2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 14:22

Étant donné l'importance de l'engagement que signifie une analyse, il faut accorder au choix du praticien le plus grand soin...

 

 

Dès lors, comment procéder pour choisir le thérapeute qui nous conviendrait le mieux ? Commençons par dire ce qu'il ne faut pas faire : orienter son choix en se référant aux différentes écoles psychanalytiques. Dans tous les groupes, il existe des bons et des mauvais praticiens. Je puis être critique vis à vis d'un courant et pourtant y reconnaître la présence de cliniciens de valeur.  

 

"Les qualités personnelles du praticien sont infiniment plus importantes que l'école à laquelle il appartient."

 

Ce qui compte dans une analyse et donc ce qui compte dans le choix d'un psychanalyste dépasse les questions d'école. Dans l'ordre de la souffrance psychique, le choix de celui à qui nous allons nous confier dépend avant tout de sa qualité humaine d'écoute, de son expérience professionnelle et de son ouverture d'esprit ; et non pas l'école à laquelle il appartient. Certes, l'école influence la pratique du thérapeute mais ce n'est pas elle qu'il faut prendre en compte.

 

Hormis cette réserve, quel est donc le meilleur critère pour choisir un psychanalyste ?

 

La voie à suivre, c'est tout simplement d'aller consulter l'analyste qui vous a été recommandé et, ce qui est capital, d'évaluer les effets sur soi de la toute première rencontre. Le meilleur critère de choix c'est donc l'impression que je retire à l'issue de ma première visite chez un psychanalyste.

 

Il faut que je me sente soulagé en constatant que le thérapeute que je viens de rencontrer, a su trouver les mots pour me dire clairement ce que je ressentais confusément. Voilà qui déterminera le choix du thérapeute : la secrète conviction qu'il m'a compris et qu'il est prêt à m'accompagner. En d’autres mots, le sentiment que le praticien que je viens de rencontrer m'a d'emblée fait du bien.

 

Dans ce sens, je conseille toujours aux praticiens qu'à la fin du premier entretien, ils restituent au patient le sens de ce qu'ils ont écouté. Il s'agit de reformuler en des termes différents l'essentiel de la plainte que l'on vient d'entendre.

 

Bref, le meilleur critère pour trouver son psychanalyste est d'éprouver, dès le premier contact, le désir confiant de renaître.

 

 

 

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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 10:43
France Inter: "L'homme peut il s'adapter à lui même ?"
  
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Avec Jean François Toussaint, professeur de physiologie à l’université Paris Descartes et directeur de l’IRMES (Institut de recherche biomédicale et d’épidémioogie du sport),

contre Jean Michel Mesnier, professeur de Philosophie à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV) et chercheur au CREA.

 

france inter-Cliquez ici pour écouter le podcast-

  

L’espèce humaine va-t-elle pouvoir s’adapter aux changements qu’elle a elle-même suscités ? En a-t-elle encore les moyens physiologiques et biologiques ? Est-il encore temps ? Sur quel secteur scientifique, économique ou social allons-nous pouvoir nous appuyer à l’avenir pour nous aider dans une phase où les changements du monde seront multiples ?

 

Pourquoi l’homme s’est laissé asservir par ses machines ? Pourquoi en sommes-nous devenus des victimes ? Pourquoi avons nous renoncé à ce qui est de plus humain en nous ?

 

Le monde, l’homme l’a rendu nettement plus vivable pour lui-même en y augmentant son espérance de vie, en facilitant ses accès au garde-manger, à la fontaine municipale, au médecin de famille, à la pompe à essence, au train ou à… ses redoutables e-mails. Ce faisant il a, d’un même geste, multiplié par cent sa facture énergétique comme sa production de carbone et de polluants, pillé les ressources halieutiques, érodé les terres arables, homogénéisé le vivant et, peut-être, mangé son pain blanc.  

   

"De plus, l’homme  est arrivé à déléguer aux machines ses relations et ses rapports au monde !"

 

Note: Un bémol sur Charles Darwin, qui a effectivement penser "l'évolution et l'adaptation".

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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 10:15

Si vis pacem, para bellum : si tu veux la paix, prépare la guerre ! Mais la veux-tu, petit homme ? Tu présentes la guerre comme une fatalité, que tu programmes ! Tu prétends ne pas la vouloir, tu ne fais que t’y préparer ! Par François Housset.

 

 

La plupart des États du monde consacrent leur plus gros budget à la guerre et tous clament leur volonté d’instaurer un état paisible... plus de 8000 traités de paix rompus ont été recensés : la paix est un objectif dont on se détourne ! Pourquoi ? L’état de guerre serait-il plus intéressant ?

 

Les Nations en paix entretiennent un appareil guerrier “pour garantir la paix” ou se préparer aux prochaines hostilités : la paix est un temps d’accalmie pour se préparer à la guerre. Inversement, les guerres sont faites pour contraindre l’ennemi à accepter la paix ! Faire la guerre pour avoir la paix, profiter de la paix pour préparer la guerre... paix et guerre s’enchevêtrent dans une dialectique infernale ! Qui a commencé ?

 

Au commencement était la guerre. Il n’y avait pas encore d’État ni d’armée, donc pas de conflit armé entre États, mais une guerre de tous contre tous, l’homme étant un loup pour l’homme. Arriva un Léviathan, l’État, le plus froid de tous les monstres froids (Nietzsche), soumettant tous les hommes ensemble à une loi commune. L’état de guerre permanente entre individus laissa place à l’état de guerre entre Nations. Les Nations sont des louves entre elles. Faute d’un maître commun, toutes veulent faire autorité : la loi du plus fort règne encore, non plus entre les hommes, mais entre les Nations.

 

Tant qu’il n’y aura pas de république universelle elles continueront à guerroyer toutes contre toutes. Ce constat amena Kant à rédiger son "Projet de paix perpétuelle", postulant qu’une délibération démocratique devait mettre d’accord les parties opposés. On pouvait les fédérer en une "Société des Nations"... Feu notre SDN prit ce nom pour rendre hommage au bel ouvrage. Combien de fois la SDN, puis l’ONU, se déclarèrent incompétentes, quand bien même leur seule raison d’être était d’empêcher la guerre ! Leurs échecs montrent-ils la petitesse de l’homme, policé mais incapable de se soumettre à l’intérêt commun ?

  

Il y a peu de Kant dans l’esprit des hommes, et beaucoup d’agressivité. La psychologie humaine ne se défait pas de ses pulsions agressives : la pacification définitive supposerait une amélioration du genre humain... Une simple volonté n’y peut rien, les guerres sont provoquées par des événements, des processus, des décisions qui échappent au contrôle des peuples concernés : la paix internationale ne peut être que le produit de la psychologie individuelle et interindividuelle, aboutissant à la conscience puis l'intégration de nos pulsions destructrices.

 

La guerre permanente montre que nous sommes essentiellement des battants, des destructeurs. Notre vouloir-vivre violent est premier ; la paix, la sérénité, sont postérieures et transitoires. Si nous voulions et pouvions éviter les conflits, l’histoire ne connaîtrait pas son développement terrible nous obligeant à considérer l’homme comme homme de proie. Il y a dans sa haine un véritable attrait pour la destruction, donnant de la valeur aux énergies les plus formidables -c’est-à-dire les plus terribles : “mortelles !”

 

“On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs”, s’excusent les petits hommes pour se donner bonne conscience. Mais ils font l’omelette pour casser des œufs. Le goût de l’affirmation de sa puissance envers et contre toute autre puissance incline à sacrifier le plaisir de s’harmoniser au pur et puissant plaisir de vaincre. Il s’agit (ô paradoxe !) d’être monstrueusement exigeant, pour ne pas se satisfaire du respect d’autrui permettant une vie harmonieuse.

 
L’alternance guerre/paix constitue peut-être un cycle inhérent à la nature monstrueuse de l’homme. L’histoire donne raison aux doctrines pessimistes. Les optimistes espèrent la fin de cette sale histoire : dans les affaires humaines, les nécessités du passé ne sont jamais définitives et en fin de compte les efforts pour établir une paix assurée, c’est-à-dire pour dégager l’humanité de la dialectique guerre-paix, sont peut-être maintenant la seule lutte qui vaille.

 

  • Voici un extrait de "Ainsi parlait Zarathoustra":

DE LA GUERRE ET DES GUERRIERS. "Nous ne voulons pas que nos meilleurs ennemis nous ménagent ni que nous soyons ménagés par ceux que nous aimons du fond du coeur. Laissez-moi donc vous dire la vérité ! Mes frères en la guerre ! Je vous aime du fond du coeur, je suis et je fus toujours votre semblable. Je suis aussi votre meilleur ennemi. Laissez-moi donc vous dire la vérité ! Je n’ignore pas la haine et l’envie de votre coeur. Vous n’êtes pas assez grands pour ne pas connaître la haine et l’envie. Soyez donc assez grands pour ne pas en avoir honte ! Et si vous ne pouvez pas être les saints de la connaissance, soyez-en du moins les guerriers. Les guerriers de la connaissance sont les compagnons et les précurseurs de cette sainteté. Je vois beaucoup de soldats : puissé-je voir beaucoup de guerriers ! On appelle “uniforme” ce qu’ils portent : que ce qu’ils cachent dessous ne soit pas uni-forme ! Vous devez être de ceux dont l’oeil cherche toujours un ennemi- votre ennemi.

 

Et chez quelques-uns d’entre vous il y a de la haine à première vue. Vous devez chercher votre ennemi et faire votre guerre, une guerre pour vos pensées ! Et si votre pensée succombe, votre loyauté doit néanmoins crier victoire ! Vous devez aimer la paix comme un moyen de guerres nouvelles. Et la courte paix plus que la longue. Je ne vous conseille pas le travail, mais la lutte. Je ne vous conseille pas la paix, mais la victoire. Que votre travail soit une lutte, que votre paix soit une victoire ! On ne peut se taire et rester tranquille, que lorsque l’on a des flèches et un arc : autrement on bavarde et on se dispute. Que votre paix soit une victoire ! Vous dites que c’est la bonne cause qui sanctifie même la guerre ? Je vous dis : c’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. La guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l’amour du prochain. Ce n’est pas votre pitié, mais votre bravoure qui sauva jusqu’à présent les victimes. Qu’est-ce qui est bien ? demandez-vous. Être brave, voilà qui est bien." Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

François Housset www.philovive.fr

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 12:48

Dans le même état d'esprit et pour un soutien absolu de l'association "L'appel des appels" - initiée par Roland Gori, Psychanalyste et Professeur émérite de psychopathologie - Voici cet article en cinq points de Catherine Thibierge, qui détaille avec subtilité l'art de résister sans provoquer de forces contre-productives !

    

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<< Nous vivons une période marquée par l'augmention de la "pression des normes" liée à l'accroissement de la quantité de dispositifs d'évaluation et de contrôle qui régissent les pratiques professionnelles. Source d'aliénation individuelle et de destruction du lien humain, ce processus de "densification normative" est cependant réversible. Dans notre contexte propre et avec les outils qui sont les nôtres, il est en effet souvent possible de cesser de l'alimenter, voire de contribuer à l'inverser, au moins localement, et/ou de s'en affranchir, au moins en partie. Voici quelques clés pour vous y aider. >>

 

Clé n°1 - RÉSISTER sans alimenter

 

Comment cultiver l'art de résister sans s'épuiser, sans s'aigrir dans une révolte sans issue et surtout, sans alimenter "l'hydre normative", autrement dit en déjouant les pièges d'une résistance contre-productive, qui renforce ce contre quoi on lutte ?

La clé ici, c'est de ne pas entrer dans le processus de densification, de création normative. Donc, ne pas discuter les modalités du dispositif, ne pas proposer autre chose à la place, ni essayer d'améliorer ou d'amenuiser.

Se souvenir de l'enseignement du mythe d'Hercule luttant contre l'hydre de Lerne, coupant une tête et en voyant repousser dix.

Développer plutôt l'art de "la juste résistance", ajustée et "radicale" (au sens littéral de l'adjectif), donc une résistance qui soulève le problème à sa racine - locale du moins.

 

Clé n°2 - METTRE EN LUMIÈRE, pour légitimer la résistance et inverser le processus

 

La mise en lumière, ce n'est pas la même chose que la dénonciation idéologique. C'est donner à voir, au plus grand nombre de personnes concernées et par un travail de déconstruction rigoureux, ce qui fonde et entretient la dynamique de densification normative, notamment ses fondements juridiques, ses stratégies pour dissuader toute résistance, et ses ressorts humains.

Si la critique est, elle aussi, "radicale" et bien ciblée, elle peut saper les bases du dispositif et inverser le processus de densification normative.

Voici quelques questions qui peuvent contribuer à la déconstruction du dispositif :

. la question de la force du dispositif, notamment de sa force juridique, et, s'il n'a pas de force obligatoire, celle de sa "force normative"**,

. la question de la légalité du dispositif, dans sa mise en oeuvre sur le terrain,

. et la question de la légitimité du dispositif, que ce soit la légitimité de sa source, donc de ses auteurs, et/ou celle de son contenu.

Les réponses à ces questions peuvent fournir de puissantes raisons, incontestables, de dire non et de refuser de se soumettre.

 

Clé n°3 - REMONTER À LA SOURCE pour désamorcer la dynamique

 

Ce n'est pas tant une question d'efforts déployés que d'ajustement de l'action, et plus précisément d'activation des bons leviers, ceux qui peuvent favoriser ou provoquer la marche arrière. Par exemple, mettre les auteurs du dispositif face aux conséquences possibles, comme le risque de recours en justice à l'encontre du dispositif, si ce dernier est illégal.

Si la "densification normative" crée un "filet de normes", il suffit parfois de tirer sur la bonne maille pour élargir le filet, ou même pour le détricoter tout entier.

C'est l'un des enseignements de la fable "Le lion et le Rat" de la Fontaine. Là où la force du lion pris au piège s'avère impuissante, c'est l'ingéniosité du rat, par sa capacité à couper la bonne maille, qui va libérer le lion du filet qui le retient prisonnier.

 

CLÉ n°4 - S'ENGAGER dans les brèches de liberté

 

Les normes qui régissent les dispositifs de contrôle et d'évaluation sont issues d'un matériau souvent très hétérogène : textes juridiques, décisions, interprétations, actes de gestion, pratiques, discours, etc. Souvent, leur "maillage" n'est pas uniforme - normes juridiques et normes de gestion s'entremêlent -, les mailles pouvant être plus ou moins larges et plus ou moins solides / obligatoires. Ce qui ouvre la possibilité de s'affranchir, dans une mesure variable, de la "pression normative", en se faufilant à travers les mailles du filet normatif.

. Le premier affranchissement est intérieur, lié à la levée de la peur et à la prise de conscience de l'intériorisation de la contrainte, pour se tenir debout dans notre espace de liberté intérieure

. Une autre possibilité de s'affranchir siège dans un rapport éclairé à l'autorité des règles. Cela suppose de bien distinguer l'exigence de l'obéissance à la loi, a priori contraignante par définition, et la soumission volontaire à une norme qui recommande ou propose et qui n'a de force obligatoire que celle que ses destinataires voudront bien lui conférer.

  

Il y a, entre les deux, une différence fondamentale qui réside dans la marge de choix. Autant cette marge peut être limitée à l'égard de la loi (sauf à entrer dans une résistance à la loi injuste), autant cette marge de liberté s'avère bien plus importante par rapport à une norme proposante, tel que l'arrêté du 31 juillet 2009 "approuvant le référentiel d'équivalences horaires des enseignants-chercheurs", et contenant une simple "proposition de référentiel" dans son annexe.

Dans cet exemple, comme souvent il y a du choix possible à toutes les étapes et à tous les niveaux : d'abord le choix des universités de mettre le référentiel en oeuvre, ou pas. Et si oui, le choix de modalités plus ou moins gratifiantes ; ensuite le choix des UFR et des doyens, de minimiser ou d'amplifier le dispositif. Et enfin le choix des destinataires enseignants-chercheurs de participer ou non, de remplir ou pas les questionnaires et autres tableaux.

. Ce sont là des choix créateurs de notre "réalité normative", dans le sens de l'alourdissement ou de l'allègement.

  

CLÉ n°5 - FAIRE VIVRE LES VALEURS qui donnent SENS à notre métier et à notre pratique

 

Par la pression parfois insupportable qu'ils engendrent, les dispositifs de normalisation, de contrôle et d'évaluation peuvent fournir d'excellents contre-modèles, des sources d'inspiration par la négative. Dans un paradoxe qui n'est qu'apparent, ils font monter la conscience des valeurs essentielles à la pratique satisfaisante de notre métier.

En ombres chinoises, ils pointent ainsi le chemin du contre-pied :

. Ils se fondent sur des logiques quantitatives de rentabilité et sur des critères purement formels ? Privilégions partout où c'est possible la gratuité et la qualité du fond.

. Ils font jouer la compétition, la comparaison entre collègues ? Choisissons la coopération, le soutien aux plus jeunes, aux plus fragiles d'entre nous.

. Ils activent la peur et le stress ? Développons la convivialité, la créativité dans des "micro-pratiques" subversives, chaleureuses ou pleines d'humour, et la joie de se retrouver pour oeuvrer ensemble.

. Ils s'inscrivent dans l'urgence ? Ralentissons autant que faire se peut, et prenons le temps de la maturation nécessaire.

Cette normalisation peut engendrer du mal-être, une sensation d'impuissance voire d'écrasement, de la résignation, de la révolte... Mais elle peut aussi, par contraste, et sous la pression, ouvrir la voie de son contraire : stimuler le désir de convivialité, le besoin de solidarité, le choix de la qualité... et une vigilance accrue à ce qui y porte atteinte.


Sentir en soi et ensemble la possibilité de choisir les brèches de liberté où vivre nos valeurs...


<< En définitive, ..., c'est à nous qu'il revient de choisir une certaine orientation dans le monde, un fil conducteur en quelque sorte : en nous installant soit dans la cage, soit dans la brèche.>>


Myriam Revault d'Allones, La crise sans fin, Seuil, sept. 2012, p.197.

* La Densification normative - Découverte d'un processus, Mare et Martin, à paraître en 2013.

** La Force normative - Naissance d'un concept, C. Thibierge et alii, LGDJ / Bruylant, 2009.

 

http://www.appeldesappels.org/

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18 novembre 2012 7 18 /11 /novembre /2012 14:00

Le danger des écrans 3D !


le danger de la 3D


Alors que la 3D s’installe petit à petit dans notre quotidien à travers le cinéma, la télévision et maintenant les jeux vidéos, une étude met en garde contre l’utilisation de cette technologie qui peut s’avérer dangereuse, spécialement pour les enfants.

 

 Le cinéma 3D a été l’une des découvertes fortes dans l’industrie du 7ème art de ces dernières années. De plus en plus de films, après le succès d’Avatar, sortent maintenant dans des salles de projection 3D. Et après les salles noires, cette technologie s’installe petit à petit dans nos maisons avec les télévisions et les consoles en trois dimensions.

 

Seul problème, notre système de vision n’est pas adapté pour ça. La 3D n’est qu’un moyen de tromper notre cerveau pour lui faire croire à des effets de profondeur qui n’existent pas réellement. Et forcément, quand les premières études commencent à analyser ce problème, les résultats ne sont pas très positifs.

 

C’est Audioholics qui a lancé le premier la mise en garde. A travers une interview de Mark Pesce, chercheur et ingénieur dans les nouvelles technologies, le magazine met à jour différents problèmes liés à l’utilisation généralisées de la 3D.  Mark Pesce a travaillé notamment pour Sega sur le développement de la technologie 3D grâce au casque VR, dans les années 1990.

 

 
Rappelez vous, cela était présenté à l’époque comme le futur des jeux vidéos. On s’imaginait tous mettre un casque sur la tête et gambader gentiment dans un univers 3D virtuel. Mais si cette technologie n’a jamais vu le jour, c’est qu’elle a été jugée comme dangereuse… par les personnes la développant ! Mark Pesce explique qu’il avait mis en garde Sega contre les risques d’utilisation et la compagnie "a eu les résultats du test et les a enterrés" . 

 

Les industries des jeux vidéo semblent donc connaître depuis quelques années les dangers liés à ce genre de technologie. D’après Wayde Robson, cité par Numerama :  « la vérité est que l’exposition prolongée d’un individu devant une image en 3D peut causer davantage de dégâts que ce que veut bien dire l’industrie électronique sur le sujet ». Or, la 3D est de retour mais à la place d’avoir un casque sur la tête, nous portons désormais des lunettes.

 

Pour Mark pesce, « La 3D trompe notre cerveau. Quand vous enlevez les lunettes et que vous vous éloignez de l’écran, vous avez du mal à vous réadapter et pendant un moment, vous n’avez pas une bonne perception de la profondeur. (…) Il faut surtout se préoccuper des enfants. Leur système nerveux est encore en construction, et cela pourrait produire un dégât irréversible ».

 

Le problème pour les enfants réside dans le fait que leur système de vision est encore en cours d’apprentissage. D’après Audioholics «La vision stéréoscopique (…) est généralement considérée comme complète au moment où nous sommes environ six ans. C’est alors que les nerfs et les muscles minuscules derrière l’œil sont entièrement formés et ont appris à travailler de concert avec le cerveau pour répondre automatiquement à des repères visuels qui fournissent la profondeur de la vision parfaite». C’est pourquoi l’utilisation des jeux vidéos ou de la télévision en trois dimensions est d’autant plus dangereuse chez les enfants.

 

Il ne faut pas s’alarmer pour autant. Ce n’est pas en allant une fois par mois au cinéma que vous perdrez la notion de relief dans votre vie de tout les jours. Il reste néanmoins à garder en tête qu’une utilisation régulière et prolongée de cette technologie peut s’avérer problématique. Et nous n’en sommes qu’au premières études sur le sujet… d'autres troubles secondaires sur le cerveau sont à envisager.

 

www.Retoursurlactu.net

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 12:36

Après Émile Durkheim, ce sont Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui ont vraiment donné naissance à la sociologie de l'éducation. En diversifiant ses objets de recherches et en se recentrant sur les stratégies des acteurs, la sociologie contemporaine est aujourd'hui en recherche de nouveaux cadres théoriques.

 

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-Vincent Troger pour Sciences Humaines-

 

Genèse et objet


Émile Durkheim (1858-1917) est le précurseur incontesté de la sociologie de l'éducation. Bien qu'il n'ait pas publié sur ce sujet de son vivant, il a donné de nombreux cours de sociologie de l'éducation à la Sorbonne, où il a occupé à partir de 1906 une chaire de sciences de l'éducation. Ses leçons ont été réunies, avec d'autres textes, dans trois publications posthumes : Education et Sociologie (1922), L'Education morale (1925) et L'Evolution pédagogique en France (1938). E. Durkheim applique à l'éducation le principe fondateur qu'il avait formulé dans Les Règles de la méthode sociologique (1895) : « Les faits sociaux doivent être considérés comme des choses. »

 

Il insiste sur la relation étroite qui unit les structures politiques et sociales avec les pratiques éducatives en vigueur dans une société et les formes scolaires qui s'y développent. Il analyse par exemple l'essor des collèges au XVIIe siècle comme le signe d'une généralisation des modes d'éducation aristocratiques au profit de la bourgeoisie montante. E. Durkheim met aussi en évidence la fonction de socialisation que remplit l'école dans les sociétés modernes : « L'éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération. » Il conçoit cette socialisation comme la transmission de valeurs et de normes communes à tous les individus de la même société, « à quelque catégorie sociale qu'ils appartiennent ». Après lui, il a fallu attendre les années 60 pour que les questions d'éducation réapparaissent dans les interrogations sociologiques en France.

 

Des processus de sélection sociale masqués

 

Ce sont surtout Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui ont fait de la sociologie de l'éducation une préoccupation importante de la sociologie contemporaine en publiant Les Héritiers (1964) et La Reproduction (1970). Ils y prennent en quelque sorte le contre-pied de l'analyse de E. Durkheim. Leur thèse centrale est que l'école reproduit les inégalités sociales à travers des méthodes et des contenus d'enseignement qui privilégient implicitement une forme de culture propre aux classes dominantes. La pratique du cours magistral, qui se fonde sur l'usage d'un langage cultivé sans en dévoiler les mécanismes, induit une « complicité cultivée » entre les enseignants et les élèves des milieux culturellement favorisés, déjà accoutumés à ce type de rapport au langage. Sous couvert d'universalisme, l'école leur permettrait en fait de faire fructifier le « capital culturel » que leur transmettent leurs parents. Là où E. Durkheim voyait la transmission de valeurs communes, P. Bourdieu et J.-C. Passeron dénoncent une légitimation des inégalités, puisque l'école masquerait derrière un discours sur l'égalité des chances des processus de sélection sociale qui aboutissent à justifier ces inégalités par la sanction du diplôme scolaire.

 

Le travail des deux sociologues a atteint un niveau d'élaboration théorique qui lui a valu une large notoriété. Il faut néanmoins souligner qu'il s'inscrit dans un ensemble de recherches qui, au cours de la même période, ont visé chacune à sa manière à démontrer que les systèmes scolaires contribuent à l'aliénation des classes populaires. Parmi les plus connues, il faut citer celles de Christian Baudelot et Roger Establet (L'Ecole capitaliste en France, 1971), de Claude Grignon (L'Ordre des choses, 1971) ou du Britannique Basil Bernstein (Langage et classes sociales, 1975).

 

Le postulat de l'acteur social rationnel


Mais l'analyse de P. Bourdieu et J.-C. Passeron a aussi été très tôt critiquée. Dès 1972, dans un livre intitulé L'Inégalité des chances, Raymond Boudon récuse la thèse déterministe des deux auteurs, qui posaient que les individus agissent en fonction de « dispositions » sociales qu'ils ont inconsciemment « intégrées » pendant leur enfance et qui dirigent leurs comportements. R. Boudon part d'un postulat inverse : celui de l'acteur social rationnel, emprunté aux théories économiques. De son point de vue, les inégalités sociales observées dans les parcours scolaires sont le résultat de la juxtaposition de stratégies divergentes, adoptées consciemment par les familles en fonction des informations dont elles disposent et de leur manière d'évaluer les avantages et les coûts d'une poursuite d'études. « L'éventualité de devenir, par exemple, instituteur, écrit R. Boudon, n'est pas perçue de la même manière par le fils d'un ouvrier et par le fils d'un membre de l'académie des sciences. » Le fils d'ouvrier se satisfera d'un statut qui constitue pour lui une progression sociale notable, alors qu'il anticipera négativement le coût psychologique et financier d'études longues, ce qui ne sera évidemment pas le cas du fils d'universitaire. Le phénomène de « reproduction » sociale analysé par P. Bourdieu et J.-C. Passeron ne serait alors qu'un effet pervers d'une accumulation de choix individuels rationnels (d'où le nom d'« individualisme méthodologique » donné à cette interprétation), mais dépendants de la position sociale initiale des acteurs.


Recherches actuelles


En introduisant la notion de stratégie des acteurs dans la sociologie de l'éducation, R. Boudon lui a offert une autre grille de lecture que celle qu'avait imposée la théorie de la reproduction. Si la quasi-totalité des sociologues contemporains de l'éducation reconnaissent leur dette à l'égard de P. Bourdieu et J.-C. Passeron, ils ont aussi cherché à dépasser ou à approfondir une analyse qui tend à enfermer les pratiques éducatives dans une logique unilatérale, et l'ont fait en cherchant à mieux saisir les pratiques des acteurs.

 

C'est par exemple le cas des sociologues suisses Philippe Perrenoud et Cléopâtre Montandon, qui publient en 1988 un recueil d'études sur les difficultés de communication entre les parents, surtout d'origine modeste, et les enseignants (Entre parents et enseignants, un dialogue impossible). La même année, dans L'Ecole primaire au quotidien, Régine Sirota met en évidence les inégalités de considération que les maîtresses d'école manifestent quotidiennement à l'égard de leurs élèves (fréquence des regards, sourires, félicitations ou interrogations) et qui révèlent des préférences subjectives souvent liées à leurs origines sociales. François Dubet s'intéresse pour sa part à la vie quotidienne des lycéens (Les Lycéens, 1991) et à leur mal de vivre.

 

Subjectivation versus socialisation


F. Dubet est d'ailleurs un des premiers à tenter de donner à ces nouvelles approches un cadre théorique renouvelé. Dans A l'école. Sociologie de l'expérience scolaire, écrit en 1996 avec Danilo Martuccelli, il analyse la manière dont les élèves vivent ce qu'il appelle leur expérience scolaire. Selon lui, la construction individuelle de la personnalité, ce qu'il nomme la « subjectivation », qui passe notamment chez les jeunes par la participation à une consommation culturelle spécifique, entre en conflit au cours de la scolarité avec la socialisation, c'est-à-dire l'imposition des normes collectives et la compétition scolaire. Pour résoudre ce conflit, les élèves disposent de ressources différentes selon leurs origines sociales. Cette tension entre subjectivation et socialisation est plus violente chez les jeunes d'origine populaire, notamment en raison de l'écart entre leur culture familiale et la culture scolaire, et peut expliquer leurs plus fréquents échecs.

 

Dans la suite de ces travaux, Anne Barrère a proposé d'analyser le travail scolaire à la manière des sociologues du travail (Les Lycéens au travail, 1997). Elle montre par exemple que la principale difficulté des élèves dont les familles ne disposent pas d'un capital culturel élevé est de comprendre ce que les professeurs attendent vraiment d'eux. Pour mémoriser le maximum de connaissances, nombre de ces élèves travaillent beaucoup, mais ils ne comprennent pas toujours comment les enseignants souhaitent que ces connaissances soient réutilisées au moment des contrôles.

 

Cette interrogation sur le sens du travail scolaire a été parallèlement approfondie par plusieurs chercheurs, notamment Elisabeth Bautier, Bernard Charlot et Jean-Yves Rochex (Ecole et savoirs dans les banlieues et ailleurs, 1992). Ils y montrent que les élèves qui réussissent à l'école sont ceux qui donnent du sens au savoir scolaire, c'est-à-dire qui trouvent du plaisir dans le travail intellectuel sans en attendre des résultats concrets à court terme. Or ce type de rapport au savoir et à la culture est plus rare dans les milieux populaires, où la confrontation quotidienne aux problèmes matériels conduit à privilégier les connaissances utilitaires.

 

Cherchant lui aussi à comprendre les trajectoires scolaires des élèves d'origine populaire, Bernard Lahire a conduit une longue enquête au sein de familles populaires, particulièrement immigrées. Il y met en évidence, entre autres, l'importance du rôle des mères. La réussite scolaire des enfants dans ces familles est en effet liée à la capacité des mères à maîtriser l'emploi du temps de la vie familiale, à mobiliser toutes les ressources sociales disponibles pour la réussite scolaire (voisinage, frères et soeurs...), et à leur vigilance à l'égard du mode de vie de leurs enfants (Tableaux de familles, 1995).

 

Tout en étant moins orientés vers la compréhension des comportements individuels, d'autres sociologues ont également travaillé sur les stratégies des acteurs. C'est le cas de Robert Ballion (Les Consommateurs d'écoles, 1982) et d'Alain Léger et Gabriel Langouët (Le Choix des familles, 1997). Ces auteurs insistent sur le développement de comportements consuméristes à l'égard de l'institution scolaire. Ils montrent que la supériorité des familles culturellement favorisées tient aussi à leur habileté à profiter des marges de manoeuvres qu'offre le système scolaire pour faciliter les parcours de réussite de leurs enfants, notamment par l'utilisation des dérogations à la carte scolaire ou le recours à l'enseignement privé. A l'opposé de ces stratégies de réussite, Stéphane Beaud met en évidence la désillusion et le sentiment de déclassement des jeunes titulaires de baccalauréats professionnels qui cherchent à poursuivre des études à l'université et y subissent souvent de sévères échecs (80 % au bac, et après ?, 2003).

 

L'absence d'une théorie unificatrice

 

Mais les stratégies d'acteurs, ce sont aussi celles des personnels des établissements et de ceux qui décident ou appliquent les politiques éducatives. Des auteurs comme Jean-Louis Derouet (Ecole et Justice, 1992) ou Agnès van Zanten (L'Ecole de la périphérie. Scolarité et ségrégation en banlieue, 2001) ont ainsi analysé l'éclatement des points de vue d'acteurs et la diversité des arrangements locaux auxquels les évolutions des politiques éducatives ont donné lieu au sein des établissements scolaires. De nombreux chercheurs tentent également de repérer au milieu de la disparité des établissements ceux qui sont le moins socialement ségrégatifs. A la lecture de ce très bref état des lieux, on peut dire avec Jean-Manuel de Queiroz que la sociologie de l'éducation n'est pas aujourd'hui « unifiée au sein d'une théorie unique et cohérente ». La distance prise à l'égard des « paradigmes hégémoniques des années 70 » a abouti à des recherches abondantes et diversifiées, mais qui n'autorisent pas pour l'instant l'élaboration d'une théorie unificatrice.

 

Pourtant, ces recherches ont contribué à rendre aux acteurs leur consistance et à mieux comprendre comment les individus subissent, supportent, contournent ou combattent les injustices de la compétition scolaire. Un bon exemple de ces nouvelles problématiques est sans doute offert par les enquêtes sur la scolarité des filles. Devant le constat indiscutable de la meilleure réussite scolaire des filles, tous milieux sociaux confondus, des auteurs comme C. Baudelot et R. Establet (Allez les filles !, 1992) ont été amenés à nuancer les analyses antérieures sur la reproduction des inégalités ou sur la domination masculine. La réussite scolaire des filles peut en effet s'interpréter comme une inversion à leur profit, grâce aux logiques scolaires, des stéréotypes sexuels traditionnels.

 

La docilité et les compétences relationnelles que les modes d'éducation dominants développent chez les filles, a priori pour les confiner dans leur futur rôle de mère de famille, deviennent des atouts pour réussir à l'école, alors que les comportements virils d'affirmation de soi valorisés dans l'éducation masculine préparent mal les garçons à se soumettre aux normes scolaires. En bref, les filles travaillent quand les garçons chahutent. Certes, malgré leurs meilleures performances scolaires, les filles continuent d'être minoritaires dans les filières scientifiques de haut niveau. Pour l'expliquer, on peut suivre Marie Duru-Bellat qui interprète cet écart en termes de conditionnement au manque d'ambition et à l'autocensure (L'Ecole des filles. Quelle formation pour quels rôles sociaux ?, 1990). Mais on peut aussi observer qu'elles sont désormais nettement majoritaires dans des filières aussi sélectives que les grandes écoles de commerce ou les facultés de médecine. La question de l'interprétation sociologique de la réussite scolaire des filles reste, comme beaucoup d'autres, ouverte.

 

En se recentrant sur l'acteur, la sociologie de l'éducation a élargi son champ de réflexion et produit des recherches fructueuses pour la connaissance des pratiques éducatives. Elle semble cependant traverser une période où elle paye cette pluralité de recherches par un déficit de cadre théorique. Or les repères théoriques clairement identifiés sont sans doute indispensables pour permettre aux chercheurs de se positionner les uns par rapport aux autres et alimenter les débats sans lesquels une science sociale a du mal à progresser. C'est un des principaux défis pour l'avenir de la discipline.

 
Vincent Troger pour www.scienceshumaines.com

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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 10:46

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la société est constituée par une opposition entre la sphère des besoins, celle des esclaves, artisans, roturiers et la sphère de l’otium, celle des clercs, ou de toutes personnes dégagées des obligations de la vie quotidienne vouées à la satisfaction des besoins par la production des subsistances.

 

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Le « negotium » est le nom que les romains donnaient à la sphère de la production, elle-même soumise au calcul. Ce n’est pas seulement le commerce des marchandises au sens du plan comptable, c’est le commerce au sens large des affaires, le business, l’affairement, c’est aussi le lieu des usages. A l’inverse, l’otium est le temps du loisir libre de tout negotium, de toute activité liée à la subsistance : il est en cela le temps de l’existence*.

 
Otium et negotium ont ceci en commun que ces deux activités se déploient avec des supports de mémoire (hypomnemata). Dans le negotium on trace les échanges, on quantifie et on calcule le commerce humain. Dans l’otium, les hypomnemata sont mis en œuvre essentiellement dans la visée des objets de la contemplation, skholè, qui forment les idéalités en général (les objets de l’idéalisation – au sens de Freud –, c’est à dire aussi de la sublimation) et constituent ce que nous appelons des consistances : ce qui, n’existant pas, consiste d’autant plus (la justice, l’infinité de l’objet de mon désir, le point géométrique, etc.)
 
Dans l’otium il y a une discipline comprise comme technique de soi donnant accès à ce qui n’a pas de prix : c’est celle du sportif qui s’entraîne régulièrement, celle du moine qui respecte la liturgie, celle de celui qui écrit quotidiennement ses pensées. Ce que Foucault nomme « l’écriture de soi » relève typiquement de l’otium. Si l’otium est une pratique solitaire, elle est toujours socialement destinée et constituée.
 
Les pratiques de l’otium tendent aujourd’hui à être intégralement court-circuitées par les industries de services et soumises aux contraintes du marché : elles se voient diluées et finalement confondues avec le négotium – par exemple comme savoirs académiques totalement soumis aux contraintes économiques.
 
* Si otium et negotium, comme existence et subsistance, composent toujours, ils doivent absolument demeurer distincts. Mais ce serait une erreur d’opposer systématiquement otium et negotium car nous retomberions dans une démarche fondamentalement métaphysique. Max Weber a montré combien, avec l’éthique protestante du capitalisme, le negotium devient une activité qui relève de l’otium, et dans laquelle il s’inscrit. (ars-industrialis.org)
   
Un code de "l'otium" très strict: Le Bushido !

 

 

La plupart des samouraïs vouaient leur vie au bushido, un code strict qui exigeait loyauté et honneur jusqu'à la mort. Si un samouraï échouait à garder son honneur il pouvait le regagner en commettant le seppuku (suicide rituel), que l'on connaît mieux en occident sous le terme de « hara-kiri » ou « l'action de s'ouvrir le ventre » (hara : le « ventre », siège du ki (puissance, énergie) et kiri : « coupe »). Cependant, il faut noter une différence non négligeable entre seppuku et hara-kiri. Le seppuku permettait à un guerrier vaincu de se donner la mort et de pouvoir ainsi mourir avec son honneur (le vainqueur abrégeait ensuite ses souffrances).

 

Le hara-kiri était une façon de se donner la mort où la personne "perdait" tout honneur suite à ce geste. Dans le Japon féodal, on parlera de hara-kiri pour une personne se donnant la mort suite par exemple à une humiliation (adultère par exemple) et de seppuku pour une personne assumant une défaite et se donnant la mort (guerrier perdant une bataille). Cette nuance est sensible mais importante dans la compréhension du bushido.

 

Sous sa forme la plus pure, le bushido exige de ses pratiquants qu'ils jugent efficacement le moment présent par rapport à leur propre mort, comme s'ils n'étaient déjà plus de ce monde. C'est particulièrement vrai pour les formes initiales de bushido ou de budō. D'ailleurs, les traditionalistes critiquent les formes plus tardives : « ils raisonnent clairement avec l'idée de rester en vie dans l'esprit. »

 

Citations


Voici un aperçu de la loi du bushido telle qu'elle est exprimée vers la fin du XVIIe siècle :

 

« Le vrai courage consiste à vivre quand il est juste de vivre, à mourir quand il est juste de mourir » (Hagakure, Yamamoto Jôchô)

 

« Un homme qui ne cesse de calculer est un poltron. Je dis cela parce que les supputations ont toujours un lien avec les idées de profit et de perte; l'individu qui les fait est tout le temps préoccupé par des notions de gain ou de perte. Mourir est une perte, vivre est un gain et c'est ainsi que l'on décide souvent de ne pas mourir. C'est de la lâcheté. De même, un homme qui a reçu une bonne éducation peut camoufler, avec son intelligence et son éloquence, sa poltronnerie ou sa cupidité qui sont sa véritable nature. Bien des gens ne s'en rendent pas compte. » (Hagakure, Yamamoto Jôchô)

 

« Ne jamais rechercher les mets les plus fins dans le but de contenter son corps. » (La Voie à Suivre Seul, Miyamoto Musashi)

 

« Un samouraï se conduira en fils et en sujet fidèle. Il ne quittera pas son souverain, quand bien même le nombre de ses sujets passerait de cent à dix, de dix à un » (Hagakure, Yamamoto Jôchô)

 

« … Quant aux samouraïs, ils inventent toutes sortes d'armes. Ils doivent connaître les caractéristiques de chaque espèce d'arme. C'est la façon de vivre d'un bushi. Si un samouraï n'est pas familier avec les armes ou ignore les caractéristiques propres à chacune, cela ne serait-il pas insensé ? » (Le Traité des Cinq Eléments, Chapitre de la Terre, Miyamoto Musashi)

 

« En temps de guerre, le témoignage de sa loyauté consistera à se porter s'il le faut au-devant des flèches ennemies sans faire cas de sa vie »(Hagakure, Yamamoto Jôchô)

 

« Se consacrer entièrement à la Voie, sans même craindre la Mort. » (La Voie à Suivre Seul, Miyamoto Musashi)

« …s'il perd le combat et s'il est obligé de livrer sa tête (…) il mourra en souriant, sans aucune vile allure » (Hagakure, Yamamoto Jôchô.

 

« … Il est dit aussi que l'usage des armes pour tuer - du moins quand c'est inévitable - fait aussi partie de la Voie de la Nature. Qu'est-ce que cela veut dire ? Les fleurs s'épanouissent et la verdure prolifère quand souffle la brise printanière ; mais à l'apparition des gelées d'automne, invariablement, les feuilles tombent et les arbres s'étiolent. Cela aussi est la loi de la Nature. Il peut donc se présenter un moment où il faut abattre ce qui doit l'être : certains profitent des évènements pour commettre le Mal. Quand ce mal se manifeste, il faut le combattre. C'est pourquoi il est dit aussi que l'usage des armes fait également partie de la Voie de la Nature. » (Satsujinken, Yagyu Munenori)

 

« … Ne jamais se relâcher à aucun moment de la journée. » (Le Traité des Cinq Eléments, le Chapitre du Vide, Miyamoto Musashi)

 

« Bushido signifie la volonté déterminée de mourir. Quand tu te retrouveras au carrefour des voies et que tu devras choisir la route, n'hésite pas : choisis la voie de la mort. Ne pose pour cela aucune raison particulière et que ton esprit soit ferme et prêt. Quelqu'un pourra dire que si tu meurs sans avoir atteint aucun objectif, ta mort n'aura pas de sens : ce sera comme la mort d'un chien. Mais quand tu te trouves au carrefour, tu ne dois pas penser à atteindre un objectif : ce n'est pas le moment de faire des plans. Tous préfèrent la vie à la mort et si nous nous raisonnons ou si nous faisons des projets nous choisirons la route de la vie. Mais si tu manques le but et si tu restes en vie, en réalité tu seras un couard. Ceci est une considération importante. Si tu meurs sans atteindre un objectif, ta mort pourra être la mort d'un chien, la mort de la folie, mais il n'y aura aucune tache sur ton honneur. Dans le Bushido, l'honneur vient en premier. Par conséquent, que l'idée de la mort soit imprimée dans ton esprit chaque matin et chaque soir. Quand ta détermination de mourir en quelque moment que ce soit aura trouvé une demeure stable dans ton âme, tu auras atteint le sommet de l'instruction du bushido. » (Hagakure, Yamamoto Jôchô).

 

Les sept vertus du bushido


Il existe sept grandes vertus confucéennes associées au bushido :

  • Droiture ou rigueur     
  • Courage                      
  • Bienveillance               
  • Politesse ou respect     
  • Sincérité                     
  • Honneur                      
  • Loyauté                        
1838-1919: Un peu d'histoire...
                        
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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 19:22
URGENT : POUR LA SAUVEGARDE DES SOINS DE PROXIMITE !
  

Il y a un an, nous nous étions mobilisés avec vous contre l'article 22 de la Proposition de loi Fourcade qui remettait en cause les principes fondamentaux de notre système de santé et de notre protection sociale en instaurant le conventionnement individuel et en bafouant le libre choix du patient.

Grâce à vous, nous avions gagné et la mesure avait été retirée.
 
Aujourd'hui, elle revient sous la forme de la Proposition de loi n°296.
 
Nous nous lançons à nouveau dans la bataille pour:
- PROTEGER LE LIBRE CHOIX DU PATIENT
- PRESERVER L'ACCES AUX SOINS DE PROXIMITE ET LE CARACTERE UNIVERSEL DE NOTRE PROTECTION SOCIALE
 
La pétition que nous avons lancée le 7 novembre 2012 a déjà recueilli plus de 7000 signatures.
C'est énorme mais pas encore suffisant. Nous avons besoin de votre soutien rapide car l'agenda est serré (première lecture à l'Assemblée Nationale le 28 novembre 2012).
 
Voici ce que vous pouvez faire pour commencer:
1. Signer et faire signer autour de vous la pétition en ligne (que vous pouvez également imprimer et nous renvoyer par courrier)
2. Contacter par courrier votre DEPUTE et votre SENATEUR (modèles de courriers proposés ici)
3. Afficher dans vos locaux et/ou salles d'attente les AFFICHES (à imprimer à partir des modèles ici)
4. Relayer cette information auprès de vos patients et clients par les FLYERS (à imprimer à partir d'ici)
 
Votre action est déterminante.
Grâce à elle et tous ensemble, nous gagnerons.
Merci d'avance.
 
L'équipe de Soins Coordonnés.
Vous pouvez aussi soutenir notre action financièrement ici
 
Toutes les informations sur notre action sur le blog: http://pourlasauvegardedessoinsdeproximite.wordpress.com/
 
Soins Coordonnés est une association loi 1901 de professionnels de santé à but non lucratif.
Toutes les informations sur notre site ou par mail à contact@soinscoordonnes.fr
 
-Soins Coordonnes 28 rue Godefroy Cavaignac 75011 Paris-
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14 novembre 2012 3 14 /11 /novembre /2012 12:27

Voici le premier cours de psychosociologie: "Les origines du marketing - Les débuts de la prolétarisation". Précédé par une courte présentation de la charte des Universités Populaires.

 

 

Cours de psychosociologie du 13 Novembre 2012 dans le cadre de l'Université Populaire de Saint-Sauveur, Luxeuil les bains et CCPL (suivi d'un débat non filmé).  Merci de prendre connaissance du contenu pour les nouveaux arrivants, afin de débattre par consensus ou critiques sur le sujet, en seconde partie de soirée.


Tous les personnages historiques évoqués seront approfondis ultérieurement. Prochaine session le "18 décembre 2012".

 

  -Durée totale: 01h03mn-

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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 17:27

Qui n’a pas son petit porte-bonheur, son grigri auquel il croit dur comme fer… Mais d’où viennent nos superstitions ? Pourquoi certains n’y prêtent aucune attention alors que d’autres y accordent une importance extrême ? Cette dernière attitude peut-elle cacher un problème psy ?

   

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Trouver un peu plus d’assurance


Dans la plupart des cas, la superstition est un rituel, un soutien qui traduit simplement un manque de confiance en soi, un besoin de réassurance : peur de ne pas être à la hauteur à cet entretien d’embauche, ou ce rendez-vous galant… Rien de tel pour se rassurer qu’un petit gri-gri ! Il aura suffit que celui-ci, par une coïncidence, se retrouve investit d’un pouvoir particulier… Et souvent ça marche ! Car un rien suffit pour trouver les ressources nécessaires pour affronter le regard de l’autre ou s’affirmer. Si cette aide est généralement ponctuelle, ces gestes peuvent à la longue se transformer en rituel, et intégrer les milliers de gestes que nous faisons machinalement (lire à ce propos notre article Pourquoi sommes-nous superstitieux ?).

 

Et si c’était un toc ?


Si le fait de ne pas vouloir passer sous un escabeau ou que la vue d’un chat noir sont des superstitions sans conséquence, certaines attitudes peuvent parfois révéler un véritable trouble psy : refuser de marcher sur les lignes sur les trottoirs, faire trois fois le tour du salon avant de sortir… Lorsque l’on perd le contrôle sur ces petites manies, que l’on ne peut plus se passer de ces rituels, et qu’ils finissent par handicaper la vie sociale, il faut peut-être soupçonner un trouble obsessionnel compulsif. Ces "TOC" toucheraient 3 à 4 % de la population. Les victimes ne peuvent s’empêcher de réaliser les mêmes gestes plusieurs fois par jour, source d’anxiété : se laver les mains, vérifier les serrures… Il est alors important d’en parler à un spécialiste (psychologue, psychiatre…) car des thérapies associées à des médicaments peuvent chasser ces obsessions.


La superstition peut également être le signe d’une phobie : le fait de refuser de prendre l’ascenseur ou les transports en commun peut cacher une peur viscérale pour laquelle la superstition servira de prétexte. Anxiété ou déprime peuvent aussi favoriser l’apparition de superstitions : dans des situations de détresse, il est normal de rechercher un soutien sous toutes ses formes.


Superstitieux chroniques


Il existe des milieux où la "bonne étoile" est quasiment incontournable. Par exemple, le joueur est évidemment à l’affût de la moindre chance d’influencer le hasard. Consciemment ou non, il se focalise sur certains évènements qui ont pu se produire les fois où il a eu de la chance, pour essayer de les reproduire. Cela ira du choix de la main qui lance les dés au porte-bonheur dans la poche. Mais le plus intéressant, c’est que s’il ne gagne pas malgré la présence du gri-gri ou l’utilisation d’un rituel, cela ne remettra pas forcément en cause ce dernier. Alors que n’importe quelle victoire renforcera aussitôt la croyance…


Les sportifs ont paradoxalement les mêmes habitudes que les joueurs. Pourtant, le sport ne laisse théoriquement que peu de place au hasard, et beaucoup à l’entraînement et aux qualités de l’athlète. Mais à l’inverse du joueur, le sportif identifiera plutôt des porte-malheur que des porte-bonheur ! Car en résumé, si le joueur gagne, c’est parce qu’il est bon, s’il perd, c’est la faute à pas de chance… Difficile pour un athlète de remettre en cause ses performances. La superstition va alors prendre la forme d’un lieu "maudit" (le tennisman persuadé que tel tournoi lui porte toujours "la poisse"), ou va se focaliser sur un adversaire. Et le rituel avant le match ou la compétition est souvent une manière de se concentrer, même si les habitudes sont des plus loufoques (embrasser la pelouse, faire le tour des buts…).


Dans la grande famille des superstitieux, on compte aussi les acteurs. Il ne s’agit pas là de vaincre le hasard, mais bien d’assurer sa confiance en soi avant une prise ou l’entrée sur scène. Le rituel incontournable est alors plus proche d’une séance de relaxation que d’une véritable superstition…


En général, la plupart des superstitions ne peuvent pas faire de mal. Et si elles permettent de se rassurer et de prendre confiance en soi pourquoi pas ? Mais si l'on se met à perdre beaucoup d’argent, ou que l’on menace sa santé (en croyant que telle amulette va nous guérir), que la superstition devient aliénante, empiète sur notre vie ou nos relations, alors il y a danger, et il faut trouver une autre solution. En un mot : continuer à croire en sa bonne étoile et garder les pieds sur Terre !


Louis Asana pour doctissimo.fr

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