La télévision freine le développement de l’enfant, favorise l’obésité, banalise la violence, etc… Voici la vidéo complète de Michel Desmurget concernant les études faites sur le cerveau des enfants:
Qu’est-ce qui vous a incité à écrire ce livre ?
– Un jour, j’ai entendu ma fille chanter, à 30 mois, le jingle de “Maaf” devant le logo de la société ! Je me suis plongé dans la littérature scientifique sur les effets de la télé et ce que j ’ai découvert est encore plus terrifiant que ce que je croyais !
Aux Etats-Unis, 40 % des bébés de trois mois regardent la télé ! En France, les 4-10 ans passent deux heures treize par jour devant le petit écran…
– La télé altère l’attention, le sommeil, la créativité… Autant de paramètres essentiels au bon développement de l’enfant ! Quand le poste est allumé, le volume et la qualité des interactions enfants-parents sont considérablement réduits. Selon une étude américaine, un enfant de 4 ans, qui entend, en moyenne, chaque jour, 13 500 mots de ses parents, n’en entend plus que 10 000 si la télé reste allumée quatre heures par jour, soit une chute de 25 % ! Or le nombre de mots entendus et prononcés avant 3 ans est un indicateur majeur des performances linguistiques et cognitives futures. Qui plus est, le langage est un barrage efficace contre la violence… Enfin, selon une étude néozélandaise, chaque heure de télévision par jour, lorsque l’enfant est en primaire, accroît de 43 % la probabilité de le voir quitter l’école sans diplôme.
Mais comment savoir si les difficultés scolaires ne sont pas plutôt dues à la situation familiale de l’enfant, par exemple ?
– Bien sûr, tout est lié : on a constaté que plus une mère est déprimée, plus ses enfants sont exposés à des volumes télévisuels importants… Mais les chercheurs ont les moyens d’isoler le facteur télévision. Exemple flagrant, celui des populations qui n’avaient pas accès au petit écran. Aux îles Fidji, avant la télé, il n’y avait pas une seule adolescente au régime. Après, 69% d’entre elles se sont mises à contrôler leur poids et 11 % à se faire vomir.
Estimez-vous que la télé est un problème de santé publique ?
– Elle accroît les risques d’obésité, de tabagisme ou de troubles du sommeil… Les dangers sont avérés : on pourrait au moins appliquer un strict principe de précaution ! Seulement l’industrie audiovisuelle, comme celle du tabac en son temps, réfute les preuves…
Mais sur le petit écran, il y a aussi d’excellents documentaires ou des séries passionnantes…
– Certainement. Mais attention, quand on allume la télé, bien vite, c’est elle qui choisit pour vous !
Baby First et Baby TV, deux chaînes anglo-saxonnes pour tout-petits, sont autorisées à émettre en France depuis 2007, même si le CSA (Conseil supérieur de l’Audiovisuel) recommande d’éviter la télé avant 3 ans.
– On en a beaucoup parlé mais il ne faut pas oublier pour autant de surveiller les antennes jeunesse destinées aux “plus grands”.
D’ailleurs, les enfants ne regardent pas que des dessins animés: “Secret Story” a réuni un tiers des 4-1 4 ans.
– 80 % du temps passé devant la télé par les enfants concerne en effet des programmes tous publics.
Pour les annonceurs, les plus jeunes sont des cibles privilégiées.
– Le cerveau est une formidable éponge : il est très facile de passer ses barrières conscientes pour mieux le “rapter”. Pourtant, en 2009, nos députés ont rejeté la loi qui visait à interdire les publicités pour les produits gras et sucrés avant les dessins animés ! Veut-on vraiment faire de nos enfants du “temps de cerveau disponible” pour Coca-Cola ?
Les parents qui combattent la télé ne sont-ils pas obsédés par la réussite scolaire ?
– Pour ma part, je veux surtout que mes enfants soient heureux et il se trouve que la consommation, sans cesse prônée à la télévision, accroît l’anxiété – cela aussi est démontré ! La culture, au contraire, fait grandir le sentiment de bien-être et donne envie de participer à la vie de la cité. Et puis, tout simplement, avec mon épouse, il nous semble que nos filles ont une vie plus riche depuis que nous n’avons plus la télé : elles dessinent, elles jouent avec leurs amis, elles s’ennuient.
Propos recueillis par Marjolaine Jarry-TV Lobotomie, aux éditions Max Milo.