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La carte d'identité biométrique fait son retour au Parlement. Le débat reste très discuté car le vaste fichier mis en place par le gouvernement concentrera les informations détaillées de plus de 45 milions de nos concitoyens... à la disposition de tous. Donc, potentiellement une atteinte très grave à la vie privée, à la liberté et à l'intimité d'un individu !
Autrefois, on reconnaissait l'appartenance d'un serviteur à la marque au fer rouge visible sur son corps... Aujourd'hui, le fichage est la suite logique et moderne du "traçage de l'individu" tout au long de sa vie. Celui-ci devra donc se montrer exemplaire et docile pour espérer vivre dans de pseudos bonnes conditions !
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Plusieurs années après l'échec du projet INES (Identité nationale électronique sécurisée), les sénateurs Jean-René Lecerf et Michel Houel ont déposé une proposition de loi dite "relative à la protection de l'identité". Objectif affiché : "mettre fin aux problèmes d'usurpation d'identité", estimée à plusieurs centaines de milliers par an, même si l'on n'a dénombré "que" 14 000 plaintes effectives en 2009.
Concrètement, le texte propose d'intégrer deux puces au précieux document. La première stockerait l'état civil de son propriétaire (nom, prénoms, sexe, date de naissance, lieu de naissance, adresse) et certaines caractéristiques physiques (taille, couleur des yeux, photographie, empreintes digitales). La seconde, facultative, serait une sorte de signature électronique destinée à protéger de la fraude lors de transactions en ligne.
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Un projet "a minima":
Reste que pour les détracteurs du projet, le problème réside avant tout dans le principe même de collecte et de stockage de données biométriques, qui constituent à leurs yeux une atteinte à la vie privée, quel que soit l'usage qu'on en fait. Quant à la portée symbolique du texte, son auteur Jean-René Lecerf, qui a fait de la lutte contre l'usurpation d'identité son cheval de bataille et qui en était déjà à l'origine en 2005, reconnaît, lui, plus volontiers une dimension sécuritaire. À tel point qu'il s'étonne lui-même que la proposition n'ait pas figuré dans l'arsenal juridique de la loi Loppsi (Loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure). "J'en avais parlé à Brice Hortefeux lorsqu'il était ministre de l'Intérieur... Il a jugé préférable de traiter le problème à part, plus tard", explique-t-il. Selon le sénateur Lecerf, le ministre de l'Intérieur actuel, Claude Guéant, lui aurait fait savoir qu'il était favorable au projet. Voire plus. Si aujourd'hui il reste une initiative parlementaire, ce projet de loi "a minima" pourrait bien, à l'avenir, être renforcé par le gouvernement avec des amendements un peu plus musclés.