24 juillet 2012 2 24 /07 /juillet /2012 14:30

Je vous invite à découvrir un article fort intéressant rédigé par la consultante Julie Horn, qui traite de la haine. Fléau grandissant dans notre société livrée aux tourments du déclin. " Partout ou l'espoir se meurt, il ne reste que les ressentiments !"

 

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Il n’est pas toujours évident d’expliquer pourquoi les gens agissent comme ils agissent…Souvent, on s’aperçoit qu’il n’existe pas d’explication simple. Si nous devions examiner en détail la vie de chaque individu, il serait très ardu de comprendre ce qui s’y passe, de saisir exactement ce qui a lieu : l’esprit humain est si complexe. 

  

Le Dalaï-Lama.

          

Prélude à la haine

  

J’ai longtemps cherché l’inspiration afin d’écrire sur ce concept, mais rien ne venait. Pour la première fois de ma vie, j’avais ce que l’on nomme «l’angoisse de la page blanche». En fait, c’était simplement l’angoisse des images que me supposait ce mot. Un mélange de frissons, d’effroi et de fascination me transperçant la peau chaque fois que je tentais de le décrire. Mais, en même temps, ces sensations me poussaient à en savoir davantage afin de mieux comprendre cette émotion. C’est ainsi que j’ai commencé mes recherches en regardant la définition du dictionnaire. On y décrit la haine comme étant «une vive hostilité qui porte à souhaiter ou à faire du mal à quelqu’un [ou bien d’avoir] une vive répugnance, une aversion pour quelque chose».

 

En jetant un coup d’œil au-delà du mot même, j'aperçus d’autres expressions similaires : haineux, haineusement, haïssable et haïr. Je me suis demandée pourquoi ces mots existaient, pourquoi ils faisaient partie de notre vocabulaire ? Et même, pourquoi cette émotion propre aux humains existait ? Si l’Homme a senti le besoin de mettre sur papier la définition de cette émotion, c’est parce qu’elle a dû être présente plus d’une fois dans l’histoire. Je ne peux dire à quel époque exactement la haine a été définie et écrite sur papier, mais je peux dire qu’en 2010, cette émotion est encore très présente et comporte une certaine «immensité». Les actes de génocide, le terrorisme, le racisme, la discrimination, les violences courantes à l’intérieur de notre société sont souvent exécutés à travers ce sentiment de haine. Certains auteurs affirment que la haine est la maladie, le grand problème du 21e siècle. Jusqu’à maintenant, je le crois aussi…

La violence de l’homme envers l’homme nous scandalise, mais continue de sévir aujourd’hui. Les avancées technologiques éblouissantes de notre ère ont lieu parallèlement à un retour à la sauvagerie des temps sombres : les horreurs inimaginables de la guerre et de l’annihilation gratuite des groupes ethniques, religieux et politiques. Nous avons réussi à conquérir de nombreuses maladies mortelles, mais nous sommes encore témoins des horreurs du meurtre de milliers de personnes flottant à la surface des rivières du Rwanda, des civils innocents fuyant leur maison et massacrés au Kosovo et le sang coulant dans les champs meurtriers du Cambodge. Quel que soit le côté où nous regardons, à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, nous voyons la persécution, la violence, le génocide. 

La haine, oui, elle existe. Mais, pourquoi? D’où vient-elle? La retrouve-t-on dans les médias sociaux? Et pouvons-nous la contrer? Voilà les grandes questions qui se posent aujourd'hui, à la croisée des chemins...

 

La haine selon la psychanalyse

 

La haine existe en tout être humain. Certains la vivent et lui font face, d’autres, la laissent les envahir ou ne l’écoutent pas  On la retrouve sous plusieurs formes, selon les différents champs d’analyse : haine de soi, haine de l’autre, haine des autres, etc.

 

J’essaie de comprendre ce quelle est par l’entremise de la psychanalyse: Une pulsion qui peut devenir pathologie. En général, pour les psychanalystes, la haine est, grosso modo, une pulsion comme l’amour en est une. Toutefois, il ne faut pas se méprendre, la haine n’est pas une réaction à l’amour. Elles sont deux pulsions distinctes régulées différemment par l’appareil psychique, c’est-à-dire que l’appareil ou le système tente de trouver des solutions d’évacuation à ces pulsions. Dans ce sens, la genèse de la haine est différente selon l’expérience propre de chaque individu. Elle vient du milieu familial qui est la base de notre développement psychique, c’est là que tout se met en place : notre premier désir (complexe d’oedipe), notre premier refus (castration), notre premier rapport à l’autre, etc. Ainsi, les psychanalystes diront qu’il faut retourner au début de sa vie, dans le milieu familial de l’individu, pour expliquer les différentes pulsions de haine qui viennent de soi. Ils diront qu’une pulsion, c’est une partie des forces qui nous gouvernent. Dans cet ordre, les pulsions de haine doivent être transformées par l’appareil psychique afin d’être subjuguées, pour sortir positivement de l’individu, par une création tangible telle que la peinture, l’écriture, etc.

 

Si ces pulsions ne sont pas subjuguées positivement ou si elles sont refoulées, elles deviendront pathologiques et entraîneront des conséquences néfastes pour l’individu et/ou la société en général. Par exemple, elles peuvent se manifester par des maladies, de la violence envers soi et/ou envers autrui. Ces pathologies sont considérées comme une véritable défaillance de l’appareil psychique. Dans ce sens, la haine est une pulsion, mais la violence engendrée par la haine : une pathologie. Selon Daniel Sibony, psychanalyste et écrivain, la haine serait une pulsion de défoulement par le«jouir» comme lest le fantasme sexuel par le désir qu’il provoque. Cette haine serait donc créée par un sentiment de castration lorsque les désirs ne sont pas satisfaits et elle se transmettrait en pulsion de violence.

 

Pour expliquer sa thèse, l’auteur utilise l’exemple du racisme. Le racisme serait une généralisation abusive de l’«Autre» par le refus de lui reconnaître sa place dans sa propre gêne. Ce refus, qui ne cesserait de revenir, pousserait l’individu à se sentir harcelé. Dans ce sens, l’auteur explique que le racisme est une méthode de généralisation abusive en se convainquant d’un savoir qui échappe même à l’individu raciste. Bref, il aimerait être comme ce que les autres lui semblent être. Celui qui haït se sent castré, alors que dans le fond il voudrait se donner le droit d’être semblable. Vers une régulation humaine de la pulsion par la société ? Certains psychanalystes mettront l’accent sur le rôle de la société pour stimuler le surmoi de chaque individu afin que des règles, des principes et des valeurs soient inculqués à l’individu comme morale et qu’il puisse vivre en société d’une manière constructive. Ce qui laisse sous-entendre que l’être humain peut sublimer le «non du père» dans son effet de castration par le «non de la société» qui est également une forme d’autorité.

 

Par la suite, ce sera à l’individu de réagir dans son rapport à«l’Autre» où il sera confronté à l’ambiguïté des différences et des ressemblances avec cet «Autre».  Au contraire, d’autres psychanalystes tels que Nicole Jeammet, psychanalyste et enseignante à l’Université René-Descartes,  affirment que la haine peut être stimulée par certains types de société. Mme Jeammet affirme que la logique de la consommation peut devenir un obstacle à celle de l’amour. Ce texte dévoile un autre aspect intéressant de la haine et du débat concernant notre propre société d’aujourd’hui. Elle suscite une interrogation sur la place de la société comme stimulation de la haine et de la poursuite du narcissisme des parents par l’individualisation prônée par la société.

 

Ainsi, le narcissique n’entre plus en contradiction avec les valeurs véhiculées de la consommation exagérée des choses et des personnes. L’insensibilité fait place au besoin d’aimer et d’être aimé, l’être désire son indépendance en décidant par lui-même de ce qui est bon ou mauvais pour lui, les modèles de réussite sont liés à la consommation, etc. Bref, l’Homme revendique son droit d’être différent : «Après que la pensée eut été confisquée par des normes collectives, elle est maintenant confisquée par l’individu». L’auteur prend l’exemple de l’amour pour expliquer son propos : l’amour n’est plus un échange mutuel, mais une façon d’obtenir une réponse à son propre besoin. Ces relations sont le reflet du narcissisme des individus qui se développe à l’intérieur de la société contemporaine. Encore une fois, cet état tend à confondre, selon l’auteur, autonomie avec égoïsme.

 

Ce qui peut accentuer les pulsions de toutes sortes, dont la haine, puisque l’être recherche uniquement le soulagement de ses pulsions d’une manière aisée, sans contraintes. Cet aspect psychanalytique nous renvoie aux questionnements de la stimulation de l’extérieur sur la haine et de la réaction de l’appareil psychique des êtres humains. La réaction sur le politique (c’est-à-dire sur le vouloir vivre ensemble) par les constatations psychanalytiques pousse la réflexion vers la confrontation entre l’être humain et son environnement.

 

Est-ce que la haine serait générée par l’apport même de l’être humain et son héritage de valeurs et de principes? Un peu comme certaines théories «scientifiques» où la haine serait générée par une transmission biologique, la psychanalyse nous offre-t-elle une succession pulsionnelle créée par notre éducation? En fait, la réponse est «non», car les psychanalystes diront que l’appareil psychique se reconstruit à travers l’éducation de chacun !

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