12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 10:44

Psychiatrie, management, enseignement, recherche, culture, justice ou formation... Mais que faut-il donc changer pour sauver ce siècle en péril ? Roland Gori propose sa grande réforme des consciences et fait examen des pathologies de notre société... Car "quand croît le danger, croît aussi ce qui sauve !"

 

 

- Formidable document Viméo de -

 

L’apport essentiel de Roland Gori, c’est de lier psychanalyse et sociologie politique, de relire Hannah Arendt ou Pierre Bourdieu à la lumière de Freud et Lacan. Retour sur les notions de culpabilité, dépendance et obsession à l’ère pragmatique des «sociétés de la norme».

 

Vous pointez la faillite du récit, le désaveu de la parole…

 

Il y a cet article bien connu de Walter Benjamin, «le Conteur», sur le fait que nous ne sommes plus capables de raconter des histoires car, écrit-il, «le cours de l’expérience a chuté et il sombre indéfiniment». Si vous prenez par exemple la clinique à l’hôpital, la pédagogie, la vie professionnelle en entreprise, vous voyez que ce qui vient à la place de l’expérience, c’est l’information. Nous avons de même remplacé le dialogue par le communiqué. Mais l’information n’a de valeur qu’au moment où elle est nouvelle, où elle émerge et par conséquent, elle annule le temps. En termes psychanalytiques, on dirait que c’est la dimension maniaque qui vise à dénier la dimension dépressive.

 

Maniaque ou, comme vous l’écrivez, «obsessionnelle», dont la stratégie inconsciente consiste à parfaitement «respecter la procédure» pour «en bafouer l’esprit» et annuler tout résultat…

 

C’est maniaque au sens d’une fuite en avant pour ne pas prendre conscience de sa condition tragique, de sa finitude, mais aussi obsessionnel, au sens où la vie devient un mode d’emploi, on segmente les actes de la vie ordinaire comme on organise et rationalise le travail. L’obsessionnel a l’éternité devant lui, il attend la mort du maître comme dit Lacan, ça se répète et, par la répétition même, il tue tout ce qui est vivant, désir, tout ce qui pourrait être innovation, création, etc. Nous répudions la mort, mais nous nous identifions à l’inanimé. Avec, autour de cette inanition subjective, quelque chose de l’ordre de l’agitation, de la manie sociale, qui nous pousse à fuir. Tout se passe comme si nos dispositifs de civilisation incitaient à écarter la culpabilité au profit de la dépendance, à la rationalité technique en particulier. On devient dépendant, comme dit Freud, paradoxalement pour installer une autarcie qui nous protège de l’érosion produite par le rapport à l’autre. Parce que l’autre altère dans la relation. Il est ce qui vient à la place du manque mais il est aussi ce qui révèle l’existence du manque. Se démultiplient aujourd’hui les dispositifs techniques aliénants qui nous débarrassent d’avoir à penser la culpabilité, c’est-à-dire la mort de l’autre, c’est-à-dire notre propre mort, à condition de s’insérer dans des réseaux qui promettent le bonheur.

 

Tiennent-ils leur promesse ?

 

En tant que psychanalyste, j’entends sur le divan énormément de gens, à tous les niveaux, qui souffrent, sous la pression normative, de devoir incorporer des normes gestionnaires à l’intérieur de leur acte, en gommant la spécificité de cet acte professionnel. En effet, la technique, c’est la pensée magique, mais qui marcherait. La technique s’articule au sacré, comme le dit Camus, mais s’il y a déliaison, ce que la modernité oublie, la raison devient meurtrière, parce qu’elle incorpore la démesure. L’effondrement du mur de Berlin a été la matérialisation d’un effondrement qui avait déjà eu lieu symboliquement : il n’y a plus de discours émancipateur qui puisse venir contrer l’hégémonie culturelle du néolibéralisme. A partir de ce moment-là, les individus deviennent très pragmatiques. C’est ce qu’on nomme l’exaptation : les exigences de la société formatent désormais les aspirations individuelles, et non plus le contraire.

 

 

Pourtant, certains sociologues de la culture de masse soutiennent que «l’esclave grassement nourri», comme écrit Arendt, peut être heureux, même «exapté».

 

Le bonheur a pris récemment dans l’histoire des idées le sens de «se faire plaisir pendant le temps libre». Le sport ou la lecture ne sont plus les moyens par lesquels on se transforme pour adhérer à la vie de la cité, mais une jouissance hédoniste. Cette conception moderne du bonheur est déconnectée de tout souci de perfectionnement et de partage avec d’autres, partage qui se ferait dans une relation d’égalité, de liberté qui permettrait de participer à la politique. Canguilhem le dit : l’horizon d’une société de la norme, c’est la société animale. J’ajoute : où chaque individu est une pièce détachée de l’espèce en vue d’une production collective. Chacun est assigné à sa place, à sa fonction, qu’il peut modifier eu égard aux exigences sociales prescrites. Oui, on peut être heureux comme ça, on peut être heureux comme une bête, comme un robot.

 

Que serait alors le bonheur ?

 

Le bonheur, même subjectif, ce n’est pas simplement une liberté négative où l’on se soustrait à la volonté de l’autre, c’est aussi la possibilité de partager avec l’autre pour construire ensemble un espace de décision. Historiquement, depuis la fin de la transcendance, de la providence, on ne possède vraiment quelque chose qu’à partir du moment non pas où l’on en jouit, mais où cela nous est reconnu socialement par l’autre.

 

Ce bonheur n’est donc pas incompatible avec la liberté…

 

Pas si la liberté est ce qui se dérobe aux forces obscures de l’automatisme. Pas si, en refusant la détermination aussi bien économique, biologique que sociale, elle essaie de construire cet espace autre, politique. La démocratie, c’est la possibilité de penser que ce qui est bon pour la cité ou la communauté n’est pas en amont de la discussion, mais en aval. Et que donc on ignore ce que sera la bonne décision. Je crois que nous sommes privés de cet acte de décision collectif. Il y a de même une prolétarisation de l’homme politique, qui voit sa décision, sa responsabilité, confisquées par les exigences sociales de l’économie et de l’opinion.

 

Eric Loret pour Libération.fr

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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 08:12

Je viens d’apprendre avec stupéfaction le contenu du nouveau livre de Mathieu Ricard. Quel choc effroyable ! En réponse à cela, je dédie cette lettre ouverte à celui qui tire sur ses frères: Ceux qui mènent le bon combat...

 

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Un passage sur la psychanalyse m’interpelle ! ... Moi, Trommenschlager Franck, serviteur des valeurs sociales depuis toujours,  adepte du partage des connaissances et de l’avenir contributif de demain, je découvre un homme (que j’admire) qui vomit ouvertement sur la discipline qui a fait de moi ce que je suis… Un arrêt dans mes pensées, un temps d’effroi peut-être, comment un homme se prétendant ouvert à la cohésion humaine peut-il tomber aussi bas ? Je ne comprends plus rien.

 

« Je sais que les apparats sont très puissants sur l’opinion publique ». Jamais les peuples ne remettraient en cause un homme respectable comme celui-ci, et de surcroît, bouddhiste et retiré au Népal. J’étais moi-même, jusqu’à lors, un supporter de ce mode de vie… et le suis toujours ! J’évite les amalgames entre la << pensée Ricard >> et cette philosophie sacrée à mes yeux… Mais tout de même, il était censé défendre l’intégration des opposés pour un monde plus juste. Manifestement, il y a trahison, probablement du bouddhisme lui-même !

 

Qu’est-ce qui me fait dire cela ?

 

Ceux que je nomme « les guerriers de l’espoir » sont partout. Ils n’ont pas qu’un seul vêtement, les casquettes sont nombreuses et ils agissent ou résistent dans de nombreux domaines et corps de métier. Comment peut-on balayer de mépris les travaux de la psychanalyste Marie Pezé, qui lutte ardemment contre la souffrance au travail ? Comment peut-on cracher sur la volonté de Roland Gori, qui souhaite remettre l’humain au cœur de la société, dans les métiers ou le burn-out est la finalité ? Comment remettre en cause l’association de Frédéric Bonlarron « parole de professionnels » qui analyse les déficiences du système ? Et pour finir, répudier les agissements des psychanalystes de tous les jours, dont ma propre Université populaire, qui dispense un savoir gratuit et accessible à tous ?

  

A la question posée par Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV : " Qu'avez vous fait ? " (en terme d'actions tangibles contre la misère), la réponse fut un grand silence ! Une erreur rapidement réparée par le staff-marketing de Matthieu Ricard... Staff qui pense très probablement à une éventuelle récupération du drame perpétré contre Charlie-Hebdo.

 

 

Et bien pour le moine Matthieu Ricard, c’est tout à fait possible ! Selon ses écrits, nous sommes des êtres vils et essentiellement dirigés vers l’ego ; se souciant peu de l’avenir du monde… La réalité est-elle à ce point altérée, enfermé dans un monastère au Népal ? Lui qui est censé beaucoup voyager et apprendre des différents experts qu’il rencontre, a-t-il suffisamment affiné son esprit critique ? A ce tarif là, je préfère les travaux du philosophe Bernard Stielger, qui certes passe moins de temps à prier, mais n’hésite jamais à mettre les mains dans la boue des problèmes pour servir « la vraie justice ».

 

Matthieu Ricard s’appuie sur les travaux de Franck Ramus, Mais chacun sait que cet homme, enfermé dans un laboratoire, souffre du même syndrome post-traumatique que Michel Onfray ! Et que de ce fait, leurs facultés d’analyses et de neutralités en sont fortement perturbées… La rancœur est leur quotidien, et je pense qu’un moine bouddhiste « digne de ce nom » doit se rappeler un vérité fondamentale du TAO proche des théories critiques de Kant, à savoir : « Seul le mariage des opposés permet l’approche des vérités objectives ». Même les novices le savent, alors comment expliquer qu’un homme que jusque-là j’admirais tombe lui aussi dans la bêtise du Pharmakos?

 

-Voici les nombreuses pages du livre qui attestent une bien mauvaise appréhension des concepts freudiens de la seconde topique: cliquez ici. Si l'on devait soigner avec les conceptions de Freud "traduites par le moine", ce serait une catastrophe. Ces passages confirment également le manque de discernement en matière de praticiens, puisque nous sommes tous mis dans le même panier... sans aucun recul en rapport avec l'éthique de chacun-

 

 

Conclusion : À la façon de l’abbé Pierre, Matthieu Ricard doit se mettre au travail et servir les pauvres gens, comme nous… Il est peut-être temps pour lui de revenir du Népal pour mieux comprendre la France, « son pays ». Avoir une association est une bonne chose, servir en son sein en est une autre. Quand les médias me prouveront par l’image de son implication au service du peuple, alors j’accepterai de me remettre en question pour ouvrir le débat.

 

Une dernière note pour son ouvrage sur l’altruisme : Un simple recueil des idées des autres me semble déplacé. A t-il au moins pris le temps de les expérimenter avec assez de profondeur avant de le commercialiser ? Semer la division et l'incompréhension est grave pour un messager de la paix... Faut-il donc y voir la montée d'une nouvelle idéologie du prêt-à-penser ou du bien-pensant, aseptisée de la réalité du quotidien ? Bonne réflexion à tous, sur l'ensemble de ces sujets.

 

Par Trommenschlager Franck.

Psychanalyste engagé pour notre avenir et celui de nos enfants.

 

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Note:


Un commentaire très correct et assez bien formulé sur " l'idéologie Matthieu Ricard " vient d'être censuré par L'Express.fr...  On se demande si la liberté d'opinion existe encore, maintenant que les médias de masse appartiennent essentiellement à de grands lobbys et autres marchands d'armes comme le groupes Dassault. L'étau se resserre doucement... et ce sont les grands directeurs de la mondialisation qui vont pouvoir se frotter les mains de constater que nous sommes désormais sous contrôle, comme l'avait prévu le philosophe Gilles Deleuze.

 

Pour en savoir plus sur les relations financières entre "presse, lobbys et armement", cliquez sur ce lien: http://fr.wikipedia.org/wiki/Socpresse

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28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 17:58

Selon une étude récente*, 86 % des Français se déclarent favorables à la légalisation de l'euthanasie, perçue comme compassionnelle et cohérente avec le droit de chacun de disposer de sa vie. Mais, dès lors que l’on entre dans le vif du sujet, les certitudes s’effacent, tant il est difficile, individuellement et collectivement, de négocier avec l’interdit de tuer. Comment penser l’impensable ?

 

* Sondage Ifop pour Le Pèlerin en octobre 2012

 

 

Pourquoi vouloir choisir sa mort ?

 

Le retour du débat sur l’euthanasie pourrait laisser croire à la montée d’une aspiration collective, résultant de la « tendance de nos sociétés à considérer la vieillesse comme une maladie dont on peut se soustraire par seulement deux traitements : la DHEA (déhydroépiandrostérone, réputée pour ses effets ralentissant le vieillissement) pour commencer, l’euthanasie pour en finir », comme le déplore le philosophe LucFerry. Mais selon Marie de Hennezel, qui a travaillé pendant dix ans comme psychologue dans la première unité de soins palliatifs créée en France, « la demande d’euthanasie n’existe pas chez les patients, ou alors de manière rarissime. Vouloir choisir sa mort, l’heure et la manière, est une aspiration de “bien portant”, qui ne parvient pas à se projeter dans un avenir qui lui fait peur ».

 

Si de nombreux soignants affirment avoir reçu des « demandes d’en finir », « celles-ci émanent pour la plupart de personnes dont la douleur est mal traitée et qui se sentent abandonnées par la médecine », affirme Marie de Hennezel. Elles tendent à disparaître lorsque les souffrances physique et morale du patient sont soulagées. « Il existe cependant des volontés de mourir qui résistent aux soins palliatifs », assure le sociologue Philippe Bataille. Membre du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin, à Paris, il a côtoyé pendant des années le drame de personnes incurables, emmurées dans le handicap, ou de proches sidérés devant leur enfant en état de mort cérébrale. « Certaines questionnent le sens de cette non-vie qu’elles n’en peuvent plus d’endurer, explique-t-il. Ne pas vouloir accorder “une aide médicale à s’éteindre” à ces demandes conduit à l’insoutenable. » « Au nom de quoi voudrait-on obliger des malades à aller au bout de leur agonie ? interroge Martin Winckler, médecin et écrivain. Au nom de quoi s’opposer à la décision de personnes incurables qui souhaitent, en conscience, mettre fin à leurs jours avant de connaître la souffrance et la déchéance ? » On parle alors de « suicide assisté », par injection létale ou délivrance d’un poison que le patient boit seul, comme aux Pays-Bas, en Belgique ou en Suisse. « Des études menées dans ces pays montrent que les candidats sont le plus souvent des hommes, non croyants, qui jusque-là ont maîtrisé leur existence », constate Martin Winckler. Ce geste est vécu comme un ultime acte de liberté.

 

Qu'est-ce qu'une mort digne ?

 

Quelle que soit leur motivation, ces demandes appellent une réponse. Avant d’envisager d’y accéder, il convient de s’interroger : quelles conditions offre-t-on aux mourants pour que ceux-ci leur préfèrent la mort ? Où est la « dignité » à laquelle se réfère François Hollande : dans une fin de vie entourée jusqu’au bout, ou dans la possibilité de tirer sa révérence avant l’insupportable ? Marie-Frédérique Bacqué, psychologue spécialiste du deuil, cite les critères d’indignité exprimés par les patients : « Beaucoup redoutent l’extrême dépendance et la dégradation physique ou mentale. » À l’opposé, « la bonne mort » est celle dans laquelle on peut jouer un rôle, conserver un corps intègre, choisir le moment.

 

La dignité est-elle le seul bon argument ? « Le problème, observe Éric Fourneret, philosophe et membre de la mission Sicard, c’est qu’il est brandi aussi bien pour justifier l’euthanasie que pour s’y opposer. Si l’on considère, comme les tenants de la légalisation, qu’elle est une affaire subjective, alors pourquoi ne pas accepter le lancer de nains ? Et si l’on estime qu’elle est inaltérable, comme les partisans du non, alors on répond à un appel au secours par des grands principes, et l’on ne se met pas à l’écoute de ce que le patient exprime. »

Ramenant le débat sur la possibilité qu’offre la loi Leonetti de rédiger des directives anticipées avant de ne plus être en mesure d’exprimer sa volonté, Philippe Bataille estime que l’« on doit entendre les limites que se donne une personne. Il y a des patients qui ne consentent plus aux soins donnés. Or, parce que la loi est méconnue ou parce que certains médecins sont mal à l’aise devant des situations qu’ils ont contribué à produire par leur technicité, trop de patients se retrouvent encore dans l’exacte situation qu’ils voulaient éviter » . 

 

Quels risques y a-t-il à légaliser l'euthanasie ?

 

Michela Marzano, philosophe, enseigne l’éthique médicale à l’université Paris-V-Descartes. Elle a souffert d’anorexie de longues années. « Au plus profond de ma maladie, j’ai voulu en finir, confie-t-elle. J’ai demandé leur aide à des amis médecins, qui ont refusé. Maintenant que j’en suis sortie, je m’interroge : à quel point les perfusions que l’on impose à des anorexiques en danger de mort peuvent-elles être considérées comme de l’acharnement thérapeutique ? La souffrance morale est-elle un critère justifiant l’euthanasie ? Quel est le seuil à partir duquel on peut répondre favorablement à la volonté de mourir d’un patient ? »

 

Et comment définir des critères sans mettre en danger les plus vulnérables, ceux qui ne sont plus en mesure d’exprimer leur volonté ? « Une grande majorité des plus de 75 ans est opposée à l’euthanasie, ils se sentent menacés », révèle Marie de Hennezel, citant une étude dirigée par la docteure Véronique Fournier, du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin, en octobre 2011. Cette pratique, estime-t-elle, doit rester une transgression de la loi. Celle-ci, actuellement, permet aux médecins de soulager la douleur, au risque que la sédation provoque le décès – c’est le fameux « double effet », où la mort survient dans une logique de soin, et non de meurtre –, tandis que la justice sait faire preuve de tolérance dans des cas extrêmes d’euthanasie compassionnelle. Selon Éric Fourneret, « légaliser la pratique risque d’annuler le questionnement éthique. En Belgique, où elle est autorisée, parmi les demandeurs d’euthanasie, seule une personne sur deux s’est vu proposer des soins palliatifs. N’est-ce pas un peu hâtif ? » Cela dit, « ne pas vouloir légaliser, c’est condamner à la violence et à la clandestinité ceux dont la volonté est de s’éteindre au moment de leur choix, prévient Martin Winckler. De même qu’il y a toujours des avortements malgré la contraception, l’euthanasie ne disparaîtra pas avec les soins palliatifs. Il vaut mieux que la pratique soit transparente et encadrée, à la fois pour ceux qui souffrent en silence et pour ceux qui poussent la seringue trop vite ».

 

Qui peut donner la mort ?

 

« Ce que je trouve gravissime, c’est que pour satisfaire une demande minoritaire, on veuille changer une loi qui protège les médecins, les patients et les familles de leurs pulsions mortifères », s’insurge Marie de Hennezel. Elle confie s’interroger sur les motivations de ces bénévoles, dans les associations suisses, qui préparent et tendent aux candidats au suicide assisté la potion létale : « Quelle est la part d’altruisme ? La part de perversion ? » « Qui peut donner la mort ? Là n’est pas la question ! s’agace Martin Winckler. On peut aussi envisager, si tel est son choix, que le patient puisse disposer d’une perfusion autocommandée à l’aide d’une pompe, et partir au moment où il le désire », cela dans l’hypothèse où il serait encore en mesure de le faire.

 

Avant de devenir psychothérapeute, Marie-Gabrielle Héril a accompagné sa grand-mère dans une agonie interminable. « Elle vivait depuis plusieurs jours ses derniers soubresauts, inconsciente. Ses râles étaient incessants. Épuisée, je suis arrivée à ce moment où l’on souhaite la mort comme un soulagement. Mais comment assumer de la demander ? J’ai simplement pu dire à l’infirmière : “Il faut que cela s’arrête.” Je l’ai vue se tourner vers le médecin. Nous nous regardions tous les trois. Le médecin est parti vers la pharmacie. C’est à ce moment-là que ma grand-mère s’est éteinte. J’aime penser qu’elle a voulu m’épargner la culpabilité d’avoir provoqué sa mort. »

 

Issu d’une famille juive oranaise, le psychanalyste Bernard-Élie Torgemen dit appartenir à une culture dans laquelle on accompagne la mort. « Tout petit, j’ai vu les hommes de ma famille parler au mourant, chanter, psalmodier, accorder leurs respirations à la sienne et dire une prière au moment du départ. » Porté par sa tradition, Bernard-Élie Torgemen revendique d’avoir « plusieurs fois poussé la seringue ». « On préparait les choses en amont. Je voyais le malade pendant plusieurs mois. Je promettais d’être là au moment voulu. Et puis il y avait un appel, de sa part ou de la famille. La morphine était fournie par des internes... » Comment se sent-il d’avoir donné la mort ? « Bien, parce que j’ai accompli un acte de frère humain. Euthanasier n’est pas tuer. La mort est là, inéluctable. Il s’agit juste d’adoucir l’ultime passage. » 

 

Le deuil des proches est-il facilité ?

 

Une étude parue aux Pays-Bas (« Effects of euthanasia on the bereaved family and friends » de N.B. Swarte et al., British Medical Journal, 2003). compare les deuils après euthanasie et mort naturelle. Elle établit que les symptômes de stress post-traumatiques chez les endeuillés sont moins fréquents dans le premier cas. « Lorsque la mort est discutée entre le patient, la famille et les médecins, la fin de vie et le deuil se passent mieux, atteste Marie-Frédérique Bacqué. Mais faut-il attendre les demandes d’euthanasie pour avoir un dialogue sur la fin de vie ? »

 

Qu’elle provienne d’un malade ou de son entourage proche, la demande d’en finir s’accompagne d’une forte culpabilité, rappelle la psychologue. Une étude plus récente (« Death by request in Switzerland » de B. Wagner, J. Müller et A. Maercker, European Psychiatry, octobre 2012). s’est penchée sur les complications du deuil pour les témoins du suicide assisté. « Un quart des personnes concernées doivent suivre une thérapie », rapporte l’auteure, Birgit Wagner, chercheuse à l’université de Zurich, en Suisse. Est-ce d’avoir consenti à l’impensable ? De n’être pas intervenu pour l’empêcher ? Y avait-il une autre solution ? A-t-on pris le temps de se séparer, de se dire au revoir, de se quitter apaisés ? « Il faut faire le travail de mourir bien avant que la mort se présente. Réintroduire du rituel, du symbole, conclut Marie-Frédérique Bacqué. Sans quoi l’euthanasie risque d’être une fuite en avant. » 

 

Pour aller plus loin

 

En souvenir d’André de Martin Winckler. Dans un futur proche où l’euthanasie serait autorisée, un médecin accompagne les dernières heures de candidats au suicide assisté (POL, 2012).

À la vie, à la mort. Euthanasie : le grand malentendu de Philippe Bataille. Face au réel de ces situations de souffrance extrême, le lecteur est invité à revoir ses certitudes (Autrement, 2012).

Choisir sa mort, les débats de l’euthanasie d’Éric Fourneret. Comment penser l’euthanasie sans retomber dans l’éternelle opposition pour/contre ? Les réponses d’un philosophe (PUF-Le Monde, 2012). 

 

Euthanasie : ce que dit la loi

 

L’arrêt des traitements : La loi du 22 avril 2005, dite loi Leonetti sur la fin de vie, interdit l’« obstination déraisonnable » (acharnement thérapeutique) et reconnaît au patient le droit de s’opposer à tout traitement, y compris l’alimentation et l’hydratation artificielles.

 

La sédation terminale : Dans les cas de phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, la loi Leonetti précise les conditions d’utilisation d’antalgiques qui peuvent avoir pour effet secondaire de précipiter la mort. L’intention est de soulager la douleur, non de hâter la fin. Le malade et son entourage doivent en être informés, et mention doit en être faite sur le dossier médical.

 

Les « directives anticipées : Le patient a la possibilité d’indiquer par écrit les limites qu’il souhaite voir respectées lorsqu’il ne sera plus en état d’exprimer sa volonté. Le médecin a l’obligation de les consulter pour toute décision.

 

Le suicide assisté : Toute aide active à mourir, qu’il s’agisse d’une injection létale en phase terminale (Belgique) ou de la prescription de pentobarbital avant l’agonie (Suisse) reste assimilée en France à un homicide, et est donc interdite.

 

Par Laurence Lemoine pour psychologies.com

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 09:37

"Les plus riches ont pris le pouvoir à l’échelle mondiale"

"La crise de la zone euro n’a pas été fondamentalement créée par la nonchalance des débiteurs, mais par l’agressivité des prêteurs"

"La vérité de cette période n’est pas que l’État est impuissant, mais qu’il est au service de l’oligarchie"

Propos d'Emmanuel Todd - 15 août 2012

 

 

http://www.lesobservateurs.ch/wp-content/uploads/2013/09/suisse-taxe-guerre-fiscale.png

 

E.Lévy : Les États sont-ils en guerre contre "les marchés" ?

Emmanuel Todd : Ne soyons pas dupes de ces concepts mystificateurs, Bruxelles, les marchés, les banques, les agences de notation américaines : ces faux nez camouflent la prise du pouvoir politique, à l’échelle mondiale, par les plus riches. Sous couvert de protéger l’argent des petits épargnants, les marchés, ce sont tout simplement les plus riches jouant avec les États. Les riches ne se battent pas contre les États, ils se battent pour les contrôler encore mieux (voir L’État prédateur, de James Galbraith). Il suffit d’observer les parcours de certains individus entre la haute administration, les firmes américaines, Bruxelles et, désormais, les gouvernements pour comprendre qu’ils y parviennent. Si une même caste contrôle les marchés et les États, l’opposition entre les uns et les autres n’a plus aucun sens.

 

Vous êtes bien léger avec l’argent des petits épargnants  !

Je refuse de céder au chantage. Lorsqu’ils partaient à la conquête de villes, les Mongols utilisaient des otages comme boucliers humains. Le groupe des plus riches fait exactement la même chose : ses otages, ce sont les petits épargnants.

 

"La faute aux riches !" : n’est-ce pas sommaire ?

Que cela vous plaise ou non, l’accumulation excessive d’argent dans les strates supérieures de la société est l’une des caractéristiques de la période. La baisse, ou la stagnation, des revenus des gens ordinaires est allée de pair avec la hausse des revenus des 1 % les plus riches et, à l’intérieur de ce petit groupe, des 0,01 % les plus riches. Quant à l’État, il faut reconnaître son ambivalence et s’appuyer sur la partie raisonnable du marxisme pour comprendre ce qui se passe. L’État est à la fois l’incarnation de l’intérêt général et l’expression de la classe dominante. L’État social d’après-guerre, l’État gaulliste, et quoi qu’en ait dit le Parti communiste, agissait surtout au nom de l’intérêt général, il gérait une croissance pour tous. Aujourd’hui, l’État est prioritairement un État de classe. Le capitalisme financier contrôle à nouveau les États.

 

La situation serait-elle meilleure si les riches étaient moins riches ? Autrement dit, le problème est-il moral ou économique ?

Mon analyse n’a aucune visée morale. Depuis 1990, l’ouverture des échanges et la libéralisation des flux financiers ont effectivement provoqué un fantastique accroissement des inégalités. À ce sujet, je rends hommage à l’école Piketty, dont il semble que les travaux comparatifs à l’échelle mondiale aient été décisifs dans l’émergence actuelle de la thématique des 1 % aux États-Unis et au Royaume-Uni. Aussi opaque que puisse paraître le système, on peut approcher sa réalité en analysant la façon dont un groupe social contrôle une partie importante des ressources. Dans ces conditions, la question essentielle n’est pas celle des marchés en tant que tels, mais celle de l’oligarchie et de son rapport à l’État. Il faut donc identifier cette oligarchie et analyser sa structure, son mode de vie, sa composition.

 

S’agit-il d’un groupe hors sol, d’"élites mondialisées", expression qui faisait bondir tout le monde il y a dix ans ?

On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale. Parce qu’on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu’il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d’implacables rapports de forces. La spécificité de l’oligarchie française, c’est sa proximité avec la haute administration. Ses membres ont souvent étudié dans de grandes écoles - sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l’anglais, sont incroyablement français dans leurs moeurs et n’en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l’oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor’s et Moody’s est une soumission à l’oligarchie américaine. Quant à l’oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s’habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l’oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité. La gauche nourrit l’illusion d’une égalité au sommet, alors que l’inégalité caractérise autant le haut que le bas de la structure sociale mondiale.

 

 

Si les États ne s’endettaient pas, ils ne s’appauvriraient pas et n’enrichiraient personne en remboursant leur dette.

Cette idée est complètement à côté de la plaque parce qu’elle méconnaît le mécanisme réel de l’endettement. On analyse la dette publique à partir du point de vue d’un emprunteur qui serait coupable d’avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu’ils ont vécu à crédit. Or ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l’origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l’avait très bien vu dans Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte, les riches adorent la dette publique ! Un État qui s’endette est un État qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d’obtenir une sécurité maximale pour leur argent.

 

Donc, ce n’est pas la faute des gouvernements, puisqu’on les a poussés à emprunter ?

Sauf que ce sont leurs choix fiscaux qui les ont conduits à se mettre dans la main des plus riches. Dans Les dettes illégitimes, François Chesnais montre bien comment, en France, les ultrariches ont bénéficié d’une baisse de leurs impôts qui leur permet de prêter à l’État les ressources dont il s’est lui-même privé. Sans oublier l’auto-interdiction pour l’État de fabriquer de la monnaie, établie par la loi Pompidou dès 1973, mais rendue idéologiquement formidable par le mythe supplémentaire d’une Banque centrale européenne à Francfort, supposée être hors de portée de l’État français. Chaque année, les Français se voient ainsi ponctionner, à travers la TVA et les impôts directs, 250 milliards d’euros, dont près de 50 milliards d’intérêts, qui vont à des gens qui ont déjà trop d’argent. Les deux tiers sont d’ailleurs étrangers, parce que la fête est mondiale, les riches Français pouvant en contrepartie se gaver de la soumission des États et des peuples. Voilà ce que cache le discours alarmiste et moralisateur sur l’endettement abyssal, la faillite du pays et la nécessité de sauver le triple A. Derrière l’apparente logique libérale du système, l’État devient une machine à rançonner les populations au bénéfice des plus riches.

 

L’impôt est aussi le fondement de la démocratie. Quand ils rechignent à s’en acquitter, comme en Grèce, les citoyens sont-ils des victimes ?

Je ne peux que me répéter : on a poussé les Grecs à s’endetter afin de pouvoir mieux les étrangler. Regardez votre téléviseur : sans cesse des publicités nous incitent à emprunter. Les banques, pardon, les riches, aiment prêter. Et les usuriers aiment saisir les biens si l’on ne peut rembourser. Privatiser les biens de l’État grec, par exemple.

 

Ne seriez-vous pas un peu complotiste ? Même si "on" les a poussés, le dealer est-il le seul coupable de la dépendance du drogué ?

Le monde de l’oligarchie est un monde de pouvoir et de complots. En aidant l’État grec à trafiquer ses comptes, Goldman Sachs s’est comporté en usurier. Maintenant, ce qu’on appelle "aider" les Grecs, c’est les maintenir en état d’être rançonnés. La crise de la zone euro n’a pas été fondamentalement créée par la nonchalance des débiteurs, mais par l’agressivité des prêteurs.

 

Cette oligarchie, la définiriez-vous comme une classe sociale et, en ce cas, est-elle dotée d’une conscience de classe ?

L’oligarchie se comporte comme une classe sociale, mais en même temps on sent en elle de l’irrationalité et même un vent de folie collective. Du coup, je me demande s’il faut recourir à l’analyse marxiste de l’idéologie ou à la psychiatrie. Pourtant, un groupe social privilégié n’est pas nécessairement décadent et irresponsable. À la différence des nobles français du XVIIIe siècle, attachés à l’exemption fiscale, les classes supérieures anglaises acceptaient une pression fiscale élevée. Elles ont conquis le monde. L’oligarchie actuelle est à mille lieues de cet exemple. Il serait préférable, si ce terme ne renvoyait aux slogans antisémites, de parler de ploutocratie. Gardons en tout cas à l’esprit que l’oligarchie, pouvoir d’un petit nombre, diffère de l’aristocratie, qui est celui des meilleurs.

 

Ces oligarques ont plus à perdre que les autres catégories. L’irrationalité explique-t-elle tout ?

La conduite des acteurs hésite entre rationnel et irrationnel. Le point de départ de la crise de 2008, c’est l’accaparement par la Chine et d’autres, grâce à leurs bas salaires, d’une part croissante de la production mondiale, qui entraîne, dans les pays riches, une compression des revenus, donc une insuffisance de la demande. Le résultat, c’est que les salaires évoluent à la baisse, alors que le volume de la production mondiale augmente. C’est dans ce contexte que les États-Unis, puissance monétairement dominante, découvrent le mécanisme fou du crédit hypothécaire. Les ménages américains ne s’endettent pas seulement pour acheter une plus grande maison, mais pour continuer à consommer des produits chinois. Et à la veille de la crise de 2008, le déficit commercial américain s’élève à 800 milliards de dollars. Le système est étonnant : les États-Unis, forts de leur statut impérial, font de ce déficit un régulateur keynésien à l’échelle mondiale. Ainsi, l’endettement est appelé à compenser l’insuffisance de la demande. Bien entendu, le mécanisme du crédit finit par imploser et les revenus comme les importations par s’effondrer. Dans ce contexte, les plans de relance concoctés par le G7, le G8 et le G20 sont une réaction rationnelle. On célèbre le triomphe de Keynes et le retour de l’État.

 

Voilà qui n’aurait pas dû vous déplaire !

Le problème, c’est qu’il s’agit d’un keynésianisme des riches. La relance n’est pas financée par la création monétaire - la planche à billets -, qui ne coûterait rien à l’État, mais par l’endettement, qui permet de sécuriser l’argent des nantis sans apporter la moindre réponse de fond à l’insuffisance de la demande. Ce pseudo-keynésianisme encourage la croissance chinoise, booste le CAC 40 et accélère les délocalisations en Europe. À l’arrivée, le fameux "retour de l’État" n’est rien d’autre que l’instauration d’un socialisme des riches. L’État doit sauver les riches, nom de code : "les banques", parce que les banques, qui contrôlent aussi les moyens de paiement des citoyens, comme l’a très bien dit Frédéric Lordon, ont pris l’État en otage pour le compte de leurs riches actionnaires. Si on avait opté pour leur nationalisation, on aurait pu garantir les économies des gens ordinaires, indemniser les petits actionnaires et sanctionner les coupables. La vérité de cette période n’est pas que l’État est impuissant, mais qu’il est au service de l’oligarchie.

 

Si la relance profite aux riches - les prêteurs -, l’austérité bénéficiera-t-elle aux pauvres  ?

Ce qui est certain, c’est que le discours antirigueur, incarné par exemple par Martine Aubry, est complètement archaïque. Les gouvernements ont fini par comprendre que les politiques de relance ne relançaient que l’économie de la Chine et des pays émergents. Mais ils refusent toujours la moindre mesure de protectionnisme national, sectoriel ou européen. Dans ces conditions, la rigueur peut apparaître comme un refus passif de contribuer à la croissance de la Chine, une troisième voie que je qualifierai de "protectionnisme des imbéciles". Voilà la triste vérité, nous sommes gouvernés par des imbéciles. Les gens qui sont aux commandes doivent être tenus pour responsables de leurs actes. Cela dit, je ne suis pas mélenchoniste : je crois qu’il faut des élites pour gouverner. Il ne s’agit pas de les pendre, mais de les ramener à la raison. Baroin et Pécresse, l’incompétence au sommet, sont sans doute sincèrement convaincus que le retour à l’équilibre budgétaire donne la solution de tous nos problèmes. Toutefois, il n’est pas exclu que les gouvernements aient inconsciemment fait un autre choix : si la relance est impossible et le protectionnisme impensable, la réduction des dépenses budgétaires dans les pays déficitaires est le seul moyen de mettre à genoux les pays exportateurs excédentaires, en gros l’Allemagne et la Chine, pour les obliger à entrer dans un processus de négociation.

 

La fascination française pour le modèle allemand va de pair avec la montée de la germanophobie...

De même que l’antisémitisme et le philosémitisme constituent deux versions d’un excès d’intérêt, pathologique, pour la question juive, la germanophobie et la germanolâtrie sont deux façons de prendre l’Allemagne trop au sérieux, ce qui contribue à aggraver le problème. Au début de son quinquennat, Nicolas Sarkozy avait une position assez antiallemande et faisait preuve d’une certaine souplesse doctrinale en économie. Le maintien de François Fillon à Matignon et la nomination d’Alain Juppé au Quai d’Orsay ont consacré le retour de la droite orthodoxe et de ses vieilles lunes économiques et moralisatrices. C’est alors que le gouvernement et une bonne partie des élites françaises ont adopté un discours germanolâtre, dangereux pour les Allemands eux-mêmes. Privés d’un partenaire sympathique mais critique, ils se sont enfermés dans l’admiration de leur propre modèle. L’urgence aujourd’hui n’est pas de les flatter, mais de les arrêter.

 

Vous n’allez pas entonner l’air de la bête immonde ? Cela fait cinquante ans que la puissance allemande va de pair avec une démocratie solide.

Je ne qualifierai pas forcément de démocratique un pays qui pratique l’union nationale plus volontiers que l’alternance et où, grâce à une prédisposition anthropologique à la discipline, les sociaux-démocrates ont pu mener une politique de compression acceptée des salaires. L’Allemagne a mené une stratégie parfaitement égoïste d’adaptation au libre-échange, en délocalisant hors de la zone euro une partie de la fabrication de ses composants industriels, en pratiquant contre la France, l’Italie et l’Espagne la désinflation compétitive, puis en utilisant la zone euro comme un marché captif où elle a pu dégager ses excédents commerciaux. Cette stratégie commerciale est la poursuite d’une tradition autoritaire et inégalitaire par d’autres moyens.

 

Vous jouez à nous faire peur ?

Je ne joue pas, mais vous devriez avoir peur. Les pays passés sous le contrôle des technocrates ou menacés sont la Grèce, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, pays de démocratie récente. D’ailleurs, c’est pour les sécuriser dans un espace démocratique qu’on les a intégrés à l’Europe et à la zone euro. Or, aujourd’hui, loin de stabiliser ces démocraties fragiles, les mécanismes bureaucratico-monétaires les renvoient en accéléré aux pires moments de leur instabilité passée. Oui, l’heure est grave. Le risque de voir resurgir l’Italie du fascisme, la Grèce des colonels, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar est bien réel. Vous voulez que je vous fasse peur ? En démographe, je vois réapparaître l’opposition des années 1930 entre l’Europe nord-occidentale des démocraties libérales, où la fécondité tend vers 1,9 ou 2 enfants par femme, et l’Europe autoritaire, fasciste ou communiste continentale, où la fécondité est ultrabasse, avec 1,3 à 1,5 enfant. Mais que faire si les Allemands sont réfractaires à toute négociation sur la capacité d’intervention de la BCE ? Devrons-nous mourir pour l’euro ? N’exagérons pas ! S’il est angoissant de voir l’Allemagne mettre à genoux ses partenaires tout en s’enivrant de l’admiration que lui vouent les droites européennes, il ne s’agit pas de tomber dans la psychose. Souvenez-vous que les Allemands ne voulaient pas entendre parler de l’euro et qu’ils n’ont cessé, après sa création, de menacer de sortir de la zone euro. Aujourd’hui, le gouvernement et le patronat ont compris que la fin de l’euro mettrait l’Allemagne au tapis, puisqu’elle seule serait dans l’impossibilité de dévaluer. En réalité, les Allemands sont plus souples qu’on ne l’imagine. Mais ils ne comprennent que la négociation franche et brutale.

 

Au fait, pourquoi tenez-vous tant à l’euro ?

Je ne tiens pas particulièrement à l’euro. Je dis qu’en régime de libre-échange l’euro est condamné. Je ne prédis pas l’avenir ici, je décris le présent. De toute façon, l’enjeu immédiat n’est pas l’euro, mais la crise de la dette. Soyons clair : les dettes souveraines ne seront jamais remboursées. Même les emprunts allemands commencent à être suspects. Nous avons deux possibilités : la planche à billets et le défaut sur la dette, qui serait selon moi préférable, ayant la netteté d’une opération chirurgicale. Le défaut sur la dette marquera le début de la reconquête de l’État par l’idéal démocratique, un État aujourd’hui pillé et rançonné par l’oligarchie financière.

 

Oui, mais, pour les "otages", petits épargnants français, retraités américains, ce défaut négocié ressemblerait fort à une spoliation assumée.

Mais ce sont les prêteurs qui nous spolient ! Pourquoi laisserait-on les prédateurs engloutir ce qui reste du patrimoine national ? Quant aux otages, les petits épargnants, en France, c’est pour les protéger que la nationalisation des banques est indispensable. Et cessons de pleurnicher sur le petit retraité américain, l’Amérique vit à crédit sur le dos du monde depuis des années. Et ce ne sont pas de petits retraités qui détiennent les deux tiers de la dette publique française. De plus, un défaut sur la dette de la France entraînerait des défauts en cascade des autres nations. Dans cette redistribution générale, les défauts s’annuleraient pour l’essentiel les uns les autres. Quelques nations seraient perdantes. À l’arrivée, je vous garantis que les plus coupables - nations ou individus - seront le plus sévèrement punis.

 

On peut comprendre que nos dirigeants aient la trouille, non ?

Plus le naufrage idéologique et intellectuel de la société est évident, plus les gens d’en haut s’enivrent de leur discours de domination, plus ils exigent la mise en vente des biens publics et la baisse des salaires. Et le pouvoir se réfugie dans une sorte de déni munichois : non contents d’avoir mis en place un système stupide, des gens supposés être modérés et compétents nous laissent en état d’impréparation pour gérer son effondrement. Ne nous laissons pas intimider, une société développée, dotée d’un haut niveau éducatif et technologique, est parfaitement capable de s’adapter après un effondrement systémique de cet ordre. Nous traverserons une année très difficile, mais très vite la libération des énergies et des ressources permettra un nouvel avenir. La délégitimation d’élites médiocres et corrompues sera une nouvelle jeunesse pour notre pays, un coup de balai moins douloureux que celui de 1940, un coup de balai sans la Wehrmacht !

 

Propos recueillis par Elisabeth Lévy pour Le point.fr

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23 juin 2014 1 23 /06 /juin /2014 09:48

" Le propre d’une personne suivant une idéologie ou une religion est de ne pouvoir voir la réalité et ainsi répondre à de simples questionnements scientifiques ". Totalement hors de contrôle, le transhumanisme fait de même, et laisse la réalité socioéconomique de coté , ainsi que toute l’humanité et l’humanisme... Le temps est venu, disent les promoteurs de la robolution, de passer à la vitesse supérieure : Une singularité purement technologique, un corps parfait, sans âge, un cerveau infaillible, une reproduction et une sélection maîtrisées, et à terme... l'immortalité d'individus devenus des agents programmés dépendants d'un système mondial gouverné par des bots, ces petits logiciels automatisés !

 

 

 

L’« augmentation de l’homme » par l’informatique et la médecine seront bientôt des réalités. Grandes et petites questions éthiques se posent devant un phénomène qui ne relève plus seulement de la science-fiction. L'enjeu de la psychanalyse est, plus que jamais, de préserver une dimension humaine dans la techno-évolution de l'homme !

 

Par la rédaction de ParisTech Review.

 

Comment, parmi les technologies de rupture qui font parler d’elles aujourd’hui, identifier celles qui changeront vraiment le monde en profondeur ? Le cabinet de conseil en stratégie McKinsey s’est livré à l’exercice courant 2013 en privilégiant dans un rapport les technologies dont l’impact économique est le plus facilement mesurable. Les douze technologies retenues pourraient, si elles sont bien diffusées, créer chaque année, dès 2025, une valeur mondiale combinée de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars. Au sein de ce hit parade, trois retiennent plus particulièrement l’attention.

 

Les technologies de l’homme augmenté

 

En premier lieu, l’automation du travail intellectuel : des logiciels de plus en plus sophistiqués seront capables d’intégrer des capacités d’analyse étendues, des jugements subtils et des solutions innovantes pour répondre aux problèmes posés par les utilisateurs, ce qui fera de la machine « apprenante » un interlocuteur à haute valeur ajoutée, capable de répondre à des requêtes d’information effectuées en langage ordinaire (« non structuré »). Ultimement, cela devrait permettre à la fois une hausse de la productivité des travailleurs les plus qualifiés, une fiabilisation de la prise de décision et l’automation des emplois intellectuels de base.

Ensuite, les robots de nouvelle génération. Longtemps tenus à l’écart dans les usines à cause de leur dangerosité, ils seront de plus en plus mélangés aux hommes sur les chaînes de production. Équipés de capteurs, capables d’interagir entre eux et de s’auto-perfectionner, ils effectueront des tâches de plus en plus complexes et devraient même remplacer les salariés dans les emplois de production mais aussi de service.

 

Dans les hôpitaux, les robots dotés d’une vision haute définition et d’un logiciel de reconnaissance d’image pourront positionner précisément les objets pour les opérations délicates. Les chirurgiens seront assistés par des systèmes miniatures de chirurgie robotique, réduisant à la fois la durée des procédures, leur caractère invasif et le temps de récupération du patient. Les personnes souffrant de paralysie après un traumatisme médullaire pourraient remarcher grâce à un exosquelette robotisé directement connecté au système nerveux.

 

Quant à la génomique avancée, elle combine les progrès dans la science du séquençage et la modification du matériel génétique avec les dernières avancées en matière d’analyse de données (« Big data »). En 2013, un génome humain peut être séquencé en quelques heures et pour quelques milliers d’euros, ce qui constitue l’aboutissement d’un projet (Human Genome Project) qui a duré 13 ans et coûté 2,7 milliards de dollars. Avec le séquençage rapide et les nouvelles puissances de calcul, les médecins pourront tester systématiquement l’impact des différences génétiques sur les maladies, y compris dans les diagnostics de routine, afin de concevoir des traitements sur mesure pour les patients.

 

Les données d’un séquençage ADN de nouvelle génération

 

La prochaine étape, c’est la biologie de synthèse, c’est-à-dire la possibilité de fabriquer des organismes en écrivant leur ADN. Ces avancées dans la puissance et la disponibilité de la génétique pourraient avoir un impact profond sur la médecine, l’agriculture et même la production de substances à haute valeur ajoutée tels que les biocarburants, et accélérer le processus de découverte de nouveaux médicaments.

Ces trois technologies appartiennent à une famille qui fait beaucoup parler d’elle. Son nom : NBIC, pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.
 
L’ingénierie de l’esprit

 

Pour ses promoteurs, c’est la convergence de ces quatre approches qui peut apporter des progrès scientifiques majeurs dans la connaissance de l’homme et de son organe majeur, le cerveau. Dès 2002, la National Science Foundation (NSF) de Washington et le département américain du commerce publiaient conjointement un rapport retentissant sous le titre : « Technologies convergentes pour l’amélioration de la performance humaine». Il contenait une profession de foi vigoureuse : « l’ingénierie de l’esprit est une entreprise qui se révélera au moins aussi techniquement difficile que les programmes Apollo ou Génome humain. Nous sommes convaincus que les avantages pour l’humanité seront équivalents, sinon supérieurs. La compréhension de la manière dont fonctionnent l’esprit et le cerveau apportera des avancées majeures en psychologie, en neurosciences et en sciences de l’éducation ».

 

La NSF, qui est la plus influente des agences scientifiques fédérales, ajoutait : « Une théorie computationnelle de l’esprit peut nous permettre de développer de nouveaux outils pour guérir ou maîtriser les effets des maladies mentales. Elle sera certainement à même de nous fournir une appréciation plus profonde de ce que nous sommes et sur la place que nous occupons dans l’univers. Comprendre l’esprit et le cerveau nous permettra de créer une nouvelle espèce de machines intelligentes, capable de produire une richesse économique sur une échelle jusqu’alors inimaginable. L’ingénierie de l’esprit est donc beaucoup plus que la poursuite d’une curiosité scientifique, beaucoup plus qu’un monumental défi technologique. C’est l’occasion d’éradiquer la pauvreté et d’ouvrir un âge d’or pour l’humanité tout entière ».

 

L’aspect quelque peu messianique de ce passage peut frapper, et il faut savoir que le concept même de NBIC a été critiqué. On lui reproche notamment d’être avant tout un concept marketing, forgé de toutes pièces par les promoteurs américains des nanotechnologies et des biotechs afin de décrocher des crédits publics, mais qui ne repose sur aucune réalité scientifique. Dans les faits, entre les nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives on peut certainement repérer des convergences deux à deux (par exemple entre les sciences de l’information et les nanotechnologies), mais rien qui soit à l’intersection des quatre domaines considérés. Au Japon, pays qui a énormément investi sur ces différentes technologies, le concept n’existe pas !

 

Améliorer l’espèce humaine ?

 

L’élan donné par la NSF est venu conforter le transhumanisme, un courant de pensée, pour l’instant très américain, où se croisent « technoprophètes », chercheurs ayant pignon sur rue et grands dirigeants d’entreprises dans les secteurs de haute technologie, à l’image de l’informaticien Ray Kurzweil, le directeur de l’ingénierie de Google. En 1999, la Déclaration de l’Association transhumaniste mondiale contenait deux articles très révélateurs :

 

1- Les transhumanistes prônent le droit moral, pour ceux qui le désirent, de se servir de la technologie pour accroître leurs capacités physiques, mentales ou reproductives et d’être davantage maîtres de leur propre vie. Nous souhaitons nous épanouir en transcendant nos limites biologiques actuelles.

2- Nous prônons une large liberté de choix quant aux possibilités d’améliorations individuelles. Celles-ci comprennent les techniques afin d’améliorer la mémoire, la concentration et l’énergie mentale ; les thérapies permettant d’augmenter la durée de vie, ou d’influencer la reproduction ; la cryoconservation, et beaucoup d’autres techniques de modification et d’augmentation de l’espèce humaine.

 

Leur objectif de long terme : à l’aide des technologies, améliorer l’espèce humaine. D’abord réparer l’homme et le libérer de ses vulnérabilités biologiques, puis augmenter ses capacités, notamment cérébrales, pour en faire un homme beaucoup plus puissant ; enfin, enrayer le phénomène de vieillissement. N’est-ce pas l’ambition affichée de Calico, l’entreprise lancée à l’automne 2013 par Google ?

 

Dans son rapport de 2012, « Global Trends 2030 », le National Intelligence Council (NIC), un organisme qui coiffe les seize agences américaines de renseignement, insistait lui aussi sur ces technologies de la transformation transhumaniste. Il évoque les psychostimulants permettant aux militaires de rester efficaces plus longtemps au combat, les implants rétiniens permettant de voir la nuit et dans les spectres non visibles par les humains traditionnels, ainsi que les neuromédicaments décuplant l’attention, la vitesse de raisonnement et la mémoire.

 

Les transhumanistes attendent aussi beaucoup des grands projets actuels sur le cerveau. Reconstituer la complexité d’un cerveau humain et de ses quelque 100 milliards de cellules avec leurs connexions, c’est le but poursuivi à la fois par le projet Human Cognome aux États-Unis et par le projet Blue Brain en Suisse. En attendant un hypothétique « uploading », c’est-à-dire le transfert du contenu d’un cerveau humain sur un ordinateur, sa dématérialisation dans le « cloud » ou sa réimplantation sur un robot.

 

Google, l’un des acteurs les plus impliqués dans les projets d’humanité augmentée, est partie prenante d’un projet encore plus inquiétant : l’université de la singularité. La « singularité » est un concept selon lequel, à partir d’un certain moment de son évolution technologique, la civilisation humaine connaîtra une croissance technologique d’un ordre supérieur. L’ « Ecole de la Singularité » annonce même l’avènement vers 2060 d’une intelligence supérieure à l’intelligence humaine ! Larry Page, fondateur de Google, ainsi que différentes figures liées à la firme, ont même lancé une Université de la Singularité, destinée à dynamiser, faire converger et diffuser les différents travaux de recherche qui permettraient d’atteindre ce but.

 

Singularity University

 

Ces projets grandioses aux postulats scientifiques souvent discutables, mais exploités avec bonheur par les auteurs de science-fiction, posent des questions morales fondamentales. Avons-nous le droit de modifier l’espèce ? Que devient l’homme, l’idée même d’humanité, dans cette vision d’un futur habité de surhommes qui n’est pas sans évoquer les pires heures du XXe siècle, quand les totalitarismes se mirent en tête de créer « l’homme nouveau », et pour ce faire massacrèrent à tout va. Car dans ce monde de surhommes, que deviennent les hommes, ceux qui resteront en arrière ?

 

Vastes questions. Si vastes qu’elles semblent presque irréelles. Et elles auraient presque tendance à nous faire oublier que le transhumanisme est déjà une réalité, une construction dynamique par petites étapes, plus modestes mais bien réelles, dans l’« augmentation » de l’homme. Et que pour chacune de ces étapes, les mêmes questions se posent : comment l’éthique devra-t-elle et pourra-t-elle encadrer l’avancée ? Comment y adapter le système de santé pour respecter à la fois l’exigence de bio-équité et l’équilibre des finances publiques ?

 

Questions éthiques

 

Le diagnostic pré-implantatoire fournit un exemple édifiant. Il est possible, depuis décembre 2010 et les découvertes du Dr Dennis Lo de la Chinese University de Hong-Kong, de réaliser un diagnostic génomique complet d’un embryon de trois mois à partir de ce qu’on appelle les « cellules circulantes » de la mère, celles en provenance du fœtus et que l’on recueille sur la mère par simple prise de sang. Un algorithme, actionné par un ordinateur très puissant, permet ensuite de différencier les séquences du futur bébé de celles de sa mère. Des milliers de maladies génétiques pourront donc être dépistées sans faire courir aucun risque ni à la mère (plus d’amniocentèse) ni à l’enfant. L’étape suivante de cette « quête de l’enfant parfait », c’est l’implantation de gènes sur demande. Depuis 2009, on sait remplacer les mitochondries (micro-usines produisant les protéines de la cellule) d’une cellule souche de primates. Dès que la chose sera possible sur l’homme, une fécondation in vitro permettra d’optimiser, à la carte, le patrimoine génétique d’un embryon. Cette modification génétique sera transmissible aux générations successives. Tout cela pose évidemment de graves problèmes éthiques, et plusieurs interrogations surgissent spontanément qui concernent la définition même de notre espèce. Par exemple, si la fécondation in vitro offre ces options high tech, quel est l’avenir de la procréation naturelle ? Quelles conséquences l’élimination des imperfections aura-t-elle sur la biodiversité humaine ? Autrement dit, la standardisation génétique de l’humanité est-elle un risque systémique ?

 

En introduisant la génomique dans la culture collective, explique le chirurgien français Laurent Alexandre dans son livre La Mort de la mort, la révolution NBIC bouleverse le calendrier de l’identification des risques. La progression du diagnostic génétique va donc poser rapidement un épineux problème de politique publique. Chacun connaîtra ses risques et les usagers les moins menacés demanderont un allègement de leurs cotisations d’assurance maladie. Le principe de solidarité, qui fonde la sécurité sociale dans la plupart des pays, est en danger. Si on connaît d’avance, avec certitude, celui qui coûtera le plus cher à la société, c’est-à-dire si on libéralise l’accès de chacun à son ADN (pour quelques centaines d’euros), les porteurs de « mauvais gènes » pourront ils encore s’assurer, trouver des mutuelles ? Puisqu’il est impossible de bloquer l’accès à cette information, chaque pays va devoir réinventer sa politique de santé et les mécanismes d’assurance sur lesquelles celle-ci est adossée.

 

Autre impact économique de la génomique : à très long terme, avec l’élimination, par sélection génétique, de certaines maladies, il est possible d’espérer une baisse des dépenses de santé. Mais dans les premières décennies de sa diffusion, c’est le contraire qui peut se produire : les dépenses de géno-santé, poursuit Laurent Alexandre, vont augmenter pour les embryons, les enfants et les jeunes adultes, alors que traditionnellement, 70 % des coûts sont générés par 10 % de la population atteinte par les pathologies du vieillissement. Le système devra affronter pendant quelques générations le double poids des jeunes et de la fin de vie. L’équilibre budgétaire s’en trouvera gravement perturbé.

 

Ce n’est pas un hasard si certains adversaires du transhumanisme, dont le plus actif reste l’historien Francis Fukuyama, auteur de La Fin de l’homme, reprochent à ce mouvement de promouvoir une forme supérieure de l‘inégalité, celle qui règnerait entre hommes naturels et hommes augmentés. Pour Fukuyama, postuler la possibilité d’une transformation de la condition humaine par les technologies pousse à l’extrême l’utopisme technicien hérité de Francis Bacon.

 

Mais la société utopique qui serait issue de la révolution transhumaniste peut être critiquée de bien d’autres manières. Pour les universitaires français Alain Marciano et Bernard Tourrès, le transhumanisme ouvre sur un contractualisme généralisé où la société peut exister sans « bien commun », sans « vivre ensemble » autre que la juxtaposition des individus « libres », délivrés de tout devoir de solidarité. Cela touche à l’idée même de démocratie telle qu’elle s’est développée historiquement, mais aussi à un rapport à l’autre plus immédiat , celui qui s’exprime dans le couple, la famille, la sexualité. La question de la procréation, en particulier, est troublante, car elle engage avec elle celle de la différence des sexes, de la parentalité, et au-delà de l’identité de la personne humaine. L’utopie technicienne gomme en quelque sorte cette dimension. Le philosophe Jean-Claude Guillebaud repère ainsi dans le transhumanisme une forme d’immaturité militante, marquée par la haine du corps, de ses infirmités et de ses souffrances, de ses imperfections – une haine, en somme, de ce qui fait l’homme. Le transhumanisme – faut-il le dire ? – n’est pas un humanisme.

 
Sur le web – Article paru sous licence Creative Commons Attribution 3.0

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19 juin 2014 4 19 /06 /juin /2014 11:21

Télévision, smartphone, ordinateur, tablette : les écrans sont aujourd'hui présents dans toutes les activités, à tous les âges... Ils envahissent considérablement nos vies et modifient la synaptogenèse de nos cerveaux !

 

Selon un sondage IFOP, 75 % des Français pensent que la place prise par les écrans dans leur vie quotidienne nuit à la qualité des relations humaines. Internet, réseaux sociaux, jeux vidéo, les sollicitations ne manquent pas. Et l'école entame elle aussi sa transformation numérique. Comment gérer le temps passé devant les écrans ? Comment apprendre à les utiliser sans en devenir esclaves ? Sur un ton volontairement léger, étayé de témoignages et d'analyses de spécialistes, "ce document se demande si les écrans ne veulent que du bien à leurs utilisateurs, et plus largement à nos neurones".

 

 

 

Enfants mutants ? Révolution numérique et variations de l'enfance fut un colloque de grande envergure où beaucoup de nos formateurs sont intervenus, tels que : Georges Cognet, Yann Leroux, Robert Voyazopoulos, Lise Haddouk, Michaël Stora, Serge Tisseron ou Bernard Stiegler... "Ecran Global" est un documentaire en partie issu des travaux de ce colloque.

 

Penser, savoir, informer, mémoriser, apprendre, enseigner, bouger, être ...

  

La révolution numérique actuelle engendre, à vitesse fulgurante, l’humanité 2.0, dont il est bien difficile de penser en temps réel les trajectoires évolutives.

 

L’humanité semble connaître une métamorphose si exceptionnelle au niveau mondial qu’on la compare déjà, en puissance et en nature, à d’autres périodes historiques de grandes mutations anthropologiques, scientifiques et culturelles (découverte de l’écriture, invention de l’imprimerie, …).


Car chaque individu, chaque citoyen est touché directement, personnellement et immédiatement par cette transformation : nos mémoires s’externalisent et se comptent en Go ; nos fonctions attentionnelles se diluent sur la toile ; les corps s’immobilisent devant les écrans ; les interactions humaines sont rythmées par les clics ; les savoirs et les connaissances changent de statut ; les libertés fondamentales sont interrogées ; les notions de temps et d’espace, les liens, les réseaux, les relations et l’amitié ou même l’attachement, rencontrent dans le monde numérique de nouveaux contours et de nouvelles conditions de développement et d’expression.

 

L’enfant est en première ligne ce qui permet d’étonnantes observations : Alex, 3 ans, ne s’endort plus sans sa tablette ; Léo, 9 ans, refuse tout exercice scolaire hors écran ; Adèle, 13 ans souffre de tendinites aux pouces à force de SMS & tweets à ses centaines « d’amis » ; Max, 16 ans, ne veut plus quitter le monde virtuel - et bien réel - des jeux en réseaux.

 

Que nous apprennent ces premières générations digital native ? Y-a-t-il une mutation cognitive et comportementale de l’enfance ? une métamorphose intellectuelle et affective ? une exceptionnelle évolution épistémologique de l’homme ?

 

S’interroger sur le développement des petits humains dans l’univers numérique et cathodique désormais mondialisé,  sur leurs nouvelles modalités de pensée, sur leur développement et leur fonctionnement cérébraux et leurs éventuelles différences d’avec les cerveaux des générations précédentes relève d’une nécessité urgente : dans quelle société vivront-ils ? Quels sont les enjeux et les besoins psychologiques, pédagogiques et éthiques auxquels nous aurons à répondre demain ?

 

Questions et réponses sur : 

 

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15 juin 2014 7 15 /06 /juin /2014 11:52

" Un beau livre, une belle personne, un long cheminement rétrospectif, et la lumière au bout... Hier est désormais en nous et nous allons irrémédiablement vers demain. Ce livre est le fruit d'un basculement. Sa beauté en est inversement proportionnelle à sa douleur... Naissance, lumière, noir, renaissance, déploiement vers l'avenir. Magie du livre. Exploit personnel pour notre plus grande joie de lecteur... Poésie éternelle. "  

Par Calo Brooklyn.

 

 

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« Une poésie du basculement »

 

Pour consulter des extraits du livre : Cliquez ici

 

  
Du silence vers l'expression, de l'expression vers le silence...

« Le sens d’un poème, ce n’est pas que le sens des mots,
évidemment, c’est toute la mémoire qu’il transporte. »

Cédric Robert s'inscrit dans la lignée de ceux qui connurent un destin basculé. Ce qui était intérieur et caché est, par ce livre, devenu extérieur et manifesté. « Souvenirs Tenus » est le produit d'une confrontation à la vie et à la beauté au degré le plus haut que le poète puisse atteindre dans un élan de délivrance d'une asphyxie intérieure.

« Quand j'ai écrit ce livre, c'était le seul air qu'il me restait.
« Souvenirs Tenus » est donc un nouveau pas dans ma démarche car il parle de moi et uniquement. Un jour tout a basculé. Tous ces événements m'ont plongé de l'autre côté de moi-même et j'ai décidé d'en faire une expression. J'ai essayé de faire un livre de lumière. J'aime écrire, lire, créer ; c'est pour moi une urgence, une obligation faite de fulgurances, de souffrances et de joies. J'aime les crevasses, les mauvaises herbes qui poussent, les âmes brutes, les âmes qui s'écoutent, les pertes et les joies des êtres mis à nus.»

Le poète se sent proche de Marina Ivanovna Tsvetaïeva,
poétesse russe (1892-1941). « Il n'a pas retenti de voix
plus passionnée que la sienne. » (Joseph Brodsky)

Pour Cédric Robert, Marina Ivanovna Tsvetaïeva « est la vie dans son état brut et la beauté dénudée Une poétesse qui n'a pas peur d'aimer, mais peur d'être aimée. Je lui dirais que je comprends cela, que je comprends ses souffrances et ses sentiments et que je sais que malgré le rejet, elle a en elle un trésor rare dans ce monde. »

Le poète écrit à Marina : « Je t'ai lue, Je te vis. Ces mots ne te parviendront pas, mais je sais que tu les aurais aimés. Personne ne peut exiger d'oublier. Tu crois tellement le monde comme la possibilité d'un ailleurs de ce qui a été vécu. Est-ce possible ? Que penses-tu de celui qui n'est pas reconnu en son pays ? »

L'expression « poésie du basculement » est évoquée à propos des poèmes d’Alexandre Blok, d’Anna Akhmatova, de Vladimir Maïakovski et d’Ossip Mandelstam. Des poèmes écrits autour de 1914, ou qui évoquent la guerre :


« Je voudrais faire entendre les échos des uns aux autres, cette grande conversation, par delà les différences, voire les antagonismes – donner à ressentir la conscience qu’ils ont de vivre un moment de rupture définitive. Je voudrais donner non seulement une idée aussi précise que possible du sens, mais de faire entendre la langue, et de parler des connotations, du rythme, de la sonorité parce que le sens d’un poème, ce n’est pas que le sens des mots, évidemment – c’est toute la mémoire qu’il transporte. » *

Cédric Robert, à propos de son statut d'artiste nous confie :
« Je suis issu du monde du cinéma et du documentaire, mais je me suis toujours perçu du monde de l'art. Si le cinéma m'a convaincu, c'est dans un premier temps parce qu' il m'a permis d'aller à la rencontre des gens, réellement, sincèrement, notamment à travers le documentaire.»

Par-delà le temps, et par un effort continu dans son travail, Cédric Robert nous entraîne avec lui dans ce questionnement sur nous-mêmes, sur la vie, le rapport à l'autre, la beauté d'être. L'art étant le moyen mis au service de tous pour la délivrance de nos propres asphyxies.

Le cinéaste, auteur, poète contribue ainsi par son engagement total sur le front de l'art à combattre toutes les nocivités qui entravent nos respirations. Le basculement se situe là, en une transformation de soi qui réapprend à voir l'autre dans sa richesse entière et non à travers une pensée captatrice de son image.

À travers « Souvenirs Tenus », la vie et la poésie se confondent dans un élan de libération, un combat intérieur, un basculement progressif de soi vers cette vérité de soi que seuls peuvent distinguer ceux qui nous
aiment pour ce que nous sommes.

Un livre de lumière.

Calo Brooklyn

* « La poésie du basculement », quatre poètes russes en 14.
Traduction par André Markowicz

 

 

Pour obtenir l'ouvrage :

 

Ecrire à : bigart@anaproductions.com pour toutes informations.

Lien sécurisé Francerégion.fr : Cliquez ici

 
Éditions du Pont de l’Europe
format A5, 160 pages, papier bouffant 90g,
10 euros + frais postaux 3,30 pour la France.

 

 

Critique littéraire :

 

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 07:43

Affable ou cassant, enrobant ou menaçant, allusif... Celui qui vous entortille a souvent des intentions malveillantes. Pas question de vous laisser faire ! Comment décoder et contrer ses manoeuvres ? Regards croisés d'Alex Mucchielli, fondateur d'Enov Formation et de Jean-Louis Muller, directeur chez Cegos. 

 

 

" Le manipulateur agit masqué. Il reste évasif, parle de façon détournée, abreuve ses demandes de commentaires hors sujet. Il use de propos tordus. Il joue sur les non-dits, l'implicite, pour laisser croire. Bref, il appuie sur des ressorts psychologiques efficaces. En général, face à un tel personnage, on se dit : " mais où veut-il en venir ? " Pour l'arrêter, il faut prendre du recul et mettre ces ressorts à jour. Leçons sur six procédés.  
 
1. Il bonimente. C'est le roi du bluff et de la mauvaise foi ! " Mais non, je n'ai jamais prétendu ça ". Ou " Mais où est-ce que tu vas chercher tout ça ? ". Et il vous met en porte à faux face à un subordonné ou un client.
Autre cas, il enjolive à l'extrême sa proposition, laisse entrevoir des bénéfices en or. " Cette mission en Roumanie est passionnante. Tu vas voir, l'usine est flambant neuve, les employés sont au top, l'hôtel est super !... Pour les moyens, on verra plus tard. " Il est flou. Il noie le poisson avec des superlatifs accrocheurs et des généralités pour vous vendre un job difficile.   
Riposte 1 : " Ah, tu me tues ! " (caustique!)  Riposte2 : " Je te remercie d'avoir pensé à moi. Mais j'ai besoin de précisions ! "   
 
2. Il flatte et étiquette. " Il n'y a que toi qui soit capable de démêler ce dossier avec le fournisseur. En plus tu t'en es déjà tiré avec brio l'autre fois. Et entre nous, les autres ne sont pas à la hauteur ! ". Votre chef vous caresse dans le sens du poil pour vous confier une tâche ingrate qui n'est pas de votre ressort. Il titille votre orgueil, votre fierté. Et use du procédé dit " l'étiquetage " très puissant en ce qu'il accentue un trait de caractère ou les valeurs d'un individu pour infléchir son comportement. L'étiquetage peut être positif : " Perfectionniste comme tu es, tu vas pouvoir peaufiner cette présentation. " Ou négatif : " Ah, mais ce n'est pas toi, ce travail là ? Il faut tout reprendre ! "   
Riposte 1: " Oui, je sais que vous m'appréciez. Mais, vu ma charge de travail, là je n'ai pas le temps.Riposte 2 : " Oui je vous remercie, mais.... Gérard n'est pas disponible, lui ? "   
 
3. Il crée la connivence. " On a bien galéré pour gagner ce contrat là. Tu te souviens ? Comment il s'appelait déjà le fort en gueule ! .... Dis donc, tu ne pourrais pas me remplacer sur ce rendez-vous client ? J'ai une urgence ". Et hop, vous êtes ferré. Votre pair joue sur l'affectif. Il déniche des points communs avec vous sur un vécu partagé lors de moments forts, ici des émotions positives. Ce principe de synchronisation avec l'autre est efficace. Il renforce la proximité et fait tomber les défenses. Méfiance.   
Riposte : " C'est vrai, nous avons été très proches, mais sur ce coup là, je ne peux vraiment pas t'aider. "   
 
4. Il cherche à culpabiliser. " Tu ne peux pas refuser ça à un vieux collègue ! ". Ou " Après tout ce que j'ai fait pour toi, tu me dois bien ça ! " Certes, Olivier vous a recommandé pour entrer dans la société, mais de là à vous le rappeler à chaque fois qu'il vous prie de permuter ses heures d'astreinte ou de lui laisser la priorité pour ses vacances... Il joue sur le principe de réciprocité, qui consiste à " renvoyer l'ascenseur ". Une technique efficace, car personne n'a envie de passer pour un ingrat. Mais il accorde à son coup de pouce initial une importance démesurée.
Second cas, le chef qui exhume un échec passé. " Rappelle-toi ton erreur de l'été dernier. Maintenant, il faut faire comme ceci. ". Il vous infantilise.   
Riposte 1: " OK, tu m'as rendu service, mais je te rappelle que je t'ai déjà dépanné trois fois. Et je ne vais pas t'être redevable à vie !Riposte 2 : " Oui, j'ai bien compris que j'avais raté cette affaire là, mais à présent j'ai été engagé sur ce projet ".   
 
5. Il menace à mots couverts. " Certains ont dit " non " à leurs risques et périls ". " J'en connais qui ne s'en sont jamais remis ". " J'ai le bras long ! ". Sous-entendu : ceux-là ne sont pas augmentés, sont placardisés, ou pire rétrogradés. Lorsqu'un supérieur ou un voisin de bureau, vous de vous lance de telles perfidies, c'est pour attiser vos peurs profondes. Peurs de donner une mauvaise image de soi, de ne pas être aimé, de ne pas être reconnu. Alors l'instinct de survie pousse à céder.  
Riposte : " Stop, je ne veux pas entrer dans ce type de relations ! "   
 
6. Il rabaisse et humilie. " Franchement, je suis déçu. J'avais fondé beaucoup d'espoir en vous. C'est au temps pour moi ! ". Comprendre : la promotion va vous passer sous le nez. Votre boss peut même insinuer par des phrases alambiquées que vous êtes bête. " Ne pensez-vous pas qu'il y avait une façon plus intelligente de convaincre nos visiteurs ? ". Une manière parmi mille autres d'enfoncer son interlocuteur dans un rôle de victime. Le pire c'est l'humiliation publique, en réunion ou au self devant témoins.   
Riposte 1 (Possible en public, ce qui permet de prendre de l'autorité sur l'assemblée pour avoir osé réagir) : " Quand du me dis ça, quel est ton objectif ? " ou " Tu veux m'humilier, c'est ça que tu veux ? " (zen) Riposte 2 : Ignorer et dire, au self, " Que prends-tu comme plat ? "
  
   

Quatre autres techniques pour réussir

 

  • Une poignée de main pour changer votre vie
En 2010 une étude commanditée par Chevrolet a démontré que 70% des gens manquent de confiance en eux quand ils serrent des mains, et 1 personne sur 5 ne veut même pas serrer une main par peur de faire un faux pas. Une autre étude a montré que nos poignées de main sont les mêmes quelle que soit l’époque (adolescence, vie adulte, retraite) et qu’il faut travailler pour en changer. Cette même étude montre que dans la vie professionnelle, les poignées de main fermes sont plus convaincantes que les molles. Chevrolet a même créé un manuel de la bonne poignée de main à destination de ses commerciaux. D’après William Beattie la poignée de main parfaite serait comme cela :
La main est droite, une poignée complète, une pression ferme, mais pas trop, la main positionnée à mi chemin entre vous et l’autre personne, une paume douce et sèche, environ trois mouvements, une vigueur moyenne, une durée inférieure à deux ou trois secondes, un regard soutenu et un sourire naturel.
Ajoutez à ça la parole qui va bien et vous êtes prêt pour vendre des voitures. Selon son créateur, cette technique augmenterait d’une vingtaine de pour cents vos chances de vendre, de vous faire bien voir, de plaire. Ce qui est sympa avec cette astuce c’est qu’au moment où vous maîtrisez « the perfect handshake » (la poignée de main parfaite) alors il n’y a, normalement, plus besoin de la travailler ! Elle est comme inscrite dans votre code génétique. Et tant que nous y sommes dans les études et juste pour le plaisir : un travail mené par Andrew Gallup a montré que le choix des partenaires sexuels des hommes avait un rapport avec la fermeté de leur poignée de main ! Le docteur Rachel Cooper lance l'hypothèse que les gens avec des poignées de main molles auraient une mortalité de 67% supérieure à ceux qui en ont des fermes.
 
  La poignée de main parfaite, guide ultime de la manipulation non-verbale
  • Miroir, mon beau miroir !
Inconsciemment notre corps s’adapte à l’environnement extérieur, c’est l’homéostasie. Mais il s’adapte aussi aux comportements des autres. Ce phénomène est appelé « effet caméléon », « synchronisation », ou encore « miroir ». Vous voulez un pourcentage approximatif ? Cette technique améliorerait les relations et la vente d’environ une dizaine de pourcents. D’ailleurs, on peut supposer qu’utilisée sur le long terme, cette astuce pourrait être de plus en plus efficace (sur une personne donnée). Exemple d’application : Si votre patron a l’habitude de faire bouger ses sourcils quand il parle, alors faites de même ! Adaptez vous, camouflez-vous. J’avoue, c’est dur de faire bouger ses sourcils en parlant tout en paraissant naturel, mais vous avez compris l’idée. Il existe des détails plus simples à copier qu’un tic au niveau des sourcils. Par exemple, essayez de calquer votre respiration sur celle de votre interlocuteur. Aussi, si la personne se gratte le bout du nez ou la joue, grattez-vous le bout du nez ou la joue. Si elle se baisse pour refaire ses lacets, baissez-vous pour une raison ou pour une autre. Vous n’êtes pas obligé de mimer ses gestes au même moment qu’elle. La synchronisation fonctionne toujours malgré un délai d’une dizaine de secondes (pas plus). Mise en garde : attention à ne pas devenir un clone ! Étrangement on se méfie des gens qui nous ressemblent trop. Vous avez tout de même le droit de copier quelques comportements mais ne devenez pas un pantin, conservez de votre gestuelle personnelle.
 
  • La synchronisation PNL, la manipulation effet miroir

Sensiblement identique à l’effet caméléon, l’effet perroquet est aussi une technique de « calquage de comportement » mais cette fois-ci avec la voix. En effet, nous avons tous des tics gestuels (non-verbaux) mais nous avons aussi des tics de langage. Faîtes comme pour l’effet caméléon ! Faites-vous plaisir à copier son niveau de langage, ses tics de langage, son débit, son volume etc. La plus grande difficulté que vous rencontrerez avec ces techniques de mimétisme, c’est de saisir les tics les plus importants et de mettre de côté les tics de moindre importance (c’est la même chose pour « l’effet caméléon »). Les serveurs dans les restaurants utilisent cette technique – parfois sans s’en rendre compte quand ils vous disent :
"Alors vous m’avez dit : salade de betteraves cuites et côtelettes de porc assaisonnées"
Ils répètent exactement ce que vous leur avez dit en vous citant. C’est une des techniques de l’effet perroquet. En général, on apprécie ce que l’on dit. Quand les autres nous citent, on apprécie d’autant plus.
 
  • La zone de confort, ou « distance sociale »
Vous avez sûrement déjà rencontré une personne qui vous met mal à l’aise simplement en vous parlant. Non pas à cause de son discours… mais c’est directement sa présence qui vous met mal à l’aise. En général vous ne la connaissez pas trop (et vous n’avez pas envie de la connaître plus) et elle vous rentre littéralement dedans. Autrement dit : elle s’approche trop près de vous et vous colle. Ces personnes pénètrent votre espace vital, votre intimité ! Votre bulle intérieure est quasi la même pour tout le monde et cette bulle évolue en fonction du degré d’attachement que vous avez avec les personnes, cela s’appelle aussi la proxémie. Si vous avez la chance d’avoir une copine ou un copain, eh bien, vous tenir tout près d’elle (ou de lui) ne vous dérangera pas. Mais si je remplace votre aimé par un étranger ? Ça devient tout de suite plus gênant n’est ce pas ? Alors prenez garde. Cette situation de gêne, vous pouvez la subir, mais aussi l’occasionner ! Pénétrer une sphère de confort « sans autorisation » n’est pas le meilleur moyen de se faire des amis. Voilà le schéma traditionnel des sphères sociales.
  • La zone intime = boyfriends, girlfriends, papa, maman, frère, sœur, ami(e)s très proches (et encore) ;
  • la zone personnelle = patrons, employés, collègues, amis ;
  • la zone sociale = inconnus.
Plus il y a d’émotions positives réciproques entre deux personnes, plus les sphères vont pouvoir être franchies. Cependant certaines relations, bien que très positives, ne verront apparaître aucun changement significatif dans les sphères. Vous avez peut-être déjà eu un(e) ami(e) proche qui vous paraissait improbable de toucher, de masser ou de prendre dans les bras.
 
Schéma des distances socialesSchéma des distances sociales
 
Il est important de bien considérer la zone de confort de votre interlocuteur. En séduction, vous devrez pénétrer intelligemment cette zone. Au travail, il est préférable de ne pas chercher à modifier les zones de confort.

 

Sources: Marie-Madeleine Sève pour www.lentreprise.lexpress.fr et Malo pour www.sixiemesens-lemag.fr

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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 11:24

Dormir après le déjeuner : un rêve… impensable pour la plupart des “actifs”. Dommage, car les spécialistes ne cessent de vanter les mérites de cette pause : la sieste accélère la mémoire et libère la créativité.

 

 

Etre la proie du sommeil, Mireille, 36 ans, adore. « J’aime cette torpeur qui précède la sieste. Je perçois les rayons du soleil à travers la vitre, je prends une couverture et là, je sens mon corps absorbé par la chaleur. Je l’écoute, je le laisse aller. Quelquefois, je passe surtout du temps à m’endormir. Mais c’est du temps volé que j’aime voir s’écouler… »

 
Depuis la fin des années 1990, le psychologue Bill Anthony, directeur du Centre de réhabilitation psychiatrique à l’université américaine Harvard, étudie les bienfaits de cette coupure antistress. Elle favoriserait la mémorisation et, par une remise à neuf du cerveau, permettrait d’assimiler de nouvelles données. D’autres études avancent que, grâce à ces vingt minutes de repos, les performances intellectuelles augmenteraient de 20 % ! Et ses fervents défenseurs soulignent qu’elle libère la créativité, au vu de la liste des génies qui l’ont adoptée : Isaac Newton, Archimède, Victor Hugo, André Gide… De quelle façon ? Mystère ! Aux yeux des scientifiques, ses mécanismes restent encore mal connus.

 

Une faiblesse inéluctable

 

La sieste (du latin sexta, ou sixième heure du jour) désigne un temps de repos pris après le repas de midi. Selon Michel Tiberge, neurologue au Centre du sommeil de Toulouse, « l’être humain est génétiquement programmé pour avoir tendance à s’endormir vers 14-15 heures ». A cette heure clé, l’attention baisse, les paupières clignent, la tête chancelle. Certains piqueront du nez, d’autres ne se souviendront pas de ce qu’ils viennent de lire, mais cette petite faiblesse, même si on ne la perçoit pas consciemment, est inéluctable.

 

« Ce moment correspond d’ailleurs à un pic des accidents de la route », met en garde Anne-Marie Malabre, biologiste au Palais de la découverte et commissaire de l’exposition « Le sommeil, un art de vivre ». « Mais si cet état dépend de notre horloge circadienne (sur vingt-quatre heures), il n’est lié à aucun phénomène physiologique tels que ceux que l’on enregistre avant l’endormissement du soir, comme la baisse de température du corps. » Même si un repas trop riche, une dépense physique ou l’effet de la chaleur déstabilisent l’organisme et peuvent accentuer ce coup de barre.

 

Aimer la sieste, un signe de maturité

 

« Des médecins avancent que cette hypovigilance serait un reliquat du sommeil polyphasique du nourrisson », explique encore la biologiste. En effet, le bébé dort par épisodes, de jour comme de nuit. Au fil des mois, les phases du sommeil diurne diminuent, mais celle du début d’après-midi (la sieste !) est la dernière à disparaître, entre l’âge de 4 et 6 ans.

 

Lutter contre la somnolence à grand renfort de café ? C’est aller contre la nature, le cerveau réitérera son signal plus tard. « L’être humain possède des “portes de sommeil” de une à deux minutes toutes les une heure et demie à deux heures. C’est un rythme archaïque qui remonte à nos origines », souligne Michel Tiberge. En effet, pour ne pas s’exposer à ses prédateurs, l’homme préhistorique dormait peu mais souvent. Plus récemment, Léonard de Vinci pratiquait à sa façon le sommeil polyphasique : un quart d’heure toutes les deux heures… comme le font aujourd’hui les navigateurs de course en solitaire. Mais qui dit sieste ne dit pas nécessairement dormir, l’essentiel est d’arriver à se régénérer. Assis la tête sur le bureau ou allongé dans l’herbe, avec les volets clos ou taquiné par le soleil, peu importe.

 
A défaut de pouvoir suivre le rythme athlétique d’un Léonard de Vinci, l’idéal est de s’accorder un repos de vingt à trente minutes vers 14 heures. Excéder cette durée, qui correspond aux deux premiers stades « légers » du sommeil lent, c’est entamer un cycle de quatre-vingt-dix minutes et amputer les chances d’une nuit réparatrice. Et s’assoupir vers 17 heures risque de retarder l’endormissement du soir. C’est aussi pour cette raison que la sieste est déconseillée aux insomniaques, qui ont intérêt à se fatiguer le jour pour dormir la nuit. Quant au réveil dans les vapes, il signifie que l’on était déjà entré en sommeil profond. Cette sieste « royale » serait donc à bannir, sauf pour récupérer d’une nuit blanche, d’un décalage horaire ou de toute autre dette de sommeil.

 

Mais quand on est un gros dormeur, se contenter de vingt minutes relève de l’exploit. Ainsi, lorsque Anna, 40 ans, se couche le week-end après le déjeuner, elle tombe dans les bras de Morphée pour deux heures : « Un drame ! Et je fais des nuits de dix heures ! Dormir, c’est un vrai plaisir, devenu un besoin. » Si la quantité de sommeil qui nous est nécessaire se transmet au gré des générations, faire la sieste reste un penchant individuel, que l’on soit homme ou femme, méridional ou nordique. Cette bienheureuse parenthèse qui nous accorde de retrouver notre corps pour mieux le quitter le temps d’un petit somme serait par ailleurs un signe de maturité, selon Lucille Garma, neuropsychiatre à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris. « On devient adulte quand on aime faire la sieste. Enfant, on nous y obligeait. Et à l’adolescence, on préfère se coucher tard et se lever tard. » Toutefois, en abuser peut, au contraire, signaler une régression, comme celle du dépressif qui enfouit ses angoisses sous l’oreiller pour les faire taire.

 

Accepter de lâcher prise

 

Rejoindre son lit l’après-midi… une volupté également propice aux câlins ou à une simple pause à deux, comme le dit Anna : « Avec mon ami, c’est un moment que l’on attend. On aime ces minutes où l’on se retrouve l’un à côté de l’autre, totalement disponibles dans ce temps qui “flotte”. » Se mettre au diapason de son conjoint n’est cependant pas toujours vécu de bonne grâce. « Quand mon mari fait la sieste, ça me gonfle, confie Carole, 34 ans. J’ai l’impression de lui ôter son ultime souffle si je l’empêche de dormir ! »

 

Mourir d’épuisement si l’on s’en passe, ou mourir en dormant le jour ? Hypnos, le dieu du Sommeil, et Thanatos, celui de la Mort, ne sont-ils pas frères ? « Dormir, c’est toujours aller vers l’inconnu », observe Anne-Marie Malabre. « Siester » suppose d’accepter de perdre la maîtrise de ses actes et de ses pensées ; en pleine journée, voilà qu’il faut renoncer à être une force vive quand on n’est pas une personne âgée et plus un bébé. Pas facile de larguer les amarres pour un voyage onirique, quand le monde s’agite autour de soi…

 

Sieste flash : comment récupérer en 2 minutes

 

Ceux qui n’arrivent pas à décrocher, ceux qui ont tendance à dormir trop longtemps et tous ceux qui désirent récupérer en un éclair peuvent apprendre la sieste flash. En s’entraînant tous les jours, on passe de dix minutes à deux-trois minutes de repos, et on peut transformer une simple relaxation sans sommeil en micrododo réparateur !

  • Mise en scène : téléphone sur messagerie, lumière tamisée, éventuellement boules Quies, bandeau oculaire et panneau « Ne pas déranger ». Desserrez cravate, ceinture, boutons, déchaussez-vous et trouvez la position (assise ou allongée) qui permet de relâcher le dos, la nuque, les membres
  • Immersion : fermez les yeux, expirez lentement, bâillez à volonté. Relâchez et visualisez mentalement toutes les parties de votre corps, sentez leur chaleur, leur pesanteur. Laissez venir des images agréables et des couleurs. Paupières fermées, opérez des cercles avec les yeux, dans un sens et dans l’autre, puis laissez-les partir vers le haut… si vous n’êtes pas déjà endormi
  • Réveil : essayez d’en programmer l’heure mentalement. Inspirez profondément en bougeant doucement les doigts, les mains, les pieds. Inspirez encore en vous étirant. Ouvrez les yeux, observez votre environnement et fixez un détail lointain puis proche pour retrouver l’accommodation visuelle. Pour finir, souriez
  • Ils vous aideront aussi : la respiration, la méditation… ou des séances individuelles de siestes avec un peu de théorie sur la circulation, le fonctionnement musculaire, des exercices (musculation du diaphragme, gym énergétique, relaxation dynamique…) et des conseils pratiques pour pratiquer la "récupération minute".

 

La sieste du salarié : droit ou cadeau empoisonné ?

 

Faudrait-il être son propre patron pour la faire sans passer pour un flemmard ? En France, la sieste est souvent mal vue, exceptée dans les métiers à horaires flexibles (médias, publicité…) ou pour lesquels une absence de vigilance engendre des risques (services de secours, transports…). Pourtant, d’après la Commission nationale américaine sur les troubles du sommeil, un tel repos économiserait une fatigue qui coûte des dizaines de milliards de dollars.

 

Outre-Atlantique, le message passe : le lendemain du passage à l’heure d’été a même été décrété (non officiellement) « journée nationale de la sieste sur le lieu de travail » !
En Europe, quelques initiatives ont vu le jour : la municipalité de Vechta, en Allemagne, impose vingt minutes de repos à ses employés et encourage à prendre des cours sur l’art de la sieste.
En Chine, c’est un droit inscrit dans la Constitution et au Japon, certaines entreprises rendent obligatoire le quart d’heure de repos. Un cadeau empoisonné pour mieux justifier la pression ?

 

Agnès Rogelet pour psychologie.com

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1 juin 2014 7 01 /06 /juin /2014 11:41

"Etre et devenir" propose, pour la première fois sur grand écran, des récits d’expériences et des rencontres qui explorent le choix de ne pas scolariser ses enfants, de leur faire confiance et de les laisser apprendre librement ce qui les passionne. Innnovation ou folie éducative ? Ce film ouvre un nouveau débat suite au rapport accablant de l'enquête PISA.

 

 

Les pédagogies alternatives ou les écoles nouvelles – et les autres pédagogies ou écoles « différentes » – ne restent, comme leur nom l’indique bien, que d’autres pédagogies et d’autres écoles. Certes, il est, de loin et bien entendu, plus agréable d’être dans une prison (ou une école) spacieuse, bien éclairée, aux jolies couleurs… que d’être confiné dans une prison (ou une école) étroite, sombre et qui sent mauvais. La relation éducateur-éduqué ou formateur-formé ou parent-enfant… est fondatrice et structurelle de toute relation éducative, enseignante, formative… – fût-elle « différente » ou « alternative ».

 

Pourtant le schéma éducateur-éduqué, asymétrique et hiérarchique – du type administrateur-administré, colonisateur-colonisé ou dompteur-dompté… –, entre l’un qui conduit et l’autre qui est conduit, génère des biais, le plus souvent non conscients pour ceux qui donnent l’éducation comme de ceux qui la reçoivent. Ainsi, dans cette relation, parce que je suis comparé, sans arrêt, à ce que je devrais savoir, penser, faire ou être – et que tout se fonde et se joue sur la mesure de mon écart avec cet idéal qui recule au fur et à mesure que j’avance vers lui – j’apprends subrepticement qu’il me manque quelque chose pour être parfait, pour être accepté et aimé... J’apprends aussi, du même coup, la peur : celle de mal faire, d’être puni, de décevoir, de ne pas être aimé, de ne pas être comme les autres … J’apprends également la soumission, vis-à-vis de « celui qui sait », me juge ou m’évalue, me dit si je fais bien, si je suis bon, et sans qui je ne saurais apprendre…

 


À travers ce schéma, j’apprends encore, par exemple : le temps contraint, l’espace et le corps contraints, l’exercice intellectuel contraint, l’obéissance à l’« autorité », l’exécution fidèle de consignes, la reproduction-imitation, la conformation/conformité, les idéologies (progrès, morale, démocratie…), la récompense et la punition, la séparation (fragmentation des savoirs et des êtres), la suprématie du mental et de l’abstraction, les limites-frontières, l’inégalité (entre pairs, avec les adultes…), la compétition, l’externalité de la motivation et du contrôle, etc.

 

La question fondamentale n’est donc pas tant de changer-améliorer les modalités d’une même structure, mais plutôt de chercher si je peux sortir de cette structure et en éviter ainsi les méfaits induits, cachés et le plus souvent non désirés. Je suis né dans ce schéma, je l’ai toujours connu, je ne sais pas imaginer qu’il puisse exister autre chose. Tout ce que je sais alors, c’est l’embellir, le perfectionner. Oserai-je me poser, au moins, la question du pourquoi un tel schéma ? Le concept d’enfance et celui d’éducation (tels que nous nous les représentons aujourd’hui) n’ont que trois cents ans, à peine, dans notre culture. Comment faisait-on avant, sans une telle « éducation » ? Comment font les peuples qui, de nos jours, n’ont pas ces concepts dans leur culture ? À qui profitent ces concepts ? Comment font ceux qui, dans notre société actuelle se passent d’école, voire d’éducation ?

 

C’est autour d’un tel questionnement que « tourne » le film-enquête de Clara Bella : Être et devenir, etreetdevenir.com. C’est aussi le cœur d’un cercle de réflexion : CREA-Apprendre la vie, education-authentique.org

 

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Par  pour le nouvelobs.com

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