3 octobre 2013 4 03 /10 /octobre /2013 13:36

"A la faveur de la crise, les opinions publiques prennent conscience d'un fait : l'explosion démographique, la crise énergétique ou encore le changement climatique posent de sérieuses questions qu'il ne faut plus remettre au lendemain. De plus en plus de personnes en sont convaincues : la croissance illimitée n'est pas viable à long terme dans un monde où les ressources s'épuisent peut à peu. Il s'avère en outre que l'augmentation du PIB dans les pays industrialisés n'a abouti à aucune amélioration notable de la qualité de vie depuis les années 70. Se pourrait-il alors que la société de consommation ne tienne pas ses promesses de bonheur et que le bien-être ne soit pas inhérent à la croissance ?". Un reportage Arte Future.

 

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23 septembre 2013 1 23 /09 /septembre /2013 09:12

Bienvenue chez Goldman Sachs, le supermarché de la finance. Visitez chacun des rayons : on y trouve de tout, pour tout, partout. Et toujours, on passe à la caisse ! Cliquez ici pour des interviews indexés par secteur d'activité.

 

 

Goldman Sachs, la banque qui se prend pour Dieu, qui domine les médias et la politique dans le monde, serait-elle à l'origine de la perversion généralisée qui rêgne sur nos sociétés ?

 

 

  - Double cliquez sur la vidéo pour obtenir le plein écran -

 

   Depuis cinq ans, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs incarne tous les excès et dérives de la spéculation financière. Après s'être enrichie pendant la crise des « subprimes » en pariant sur la faillite des ménages américains, elle a été sauvée de la faillite grâce à ses appuis politiques. Quand le krach financier traverse l'Atlantique, Goldman Sachs devient l'un des protagonistes de la crise de l'euro en pariant contre la monnaie unique, après avoir maquillé les comptes de la Grèce. Quand les gouvernements européens tombent les uns après les autres, "la Firme" en profite pour étendre son formidable réseau d'influence sur le Vieux Continent.

 

 
UN EMPIRE INVISIBLE !

Plus qu'une banque, Goldman Sachs est un empire invisible riche de 700 milliards d'euros d'actifs, soit deux fois le budget de la France. Un empire de l'argent sur lequel le soleil ne se couche jamais, qui a transformé la planète en un vaste casino, pariant sur tout et n'importe quoi pour engranger toujours plus de profits. Grâce à son réseau d'influence unique au monde et son armée de 30.000 moines banquiers, Goldman Sachs a su profiter de ces cinq années de crise pour accroître sa puissance financière, augmenter son emprise sur les gouvernements et bénéficier de l'impunité des justices américaines et européennes.

  
Ce documentaire de Marc Roche, journaliste spécialisé au Monde, auteur du best-seller La Banque, et de Jérôme Fritel, est une plongée au cœur de ce pouvoir qui ne reconnaît aucune frontière, ni aucune limite et menace directement les démocraties. Les témoignages, à visage découvert, d'anciens salariés de Goldman Sachs, de banquiers concurrents, de régulateurs, de leaders politiques, d'économistes et de journalistes spécialisés dévoilent pour la première fois la toute puissance financière et politique de "la banque qui dirige le monde".

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19 septembre 2013 4 19 /09 /septembre /2013 11:03

La médecine moderne s'appuie sur des études réalisées à grande échelle, visant à aiguiller les décisions et à garantir la sécurité du patient. Pourtant, les erreurs se multiplient. Enquête sur les aléas de la "médecine factuelle".

 

 

 

En Europe, le nombre d’opérations chirurgicales n’a jamais été aussi élevé. Mais cela signifie-t-il que les patients sont mieux soignés ? De plus en plus fréquemment, les praticiens appliquent la "médecine factuelle" : des commissions établissent, à partir d’études cliniques et de statistiques, des lignes directrices auxquelles doivent se référer les professionnels de santé pour délivrer traitements et thérapies. Mais cette approche moderne, fondée sur la recherche de certitudes maximales, suscite la controverse. Laissant peu de place à la singularité de chaque individu, elle ouvre la voie à la standardisation des décisions. Pourtant, le cas particulier et isolé existe : il serait dangereux de le négliger ou de le traiter uniquement sur la base de conclusions qui s’appliquent au plus grand nombre.

 

Ellen, une adolescente qui souffre d’une maladie rare, a ainsi subi les effets secondaires d’un médicament inadapté à son cas. Les praticiens doivent donc prendre en compte le facteur humain : malgré l’efficacité de la technologie moderne, rien ne remplace l’expérience, l’intuition et un entretien consciencieux avec le patient. Certains détracteurs de la "médecine factuelle" voient d’ailleurs dans cette approche la suprématie de la rentabilité financière, car consacrer du temps à un patient coûte beaucoup d’argent.

 

Ce documentaire édifiant donne la parole à des médecins, chercheurs et patients, qui souhaitent revenir à un véritable "art de guérir" pratiqué au service de chacun.

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16 septembre 2013 1 16 /09 /septembre /2013 15:38

Huit mois après Britannica, l'encyclopédie Universalis arrête à son tour la version imprimée pour devenir 100% numérique. Microsoft Encarta jette l'éponge en 2011... Que faut-il penser de l'hégémonie "Wikipédia" ?

  

Universalis a décidé de cesser la publication de son encyclopédie papier pour devenir 100% numérique. (C) SIPA

Universalis a décidé de cesser la publication de son encyclopédie papier pour devenir 100% numérique. (C) SIPA
 

L'une après l'autre, les encyclopédies papier jettent l'éponge. Après Britannica en mars dernier, et Larousse qui était déjà passé au tout numérique sur ce créneau, Universalis a annoncé mardi 13 novembre qu'il arrêtait la diffusion de son édition physique. Près de 240 ans après l'achèvement du dernier volume du Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et D'Alembert, la France ne disposera bientôt plus d'aucun ouvrage papier collectif tentant de rassembler le savoir universel. Une révolution au pays des Lumières.

 

L'éditeur français ne rend pas pour autant complètement les armes dans l'univers de l'imprimé. Une septième et ultime édition en 30 volumes est lancée. Les collectionneurs en particulier apprécieront la démarche puisque les 999 exemplaires produits seront numérotés et accompagnés d'un certificat d'authenticité signé par l'éditeur. Cette dernière version imprimée de l'encyclopédie, 40 ans après la première édition complète, ne devrait pas avoir de mal à se vendre puisqu'elle sera proposée, uniquement en dehors du commerce, au prix de 1.494 euros, au lieu de 3.660 euros. Au moment où nous écrivons ces lignes, il ne restait plus que 743 exemplaires disponibles.

 

Hervé Rouanet, directeur général d'Universalis, explique les raisons du tournant stratégique pris par son entreprise :

 

 

Arrivée des CD-ROMs

 

La décision prise par Universalis d'arrêter son édition imprimée est en réalité l'aboutissement d'un long processus engagé depuis une vingtaine d'années. Car le déclin des éditions papier avait commencé dans les années 1990 face à la progression, déjà, du numérique. La démocratisation des ordinateurs et l'arrivée des CD-ROMs ont remis en cause le modèle économique traditionnel des éditeurs. Ainsi, alors que l'encyclopédie Universalis s'est écoulée à 700.000 exemplaires depuis sa création, les ventes culminent à 2.000 exemplaires par an en moyenne depuis 10 ans. Le public boude alors ces ouvrages devenus encombrants et trop chers. D'autant que dans l'intervalle, un redoutable concurrent gratuit est arrivé sur le marché.

 

A peine 11 ans après le lancement officiel de Wikipédia, aucune encyclopédie papier n'aura finalement survécu. Le site collaboratif créé en 2001 par Jimmy Wales et Larry Sanger a rencontré en quelques années un succès considérable, malgré les nombreuses erreurs relevées dans certains articles, inexactitudes ayant entamé la crédibilité du site. Il a permis l'accès rapide à un contenu imposant et très diversifié, tout en autorisant chaque internaute à modifier pratiquement toutes les entrées. Aujourd'hui, la version française compte plus de 1,3 million d'articles. Impensable pour des livres. A titre de comparaison, Universalis n'est composée "que" de quelques milliers d'articles. Résultat : Wikipédia est aujourd'hui le sixième site internet le plus visité au monde selon le spécialiste de la mesure du trafic Alexa.com.

 

Wikipédia dispose effectivement de nombreux avantages par rapport au papier : cette encyclopédie est accessible partout avec une connexion internet (pas besoin de transporter des volumes de plusieurs kilos), le passage d'un article à un autre se fait quasiment instantanément, le contenu est enrichi avec des photos, des fichiers sonores et des vidéos et, enfin, elle est mise à jour quasiment en temps réel. En fait, il s'agit d'un mix entre les atouts numériques du bon vieux CD (puis du DVD), associés aux avantages d'internet en matière de mise à jour et de collaboratif.

 

La contre-attaque des Anciens face au Moderne

 

Des DVD qui sont aujourd'hui également en difficulté, puisque les informations qu'ils contiennent ne s'adaptent pas assez rapidement à l'évolution des connaissances. A la fin de l'année dernière, Microsoft a renoncé à son encyclopédie numérique Encarta, pourtant pionnière dans le domaine avec une première version datant de 1993. Là encore, Wikipédia a fait de gros dégâts. Si Larousse et Universalis proposent encore des DVD, le marché risque, lui aussi, de disparaître à terme.

 

Les spécialistes du papier n'ont toutefois pas abdiqué face au site participatif américain. Car la fin du contenant ne signifie pas la fin du contenu. Les encyclopédies traditionnelles sont désormais entièrement numérisées. Depuis 2008, Larousse propose un site internet semi-collaboratif où se mêlent des articles d'internautes vérifiés par des spécialistes et des articles issus du corpus de l'éditeur. Le tout est proposé gratuitement et financé par la publicité. Larousse n'a donc pas hésité à s'inspirer de Wikipédia, tout en conservant ce qui fait sa force d'éditeur : la sélection et la vérification des données. Un reproche que l'on fait régulièrement à Wikipédia, très souvent sujet à la manipulation ou aux combats idéologiques entre contributeurs sur certaines entrées. Ce qui jette encore le trouble sur sa neutralité !

 

Universalis, de son côté, développe une stratégie similaire à celle de Britannica, une société sœur appartenant à la même holding que l'éditeur français. Le numérique représente déjà près de la moitié des 6 millions d'euros de chiffre d'affaires de l'entreprise prévu pour 2012. Son site destiné au grand public, Universalis.fr, reçoit près d'un million de visiteurs uniques par mois et totalise près de 10.000 abonnés à 79 euros par an. Car contrairement à Larousse, Universalis continue de faire le pari du payant. La société commercialise également une vingtaine d'ebooks (livres numériques) thématiques, sur Amazon notamment. Mais, conscient de la place prise dans le cœur du grand public par Wikipédia, Universalis a décidé de concentrer ses efforts sur le marché des professionnels de l'éducation, avec des offres adaptées aux bibliothèques, aux lycées et aux collèges.

 

Trois stratégies s'affrontent donc désormais dans le monde encyclopédique : le gratuit libre et collaboratif financé par les dons, le gratuit semi-collaboratif financé par la publicité, et enfin le payant non collaboratif. Des modèles économiques qui peuvent tout à fait cohabiter sur le long terme.  

 
Jean-Louis Dell'Oro pour Challenge.fr

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 10:37

Le système pyramidal et magistral hérité des monarchies est-il en voie d'extinction ? Comment revoir le rapport à la hiérarchie dans l'éducation comme dans les postes-clés, pour relancer l'innovation et le désir d'apprendre en Europe. Un chronique de Brice Couturier.

 

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-La "prestigieuse" Ecole polytechnique-

 

Par quel mystère - digne de celui de la Sainte Trinité-, un exécutif hyper-puissant s’incarne-t-il, chez nous, en deux personnes distinctes, dont l’une, le président de la République, est le successeur de nos anciens rois et, l’autre, le premier ministre, dirige le gouvernement dans la tradition républicaine ? 

 

Les Allemands s’inquiètent de leur Sonderweg, cet écart d’avec la norme européenne qui les a mis entre les mains d’Hitler. Les Français, eux, sont fiers de leur exceptionnalité. Pourtant, à vous lire, Peter Gumbel, il n’y a vraiment pas de quoi...

 

Selon vous : << Notre système est étatiste, il est élitiste, et c’est pourquoi il se trouve en porte-à-faux avec le reste du monde en ce début du XXI° siècle.>>

 

Etatisme : la France est l’un des rares pays au monde où la nation a été constituée par l’Etat et non l’inverse. Notre Etat est tout-puissant parce que la plupart des ménages et des entreprises en dépendent directement ou indirectement. Il l’est surtout parce que la caste minuscule de ses grands commis a pris le contrôle de tous les postes de pouvoir de la société. Quand 3 500 étudiants sortent, chaque année d’Oxbridge, et 24 000 intègrent les universités américaines de l’Ivy League, l’ENA distille une « super-élite » de 80 personnes et l’X ne produit que 400 ingénieurs, parmi lesquelles 15 énarques et 60 polytechniciens accèderont à la véritable aristocratie d’Etat – les grands corps. Mais on les retrouve partout : ils dirigent les banques, les grandes entreprises, les partis politiques, les administrations, les cabinets ministériels…

 

Quand l’économie moderne, fondée sur la connaissance et l’innovation, réclame d’énormes masses de diplômés, notre système scolaire et universitaire, à nous, est entièrement tourné vers la sélection d’une micro-élite, qui refuse toute évaluation des conséquences de ses décisions et ne paie jamais pour ses erreurs. Ezra Suleiman l’avait dit : « La France reste une des rares sociétés où l’appartenance à l’élite, une fois acquise, devient permanente. Cela garantit d’en être membre à vie et s’accompagne de nombreux avantages (réseaux de pouvoir, accès à des emplois réservés, merveilleuses sinécures, risque de chômage inexistant » (Schizophrénies françaises, p. 109)

 

Le système éducatif, pure machine à sélectionner, est d’une folle précocité : elle commence à trier dès la fin du collège. Et elle n’accorde pas de deuxième chance aux maturités tardives. Elle façonne, pour la vie, des personnalités stressées, entretenant un rapport trouble avec l’autorité – à la fois haïe, redoutée, jalousée et admirée, en tous cas jamais remise en cause ; elle contribue à bloquer l’innovation, dans un pays où toute initiative partant de la base est considérée comme une remise en cause de l’autorité des chefs et où le secret d’une belle carrière, c’est de ne pas faire de vagues.

 

Etonnez-vous que les créateurs de start-ups, qui auraient pu être les Google et les Amazon européens, évitent soigneusement une France où des fonctionnaires, bien protégés contre le chômage, s’acharnent à dissuader des chômeurs de se lancer dans l’auto-entrepreneuriat.

 

Le problème est que ce système que vous décrivez fort bien, dans la mesure où vous y avez travaillé, tout en gardant le point de vue comparatiste et critique de l’étranger, ce système a admirablement fonctionné durant les trente glorieuses. La société française d’alors ressemblait à une pyramide. Elle était dotée d’une élite minuscule, mais compétente et intègre, dont les décisions étaient mises en application, de manière hiérarchique, par une armature de hauts fonctionnaires, cadres, contremaîtres et petits chefs. Tout marchait d’un même pas. La base ne prenait pas d’initiatives et obéissait dans le cadre de l’organisation scientifique du travail.

 

Ce système avait déjà atteint ses limites en 1968. Aujourd’hui, il apparaît condamné. Mais personne ne sait trop bien par quoi le remplacer… le débat reste ouvert !

 

 

Le massacre des territoires : L'inconscience de l'exécutif !

 

- Bilan économique de l'ODAS, par Gregory Blachier -

 

PARIS (Reuters) - La réforme territoriale pourrait aggraver la situation des départements déjà confrontés à une hausse du coût des politiques sociales parce qu'elle va ébranler un réseau efficace, estime mardi l'Observatoire national de l'action sociale (Odas).

 

Selon l'Odas, organe indépendant financé par l'Etat, des associations et d'autres organismes, les départements doivent assumer de plus en plus seuls le coût des politiques sociales, notamment le Revenu de solidarité active (RSA).

 

Or, à l'heure où les compétences des départements sont amenées à être transférées aux régions ou aux agglomérations selon les voeux du gouvernement, l'Odas estime que la réforme territoriale fait peser un danger à la fois sur les finances et sur l'organisation de l'aide sociale.

 

"La suppression des départements a été avancée comme une hypothèse utile sans qu'on ait pris la précaution de s'interroger sur leur bilan et ce qu'ils faisaient réellement", estime Jean-Louis Sanchez, délégué général de l'Odas.

 

"Ils ont assumé ces trente dernières années avec une rare efficacité leurs responsabilités, ils maîtrisent ces activités de réinsertion, de protection de l'enfance", poursuit-il.

 

"S'ils sont en danger, ce n'est pas parce qu'ils sont irresponsables mais parce que l'Etat a décidé de leur faire financer en 2004 une allocation (le RSA-NDLR) qui n'est pas de leur compétence. C'est cette décision de l'Etat qui est en train de précipiter les départements vers la catastrophe."

 

Dans une étude sur le financement de l'action sociale en 2013 publiée mardi, l'Odas juge que la dépense nette d'action sociale des départements a "peu augmenté" sur les trois dernières années, à 3,5% en moyenne par an, compte tenu de besoins croissants.

 

Il impute cette hausse mesurée à "une maîtrise croissante de certaines dépenses". "En 2013, cet effort se vérifie à nouveau avec une dépense nette d'action sociale des départements qui n'augmentent que de 3,6%" par rapport à 2012, à 33,6 milliards d'euros, souligne le document.

 

CHARGE NETTE EN HAUSSE DE 55,2%

 

Surtout, il relève une augmentation plus forte de la charge supportée par les départements, en raison d'un financement moindre de l'Etat. Ainsi en 2013, cette charge a augmenté de 4,6%, soit un point de plus que la dépense totale.

 

L'exemple le plus fort est celui du Revenu de solidarité active (RSA), dont le coût total pour les départements a augmenté de 9,8% en 2013, mais dont la charge pour la seule collectivité s'est accrue de 55,2%.

 

Cela s'explique à la fois par l'augmentation du nombre de bénéficiaires (+7,2% en 2013 selon la Caisse nationale d'allocations familiales) et une baisse des dotations de l'Etat.

 

Une fois soustraite cette dotation, les départements ont dû apporter sur leurs propres fonds quelque 2,3 milliards d'euros contre 1,5 milliard en 2012.

 

"Depuis plusieurs années, le taux de compensation financière des départements au titre de cette prestation ne cesse de baisser", écrit l'Odas. Alors que l'Etat supportait 92,2% du coût du RSA en 2004, il en finance 71,3% aujourd'hui.

 

Jean-Louis Sanchez rappelle que "la plupart des postes de dépense ne progressent pas, ce qui veut dire qu'il y a une bonne maîtrise. La seule chose qui progresse, c'est le RSA".

 

PERTE DE 30 ANNÉES DE TRAVAIL

 

A la précarité des finances départementales s'ajoute, selon le délégué général de l'Odas, le risque de faire éclater par la réforme un tissu social et administratif de proximité, donc d'ajouter un problème opérationnel à celui des comptes.

 

"Le bilan de l'année 2013 permet de bien voir aujourd'hui que, même si l'on supprime les départements, les problèmes de financement des compétences resteront les mêmes", dit-il.

 

"Et je ne sais pas si on ne va pas perdre le bénéfice de tout ce qui a été construit ces trente dernières années. Il faut aller en Creuse, dans l'Allier ou même en Seine-et-Marne pour voir l'efficacité de l'action départementale."

 

A l'appui de son propos, il souligne que les inégalités entre départements en terme d'action sociale "se sont réduites de 30% à 40%", y compris dans des domaines comme la prise en charge des personnes handicapées ou en perte d'autonomie.

 

"Les départements sont aujourd'hui de magnifiques acteurs sur la perte d'autonomie, par exemple. Personne ne pense aux dégâts que ça va entraîner sur les systèmes de solidarité, le lien social, le besoin éducatif", déplore-t-il.

 

"La réforme va entraîner aussi de grands traumatismes dans les populations concernées. Il vaudrait mieux procéder territoire par territoire, car on oublie que les territoires ruraux, c'est la majorité de la population."

 

(Edité par Yves Clarisse - pour http://tempsreel.nouvelobs.com/)

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 13:18

 La tendance de l’Europe hyperindustrielle, c’est « l’extermination économique de masse ». Cette extermination n’est pas voulue, programmée, elle est juste la conséquence des calculs de profits et revenus dispensés de manière inégalitaire aux individus !

 

 

Destruction du tissus social, du patrimoine, de l'éducation et des territoires... Un article critique de Bernard Dugué, scientique, philosophe et écrivain.

 

Vivons-nous une des ces périodes graves de l’Histoire, comme en 1789 ou en 1939, ou même en 1871 pour ne citer que quelques dates ayant marqué notre pays ? On sait que ces événements de 1789 ou 1939 furent précédés par un ensemble de contradictions, de tensions, d’instabilités mettant en jeu des forces politiques, des aspirations idéologiques et surtout des tensions d’ordre économique. En fait, la guerre européenne de 39-45 ne peut être dissociée de celle qui la précéda en 1914. Entre 1900 et 1950, c’est une immense zone qui a été transformée et pour le dire avec des mots percutants, les sociétés européennes, Russie incluse, plus l’empire Ottoman, ont été pour ainsi dire taillées comme on élague un arbre en coupant les branches. Sauf que ce sont des hommes qui ont été taillés, triturés, massacrés, envoyés au front comme à l’usine. Entre 1800 et 1950, le progrès occidental n’a montré aucune harmonie sur le plan social mais une progression industrielle que rien n’a pu stopper. Le nouveau monde technique a été accompagné de quelques évolutions sociales remarquables. Avec deux traits emblématiques, le déclin de l’aristocratie et le développement de la classe ouvrière. Ce sont les romanciers qui ont tracé les contours de ces métamorphoses.

 

On mettra côte à côte Lampedusa et Proust, le premier pour avoir tracé dans Le guépard le portrait de l’aristocratie sicilienne aux prises avec le Risorgimento italien sous l’impulsion entre autres de Garibaldi et des mouvances révolutionnaires. Il faut que tout change pour que rien ne change. Ce précepte sera appliqué par Falconeri qui en « bon libéral », suivra le mouvement pour conserver les avantages liés à sa classe en refusant de servir une cause perdue, celle de l’aristocratie et des Bourbons. Dans la Recherche, Proust décrit un tout autre schéma qui lui aussi, marque le déclin de l’ancienne noblesse française. En Russie, l’aristocratie a aussi été passée par pertes et profits de l’Histoire mais d’une manière plus « cavalière », avec la révolution bolchevique et son guide, Lénine. Quant à l’Allemagne, on peut légitimement supposer que l’avènement du nazisme a représenté pour l’ancienne aristocratie allemande une solution de rechange pour conserver sa position. Il faut que tout change pour que rien ne change. Cette devise a sans doute inspiré l’aristocratie germanique des années 20 et 30, le changement étant alors apporté par Hitler avec les résultats que l’on connaît. Tous ces événements ont conduit certains dirigeants à pratiquer « l’élagage social » pour façonner un monde d’après. Staline dans l’empire soviétique, puis Mao dans l’empire du milieu. Le peuple chinois a été « taillé » sur mesure pour entrer dans l’économie de marché.

 

 En passant, un détail sur certains aspects étranges liés aux transformations radicales de 1860 à 1950. Une trilogie mérite une attention tout spéciale. Trois romans écrits par Broch et regroupés sous l’intitulé Les somnambules, a révélé le processus de dégradation des valeurs sur une période comprise entre 1888 et 1918. Soit entre la fin de l’ère Bismarck (le vieux chancelier remettant sa démission à Guillaume II en 1890) et la fin de la guerre amenant Weimar. L’action narrée par Broch a réussi à dévoiler quelques « coulisses de l’irrationnel » à partir desquelles sont régies les guerres et les révolutions. La montagne magique de Mann offre aussi un regard sur ce thème de l’irrationnel en cette période de tensions européennes. On comprend mieux dès lors l’avènement du nazisme mais aussi les manœuvres géopolitiques des grandes puissances militaires vers 1900 ainsi que le processus de transformation des sociétés. Plus de rationalité économique, politique mais aussi un irrationnel propulsant des conflits d’une violence extrême. Ces coulisses, nous les retrouvons à travers les cercles maçonniques italiens, la figure de Garibaldi mais aussi les manœuvres des espions avant et après la guerre de 39 et d’étranges personnages qui semblent investis d’une mission, comme dans un fameux roman d’Abellio.

 

 2012. Année indécise. Le niveau de vie atteint par les pays occidentaux est sans commune mesure avec celui des époques précédentes. L’irrationnel est devenu folklorique, les coulisses sont retournées en « délire complotiste », farce qui se joue sur Internet. Les nobles aristocrates n’existent plus. Ils ont été remplacés par les élites économiques, médiatiques (stars de la culture et du sport) et politiques. Les puissants dominent et profitent, les déclassés rament et trinquent. La situation de la France, comme celle de l’Italie ou l’Espagne, est mauvaise. Sans parler d’agonie, on peut penser que les perspectives d’avenir sont inquiétantes mais pas pour tous. La dette impose des économies alors que la société nécessite plus de dépenses publiques et que la perspective de croissance est nulle ou réduite. Le système économique est devenu plus qu' absurde ! On croit que l’avenir est dans la production de nouveau produits dont on peut très bien se passer alors qu’il y a des tas de besoins à satisfaire en employant des gens formés à des métiers conventionnels. L’avenir doit se concevoir sur une organisation sociale harmonieuse et juste plutôt que sur une frénésie de croissance et de compétition. L’homme n’a pas vocation à être cet universel cheval de course doublé d’une bête de somme.

 

 Pour l’instant, sachons apprécier la situation: Le niveau de vie va baisser pour beaucoup mais pas pour tous. Le coût des carburants et du chauffage tend à devenir prohibitif ! Et donc, élagage social et délestage économique. Déjà, un cinquième des Français n’ont pas accès aux soins dentaires... Après l’automobile, le chauffage sera prohibitif, à moins qu’il ne soit imposé lorsqu’il est collectif. Manger ou se chauffer, une alternative bientôt plausible pour les plus démunis. C’est une question de cinq ou dix ans. Le chômage des jeunes n’est pas prêt de se résorber. C’est même l’inverse si l’on prend en compte l’âge de la retraite repoussé à 62 ans. Pas de turn-over des emplois. L’assurance maladie creuse son déficit. Le vieillissement de la population ne peut que faire empirer la situation, d’autant plus que les avancées technologiques prolongent inutilement des vies torturées et cadavériques, et que personne ne semble en mesure d’arrêter la progression des dépenses. La médecine est devenu une industrie de la chair pourvoyeuse de profits substantiels, comme son bras armé la pharmacie industrielle.

 

 La tendance de l’Europe hyperindustrielle, c’est « l’extermination économique de masse ». Cette extermination n’est pas voulue, programmée, elle est juste la conséquence des calculs de profits et revenus dispensés de manière inégalitaire aux individus. D’ici dix ans, on verra des cohortes de retraités souffrir de la misère, faute d’avoir pu cotiser suffisamment, privé d’une carrière de travail par la dureté de la jungle des licenciements. Peut-être que comme au Japon, on verra des anciens commettre des hold-up pour finir en prison nourris et logés, quoique, les prisons françaises n’ont pas bonne réputation. Le suicide sera un meilleur choix. Des jeunes et des moins jeunes servent d’ajustement avec des emplois précaires, des emplois à temps partiels, des stages, des piges, des vacations, des emplois services, des petits boulots d’autoentrepreneur. Pendant ce temps, les fortunes se déplacent, croissent et paraît-il, des centaines de milliards d’euros sont soustraits au fisc, somme qu’on comparera aux quelques dizaines de millions d’euros que va rapporter cette incroyable TVA à 7% sur le livre.

 

 Et maintenant, flash-back historique. Souvenons-nous des aristocrates européens de la révolution industrielle, disons entre 1840 et 1910. Et cette formule, il faut que tout change pour que rien ne change. Un précepte appliqué par les élites aristocratiques et la grande bourgeoisie montante. L’industrialisation imposait des réformes structurelles, avec du libéralisme économique et une transformation du pouvoir politique, plus de libertés, de gouvernementalité et de démocratie. Les aristocrates et aventuriers industriels qui ont emboîté le pas de la révolution économique ont su acquérir une position haute. Déclin pour d’autres (lire Proust et Lampedusa) Au tournant du siècle, les masses de travailleurs et les classes moyennes ont amené une nouvelle situation. Malgré les avertissements de 1905, l’aristocratie russe n’a pas réalisé les réformes nécessaires. Elle a été balayée en 1917. Mais c’est en Allemagne que l’aristocratie et la haute bourgeoisie décident que tout doit changer pour maintenir ses positions dans un pays chaotique, livré aux improvisations de la jeune république de Weimar, sur fond de tensions sociales dues à la massification et à une classe ouvrière imposante. Tout va changer avec le nazisme. La haute société est la classe qui a adhéré le plus tôt et le plus massivement aux idées du troisième Reich. Une société prise en main par une main de fer. Un parti unique, un pays sous la coupe de la police et de l’armée, un travail forcé, une université au pas, une presse censurée et une politique de conquête d’espace vital.

 

 Années 2000. Rappelons que le nazisme ne se résume pas à la Shoah et à la guerre mais qu’il a représenté une certaine forme de structure socio-économique composée d’élites industrielles et financières, d’un pouvoir dictatorial, d’une petite bourgeoisie massifiée et d’une classe de travailleurs très pauvres. L’Europe en 1980 fut toute autre, avec un modèle social. Mais la financiarisation et la chute du mur ont décomplexé les élites politiques et économiques. Années 2000, le modèle social doit être détruit ou du moins, amputé. Il faut que le modèle social change pour que rien ne change dans notre situation et nos profits. Cette devise, dont le principe fut aussi appliqué par les élites sous le nazisme, est celle des élites européennes à partir des années 2000. En Allemagne, cela a commencé par les lois Haartz. Et maintenant, crise des dettes oblige, nous y voilà, en France, en Espagne, en Italie. Les réformes menées en France, sous Chirac puis Sarkozy, ont été réalisées pour que le système du profit perdure et que les élites continuent à bénéficier d’excellents revenus tout en accumulant du patrimoine. Le résultat, c’est le programme d’extermination économique de masse. Des millions d’individus privés d’un revenu décent avec une bonne part d’entre eux exerçant un travail. Un peu comme dans l’Allemagne nazie. A part qu’il n’y a pas de travail forcé ni mort d’homme exécuté par le régime. Le RSA et les allocs permettent de survivre. Enfin, juste quelques dégâts collatéraux.

 

A partir de quel seuil de jeunes et vieux suicidés, de désespérés immolés ou tuant leurs gosses, de gens jetés dans la rue comme on se débarrasse des chiens sur une autoroute pour passer des vacances paisibles, à partir de combien de drames de la vie ordinaire la société va-t-elle réagir pour changer ce modèle oligarchique et techno-totalitaire qui ne veut pas dire son nom ?

 

 Un autre point caractérisant ce régime, c’est une séparation sociale et fonctionnelle plus ou moins appuyée de deux catégories d’individus, ceux qui dirigent et ceux qui participent à la vie productive, sociale, ordinaire pour ainsi dire. La porosité entre les existences, la « mixité républicaine » pour employer un mauvais mot à la mode, s’estompe. On ne fera pas d’amalgame avec le nazisme, malgré quelques similitudes formelles. Les nazis reconnaissaient une distinction ontologique (comme Aristote face aux esclaves antiques) entre l’individu moyen aryen et solide devant être mise au travail et les chefs qui eux, étaient capables de donner une forme et une direction à cette « matière humaine » de « bonne qualité ». Dans l’Europe du 21ème siècle, la distinction n’est que fonctionnelle et légitimée par sa nécessité. Le système est complexe, il faut des dirigeants, des centres de pouvoirs, des managers financiers, des hauts cadres administratifs, des experts, des gens méritants. C’est ce que prétendent les élites qui depuis qu’elles existent, ont toujours justifiés les positions avantageuses qu’elles occupent. Les médias nous jouent l’image de Sciences Po démocratisée. Allez causer aux jeunes prétendant à l’investiture élitaire, vous verrez bon nombre afficher un sentiment de supériorité, doublé d’un mépris envers la plèbe.

 

 Pour être honnête, la France des années 2000 présente bien des similitudes avec d’autres ères critiques. Ne serait-ce que l’empire romain achevé et finissant avec ses notables constitués comme classes de loisirs, entre thermes et orgies festives. Ce qui rappelle le luxe de nos élites, avec les fêtes données à Paris et ailleurs, les confortables relais et châteaux, les villégiatures prisées, les yachts luxueux. Autre similitude, avec l’Ancien Régime. Les privilèges certes, mais aussi la séparation des corps sociaux. La république française s’est vue intégrée et solidaire mais force est de constater que l’entre-soi gagne du terrain, avec les copinages et autres népotismes. La fin du Second Empire est aussi présente, avec son cortège de misère sociale. Bref, ce début de 21ème siècle cumule nombres de caractères d’époques passées qui se sont soldées par des crises majeures et des mutations sociales autant que politiques. Souvent assorties de crises de valeurs, éthiques, morales, religieuses, idéologiques.

 

 Dans la cité de Dieu, réunis en banquet, Spartacus, le prince de Condé, Marat, Robespierre, Danton, Saint-Just, Louise Michel, Rosa Luxembourg, Lénine, Jean Moulin, De Gaulle, observent ce qui se passe en France. Ils ne voient pas beaucoup de résistants, de révoltés, d’insurgés, de révolutionnaires. Plutôt une mise en scène avec des figurants plutôt que d’authentiques acteurs de l’Histoire !

 

 Sans doute y aurait-il un livre à écrire sur le tiers révolutionnaire mais vu qu’il n’existe pas, alors je m’en irai aux quatre vents contempler le printemps sans révolutions ni poètes... Si les gens sont dominés par les élites, c’est qu’ils sont aliénés par la science, la technologie, la religion et la marchandise. Les aliénés ont des œillères. Ils seront exterminés existentiellement parlant, ou alors complices de l’extermination économique. Tout cela manque d’élan généralisé, de générosité à l’échelle nationale et surtout de pensée, de philosophie. Je suis un philosophe des Lumières et je ne vois que censure, obstacle, bêtise, cupidité, obscurantisme, idéologie, scientisme et religions. Il faut faire exploser les savoirs et faire naître les connaissances avant de faire la révolution.

 

Source: http://www.agoravox.fr/auteur/bernard-dugue

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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 13:14

Vers une nouvelle Démocratie contributive...

  
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Il est plus facile de s’entendre sur ce que la démocratie n’est pas, que de dire ce qu’elle est. Si la démocratie n’est pas l’addition du droit de vote et du libre marché, qu’est-elle ? Ceux qui veulent réduire la démocratie au suffrage universel oublie que l’histoire du suffrage universel n’est pas séparable de celle de l’école : la participation citoyenne est impossible sans le savoir-lire et le savoir-écrire ; ils ne veulent pas voir, en outre, que l’abstention avoisine partout cinquante pour cent des électeurs.
 
Si la démocratie est le pouvoir du peuple, le peuple n’existe qu’en tant qu’il ne cesse de s’instituer : c’est un idéal, une consistance – il consiste plutôt qu’il n’existe. « Le peuple » n’est ni « les pauvres » (ou la plèbe, ou les gueux) ni l’unité de la Nation qui est toujours multiple. Ce peuple qu’est le démos n’est pas un individu, mais un processus : c’est précisément un régime de ce que Simondon appelle l’individuation psychique et collective, tel qu’il est fondé par l’accès critique de tous aux principes constitutifs de la transindividuation qui relie le psychique au collectif, cet accès critique étant lui-même rendu possible par un type spécifique de rétention tertiaire que le citoyen doit adopter à travers une éducation politique qui commence avec le skholeion grec.
 
La démocratie est ce que ruine la télécratie (ou industrie des médias de masse, productrice d'une opinion malléable) en particulier depuis les deux dernières décennies. La télécratie a produit la pire des situations : une démocratie participative non-représentative1, soit une démocratie sans peuple parce que sans idéal du peuple.
 
En s’inspirant de Mc Crawford Brough Macpherson2, on peut distinguer quatre idées de la démocratie : la démocratie de protection (garantissant la sécurité et protection des biens) ; la démocratie d’épanouissement (garantissant l’aspiration à l’épanouissement personnel, trop vite réduit au « pouvoir d’achat ») ; la démocratie d’équilibre (garantissant la régulation de l’offre et de la demande en s’appuyant sur un système de parties politiques comparables à des entreprises concurrentes) ; la démocratie participative, dont nous posons cependant qu’elle est la seule forme véritable de démocratie.
 
Autant dire que ce que l’on a pu appeler la démocratie participative en l’opposant à la démocratie représentative est un leurre tout proche d’une conception populiste de la démocratie. Ou bien la démocratie est participative et représentative, ou bien ce n’est pas une démocratie. Peut-être vaudrait-il mieux alors parler de démocratie contributive3, pour ne pas opposer contribution et représentation mais au contraire repenser la représentation à partir de la contribution, ce qui nécessite la conception et la mise en œuvre d’une technologie politique spécifique.
 
Il n’y a pas d’espace public – ni a fortiori d’espace démocratique – en dehors de techniques ou de technologies de publication. De toute évidence, et comme la publication des télégrammes diplomatiques par WikiLeaks l’a fait apparaître au niveau planétaire, nous vivons une révolution des technologies de publication qui impose de repenser en totalité l’espace et le temps publics, c’est à dire la chose publique, tout aussi bien que le régime démocratique qui en fait en principe l’affaire de tous.
 
L’espace numérique et planétaire de publication requiert une nouvelle pensée de la constitution politique et démocratique.
 
Notes:
 
1 L’intervention formatée du peuple sur les plateaux de télévision est l’autre face d’une politique du sondage où on ne sait plus qui de la télévision ou du peuple commente ce que dit l’autre.
 
2 Crawford Brough Macpherson, Principes et limites de la démocratie libérale, Paris, La Découverte, 1985.
 
3 Nous préférons parler de « contribution » plutôt que de « participation », car la participation évoque la partition, soit la particularité d’un vote. Si on peut toutefois parler de « participation » c’est au sens de Simondon : « La participation, pour l’individu, est le fait d’être élément dans une individuation plus vaste par l’intermédiaire de la charge de réalité préindividuelle que l’individu contient, c’est-à-dire grâce aux potentiels qu’il recèle » (Simondon, L’individuation psychique et collective, p. 18). La participation nomme alors la relation qui fait correspondre une réalité non individualisée en vous (préindividuelle) et une réalité non inter-individualisée hors de vous (transindividuelle). La participation en ce sens nomme la relation individuante avec un milieu associé, dans le cas contraire les milieux sont dits dissociés ou désindividuants : par exemple, lorsqu’on subit les effets d’une industrie de services, on voit son existence se transformer sans participer ou contribuer à cette transformation. Ce détour par Simondon nous aide à comprendre que l’individu n’est pas ce à partir de quoi il faut penser la démocratie, ou l’activité politique, car l’individu est tout au mieux le fruit provisoire d’une relation à un milieu transindividuel, et en aucun cas son point de départ.
 
La démocratie participative comme démocratie de « n’importe qui » (cf. Jacques Rancière, La haine de la démocratie, La Fabrique, 2005), n’est pas nécessairement une démocratie de n’importe quoi. Or, il n’est pas d’autres moyen d’agir sur le quoi, que d’agir sur les instruments que se donnent les qui pour accéder à leur quoi. Ce pourquoi la participation citoyenne est toujours subordonnée à l’intelligence des milieux contributifs.
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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 08:13

En Chine, au Pakistan, en Inde, en Russie, les catastrophes naturelles de ces dix dernières années ont été d’une violence inouïe, tuant des milliers de personnes et en déplaçant d’autres millions !

 

  • Si l’évolution naturelle du climat permet d’expliquer ce déchaînement de la nature, elle n’en minimise pas moins la responsabilité majeure et non opposable de l’Homme. Son appétit féroce d’empiéter sur sa Terre et sa soif de conquête seront-ils un jour rassasiés ?

 

La canicule sans précédent et les incendies dévastateurs en Russie, les pluies torrentielles au Pakistan, les coulées de boue en Inde et en Chine n’en finissent pas d’alourdir le bilan humain. Des milliers de morts, des millions de déplacés. Et une plaie environnementale béante.

 

Depuis août 2010 en Chine, de nombreuses coulées de boue ont causé la mort de plus de 2 000 personnes et en ont déplacé plus de 12 millions. Le mercredi 18 août, une nouvelle coulée de boue de 300 mètres de large a tout emporté sur son passage, dans la province du Yunnan. 60 personnes sont portées disparues. La veille, 15 personnes ont trouvé la mort dans le Sichuan des suites d’un glissement de terrain. Le pays a connu les pires inondations de la dernière décennie... et ne parlons pas de son voisin le Japon, et des dégradations causées par l'explosion de la centrale de Fukushima (entre autres).
 

  • La Terre : un dépotoir pour l’homme sans foi ni loi !

 
Toutes ces démonstrations de la furie de la planète, si elles font bien partie d’un processus d’évolution logique, ne sont en réalité que renforcées par la main de l’animal qui l’habite : l’homme. Sa soif de conquête, de repousser toujours plus loin les limites de son royaume ont fragilisé l’équilibre intrinsèque de la nature et ont grippé les rouages du système. Urbanisation galopante, déforestation scandaleuse, transformation des zones humides en terres à cultiver, dépôt d’ordures dans des cours d’eau… autant de méfaits infligés à la nature, bafouant l’ordre établi depuis des millénaires et augmentant sensiblement la fréquence de ces catastrophes naturelles meurtrières.

 

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Et preuve de la culpabilité de l’homme dans ces dérèglements climatiques, même les Chinois commencent à se faire à l’idée ! Les médias chinois, en fait ! Les autorités, elles, continuent d’imputer la faute aux inondations. Tout en feignant ne pas comprendre qu’elles sont le résultat d’un développement économique effréné qui a induit la construction de routes et de barrages hydro-électriques à tout-va. « Les autorités locales sont sous pression pour éliminer la pauvreté et développer l’économie, un processus au cours duquel l’environnement se dégrade », a confirmé à l’AFP, Li Yan, le chargé de campagne changement climatique de Greenpeace Chine.
 

  • Urbanisation galopante, catastrophes conséquentes...

 
La deuxième puissance économique mondiale doit son statut en grande partie à la destruction de l’environnement et notamment à son urbanisation galopante. En 2009, elle comptait 620 millions de citadins et son taux d’urbanisation, de 46,6 %, devenait le plus élevé au monde. Sans compter que la Chine abrite de nombreuses villes et cours d’eau parmi les plus pollués au monde. Quant à la déforestation, il est prouvé qu’une baisse de 10 % de la surface des forêts entraîne une hausse de la fréquence des inondations comprise entre 4 et 28 % !

Rétablir la primauté de la nature, rendre ses lettres de noblesse à l’environnement, stopper l’urbanisation galopante, ne pas prendre pour acquis qu’une croissance économique effrénée est systématiquement synonyme de réussite, ne pas empiéter sur les sites remarquables, réinvestir dans le vivant… une leçon de vie, une leçon d’humanité, une leçon de vérité… pour qu’un jour les hommes ne meurent plus de leur incompétence écologique.

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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 12:57

Pourquoi l'Occident court à la catastrophe et nous pousse vers la ruine généralisée ? Explication, graphiques et chiffres à l'appui, du consultant britannique Jon Moynihan.

 

 

Croissance zéro, surendettement, chômage endémique et souffrance sociale. Et si le grand malaise des économies développées signifiait la fin de leur suprématie ? Et si les jobs perdus au profit des pays émergents ne revenaient pas ? C'est la thèse provocatrice du consultant britannique Jon Moynihan.

 

 

Conférence de Franck Trommenschlager sur la constitution de l'ordre économique néolibéral sous Milton Friedman :

Franck Trommenschlager:  

"La stratégie du Choc" une économie ensauvagée

[Télécharger le mp3]

 

  

Pourquoi pensez-vous que l'Occident court à la catastrophe ?

- La principale explication tient en deux chiffres : 135 dollars, c'est le salaire journalier moyen d'un travailleur dans la zone OCDE ; 12 dollars, c'est celui d'un travailleur des zones urbanisées de Chine ou d'Inde.

 

 

Cette énorme disparité de revenus est la clef du péril qui nous guette. Dans une économie mondialisée, il est impossible de préserver des jobs bien payés pour les travailleurs occidentaux. Ce facteur sonnera le glas de l'occident. Au nom de quoi pourrait-on continuer à payer les 500 millions de salariés du monde développé dix fois plus cher que les 1,1 milliard de citoyens des zones urbanisées du monde en développement, qui étudient et travaillent souvent plus dur ?

 

Mais un rattrapage salarial ne s'opère-t-il pas entre Nord et Sud ?

- Certes les salaires augmentent dans les régions les plus industrialisées des pays émergents. Mais eux-mêmes commencent à délocaliser leurs usines vers leurs zones rurales ou des pays à plus bas coût, comme le Vietnam. N'oubliez pas qu'il existe, dans leurs campagnes, un autre réservoir de 1,3 milliard d'adultes, vivant avec moins de 2 dollars par jour... La baisse des salaires de nos travailleurs non qualifiés est inéluctable.

 

 

Déjà, un Américain qui n'a pas le bac gagne moins, en termes réels, que son grand-père... En 2025, le salaire occidental moyen aura peut-être été divisé par deux, à 60 dollars. Notamment à travers l'inflation et la dépréciation monétaire. En tout cas, le paradigme du XXe siècle, qui nous assurait une croissance annuelle moyenne de 2% du nombre d'emplois et de 3% du salaire réel, est bien mort ! Depuis l'an 2000, ces deux indicateurs sont négatifs.

 

Les jobs détruits par la crise ne reviendront pas ?

- Les emplois déplaçables vont tous migrer. On a déjà vu basculer des industries entières : la sidérurgie, l'électronique grand public. Aujourd'hui, c'est le tour de l'automobile ; demain de l'aéronautique. Regardez l'économie américaine, pourtant très flexible : lors des précédentes récessions, elle avait retrouvé le même niveau d'emploi au bout de quatre ans. Aujourd'hui, il lui manque encore 6 millions de jobs pour rattraper l'étiage de 2007...

  

 

C'est simple : en 1955, la plus grosse capitalisation de Wall Street, General Motors, employait 500.000 salariés aux Etats-Unis et 80.000 à l'étranger. Aujourd'hui, le champion c'est Apple. Mais il fait travailler 4.000 personnes aux Etats-Unis... et 700.000 chez ses fournisseurs asiatiques !


 

 

Justement, la solution n'est-elle pas de miser sur la matière grise, d'innover ?

- Certes. Mais les émergents ne se contentent plus, comme hier, de jouer les ateliers du monde en fabriquant des gadgets à bas coût. Ils remontent la chaîne de valeur, en investissant leurs excédents commerciaux dans l'éducation, la recherche-développement, les hautes technologies. La Chine, par exemple, investit maintenant presque la moitié de son PIB, les pays occidentaux à peine un cinquième.



Les pays émergents ne font pas que rattraper leur retard ; ils innovent. La part des brevets octroyés à la Chine est passée de presque rien en 1995... à près de 10% du total aujourd'hui.


 

 

Le classement de Shanghai consacre pourtant la suprématie des universités occidentales...

- C'est encore vrai, mais pour combien de temps ? Et d'ailleurs, les pays émergents en profitent eux aussi en envoyant leurs futures élites dans nos meilleures facs : en Grande-Bretagne, les diplômés du supérieur en sciences, technologie, ingénierie et sont à 60% étrangers. Le problème est que la qualité de notre enseignement se dégrade : en Europe, en moyenne, plus de 20% des élèves quittent l'école sans avoir acquis le niveau de lecture qui leur permettrait de contribuer positivement à la société, contre 4% seulement à Shanghai.

 

 

  

Vous critiquez la manière dont nos gouvernements ont réagi à la crise. Ils ont pourtant évité l'implosion du système.

- Au lieu d'analyser les véritables causes de nos problèmes, nos dirigeants se sont demandé comment stimuler l'activité pour retrouver la croissance d'avant. Comme si c'était forcément dans l'ordre des choses... Et leur réponse, initiée par Alan Greenspan en 1987 à la Federal Reserve américaine, a été d'inonder la planète de liquidités. Cette politique de l'argent bon marché - avec des taux d'intérêts nuls ou négatifs - a permis aux gouvernements, aux entreprises et aux ménages de s'endetter massivement pour maintenir leur niveau de vie. Mais cette dépendance à une surconsommation factice nous mène à la catastrophe !

 

Pourquoi ?

- Parce qu'au lieu, comme le préconisait Keynes, de relancer l'activité par la dépense publique en période de ralentissement et de générer des surplus en période de reprise, ces « néokeynésiens » ont fait de la dépense perpétuelle une quasi-religion. La crise des subprimes a encore aggravé les déficits, financés à crédit. Quand on cumule l'endettement des ménages, des entreprises et des Etats, on se situe entre plus de 650% du PIB pour l'Irlande et un peu moins de 300% pour l'Allemagne. C'est un vrai cercle vicieux. Car non seulement, comme les économistes Reinhart et Rogof l'ont montré, au-delà du seuil de 90% du PIB, l'endettement public freine la croissance. Mais surtout, quand la planche à billets aura fini par générer de l'inflation, il faudra bien remonter les taux d'intérêt, et ces dettes deviendront insupportables. Comme déjà en Grèce, en Espagne et en Italie...


Vous dénoncez également la responsabilité des financiers et des patrons surpayés...

- Des groupes disparates d'« ayants droit », à commencer par les banquiers, exercent des prélèvements indus sur nos économies. Les profits excessifs du secteur ont de nombreuses causes : capitaux bon marché, formation d'oligopoles, leviers financiers excessifs, délits d'initiés, développement d'une culture du pari... Résultat : la finance a pris un poids disproportionné, avec des profits et salaires passant de 3,8% du PIB au début des années 1980... à 7,6% en 2010.


On a aussi vu la rémunération des patrons de multinationales s'envoler...

- Attention, je n'ai rien contre le fait de bien gagner sa vie. Le désir de s'enrichir est un bon moteur économique. Mais certains PDG ont dépassé les bornes ! En Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, le ratio entre la rémunération annuelle moyenne des grands patrons et le salaire moyen d'un employé a explosé sans justification légitime au début des années 1990... pour atteindre 1 à 243 aujourd'hui. Et cela mine la cohésion sociale.


Quel rapport avec le déclin de l'Occident ?

- Les économistes Daron Acemoglu et James Robinson ont montré dans "Pourquoi les nations échouent" comment, au fil de l'histoire, ce qu'ils appellent des "groupes extractifs" - qui accaparent plus de richesses que ce qu'ils contribuent à créer - peuvent influer sur les politiques et causer le déclin des civilisations.


Mais pour vous les fonctionnaires et les bénéficiaires de prestations sociales font aussi partie de ces "ayants droit " abusifs ?

- Oui. Aux Etats-Unis et en Angleterre, les agents du secteur public - à l'exception des plus qualifiés - sont significativement mieux payés que leurs homologues du privé. Et ce, alors même que leur productivité décline, pendant que celle du privé augmente. En outre, une grande partie des prestations sociales est attribuée à des gens qui n'en ont pas besoin. L'Etat ne peut plus se permettre de subventionner les classes moyennes.

 

Comment enrayer ce déclin ? Un virage vers la rigueur, en pleine crise, ne peut qu'aggraver la récession.

- Bien sûr, il faut que nos gouvernements continuent à investir... Mais pas en aggravant les déséquilibres. La priorité absolue, c'est de réorienter nos dépenses publiques vers les deux types d'investissement les plus porteurs de croissance : l'éducation et les infrastructures.


 

  On a, à tort, laissé se dévaloriser la fonction d'enseignant. En 1930, aux Etats-Unis, 90% des étudiants qui choisissaient d'enseigner faisaient partie du premier tiers de leur promotion ; aujourd'hui, c'est à peine plus de 20%. De même, selon l'OCDE, les pays qui ont les meilleurs taux de réussite en lecture sont ceux où les enseignants sont les mieux rémunérés...

   

 

Quant aux infrastructures, je ne vais pas expliquer aux Français l'intérêt du TGV ou de réseaux télécoms à haut débit. En Grande-Bretagne, on se demande encore s'il faut un TGV entre Londres et Birmingham !

 

Vous préconisez aussi de réformer les banques, de réorienter notre fiscalité et de mettre le paquet sur les nouvelles technologies...

- Oui, il faut avoir le courage politique de rogner les profits de la finance. Il faut aussi, pour favoriser la croissance, faire peser les taxes davantage sur la consommation et l'immobilier et moins sur les ménages et les entreprises. Il faut surtout miser massivement sur les technologies de demain biotech, nanotech, infotech, sciences cognitives et énergies propres - en stimulant le capital-risque. Il faut intégrer nos usines dans des écosystèmes industriels. Ne laissons pas tomber la fabrication proprement dite, qui génère des jobs pour nos classes moyennes avec de nombreux emplois induits (graphique 10).


 

  

Mais vous dites que, pour éviter les délocalisations, il faut commencer par diminuer notre train de vie de 10 à 15%...

- Il faut en effet réformer notre modèle social, avec des sacrifices répartis de la manière la plus équitable possible. Il faudra reculer l'âge de la retraite, diminuer les prestations et rogner sur les salaires. Il y a même urgence. Car si on ne le fait pas aujourd'hui de manière ordonnée, cela nous sera imposé d'ici quelques années par l'accélération de notre déclin. Plus on attend, plus la facture sociale, économique et politique sera douloureuse !

 

http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/

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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 09:13

"La recherche de dividendes et de profits n'est pas la seule motivation des dirigeants. Du respect de l'humain à l'harmonie avec l'écosystème, les entreprises de demain portent de grands principes qui redonnent du sens au travail."

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Pour des patrons, anticiper l'avenir passe par d'autres critères que la seule recherche du profit: impact environnemental, préoccupation pour la responsabilité sociale, capacité à tisser de nouvelles alliances en sont quelques unes.

  
Anticiper l'avenir passe par d'autres critères que la seule recherche de dividendes et de profits. Parmi les grands principes qui portent les entreprises de demain, certains cultivent une vision de long terme, la coopération avec les parties prenantes et un management où les salariés travaillent en liberté. 

  • 1/ L'harmonie avec l'écosystème
L'entreprise qui rêve de changer le monde intègre une profonde conscience de ses impacts sociaux et environnementaux. Interface, géant mondial de la dalle textile (1057 millions de dollars de chiffre d'affaires), est un exemple-phare de ce comportement vertueux. "En 1994, quand notre PDG, Ray Anderson, comprit les enjeux du développement durable, tout le monde fut surpris, raconte Denys Mettais Cartier, directeur général d'Interface France. Il nous disait sous forme de boutade: "Si nous continuons à gérer nos entreprises ainsi, dans dix ans nous serons tous en prison.""  Dès 1995, ce dirigeant clairvoyant lance un programme d'élimination des déchets. Depuis, les rejets en décharge ont été réduits de 88%, l'eau utilisée de 84%, l'énergie de 47% et les émissions de gaz à effet de serre de 32%. Au total, environ 400 millions de dollars d'économies sont générés, de quoi financer en interne la transformation des processus industriels et anticiper l'avenir: d'ici à 2020, Interface ne devrait plus avoir d'impact négatif sur l'environnement.  

  • 2/ La vision de long terme
Pour changer sans mettre en péril l'entreprise, une vision de long terme est indispensable. Depuis 2008, Pur Projet (2 millions d'euros de chiffre d'affaires, 35 salariés) vend des programmes de compensation carbone, via l'agroforesterie. Les économies réalisées par la réduction de certains coûts permettent d'intégrer des innovations socio-environnementales dans le coeur de métier des entreprises.  
Un arbre est planté toutes les cinq serviettes...
Ainsi, le groupe hôtelier Accor a souscrit à un programme de plantation, financé par la réduction du coût de lavage des serviettes et draps. "50% des économies réalisées sont réinvesties dans l'hôtel et 50% sont investies dans les arbres, si bien que un arbre est planté toutes les cinq serviettes, ce qui représente déjà 1 million d'arbres", explique le fondateur de Pur Projet, Tristan Lecomte, qui dénombre une centaine de clients de la multinationale à l'association. Avec des projets forestiers conçus sur quarante ans, on est loin des règles dictées par le court-termisme financier.  

  • 3/ La réunion du profit et de la responsabilité sociale
Sur le tableau de bord des dirigeants visionnaires, indicateurs économiques, sociaux et environnementaux sont traités de la même manière. "Un entrepreneur social qui n'a pas d'impact économique n'est plus un entrepreneur", souligne Nicolas Hazard, président du Comptoir de l'innovation (Groupe SOS).  En témoigne le succès de Siel Bleu, intégrer la défense du bien commun au coeur de l'entreprise peut aller de pair avec la création de richesses. Fondé en 1997 par Jean-Michel Ricard et Jean-Daniel Muller, ce groupe associatif aide 70.000 personnes fragilisées (âgées, handicapées ou malades chroniques) à cultiver forme et santé. Plus de 320 salariés interviennent via 3 500 structures en France et 500 à l'étranger (Belgique, Irlande et Espagne). D'après une étude réalisée fin 2011 par McKinsey, les cas de diabète et de fractures évités avec la prévention proposée par Siel Bleu permettraient à la France d'économiser 59 milliards d'euros d'ici 2020 !  

  • 4/ La capacité à tisser de nouvelles alliances
Certaines entreprises pratiquent l'innovation sociale en élaborant de "nouvelles alliances" avec l'ensemble de leurs parties prenantes pour améliorer leur compréhension du marché et affiner la mise au point de solutions innovantes. "C'est une posture qui est encore rare, analyse Olivia Verger-Lisicki, d'IMS-Entreprendre pour la Cité. Or ce qui manque aujourd'hui, c'est vraiment de penser ensemble, avant de faire."  Depuis 2007, Ashoka expérimente une approche de ce type grandeur nature, avec le projet Housing for All (Un logement pour tout le monde), destiné à offrir un toit aux populations des bidonvilles. Pour cela, l'ONG a rassemblé entrepreneurs sociaux connaissant parfaitement le terrain, associations locales en lien avec les habitants, promoteurs immobiliers, institutions financières classiques, et capitaux-risqueurs spécialisés dans l'entrepreneuriat social et les collectivités locales. D'ici à la fin 2012, 5 500 logements auront été construits, facilitant la vie de 27.500 personnes. 

  • 5/ La réinvention des logiques de consommation
Depuis 2010, La Ruche qui dit Oui! renouvelle le principe des coopératives de consommation en proposant des produits alimentaires de qualité à un meilleur prix pour tous. En alliant approvisionnement local et commande groupée, les 146 ruches réparties dans l'Hexagone créent un réseau autonome qui rencontre un succès inespéré: 30.000 commandes et 1 600 distributions ont généré en deux ans un volume de transactions de 1,3 million d'euros. Les 55.500 consommateurs du réseau associent plaisir de participer à un collectif au confort d'accès à un panier composé à la carte. Les 2 250 producteurs apprécient le principe de vente directe: les marges sont plus avantageuses qu'auprès des centrales d'achat.  Rodolphe Vidal, chercheur à l'Institut de l'innovation et de l'entrepreneuriat social de l'Essec, estime que: "C'est à cette échelle des systèmes de consommation que les impacts seront les plus forts, dans la convergence entre enjeux collectifs, liens sociaux, intérêts économiques et commerciaux."  

  • 6/ Le respect de l'humain

Les patrons doivent "libérer" leurs salariés 

Autre qualité indispensable: un management plus altruiste. Isaac Getz, co-auteur de Liberté & Cie (Fayard, 2012), estime que les patrons doivent "libérer" leurs salariés: il ne s'agit plus de contrôler leur travail, mais de les responsabiliser en créant un univers de respect, de considération et de bienveillance. Une acculturation qui prend entre trois et dix ans: Gore, aux Etats-Unis, a intégré cette logique dès 1958 et géré la croissance de son activité en maintenant des unités de travail à taille humaine, adaptées aux cultures locales. En France, le fabricant de pièces en alliages cuivreux Favi a maintenu la qualité de sa fabrication et intégré les enjeux sociétaux sous l'impulsion de son PDG, Jean-François Zobrist. En supprimant la pointeuse, en passant du temps dans les ateliers avec les opérateurs, en cessant de les surveiller pour leur offrir la possibilité d'être leurs propres chefs, ce dernier a instauré un climat de confiance moins coûteux et plus efficace que les logiques de contrôle préexistantes.  

  • 7/ La gestion démocratique
Dans une coopérative, le principe est un homme est égal à une voix. 
Certains vont jusqu'à adopter un statut d'entreprise conforme à leurs valeurs. Il en va ainsi des coopératives, comme l'explique Philippe Durance. Ce professeur au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) a étudié de près la coopérative basque Mondragón (85.000 salariés): "Ceux qui recherchent le modèle coopératif aujourd'hui sont en quête d'un nouveau type de partage de la valeur. Dans une coopérative, la décision collégiale est inscrite dans les statuts sur le principe de un homme, une voix." Pour Baptiste Rabourdin, l'un des trois associés-fondateurs de la Scop Eco-Sapiens, un comparateur de prix dédié à l'écoconsommation (60.000 produits référencés depuis novembre 2007), "le statut n'est pas une finalité, mais un garde-fou contre l'excès de rémunération des actionnaires". Ça tombe bien: 2012 était l'année internationale des coopératives. 
  
 Anne-Sophie Novel pour www.lexpress-emploi
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