- Le documentaire France 5 sur le pouvoir des lobbies :
LES DIFFERENTES TYPES DE LOBBIES
Parmi les groupes exerçants une activité de lobbying, il faut y ajouter aussi de nombreux bureaux d’études (CEPS, EPC), de cabinets de conseils, d’agences de relations publiques ou d’affaires publiques, car certains travaillent et sont financés par les transnationales, afin d’exercer une influence sur les décisions des élus politiques.
Le lobbying participatif
Les chiffres varient mais la Commission Européenne évaluait à 3000 les lobbies en relation avec elle, en 1992, en 2003 Greenwood (2003) [4] en dénombrait autour de 1500 (mais il y intégrait les associations et les syndicats). Leurs nombres dépassent donc très largement celui des députés européens. En 2008, Bruxelles comptait à présent 15 000 lobbyistes [5] selon Siim Kallas, le commissaire européen chargé des affaires administratives, d'audit, et de fraude. Certaines sources estiment qu’il y aurait jusqu’à 20 000 (European Agenda, 04/2008 : 17) 26.Kallas estime par ailleurs que l'activité des lobbies et des 2 600 grands groupes d'intérêt qui disposent de bureaux dans la capitale européenne draine un budget « de 60 à 90 millions d'euros » (Kallas, 2008). Or, selon l'estimation de Roberta Baskin, directrice de l'ONG Centre for Public Integrity, à Washington les groupes de pression disposent de bien plus encore, car ils chaque année, ils reçoivent quelque 2 milliards de dollars (Baskin, 2008) [6].
Le lobbying idéologique
On les qualifie aussi « d’associations professionnelles » ou de « cercles », car elles réunissant des élites économiques et politiques. Au plan international il y a notamment les rencontres de Davos, les Bilderberg, la Trilatérale et au plan national par exemple, club de l’horloge, le club Vauban, le Siècle…. Ce dernier à été créé en 1944. En sein s’y rencontrent les élites médiatiques, politiques et économiques françaises, tel Alain de Pouzilhac (Havas), Serge July (Libération) ou Patrick Poivre d'Arvor (TF1). Du côté des élites économiques on trouve notamment Bébéar (ancien PDG d'AXA), Maurice Lévy (Publicis), Jean-Marie Messier (ancien membre), Louis Schweitzer (président du conseil d'administration de Renault), Ernest-Antoine Seillière (ancien président du MEDEF)· Ce « cercle », compte des élites politiques de gauche (Alain Fabius, Martine Aubry, Lionel Jospin) et de droite (François Bayrou (Modem), Jean François Copé, Rachida Dati) (La république de lettre, 01-2008) qui sont donc amenés à se rencontrer et à partager leurs idées, lors de réunions hebdomadaires à Paris. Il se crée alors une sorte de fraternité des élites, une certaine connivence idéologique et une "pensée unique" en quelque sorte.
On peut éventuellement qualifier la délégation de service public comme une forme de lobbying. En effet, c’est une perte de l’intérêt général et collusion d’intérêts, entre le secteur privé et le publique, dans régulation déléguée aux acteurs privés par les pouvoirs publics (secteurs des industries d’armement, aérospatiales, de la gestion de l’eau, de l’électricité…).
Le plaidoyer associatif : Bingos, Gongos et associations civiques
Certaines associations (ONG) de dimension internationale (OXFAM, le CICR, le WWF, Greenpeace) disposent des capacités financières pour rémunérer des lobbyistes à titre permanent ou à temps partiel pour intervenir dans les instituions internationales afin défendre leurs revendications.
LES DIFFERENTES FORMES DE LOBBYING
Les relations de proximité entre les acteurs économiques avec les gouvernements
Le pouvoir des propriétaires des grandes banques vis-à-vis des élus politiques
Exploiter grâce à la menace des dirigeants politiques
Il y a ensuite les menaces de délocalisation, de lock out (même si on le fait relativement peu dans la pratique). Parfois la menace de délocalisation est utilisée aussi par les dirigeants politiques qui savent que les délocalisations vers les PED ne représentent qu’une danger mineur, proportionnellement à la hausse de la productivité, ou aux importations européennes (Wood, 1998) [9].
Le soutien des Etats aux intérêts des grands capitalistes
A l'ouverture, le 27 août, de la XVIe conférence des ambassadeurs de France, le président Nicolas Sarkozy a nettement réorienté l'aide au développement "pour soutenir en priorité le secteur privé » affirme-t-il (Glaser, 2008). Comment souvent avec N. Sarkosy, il affirme tout haut et de manière décomplexée ce qui se passait autrefois dans l’ombre. A cette même conférence
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Son secrétaire d'Etat à la coopération, Alain Joyandet, (qui est aussi un ancien dirigeant d'une entreprise de presse) lui emboîte le pas, il « n'attend plus que le feu vert du Conseil d'Etat pour devenir le vrai patron de l'Agence française de développement (AFD), la tirelire de la politique africaine. Il a d'entrée de jeu déclaré qu'il n'avait pas peur d'être confondu avec le secrétaire d'Etat au commerce extérieur (…). Alain Joyandet a en outre proposé aux dirigeants d'entreprise de les informer en amont des projets qui seront financés par l'aide française. Ils seront également associés à un nouveau "comité des engagements" et - à condition qu'ils ne viennent pas danser au "bal des pleureuses", selon l'expression du ministre -, ils bénéficieront d'un soutien politique (…) » (Glaser, 2008) [10].
Les présidents de la république jouent aussi le rôle de VIP pour les grandes transnationales de leur pays. Chirac était accompagné de plusieurs PDG, lors de son voyage en Chine, en octobre 2006. Nicolas Sarkozy fit de même et a ramené pour 20 milliards d'euros de contrats pour les entreprises françaises, lors de son voyage en Chine en 2007(Les Echos, 26:/11/2007) [11].
Une large partie du soutien de la cellule africaine de l'Elysée, vis à vis des dictateurs, des guerres, des déploiements de l'armée française, etc. vise à protéger les intérêts des entreprises françaises.
Les gouvernements et les ministères sont parfois doublés par des officines parallèles. C'est le cas du réseau Foccart, travaillant pour Elf, qui dirigeait en sous main tout la politique africaine de la France. Le soutien de l’Etat aux transnationales renforce leur capacité d’exploitation légale et illégale. La cellule africaine de l’Elysée, le Ministère des Affaires Etrangères, de l’identité nationale et de la coopération... qui devraient normalement fonctionner dans la légalité ne respectent pas toujours l’Etat de droit. Par exemple, les observateurs du ministère de la coopération qui ont cautionné les élections truquées au Tchad en mai 2006 (Survie, 2005) [12].
S’allier les services d’un élu grâce aux commissions et rétro-commissions
Loik Le Floch Prigent, affirme lui-même dans un livre intitulé “Affaires Elf, affaires d’Etat” (2001), faisant le bilan de son procès, que “l’activité industrielle classique s’accompagne nécessairement de mécanismes qui permettent le financement d’opérations opaques (...). Au sein du groupe (Elf) qui fait deux cents milliards de francs de chiffre d’affaires par an, le volume de ces opérations (occultes) varie de trois cents à huit cents millions de francs). (...) Elf dépensait notamment ces fonds pour obtenir “des permis de forage” dans les pays ou la société n’était pas encore implantée.
L’ensemble de ces commissions versées aux officiels du pays, via des intermédiaires, était d’un certaine façon le prolongement de la politique étrangère de la France, notamment dans les pays africains et c’est la raison pour laquelle le président d’Elf en informait la présidence de la république (française), ainsi que les ministres des Finances et du Budget” (Prigent, 55-56) [13]. “Disons que le président d’Elf est à la fois le président d’une société pétrolière et ministre bis de la Coopération. Et c’est justement parce ce que cette société avait un objet politique et diplomatique en Afrique qu’elle a de tout temps financé les services secrets (...). Elf a servi au financement du parti gaulliste, et a même été créé pour ça...” (...). Puis ce fut le tour du parti socialiste. Certaines de ces affaires ont défrayé la chronique judiciaire (affaire Dumas, Deviers Joncourt, Sirven, Elf Thomson, avions renifleurs, affaires des frégates, etc.). (Prigent, 2001 : 54-55 et 63-64). “L’ensemble de la classe politique savait qu’Elf faisait du financement politique”. Les rétro-commissions servaient “à mettre sous influence celui qui les percevait. Au cas où... Au cas une affaire comme l’affaire Elf leur péterait à la figure. Si tout le monde se sert du gâteau, plus personne ne plus rien dire.” (Prigent, 2001, 66-67).
Dans le Figaro et le Parisien, les représentants de l’Elysée ont réagi aux déclarations de Loik Le Floch Prigent de mai 2001, en affirmant qu’à présent le système avait changé depuis 1995. Cela confirmait donc le fait ce système avait bel et bien existé et donc que l’Elysée en avait bien eu connaissance, sans y mettre fin. On le voit, les intérêts des Etats, siègant notamment au sein des la Banque Mondiale, sont fortement liés à ceux de leurs grandes entreprises transnationales. Car il en va des intérêts nationaux, tels qu’ils sont envisagés par les gouvernements nationaux et les partis politiques dominants. Il s’agit d’une lutte politico-économique entre Etats via leurs entreprises, pour s’assurer entre autres, une indépendance énergétique et se disputer les parts du marché mondial. C’est pourquoi les pouvoirs publics nationaux et organisations internationales où elles siègent, sont relativement peu regardant sur les pratiques des entreprises qu’elles subventionnent.
S’appuyer sur les transnationales pour contrôler un Etat
Elf-Total va tenter de contrôler les pays visés. Pour cela ces dirigeants vont entreprendre différentes actions illégales ou anti-démocratiques: corruption des dirigeants politiques, co-organisation de scrutins truqués, financement de polices politiques, de gardes dictatoriales... Dans le cadre la guerre froide, Elf-Total servira au gouvernement, comme instrument pour éviter la propagation du communisme. Ainsi, des firmes françaises, telle Elf-Total chargée d’approvisionner la France en matières stratégiques, sont investies par les services secrets. De plus Elf-Total a aussi largement utilisé les services secrets et le lobby militaire pour aboutir à ses fins (Verschave, 2003) [14].
Lorsque les dirigeants nationaux, tel Reagan, Bush, De Gaulle, Chirac, Mitterrand ou Sarkozy, disent parfois servir la défense de la grandeur nationale, c’est avant tout pour s'assurer à leur nation, un pouvoir d'influence dans les négociations internationales (diplomaties, institutions internationales. La France a ainsi réussi à placer Pascal Lamy à la tête de l'OMC le 1er septembre 2005.
De même la promotion de la langue nationale (la francophonie) est utilisée comme un instrument hégémonique et commercial. En effet, plus une langue est parlée dans le monde, plus l’influence politique et commerciale du pays peut s’accroître. Enfin, un des buts de la néo-colonisation est aussi de conserver un cortège d'États clients (un réservoir de votes) permettant à la France d'occuper une position importante dans les institutions internationales, tel l’ONU.
LES RESEAUX LES LOBBIES ET LES ASSOCIATIONS PROFESSIONNELLES :
UN DES NOMBREUX LEVIERS DE LA GOUVERNANCE
Les associations professionnelles contribuant à l'élaboration des politiques internationales
Gramsci (1975) a souligné le rôle des intellectuels dans l'hégémonie idéologique et la puissance des think thanks. Ces derniers sont des sortes de club de réflexion qui diffusent des idées. Les think thanks les plus influents, actuellement mettent la puissance de leurs idées et leurs meilleurs intellectuels au service de l’idéologie, des politiques des classes dominantes. Le sociologue français, Michel Crozier a ainsi réalisé, avec Samuel Huntington, un rapport en 1975, pour la trilatérale (Crozier) [15] .
Les dirigeants de la CCI, tel Maucher, ceux de l’ERT, et, des ETN telles Nestlé, Shell ou Unilever participent régulièrement aux rencontres de Davos et du groupe Bilderberg (Balanya, 2005). C'est dans ces lieux où se forgent les idées néo-libérales au plan mondial que ces derniers se réunissent tous les ans (Gill, 1990 : 127).
Le groupe Bilderberg, fut créé en 1954, grâce à un cofinancement de Unilever et de la CIA. Selon le politologue Stephen Gill, Il a pour but “d’encourager des discussions ouvertes et confidentielles (...) entre les nations de l’axe atlantique" (Gill, 1990 : 127) [16] en particulier les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest. Selon un ancien délégué du groupe, le consensus élaboré au sein de ce forum sert de base à l’évolution des politiques internationales. Bilderberg “compose la toile de fond des politiques qui sont mises en place par la suite. Ainsi, le Forum économique mondial à Davos en février, les rencontres Bilderberg et du G8 en avril-mai et la conférence annuelle du FMI et de la Banque Mondiale en septembre. Une sorte de consensus international émerge (...). Ce consensus devient la toile de fond des communiqués du G8; il inspire le FMI lorsqu’il impose le programme de réajustement à l’Indonésie, et la politique que le Président américain propose au congrès” (Armstrong, 1998) [17].
David Rockefeller fut le fondateur du Bilderberg, puis de la Commission Trilatérale. "Ces deux lobbies sont les véritables architectes de la mondialisation néo-libérale” selon M. R. Jennar (2005) [18]. D. Rockefeller a déclaré à Newsweek international, “quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire” (Rockefeller, 1999). “Ce même personnage avait déclaré huit ans plus tôt devant la Commission Trilatérale: la souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers est préférable au principe d’autodétermination des peuples” (Jennar, 2005 : 17). En effet, ces derniers sont considérés par certaines élites, tels les certains experts de la gouvernance européenne comme “ignorants, émotifs et versatiles, comme nous le rapporte Hermet (2003 : 16) [19]. C’est donc, pour leur éviter de commettre des erreurs nuisant à l'intérêt du peuple lui même, que les élites proposent d’ériger la gouvernance, par les seuls experts et les élites économiques et politiques.
La vision de Nietzsche illustre bien celles de certaines élites, tel Rockefeller. Pour Nietzsche, la démocratie est un fléau pour l'humanité, car elle inaugure le pouvoir de la masse, du peuple ignorant (Nietzsche, 1976). Spencer, un contemporain de Darwin, considérait que la loi du plus fort était une loi naturelle, qui devait s'appliquer aux sociétés humaines. Ne favoriser que les élites est préférable pour le développement de l'humanité, car c'est le sens de l'évolution naturelle, la sélection naturelle du plus fort sur le plus faible. Par conséquent, l'aide sociale, les services sociaux, l'école publique, sont nuisibles à l'humanité, car ils viennent gaspiller des ressources nécessaires pour développer les qualités des élites (Spencer, 1889). [20]
Romano Prodi figure notamment parmi ces élites. En 2006, il dirige l’Italie, or il a été auparavant membre du comité de direction du groupe Bilderberg. Avec Pascal Lamy, actuel directeur de l’OMC et autrefois représentant de l’UE à l’OMC, ils ont à participer aux réunions du groupe Bilderberg en 2001 et 2003.
Passage régulier d’un statut de représentant d’un intérêt particulier à celui de défenseur de l’intérêt général
Ce dernier illustre l'omniprésence de ces réseaux privés et de ces élites non-élues dans l'élaboration des politiques internationales par les pouvoirs publics. Il présidait le Groupe Bilderberg en 1999 et était membre du comité directeur en 1997 (Balanya, 2005 : 293-292). Il a été membre de l’ERT (European Roundtable) et commissaire européen à l’Industrie de 1977 à 1994 (Balanya, 2005 : 68). Ce passage régulier d’un statut de représentant d’un intérêt particulier à celui de défenseur de l’intérêt général n’est pas véritablement compatible, puisque leurs intérêts sont généralement contradictoires.
Quant à la Commission Trilatérale, elle a été créée en 1973, par les membres du groupe Bilderberg. Selon Stephen Gill, elle a été conçue comme une structure plus formelle et efficace que le groupe Bilderberg visant à propager les mêmes idées néo-libérales, c’est à dire celles du “Consensus de Washington” (Gill, 1990). David Korten ajoute que David Rockfeller fut aussi le principal instigateur de la commission Trilatérale, dont il tient la présidence durant les années 80. A la même époque, il présidait le Conseil pour les relations extérieures (Concil Foreign Relations (CFR)) qui regroupe des dirigeants d’entreprise des Etats Unis qui “contrôle plus de la moitié des richesses du pays” (Korten, 1995) [21].
Parmi les dirigeants les plus connus figurent Jimmy Carter, Bill Clinton, Georges Bush, Alan Greespan, Paolo Fresco (Fiat), Daniel Jansen (Solvay), Bjorn Svedberg (Ericsson), Etienne Davignon [22]. Selon Stephen Gill, les membres de la Commission Trilatérale cherchent aussi à y déterminer les politiques économiques qui seront adoptées aux niveaux nationaux et internationaux par les dirigeants politiques. Or, les entreprises à vocation nationale et les organisations de travailleurs y sont sous représentées (Gill, 1990). Précisons cependant, que le pouvoir des réseaux et des lobbies, n’est pas si important que certains voudraient le penser. S’ils disparaissaient, cela n’aurait qu’un impact relatif, dans la mesure, ou il ne sont qu’un aspect, parmi une bonne dizaine d’autres formes de gouvernance non démocratique.
La puissance des réseaux contre la démocratie ?
Parallèlement aux réseaux politiques, on trouve des réseaux économiques. Par exemple dans les relations entre la France et l’Afrique, les réseaux les plus influents sont ceux d’Elf-Total, Bolloré-Rivaud, Bouygues, Castel… Les réseaux religieux et ésotériques ont aussi leur place. Il y a notamment les groupes catholiques, le Vatican, l’Opus Dei, la Loge P2…
Le réseau francs-maçons, en France et dans le monde, contribue parfois à limiter l'impartialité des juges. Le magistrat, Eric de Montgolfier, a dénoncé certains agissements, puis en janvier 2004, le magistrat Bernard Bacou décide de saisir lui-même le conseil supérieur de la magistrature au sujet de doyen des juges d’instruction du tribunal de Nice, en l’accusant d’impartialité et de solidarité criminelle entre des prévenus et lui-même. En effet, ce juge était membre des francs-maçons et jugeait une affaire dans laquelle l'accusé était lui même membre des francs-maçons. Or un des premiers serments de la franc-maçonnerie est le serment de solidarité (Etchegoin, 2004) [24]
LA PROXIMITÉ DES RÉSEAUX D'EXTRÈME DROITE ET DES ÉLITES INTERNATIONALES
L'idéologie fasciste: un capitalisme totalitaire
Ce serait donc une erreur de chercher, comme le font les communistes, à égaliser les conditions des hommes. Ainsi, ils estiment que les décisions ne doivent pas être prises par le peuple (suffrage universel, démocratie parlementaire) mais qu'il faut confier le gouvernement aux seules élites politiques et économiques (les grands capitalistes), car disposant seuls des compétences nécessaires (Pannekoek, 1998).
L’influence des réseaux d'extrême droite en France et dans le Monde
La CIA s'est aussi appuyée sur des sectes à l'idéologie d'extrême droite (temple solaire avec Joseph di Mambro, Luc Jouret (Agent secret Belge) (Deloire: 1999) [27]. Le très secret OPC (Bureau pour la coordination politique) des Etats Unis, dirigea différents réseaux dont les Stay Behind, provoqua le prise de pouvoir des juntes latino-américaines (généralement à l'idéologie d'extrême droite), utilisa les hautes instances franc-maçonnes notamment à travers la la Loge P2 (dont fit parti Silvio Berlusconi), la mafia, le Vatican (Ganser, 2007) [28]. Michele Sindona fut le banquier en chef de la Mafia et aussi le fondé de pouvoir du pape Paul VI. Roberto Calvi prit le relais avant d'être pendu. L'exfiltration d'Europe de certains agents fascistes fut réalisée par le Saint Siège, sous la responsabilité de Mgr Giovanni Battista Montini (le futur Paul VI). Depuis sa création la CIA entretient des relations privilégiées avec le Saint siège. Après le dernier Consistoire, ce fut par le biais du Cardinal Avery Dulles, lui même fils de John F. Dulles (Verschave, 2003 : 37).
Les frères Dulles étant eux-mêmes cousins des Rockefeller, puis John F.Dulles fut président la Rockefeller Fondation. Il fut directeur dans les années 30 de la Colidated Slesian Steel Compagny dont l'industriel nazi Friedrich Flick possédait 66%) (Bureau d'Etudes, 2004) [29].
Pour créer son réseau européen, Allen Dulles s'appuya sur la Grande Loge Suisse Alpina. Cette loge franc-maçonne élitiste, dont Jacques Chirac semble être membre (FXV, NC, 36). En France, le représentant en France de l'Opus Dei, fut Geoffroy Chodron de Courcel (l'oncle de Bernadette Chirac) (Verschave, 2003 : 47).
L’idéologie d'extrême droite au sein des réseaux internationaux
Allen Dulles, qui n'hésite pas à collaborer avec d'anciens nazis, est membre de la société secrète "Skull and Bones" (le crâne et des os) dont font partie John Kerry (le candidat au présidentielle US de 2003), les Bush grand père Prescott, père et fils (même s'ils n'affichent pas officiellement ce type d'idéologie). Durant l'initiation, explique Robbins, les nouveaux adeptes "découvrent les décors du tombeau constitué d'objets et notamment d'emblèmes nazis gardés comme des reliques" (Robbins, 2005). [31]
Jusqu'en 1936, plus de 100 firmes américaines furent impliquées dans le financement de l'armée allemande fasciste. Il y avait notamment General Motors, Ford, Du Pont. En France, de nombreuses entreprises telles, Schneider en France ont financé le fascisme allemand avant et pendant la guerre, ou encore l’entreprise Renault qui a été nationalisée après la guerre pour avoir collaboré avec les occupants nazis.
Les membres des Skull and Bones sont présents à la CIA et "dominent les institutions financières comme J.P Morgan, Morgan Stanley, BB Harriman, qui comptaient à une époque plus d'un tiers de membres appartenant à Skull & Bones parmi ses associés. C'est à travers ces compagnies que les Skull & Bones ont apporté leur appui financier à Adolf Hitler, car la société suivait à l'époque la doctrine nazie et aujourd’hui néo-nazie (Robbins, 2005 :15).
L’idéologie d'extrême droite au sein des réseaux des élites françaises
De même le SAC (le service d'action Civique) a été créé en 1959 par Foccart et Pasqua (dont il devient le vice président en 1967) avec Etienne Léandri (Verschave, 2000, 418) et au service des intérêts de De Gaulle. Il a regroupé un large partie d'anciens collaborateurs de l'Allemagne Nazie tel Paul Touvier (Verschave, 2003 : 34). Lorsque Charles Pasqua est devenu ministre de l'intérieur en 1992, L'influence des réseaux d'extrême droite s'est renforcée.
Jean Charles Marchiani était au bureau du RPF (présidé par Pasqua), et a conduit un temps liste du FN à Toulon (Nice Matin, 4 janvier 2000). Il est pro-algérie française, catholique de droite. Il a été aussi membre de la DGSE jusqu'en 1969, préfet, conseiller de Charles Pasqua lorsqu'il était ministre de l'intérieure (Verschave, 2000 : 429). En 2008, il demande l'amnistie présidentielle pour échapper aux sanctions pénales qu'ils doit assumer (il est notamment accusé d'avoir reçu des commissions illégales dans les ventes d'armes (Thomson, Falcone).
LA PUISSANCE DES LOBBIES INDUSTRIELS A L’ONU
La dépendance financière de l’OMS et de l’UNICEF vis à vis de entreprises privées
Malgré ses faiblesses, l’ONU est parvenue à de grandes réussites au service des plus pauvres. Pourtant, l’ONU, du fait de son influence, est l’objet de tentative de contrôle de la part des Etats dominants et de leurs transnationales, au sein du conseil de sécurité et de chacune de ses agences.
Christian Joly rappelle les positions des organisations de solidarité internationale vis-à-vis de l'OMS : celles ci "continuent à voir la main des multinationales dans divers programmes de l'organisation. La collaboration de l'OMS, avec les firmes multinationales, est considérée comme une soumission aux lois du marché, au détriment de la satisfaction des besoins des populations » (Joly,:244-245) [33] Or, à la différence du financement par l’impôt, le partenariat et le mécénat des organisations internationales publiques par des intérêts privés, tel Rockefeller, portent le risque de fausser les décisions, au détriment de l’intérêt général, de l’indépendance des pouvoirs publics. Le 19 juillet 2002, l'UNICEF et la multinationale MacDonald's ont annoncé leur collaboration, dans la création de la première Journée mondiale des enfants de Mac Donald's (Balanya, 2005 : 363).
Le lobby nucléaire aux commandes de l’AIEA et de l’OMS
Cet accord du 28 mai 1959 contraint l’OMS, avant toute déclaration publique portant sur les problèmes de santé liés au nucléaire, à consulter auparavant l’AIEA, afin de « régler la question d’un commun accord ». L’article III « prévoit de prendre certaines mesures restrictives pour sauvegarder le caractère confidentiel de certains documents ». L’AIEA est elle même sous l’influence de l’industrie nucléaire civile (Areva) et militaire (www.Independentwho, 22/03/2007).
« Pour les projets de recherche, "régler la question d'un commun accord" avec l’AIEA, conduit à censurer l’expression de l'OMS, dans le domaine des accidents nucléaires (…).
Ceci explique qu’en 1995, l’AIEA contestait les morts et les cancers de la thyroïde chez les enfants vivant à proximité de Tchernobyl. Sous la pression des chercheurs et des associations, à partir de 1996, les chiffres officiels commencent à évoluer. Or, « Le Médecin chef de la Fédération de Russie signalait, en 2001, que 10% des 184.000 liquidateurs russes étaient décédés et qu'un tiers était invalide. L'Ukraine a fourni 260.000 liquidateurs. Selon le communiqué de presse de l'ambassade d'Ukraine à Paris, publié le 25 avril 2005, 94,2% d'entre eux étaient malades en 2004. « Lors des Conférences de Kiev en 2001, on apprenait que 10% de ces travailleurs sélectionnés étaient décédés (la moitié étant de jeunes militaires) et qu'un tiers était gravement invalide, leur situation se détériorant rapidement » (www.Independantwho,2007). Enfin, selon Alla Yarochinskaga il y a eu « 70 000 mineurs dont la plupart sont morts en plaçant des tuyaux de refroidissement sous la dalle du réacteur pour éviter une explosion thermonucléaire » (Yarochinskaga, 2004).
Les lobbies du tabac et de l’amiante mettent l’OMS sous pression
Gro Harlem Bruntland, lorsqu’elle dirigeait l’OMS en 2000, a demandé un rapport sur le rôle de l’industrie du tabac. Ce rapport, publié le 2 août 2000, accuse l’industrie du tabac d’être "active, organisée et calculatrice" de "saper son action pour la santé", de "subversion" de l’OMS. En effet, la liste des stratégies adoptées est longue. « L’industrie du tabac aurait donc tenté d'influencer les membres de l'OMS, en leur offrant des emplois et ainsi tirer avantage de leurs contacts avec l'Organisation pour influencer le contrôle du tabac par celle-ci, faire pression sur les budgets de l'OMS consacrés à ce contrôle, infiltration, espionnage, propagande, falsification, campagnes de dénigrement, financements philanthropiques pour gagner les faveurs de l'OMS, (ex : campagnes de vaccination), utilisation d'autres agences de l'ONU ou de la Banque mondiale pour obtenir des informations ou faire pression sur l'OMS » (Zeltner, 2000).
Le contrôle des naissances au FNUAP et à l’OMS, sous l’influence des lobbies
Dès la fin du XIXème siècle, des voix s'élèvent en Angleterre pour demander la stérilisation des sujets porteurs de défauts. A cette époque, l’américaine Margaret Sanger (1879-1966) recommande la stérilisation des faibles d'esprit, des gens atteints de maladies héréditaires, sinon aux Etats-Unis et au plan international, les races autres que la race blanche, occidentale, anglo-saxonne risquent d'envahir le monde. Sanger a forgé l'expression Birth Control (contrôle des naissances) et en a largement propagé l’idée, dans un perspective féminisme, néo-malthusianiste et eugéniste. Cependant, comme Malthus et Galton, Margaret Sanger ne remet pas en question les inégalités sociales. Leur conception s’oppose donc à une politique sociale de stabilisation démographique fondée sur une répartition des richesses, permettant l’accès à l’éducation, à l’emploi pour tous et à l’émancipation des femmes.
Sir Julian S. Huxley (1887-1975), a été vice-président de l’Eugenics Society de 1937 à 1944, puis Premier Secrétaire Général de l’UNESCO, de 1946 à 1948 et à nouveau président de l’Eugenics Society de 1959 à 1962. Il fut d’autre part le fondateur du World Wildlife Fund (WWF) (Cavanaugh-O'keefe, 1995). Ce dernier déclara au sujet des populations les plus pauvres que « bien trop fréquemment, ils doivent être assistés par des fonds publics, et deviennent un fardeau, pour la communauté (…), des tests d’intelligence et autres ont révélé qu’ils ont un Q.I. très bas; (...) Ici encore, la stérilisation volontaire pourrait être utile » (Huxley, 1946).
Le Rapport Kissinger de 1974 expose la politique des Etats Unis de l’époque. Il affirme que les pays du Nord sont menacés par les pays du Sud, pauvres, mais beaucoup plus peuplés. D'où, la nécessité impérieuse de contenir, c'est-à-dire brider la croissance démographique du Sud. On observe ainsi, des similarités entre les rapports actuels du FNUAP et le rapport Kissinger, établi en 1974. Y-aurait-t-il des parentés idéologiques ou non ?
L’influence des lobbies industriels, à l’ONU, ne se limite pas à l’OMS ou au FNUAP. L’affaire «du programme pétrole contre nourriture » de l’ONU a éclaté, en janvier 2004. Dans son dernier rapport, le 7 septembre, la Commission d’enquête indépendante mise en place, en avril 2004, par Kofi Annan, a dénoncé une conduite «illicite, non éthique et corrompue» au sein de l'ONU et blâmé le secrétaire général Kofi Annan, lui-même, pour ses négligences et ses erreurs. «Notre mission était de chercher des fautes de gestion, dans le programme «pétrole contre nourriture» et des preuves de corruption au sein de l'ONU et par des entreprises sous contrat. «Malheureusement, nous avons trouvé les deux», a déploré son président, Paul Volcker (Rosett, 2005). « Dans un précédent rapport, en août, la Commission avait établi que le Chypriote Benon Sevan, lorsqu’il était responsable du programme «pétrole contre nourriture», avait empoché près de 150 000 dollars en pots-de-vin » (Mauriac, 2005).
Le global compact de l’ONU : une privatisation de la régulation des normes sociales
Cette politique de nature néo-libérale se décline sous de multiples formes. Par exemple, le “partenariat” avec les ETN se développe aussi dans le secteur de l’environnement, comme on a pu l’observer au sommet de Johannesburg, sur le développement durable, en 2002. Le choix consiste à déléguer, aux acteurs économiques privés, certaines des fonctions traditionnellement dévolues au service public (service des eaux, retraitement des déchets, production énergétique..). D’une part, cela représente une orientation de politique économique très spécifique. Mais d’autre part, cela transforme la nature même des organisations internationales publiques qui deviennent des partenaires des entreprises privées, plutôt que des autorités de régulation au service du peuple et de l’intérêt général.
En effet, même si elles n’appliquent pas le Global Compact, les entreprises disposent du droit de placer le logo de l’ONU, sur leurs documents publicitaires. D’après Joshua Karliner et Kenny Bruno (2000) qui travaillent pour le Transnational Ressource & Action Center, à lobbying Francisco: “Le Global Compact permet en fait à des sociétés connues pour leurs violations des droits humains et de l’environnement, de “bleuir” leur image, en se drapant dans la bannière des Nations Unies. C’est un “blue Wash” à peu de frais, car rien ne les empêchera de continuer à produire sans améliorer leur pratique, dans la mesure où il n’existe pas de système de contrôle. C’est pourquoi ces ONG estiment que soutenir ainsi certaines ETN, peut se révéler nuisible pour l’image, la crédibilité et même la légitimité de l’ONU. Les Nations Unies ont autorisé les ETN Nike et Shell notamment, à adhérer au Global Compact, alors qu’elles enfreignent régulièrement leurs propres codes de conduite et les normes sociales et environnementales.
Si le capitalisme économique et politique peut expliquer la situation mondiale actuelle d'inégalité extrême, le libéralisme (avec sa dérégulation) ne vient que le renforcer, en accentuant encore les tendances vers le non respect des règles de certains des élites (la corruption). Ainsi, si le capitalisme libéral n'est pas la cause première des inégalités, il vient largement renforcer les faiblesses humaines (le besoin compulsif de pouvoir), le manque de démocratie et la tentation de la corruption et de l'illégalité à travers ses lobbies. Ces derniers agissant souvent de manière non démocratique et parfois même de manière illégale.
Notes
[2] De manière générale un groupe de pression est défini comme une entité organisée qui cherche à influencer les pouvoirs publics et les processus politiques dans un sens favorable à ses intérêts, sans pour autant participer à la compétition électoral, ce qui le distingue d’un parti.
[3] GROSSMAN Emilio, novembre 2005, Lobbying et vie politique, Problèmes politiques et sociaux, La Documentation française, n°918.
[4] GREENWOOD, J. (2003), Interest representation in the European Union, Basingstoke, Palgrave, Macmillan.
[5] KALLAS Sim, (A6-0105/2008), Résolution du Parlement européen du 8 mai 2008 sur le développement du cadre régissant les activités des représentants d'intérêts (lobbyistes) auprès des institutions de l'Union européenne.
[6]BASKIN Roberta, 27 janvier 2008, Colloque d’Alter EU Alliance pour la transparence du lobbying et l'éthique.
[7] M6, La vie de Waleed Bin Tatal, Zone Interdite, 4 septembre 2005.
[8] KROLL Luisa, 3/05/2008, The world's billonaires, Forbes, USA.
[9] Wood Alan., 1998, « Les délocalisations et l’emploi », Alternatives économiques, Paris.
[10] GLASER Antoine, 28/08/2008, France/Afrique la nouvelle "diplomatie business" !, La lettre du continent.
[11] LES ECHOS, 26/11/2007, Plus de 20 milliards d'euros de contrats entre la France et la Chine.
[12] SURVIE, 2005, Avril 2005 - Le choix volé des Togolais - Rapport sur un coup d'Etat électoral perpétré avec la complicité de la France et de la communauté internationale, L’harmattan, Paris, 110 p.
[13] LE FLOCH PRIGENT, Affaire Elf, Affaire d’Etat, Le cherche midi, 2001.
[14] VERSCHAVE François-Xavier, 2003, Noir Chirac, Les arènes.
[15] CROZIER Michel, HUNTINGTON Samuel, WATANUKI M., The Crisis of Democratie, Report on the governability of Democracies to the Trilateral Commission, New York, University Press, 1975
[16] GILL Stephen, American Hegemony and the Trilateral Commission, Cambridge University, Press, 1990.
[17] ARMSTRONG Alan, MCCONNACHIE Alistair, “The 1998 Bilderberg Meeting”, The Social Creation, Official Journal of the Social Secretariat, juillet-août, 1998.
[18] JENNAR Marc Raoul, "Le gouvernement des lobbies: la gouvernance contre la démocratie", in BALANYA, 2005.
[19] HERMET Guy, "Un régime àa pluralisme limité? A propos de la gouvernance démocratique", Séminaire du 12/13 juin 2003 sur la Gouvernance organisé par l'UNESCO, le Colegio de Mexico et le CERI à Mexico
et http://www.ceri-sciences-po.org.
[20] SPENCER Herbert, (1889), 1907 (Trad.), Autobiographie. Naissance de l'évolutionisme libéral, Paris, PUF.
[21] Korten David, When Corporations Rule the World Kumarian Press, 1995.
[22] Pour une actualisation de le liste de membres consulter le site officiel de la trilatérale www.trilateral.org/memb.htm
[23]CHEMIN Ariane, PERRIGNON Judith, 2007, La nuit du Fouq