Confrontés à l'exclusion, certains tombent malades, sont rongés de tristesse, deviennent agressifs...Voici quelques résultats d'une étude cognitive:
D'après les psychologues américains Jean M. Twenge, Kathleen R. Catanese et Roy F. Baumeister, il n'existerait qu'un seul et unique mécanisme psychique à l'origine de ces comportements. De précédentes études s'étaient arrêtées sur une intuition plutôt simple : nos réactions (colère, tristesse...) face au rejet seraient la conséquence d'un « stress émotionnel ».
Mais ces premiers coups de serpe ne satisfaisaient pas l'équipe de J.M. Twenge. Les formes d'ostracisme que suscite l'exclusion plongent au contraire leurs victimes dans une sorte de stupeur ou « neutralité émotionnelle ». Or cette neutralité n'est pas inconnue en psychologie. Elle caractérise l'état dit de « déconstruction cognitive », qui précède le suicide. Les trois psychologues ont comparé le comportement de personnes victimes d'exclusion sociale à celui des personnes suicidaires. Le parallèle est saisissant. L'exclusion sociale induirait le même type de défenses psychologiques, parmi celles-ci : une perception allongée du temps, signe d'ennui ; l'absence de projection dans le futur, et une perte de sens pouvant aller jusqu'au désespoir ; une préférence pour les plaisirs faciles et immédiats (alimentation « gadget » et jeux vidéo) ; une certaine léthargie, une faible réactivité et un ralentissement psychomoteur (trahis par de moindres efforts et un moindre succès aux épreuves cognitives) ; un usage réduit de termes relatifs à l'émotion, une aversion pour les miroirs...
Ces moyens sont mis en oeuvre dans la déconstruction cognitive, pour ne plus penser et oublier une image de soi que la confrontation aux autres a rendue insupportable, humiliante. D'ailleurs, le sociologue Emile Durkheim n'attribuait-il pas déjà le suicide à des formes d'exclusion sociale ? Alors agissons contre l'ostracisme et le rejet d'autrui, chacun selon ses possibilités... au travail comme dans sa sphère privée.