'une météo défavorable. En Italie, le site est menacé par un texte de loi qui pourrait le forcer à retirer des articles en cas de plainte. Le plus gros danger rôde aux Etats-Unis où, depuis quelques temps, l'encyclopédie perd des contributeurs : soit le socle même de son système participatif.

 

"Wikipédia représente pour l'heure un accès à la connaissance absolument prodigieux". Régulièrement mis à jour, cette encyclopédie sert essentiellement les intellectuels, les professeurs, les philosophes, les étudiants et même les autodidactes... Une machine à fabriquer des esprits critiques et réfléchis en grand nombre !

 

Il n'est guère étonnant que ce site dédié au savoir et à l'économie contributive soit vu d'un très mauvais oeil par les agents du système consumériste (politiques, dirigeants, libéraux, etc...), qui cherchent probablement une façon de le démanteler sans choquer l'opinion publique !

 

Comme rien n'est jamais acquis en matière d'émancipation par l'instruction, j'en appelle donc à tous les amoureux de la connaissance pour qu'ils contribuent à "soutenir intellectuellement", ou de toute autre façon, ce site encyclopédique qui a accompagné bon nombre de nos enfants dans leurs scolarité... voire au-delà...

   

Lien vers Wikipédia, l'encyclopédie libre:

 

images wiki

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 10:50

Reportage et podcast de France inter: "La tête au carré".

 

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Pour le grand reportage de "La Tête au carré", Pascale Pascariello s'est intéressée ce mois-ci au créationnisme en Europe.

 

 

Le créationnisme, tout comme le mouvement pro-comportementaliste qui refuse la culture psychanalytique européenne, est une idéologie négationniste née aux États-Unis dans les catégories sociales "ultra conservatrices".

 

Issu des milieux évangéliques de la fin du XIXe siècle, cette doctrine rejette la théorie de l'évolution du scientifique Charles Darwin. Il s'agit, dans sa forme la plus fondamentaliste, d'une lecture littérale de la Genèse. Peu répandue en France, cette vision religieuse de l'évolution est néanmoins enseignée dans certaines écoles hors cadre. C’est le cas de l’Association des établissements scolaires protestants évangéliques francophones. Pascale Pascariello a rencontré dans l’un de ces établissements, en Alsace, enseignants et élèves. Étonnant moment passé dans cette école où la science est perçue comme une croyance !!
 
Mais le créationnisme n'est pas seulement réservé aujourd'hui aux évangéliques, il touche également les musulmans. Harun Yahyah, de son vrai nom Adnan Oktar, dirige une organisation au financement obscur dont le principal objectif est de démontrer que l'évolution n'est pas une doctrine scientifique, contrairement au Coran. Le reportage de "La Tête au carré" vous invite également à l'une de ses conférences, organisée dans un théâtre parisien.

Pascale Pascariello nous emmène finalement dans le premier musée créationniste européen, ouvert en 1996, à Umeá, ville universitaire au nord de Stockholm : bienvenue dans le monde des dinosaures.

 

- Enquête en compagnie du docteur en biologie Olivier Brosseau, et du paléoanthropologue Pascal Picq.

- "Le créationnisme, une réalité européenne", un reportage de Pascale Pascariello, réalisé et mis en ondes par Violaine Ballet.

 

Cliquez sur ce logo pour accéder à l'émission:

 

france inter

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 10:47

Comment gouverner des populations rétives ? En leur faisant peur. Une martingale qui remonte à loin et qui se montre toujours efficace. Jusqu’à quand ??


gauthier


Naguère, le religieux se mêlait intimement au politique, la peur de l’enfer était donc un puissant levier de gouvernance, personne n’ayant envie de finir au fond d’un chaudron à se faire taquiner le fion par des diables cornus aux tisonniers fourchus. En Occident, le spirituel s’étant depuis longtemps incliné devant le temporel, le bidule fonctionne évidemment moins bien. Mais le Système étant connu pour avoir de la ressource, il aura suffi de changer les données de l’équation pour que cette dernière perdure, la peur de la mort ayant remplacé celle de la damnation.

 

Ainsi, chassez le religieux par la porte et il revient derechef par la fenêtre : d’où cette peur mondialisée, insufflée par les USA, entité à vocation mondiale et messianiste se confondant, pour les âmes simples, avec cet « Occident » évoqué à l’instant. Ils sont le camp du « Bien ». Ceux qui s’opposent se retrouvent donc dans celui du « Mal ». Et ce « Bien » autoproclamé ne peut « avancer » que s’il a en face un « ennemi » à sa mesure. D’où cet extravagant défilé de diables peints sur les murs et jetés à la vindicte populaire : jésuites comploteurs, bolcheviks au couteau entre les dents et…maintenant, islamo-terroristes. En guise de piqûre de rappel, on rappellera justement qu’en Inde, celle des serpents cause bien plus de morts que la nébuleuse islamiste.

 

Il n’empêche, le monde anglo-saxon, jadis connu pour son indubitable respect des libertés individuelles, est devenu l’un des plus liberticides au monde. Loi des suspects,arrestations arbitraires, tortures officialisées dans des goulags secrets, etc. Pis,enclenchant la surmultipliée, la Maison blanche, pourtant en guerre permanente depuis 1776, porte le fer partout dans le globe. Que ce soit en Orient, en Afghanistan, dans les Balkans, et de façon larvée en Amérique du Sud. Et avec à chaque fois ce prétexte : « Si nous menons la guerre au terrorisme,c’est pour mieux vous protéger… » Mais nous protéger de quoi ? Les structures d’Al-Qaïda ont été détruites depuis 2003, nos meilleurs analystes de la DRI et de la DGSE l’ont depuis longtemps confirmé !

  

Ce n’est pas demain que des Talibans à mobylette parachuteront leurs troupes d’élite sur Time Square. On nous fait peur avec la « stratégie conquérante » de l’islam,mais qui dit « stratégie » dit « stratège »… Et si le Vatican peut avoir une stratégie – le Pape a une diplomatie, des moyens, une adresse, un numéro de portable – les musulmans et encore moins leurs « terroristes » n’ont rien de tout ça. "Pas de stratège, donc pas de stratégie." Accuser l’adversaire de ses propres turpitudes, vieille ruse dialectique que les marxistes-léninistes ont si souvent employée, et qui ressert aujourd’hui à ceux dont les stratèges ont les moyens de leur stratégie : les tenants du Nouvel ordre mondial dont le pavillon américain n’est, en l’occurrence, que de complaisance. La ficelle est grosse ; du genre de ces histoires qu’on raconte aux enfants afin qu’ils finissent leur soupe...

 

Soupe mondialiste qu’on entend nous faire avaler de force pour notre bien. Sous la contrainte de la peur, celle qui est communément la mieux acceptée. Un peu comme si on demandait à une femme violée de faire semblant d’éprouver le grand frisson... En bref, une infamie !

 

Nicolas GAUTHIER, pour la revue FLASH -

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20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 11:53

Peurs, jalousies, envies... Quand les éléments dynamiques de notre pays se heurtent aux adeptes de l'inertie, c'est toute une population qui en souffre ! En voici un bel exemple avec l'artiste Castelli, brillant peintre faisant face à ses détracteurs avec courage et ténacité :

 

 

Les villages des toiles de Stéphane Castelli sont le fruit d'un seul trait.
Les villages des toiles de Stéphane Castelli sont le fruit d'un seul trait. (© D.R)
 

Arstiste figuratif qui travaille sur l'architecture dans sa version épurée et revisitée, Stéphane Castelli a mis du temps avant de faire de sa passion un métier. Son parcours, atypique, s'est dessiné entre Rouen, Le Havre, Marseille et Lille, avant de s'arrêter à Lézignan en 2008.

 

Titulaire d'une thèse en Droit, mais non éligible à une bourse d'études, il décide d'arrêter son activité de contractuel dans l'enseignement en 2010 pour s'installer en tant qu'artiste peintre.

 

En 2 ans, sa reconnaissance explose, nationalement, et même au-delà des frontières. Il est primé au 150e salon de la Société Nationale des Beaux-Arts (SNBA), dont il fait désormais partie et qui s'est tenu au Carrousel du Louvre en 2011. Ce mois-ci, il participe à la manifestation Amfitrions, qui regroupe dans le château de Montesquiu, près de Barcelone, 25 artistes primés en France. La nature de ses toiles, proches de la calligraphie, lui permet également d'être très apprécié au Japon, où il est invité à participer à une exposition prestigieuse, dans un château classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

 

Malgré ce parcours encourageant, Stéphane Castelli éprouve une étrange difficulté pour exposer dans sa ville : "Dans le département, j'arrive à trouver des lieux qui m'accueillent, comme El Indalo à Pieusse, La porte d'Amont à Mirepoix ou encore Chez Poulet au phare sud de Gruissan, mais impossible d'accrocher mes toiles à la Maison Gibert, ou pendant le week-end de l'Art dans le Ruisseau".

 

Pour le jeune artiste, une explication existe, sans toutefois qu'il ne la comprenne : "Les artistes locaux font tous partie des comités de sélection des divers lieux d'exposition. Ils peuvent ainsi bloquer tel ou tel artiste à leur aise. Je fais donc apparemment les frais de leur stratégie, sans comprendre pourquoi".

 

Surpris par cette animosité, qu'il ne retrouve pas au niveau international, le peintre trouve simplement dommage de ne pas pouvoir exposer dans une ville qu'il participe désormais à faire connaître en France, et dans le monde.

 

Qu'importe, Stéphane Castelli continue sa route, projetant de créer bientôt un collectif ('Les nouveaux figuratifs') composé d'artistes français, espagnols et américains. Au sein d'un univers où il est si difficile de durer, il espère faire long feu !

 

Et dans ses toiles où l'imaginaire pur côtoie les formes de villages existants, peut-être aurons-nous la fierté de reconnaître un jour les contours de la capitale des Corbières.

 

Germain Cauffopé pour midilibre.fr

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 14:29

"Les jeux vidéo seraient des déclencheurs d'agression. Les mécanismes d'identification aux personnages sont favorisés par un réalisme qui ne cesse d'être amélioré." La sonnette d'alarme fut déjà tirée par des sociologues, des scientifiques et des psychanalystes il y a quelques années... n'est-il pas trop tard pour en tirer les leçons ?


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© Rockstar Game Distribution

Grosses voitures, armes à feu, sexe et corruption : les dernières générations de jeux vidéo (ici le « héros » de Grand Theft Auto iv) font du crime et de la violence leur principal argument de vente. Des études scientifiques révèlent que ces supports entraînent une augmentation des violences.

 

L'auteur, pour cerveau et psycho.fr:

 

Laurent Bègue est professeur de psychologie sociale à l’Université de Grenoble, où il dirige le Laboratoire interuniversitaire de psychologie : personnalité, cognition, changement social (EA 4145).

 

- Un premier exemple du réalisme des jeux violents:

 

 

  • À l’occasion de la sortie du jeu vidéo Grand Theft Auto IV (theft signifiant vol), médias, opinion et politiques se sont interrogés : ce type de jeu rend-il violent ?

 

Est-il susceptible d’encourager un passage à l’acte chez certains utilisateurs ? Ou au contraire, comme certains l’ont prétendu, fait-il office d’exutoire en permettant de vivre par procuration des actes illicites ? Les sceptiques vous répondront qu’il ne fait que refléter la violence environnante et que les critiques indignées qu’il engendre ne servent qu’à masquer des problèmes sociaux réels.

 

Rappelons que le jeu Grand Theft Auto IV atteint un degré de réalisme inégalé. Les vices urbains que l’on y rencontre existent bel et bien aujourd’hui : gangs, drogue, prostitution, trafics, violence. D’autres jeux vidéo, commercialisés ou conçus par des amateurs et téléchargeables gratuitement, tirent également leur inspiration de la brutalité de l’actualité mondiale. Dans Kaboom : The suicide bombing game, jeu qui s’ouvre sur la caricature de feu Yasser Arafat, le joueur dirige un kamikaze arabe évoluant dans une ville. Son objectif : tuer le maximum de personnes. Après chaque explosion, le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants tués et blessés par l’explosion est comptabilisé. Dans Virginia-tech massacre game, le joueur incarne Seung-Hui Cho, auteur de la tuerie la plus meurtrière de l’histoire des États-Unis. Le jeu consiste à abattre le maximum d’étudiants croisés sur le campus. Si ces logiciels sanglants témoignent de l’ubiquité d’une violence humaine certes ancienne, ils posent néanmoins une question : les jeux vidéo violents rendent-ils la société plus violente encore ?

 

  • Évaluer les risques objectivement

 

Cette question reçoit deux sortes de réponses. La plus courante consiste à sélectionner des événements personnels et à s’en servir, dans un sens ou dans l’autre. Sur les forums de jeux vidéo, de nombreux utilisateurs témoignent d’une pratique assidue des jeux violents tout en ironisant sur les effets prétendument délétères que déplorent certains spécialistes, en concluant : « Je n’ai jamais tué personne ! » Une variante de ce type de raisonnement consiste à invoquer des faits d’actualité, par exemple le meurtre d’un homme au volant de sa voiture par deux jeunes aficionados de Grand Theft Auto III en 2003.

 

Inversement, certains opposent que l’auteur du massacre de Virginia Tech en 2007 n’était nullement adepte de jeux vidéo violents. Cette approche des liens entre jeux vidéo et violence est fondamentalement erronée, car elle ignore la signification de ce que l’on nomme les facteurs de risque. Au même titre que la maltraitance familiale, la consommation d’alcool ou les frustrations sociales (voir l’encadré pages 18 et 19), la pratique de jeux vidéo violents peut être considérée comme un facteur de risque. Cela signifie que les jeux vidéo augmentent, de façon indépendante ou éventuellement en interaction avec d’autres facteurs, la probabilité d’un passage à l’acte violent.

Lorsqu’il s’agit d’homicides ou de violences extrêmes, il y a généralement présence de plusieurs facteurs de risque. Ces actes sont rarissimes (en France, il y a en moyenne un millier d’homicides par an), et la probabilité qu’un joueur assidu blesse grièvement ou tue quelqu’un est minime, s’il ne présente pas d’autres facteurs de risque importants. N’en déduisons pas que les jeux vidéo ne stimulent pas son agressivité à court ou à long terme, mais simplement que ces effets porteront sur des pensées, des émotions ou des conduites agressives moins spectaculaires. Dans les faits d’actualité, on constate que de nombreux auteurs de fusillades dans les écoles étaient généralement adeptes de jeux vidéo violents, mais qu’ils présentaient également plusieurs autres facteurs de risque.

 

Une autre façon d’établir un lien éventuel entre les jeux vidéo et le comportement d’agression (défini comme une action réalisée avec l’intention de blesser quelqu’un) consiste à s’appuyer sur l’une des trois méthodes scientifiques à la disposition des psychologues. La première est la méthode expérimentale : des personnes sont placées devant un écran où elles jouent pendant une quinzaine de minutes à un jeu vidéo violent. D’autres jouent, dans des conditions identiques, à des jeux vidéo neutres. Ensuite, on compare leurs comportements d’agression. Les niveaux de difficulté, d’excitation ou de frustration associés à ces jeux devront être équivalents afin que l’on ne puisse attribuer les différences observées qu’au degré de violence véhiculé par le jeu : toute différence de comportement entre les personnes des deux groupes est alors directement imputable au type de jeu pratiqué.

 

La deuxième méthode, dite transversale, consiste à recueillir des informations sur les comportements agressifs d’un certain nombre de sujets étudiés (en les interrogeant ainsi que leur entourage, leurs professeurs, etc.) sur le type de jeux vidéo qu’ils pratiquent, ainsi que sur le temps moyen qu’ils y consacrent. Dans ce type de statistiques, on veille aux biais connus, notamment au fait que les garçons jouent plus aux jeux vidéo violents et sont plus agressifs verbalement et physiquement, en moyenne, que les filles.

 

Avec la troisième méthode, dite longitudinale, on recueille des informations à plusieurs reprises auprès des mêmes personnes. On détermine ainsi, non seulement s’il existe un lien entre les jeux vidéo et l’agression, mais aussi comment on peut l’interpréter. Si l’on constate qu’une personne joue à des jeux vidéo une année donnée et que ses actes violents augmentent l’année suivante, on peut supposer que la pratique de ces jeux vidéo en soit la cause (indépendamment du niveau d’agression mesuré la première année).

 

Les analyses de contenu des jeux vidéo commercialisés montrent que la violence constitue le thème principal de plus de la moitié des titres les plus vendus au monde. Le succès colossal enregistré par Grand Theft Auto IV (le produit culturel le plus vendu au monde en 2008) confirme cette tendance. Dans ce jeu, la plupart des missions requièrent de tuer ou d’agresser violemment des gens (par exemple, trouver quelqu’un dans New York et l’éliminer, protéger quelqu’un en supprimant ses adversaires, braquer un fourgon, punir les commerçants qui s’élèvent contre le racket, etc.). Rien ne vous empêche d’acheter les services d’une prostituée, puis de la cribler de balles avant de récupérer votre argent. Ou de conduire sur les trottoirs et d’écraser les piétons, dont le sang vient alors maculer le pare-chocs et le pare-brise du 4 ¥ 4 que vous venez tout juste d’arracher à son propriétaire.

  

- Un deuxième exemple de jeu violent très réaliste:


  
  • L’impact du sang virtuel

 

Le premier jeu violent commercialisé en 1976, Death Race, consistait déjà à écraser des piétons avec une voiture. Mais en 30 ans, la qualité graphique et sonore de la violence s’est considérablement améliorée ! Selon le journaliste et historien des jeux vidéo Steven Kent, un tournant s’est opéré en 1992 avec le jeu Wolfenstein 3d (w3d), bientôt suivi de Doom, en 1993, où pour la première fois le joueur « était » le personnage dont il contrôlait l’arme à feu.

 

Dans ce type de jeu, le joueur voyait l’action comme s’il portait lui-même l’arme servant à tirer, et évoluait librement dans un univers à trois dimensions. Alors que dans Death Race et beaucoup d’autres jeux qui ont suivi, les personnages abattus disparaissaient (laissant parfois sur l’écran une petite stèle funéraire ornée d’une croix), dans w3d, ils tombaient par terre et perdaient leur sang. En 1999, le jeu Soldier of Fortune améliorait remarquablement le sanglant réalisme : créé en collaboration avec un ancien colonel de l’armée américaine, il permettait au joueur aguerri d’abattre son adversaire en visant l’une des 26 « zones létales » du corps qu’il était possible de blesser. Les victimes réagissaient avec vraisemblance aux différents coups de feu selon la partie du corps touchée, l’arme utilisée et la distance de feu.

 

Le caractère particulièrement sanglant de certains jeux n’est pas sans conséquences. Dans une récente étude, Christophe Barlett et ses collègues, de l’Université de l’Iowa, ont fait jouer des participants à un jeu violent classique, Mortal Kombat. Dans ce jeu, il est possible d’abattre les ennemis sans voir le sang couler. Mesurant la pression sanguine des joueurs avec l’option « sang » activée, ils ont observé une plus grande activation physiologique que lorsque l’option « sang » était désactivée. En outre, l’hostilité des joueurs en condition « jeu sanglant » augmentait, et ils avaient davantage de pensées agressives après le jeu, indépendamment de leur caractère agressif intrinsèque, mesuré au début du jeu.

  

Cet effet du sang observé existe-t-il aussi au cinéma ? Pour le savoir, Stephen Black et Susan Bevans, de l’Université Bishop, se sont postés à l’entrée d’un cinéma et ont demandé aux spectateurs de répondre à un questionnaire de personnalité et d’indiquer le film qu’ils venaient voir. Ils ont constaté que les films comportant des scènes violentes étaient d’autant plus appréciés par les spectateurs qu’ils avaient un niveau élevé sur une échelle d’agressivité. Ce résultat traduit un élément qu’il faut prendre en compte avant d’affirmer que les films ou les jeux vidéo rendent violents : ils sont davantage recherchés par les personnes qui ont des tendances violentes.

 

Dans une recherche réalisée auprès de 300 adolescents scolarisés aux Pays-Bas, Jeroen Lemmens, de l’Université d’Amsterdam, a montré que ceux qui aiment les jeux vidéo violents sont le plus souvent des garçons ayant un niveau d’agressivité élevé et un niveau d’empathie bas. D’autres recherches ont montré que les enfants adeptes des jeux vidéo violents ont davantage de conflits avec leurs enseignants, sont plus agressifs verbalement et physiquement. Dans une étude effectuée auprès de 1 254 adolescents âgés de 12 à 14 ans, Lawrence Kutner et Cheryl Olson, de la Faculté de médecine de Harvard, ont mis en relation divers problèmes de comportement avec la pratique de jeux vidéo violents. Ainsi agression, délinquance et utilisation de jeux vidéo semblent bien liées.

 

  • Créer des pensées agressives

 

Des études ont été également effectuées afin d’estimer les raisons invoquées par les enfants et adolescents qui jouent à des jeux vidéo violents. L’un des élèves interrogés par Elly Konijn et ses collègues, de l’Université d’Amsterdam, disait : « J’aime beaucoup Grand Theft Auto parce qu’on peut tirer sur les gens et rouler à toute vitesse dans des voitures. Quand je serai plus grand, je pourrai faire cela aussi. » Dans leur étude, L. Kutner et C. Olson ont distingué quatre motifs recherchés par les enfants : l’excitation et le plaisir (ils jouent pour gagner, arriver à terminer la partie) ; l’aspect social (ils aiment jouer entre amis) ; les émotions ressenties (ils jouent pour calmer leur colère, oublier leurs problèmes, se sentir moins seul) ; ils jouent pour ne pas s’ennuyer (pour tuer le temps).

 

Tout cela suggère que la pratique des jeux vidéo violents est liée à certaines variables de personnalité et revêt des significations différentes selon les joueurs. En tant que tels, bien qu’ils ne permettent pas de déterminer si les personnes agressives jouent de préférence à des jeux violents ou si ces jeux les rendent violentes, ils contredisent le rôle cathartique fréquemment attribué aux jeux vidéo (voir l’encadré page 16).

Indépendamment des prédispositions initiales à la violence, qui orientent effectivement le choix des jeux, existe-t-il des preuves d’un effet causal des jeux vidéo sur les pensées et les émotions agressives ? Une première étude illustre l’effet des jeux vidéo sur les pensées agressives. Les psychologues américains Craig Anderson, de l’Université de l’Iowa, et Karen Dill, de l’Université Lenoir Rhyne, en Caroline du Nord, ont montré que des personnes venant de jouer à un jeu violent identifient plus rapidement des mots violents projetés sur un écran : leur esprit est donc « préparé » à penser de façon violente. Il s’agit de ce qu’on nomme un amorçage de pensées agressives, qui a de multiples conséquences.

 

Une étude comparable a été réalisée par Steven Kirsh, de l’Université de New York, auprès d’enfants âgés de 10 et 11 ans. Après avoir joué à un jeu neutre ou à un jeu violent, les enfants devaient lire des histoires où un personnage était responsable d’un incident, sans que l’on puisse décider si cela était intentionnel ou non. Les volontaires ayant joué à un jeu violent imputaient davantage d’intentions négatives à ce personnage. Ce type de biais n’est pas sans conséquences, de nombreuses études révélant que l’attribution de pensées hostiles à autrui constitue un facteur décisif dans les conduites agressives.

 

Les effets des jeux vidéo violents s’expriment également au plan émotionnel. C. Anderson a ainsi montré que le degré d’anxiété et d’hostilité de personnes ayant joué à des jeux violents était significativement supérieur à celui de personnes ayant joué à un jeu neutre. Dans une vaste analyse des travaux scientifiques réalisés sur ce sujet (impliquant au total 1 495 participants), C. Anderson et B. Bushman ont établi un lien statistique entre la pratique de jeux vidéo violents et la fréquence des pensées agressives.

 

  • De la pensée agressive au comportement violent

  

Les psychologues américains Roland Irwin et Alan Gross, de l’Université du Mississippi, ont laissé des enfants de huit ans jouer à un jeu vidéo excitant pendant 20 minutes. Certains jouaient à un jeu violent (le jeu de combat intitulé Double Dragon), tandis que d’autres s’amusaient à un jeu non violent (Excitebike, une course de moto). Ensuite, on les conduisait dans une salle de jeu où ils étaient filmés à leur insu pendant 15 minutes en train d’interagir avec d’autres enfants. Des observateurs extérieurs ont ensuite noté divers aspects de leurs comportements (en comptabilisant les gestes tels que taper, secouer, donner un coup de pied, pincer, etc.). Les résultats ont révélé que les enfants ayant joué au jeu de combat commettaient deux fois plus d’actes agressifs que ceux qui avaient joué à la course de moto.

  

Ainsi, certaines recherches ont montré un lien entre la pratique de jeux vidéo violents et les cognitions agressives, d’autres un lien entre la pratique de jeux vidéo violents et le comportement agressif. Dans une étude récente réalisée à l’Université de Grenoble, nous avons fait l’hypothèse que les pensées hostiles suscitées par la pratique des jeux vidéo faisaient le lien entre les jeux violents et le comportement agressif. Dans notre étude, après une phase de familiarisation, 136 hommes et femmes adultes jouaient durant 20 minutes – la phase préparatoire – à un jeu identifié comme violent (Condemned 2, Call of Duty 4 ou The Club) ou à un jeu non violent (une simulation de course de voiture, par exemple, s2k Superbike, Dirt 2, etc.).

 

Ensuite, les participants devaient lire deux scénarios ambigus et imaginer la suite de l’histoire. Par exemple, dans la première histoire, un conducteur heurtait l’arrière de la voiture du personnage principal. Après avoir constaté les dégâts, les deux conducteurs s’approchaient l’un de l’autre. On demandait ensuite aux participants de décrire en 20 points ce que le personnage principal allait dire, penser ou faire dans les minutes qui suivaient. Dans une deuxième étape de l’expérience, chaque participant réalisait une tâche compétitive contre un partenaire : il devait appuyer aussi vite que possible sur une touche dès qu’il percevait un signal sonore. Le perdant recevait un son désagréable dans les oreilles, diffusé par des écouteurs.

 

Les participants croyaient que l’intensité du son avait été choisie par leur adversaire. La mesure d’agression était l’intensité sonore (de 60 à 105 décibels, soit l’équivalent d’une alarme à incendie) et la durée (de 0 à 5 secondes par intervalles de 500 millisecondes) que le sujet choisissait de faire subir à son (faux) adversaire, lorsque celui-ci perdait (des études préalables indiquent que cette mesure est liée à des actes agressifs dans la vie réelle). Les résultats ont montré que les participants ayant joué à un jeu vidéo violent, quel que soit leur sexe, avaient davantage de pensées agressives et agressaient davantage leur adversaire.

 

Dans une autre étude reposant sur la même méthode, réalisée par E. Konijn, les joueurs qui s’identifiaient au personnage du jeu étaient plus violents par la suite. En outre, si le jeu était réaliste et « immersif » (il plongeait complètement le joueur dans l’ambiance), les joueurs s’identifiaient davantage au personnage violent qu’ils commandaient. Si l’on observe les résultats des études publiées depuis 20 ans, on constate que non seulement il existe le plus souvent un lien avec la pratique de jeux vidéo violents, mais aussi que l’intensité de ce lien augmente. Il apparaît ainsi que plus le jeu est réaliste, plus son effet sur l’agression est élevé.

Le neuroscientifique Christopher Kelly et ses collègues de l’Université Colombia ont étudié le fonctionnement du cerveau pendant la pratique de jeux vidéo. Ils ont constaté que les jeux diminuent l’activité d’un réseau cérébral qui inhibe l’agression réactive, c’est-à-dire la tendance à agresser quiconque est agressif à notre égard.

 

  • Des effets à long terme

 

Pour mesurer les effets des jeux vidéo à long terme, le psychologue américain Douglas Gentile et ses collègues, de l’Université de l’Iowa, ont interrogé 430 enfants âgés de 9 à 11 ans ainsi que leurs camarades et leurs professeurs, deux fois à un an d’intervalle. Ils ont montré que ceux qui jouaient davantage à des jeux vidéo violents lors du premier test attribuaient, un an plus tard, plus d’hostilité aux autres personnes qu’ils rencontraient, se montraient plus agressifs verbalement et physiquement, et étaient moins enclins à l’altruisme. Au total, plus de 8,5 pour cent des actes violents mesurés après un an étaient expliqués par la pratique de jeux vidéo violents au cours de l’année écoulée.

 

Comment les jeux vidéo entraînent-ils de tels changements ? Les effets à court terme impliquent essentiellement l’amorçage de concepts agressifs, l’activation physiologique et l’imitation ; les effets à long terme, quant à eux, concernent les croyances et les attitudes agressives ainsi que les schémas de perception et d’attentes agressives. Ainsi, le comportement agressif est jugé davantage justifié, le registre de l’agression apparaît automatiquement en cas de conflit, et des intentions hostiles sont fréquemment attribuées à autrui lorsqu’une situation ambiguë se présente.

  

  • Les jeux vidéo désensibilisent à la violence

 

Un autre mécanisme clé est lié au phénomène de désensibilisation. Dans une étude réalisée par Nick Carnagey, de l’Université de l’Iowa, on demandait à des volontaires de pratiquer des jeux violents pendant 20 minutes, puis d’observer des scènes de violence réelles pendant dix minutes, tandis que l’on enregistrait la conductivité de leur peau (un signe d’émotivité) et leur rythme cardiaque. Les résultats ont montré que les personnes ayant joué à un jeu vidéo violent étaient moins sensibles à la violence que les autres : la conductivité de leur peau restait faible et leur rythme cardiaque lent.

 

Le psychologue américain B. Bartholow a d’ailleurs montré que le cerveau des joueurs réguliers est comme désensibilisé aux images de violence qu’on leur projette, et que ces personnes se montrent plus agressives dans un test d’agressivité proposé juste après. De tels effets sont indépendants du tempérament initial (plus ou moins agressif) de la personne. Les jeux vidéo ont ainsi des effets non négligeables sur le long terme.

 

Si nous sommes aujourd’hui obligés de nous poser la question de l’impact des jeux vidéo violents, ce n’est pas pour nourrir une polémique stérile. Nous y sommes obligés parce que les données scientifiques sont très convergentes, et que la plupart des adolescents et de nombreux adultes pratiquent ces jeux assidûment, parce que le temps qui leur est consacré en une journée augmente, et parce que les restrictions diverses (les limites d’âge imposées) sont inopérantes. Selon une enquête américaine, 68 pour cent des garçons et 29 pour cent des filles d’un échantillon d’enfants âgés de 12 à 14 ans ont joué à des jeux interdits aux moins de 17 ans. Enfin, puisque le réalisme d’un jeu est lié à son impact psychologique, les évolutions futures des jeux vidéo (le joueur sera de plus en plus immergé dans le jeu à cause de l’utilisation d’autres modalités sensorielles telles que le toucher) ne risquent pas d’apaiser une situation déjà peu rassurante…

 

Laurent Bègue pour cerveau et psycho.fr

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 14:51

Aujourd’hui, France culture a le plaisir de recevoir le psychanalyste Roland Gori et le sociologue Alain Caillé. Cliquez sur le podcast pour écouter l'émission:

   France-Culture

 

La France aime les manifestes... Il faudrait s’amuser à les compter depuis le Manifeste du surréalisme. Récemment sont parus le « Manifeste pour une santé égalitaire », le « Manifeste pour une Politique des métiers », et un « Manifeste du convivialisme » ! La France aime les Appels. Il faudrait s’amuser à les compter depuis l’Appel du 18 juin ! L’histoire ne se répétant pas, il n’est pas sûr que ce comptage serve à grand chose. Les appels se suivent et ne se ressemblent pas. Ils ont néanmoins un point commun si on les rapporte à la séquence historique qui les voit naître. Le Manisfete du surréalisme est impensable hors de la zone d’influence du mot Révolution. L’appel du 18 juin est impensable hors de l’effondrement national qui en est la cause. Que sont alors les manifestes et les appels d’aujourd’hui comparés à ces grands exemples. Ils ne tombent pas sous le coup de circonstances historiques aussi marquées. Cela est évident. Mais ils sont les symptômes d’un monde qui finit et d’un autre qui se cherche. Ce n’est pas un hasard si le président de la République dans son discours de Bordeaux du 15 novembre s’en est pris à ceux qui trahissaient - qui ? Les fraudeurs de la Sécurité sociale – l’héritage du Conseil national de la Résistance. Il s’en est pris en réalité aux auteurs du « Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire ».

 

Preuve que ses conseillers sont bien documentés, et qu’ils ont sans doute lu les autres Manifestes.

Aujourd’hui, nous recevons deux auteurs ayant écrit ou participé à des Manifestes. Mais leur activité de pensée et d’écriture ne s’arrête pas à ce genre de tâches.

 

Ce sont comme ont dit, deux auteurs engagés dans un travail personnel et collectif. L’un est psychanalyste et l’autre sociologue : j’ai nommé Roland Gori l'un des fondateurs de l'Appel des Appels et Alain Caillé, qui dirige la revue du Mauss. 

 

 Ils font tous les deux appel à la dignité de penser!

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