La délinquance est-elle une maladie dépistable dès le plus jeune âge ? Comment, avec le renfort des neurosciences et de la psychiatrie, nos sociétés mettent l'enfance sous surveillance. Danger sur la dérive sécuritaire... et la mise sous contrôle des conduites humaines.
En France, en 2005, un rapport de l'INSERM intitulé "Les troubles de conduite chez l'enfant et l'adolescent" suscite un tollé chez une partie des professionnels de la santé mentale et de l'enfance. Ceux-ci accusent l'organisme de prôner la mise sous surveillance généralisée des tout-petits (dès l'âge de 3 ans), sous l'influence de la psychiatrie comportementaliste anglo-saxonne, légitimant ainsi une idéologie sécuritaire en pleine expansion. Car il s'agit aussi de repérer les futurs délinquants potentiels afin de prévenir ce qu'un député appelle leurs "comportements déviants". Une vision qui détermine déjà les politiques sanitaires et sociales dans des pays aussi variés que le Canada (Québec compris), l'Allemagne ou la Grande-Bretagne.
À chaque trouble sa molécule
Des sciences en pleine expansion comme l’éthologie et la neurobiologie, et avant elles la génétique, recherchent des causes physiologiques aux comportements "antisociaux". Une batterie de tests, de plus en plus répandus, vise à les diagnostiquer de plus en plus tôt, censés déceler l’"anormalité" des colères, des angoisses ou de la difficulté à se concentrer. Et partant, de les soigner par diverses molécules administrées de façon croissante aux jeunes enfants, du Prozac à la Ritaline. Le vol, le mensonge, la violence, sont ainsi identifiés comme symptômes de ces "troubles de conduite" classés par la bible de la psychiatrie américaine, le DSM (Diagnostic and statistic manual), parmi plus de quatre cents pathologies - contre soixante il y a 40 ans. Avec clarté et concision, en allant à la rencontre des chercheurs et des cliniciens dans les différents pays concernés (ainsi qu’en Suisse et en Belgique), à l’écoute des arguments de part et d’autre, ce film fait le point sur les racines scientifiques et sociales de cette volonté de contrôle, comme sur ses possibles conséquences.
Rapport 2005 de l'INSERM
Pour consulter le rapport Inserm, cliquez ici: http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CCwQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.inserm.fr%2Fcontent%2Fdownload%2F7154%2F55249%2Ffile%2Ftroubles%2Bdes%2Bconduites.pdf&ei=CIfvUsufHqev0QXS5YDwCg&usg=AFQjCNE4DP5lJSFv_-tr_E-xcJ1LYLREEg&bvm=bv.60444564,d.d2k