3 juillet 2015 5 03 /07 /juillet /2015 17:58

Dans ce second volet consacré à la puissance disruptive, Eric Scherer - directeur chez France Télévisions - signe ici une magnifique recension des prospectives de Bernard Stiegler et du groupe de réflexion Ars-Industrialis, concernant la débâcle de l'Europe et des sociétés modernes, rongées par le fléau de la disruption... Détérioration de nos modes de vies, dégradation sociale, vague d'automatisation des emplois, "déni généralisé ", radicalisation, liquéfaction des droits fondamentaux et perte de contrôle du système... Vous saurez tout sur les fléaux provoqués par le contournement systématique de toutes les "règles et conventions", primordiales à nos démocraties.

 

Le radeau de la méduse, symbole de la débâcle occidentale, par Théodore Géricault - 1819

Le radeau de la méduse, symbole de la débâcle occidentale, par Théodore Géricault - 1819

  Si « Laudato Si’ » du pape François porte sur l’environnement, c’est aussi la première fois qu’une lettre encyclique parle du numérique et d’Internet (47,102). Avec inquiétude. Notamment sur l’impuissance et la soumission actuelles des politiques.

 

Une inquiétude partagée par le philosophe Bernard Stiegler, membre du Conseil National du Numérique, ardent défenseur des humanités numériques, qui – loin d’être lui-même un enfant de chœur a lancé, cette semaine au Collège des Bernardins, un cri d’alarme face à une Europe tétanisée, qui, en s’abstenant d’analyser la disruption, « joue en ce moment sa survie ».

 

En résumé, nos dirigeants, sous hypnose collective, ne sont pas à la hauteur des enjeux.

 

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L’homme soumis, inéduqué :

 

« L’humanité est entrée dans une ère nouvelle où le pouvoir technologique nous met à la croisée des chemins », écrit François. « … Mais nous ne pouvons pas ignorer que l’énergie nucléaire, la biotechnologie, l’informatique, la connaissance de notre propre ADN et d’autres capacités que nous avons acquises, nous donnent un terrible pouvoir. Mieux, elles donnent à ceux qui ont la connaissance, et surtout le pouvoir économique d’en faire usage, une emprise impressionnante sur l’ensemble de l’humanité et sur le monde entier ».

 

Pour Stiegler, qui planchait dans notre séminaire de recherche « Journalisme et bien commun à l’heure des algorithmes », « toute la ressource intellectuelle française et européenne devrait aujourd’hui impérativement se mobiliser (sur cette disruption). Car il y a urgence, extrême urgence, c’est une question de survie de l’Europe ».

 

« Nous sommes en train de vivre une phase disruptive de l’humanité. Et un des très gros problèmes de l’Europe et de la France, c’est de ne pas comprendre. C’est ne pas comprendre ce que cela signifie, quels en sont les enjeux, et de ne pas avoir de discours sur la disruption. Parce que la disruption ce n’est pas une fatalité que Dieu nous enverrait par exemple « maintenant c’est comme ça, le numérique est là, vous allez devoir vous aligner… ». Non pas du tout, il n’y a pas de déterminisme technologique. Il n’y en a jamais eu et il n’y en aura jamais ».


 

Dans une « critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie », le pape, plus précis, dénonce «la soumission de la politique à la technologie et aux finances ».
 
(…) « Le fait est que « l’homme moderne n’a pas reçu l’éducation nécessaire pour faire un bon usage de son pouvoir »,[84] parce que l’immense progrès technologique n’a pas été accompagné d’un développement de l’être humain en responsabilité, en valeurs, en conscience. Chaque époque tend à développer peu d’auto-conscience de ses propres limites. C’est pourquoi, il est possible qu’aujourd’hui l’humanité ne se rende pas compte de la gravité des défis qui se présentent, et « que la possibilité devienne sans cesse plus grande pour l’homme de mal utiliser sa puissance » quand « existent non pas des normes de liberté, mais de prétendues nécessités : l’utilité et la sécurité ».
 
Pour le chef de l’Eglise catholique, le danger vient notamment de « l’alliance entre l’économie et la technologie (qui) finit par laisser de côté ce qui ne fait pas partie de leurs intérêts immédiats ». 

 


L’homme sidéré :

 


A la soumission, Bernard Stiegler, préfère parler pour l’instant d’état de choc, de stupéfaction :

 

« … La pratique de la disruption est militaire : c’est une pratique de tétanisation, de paralysie de l’adversaire face à une stupéfaction, une création de stupéfaction. Aujourd’hui nous sommes absolument stupéfait, du clodo du coin à François Hollande, jusqu’à Madame Merkel, en passant par le patron d’Axel Springer, Monsieur Döpfner, qui a écrit cette phrase incroyable « nous avons peur de Google ». C’est inconcevable de la part d’un PDG de dire qu’il a peur de quoi que ce soit. Qu’est ce que ça veut dire ? Ca veut dire disruption. (…) C’est une stratégie du choc.»

 

 
Les Américains ont, eux, une vision claire de la disruption :

 

 

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Directeur de l’Institut de Recherche et d’Innovation (IRI) au Centre Pompidou, prof à Berlin, Zürich et aux USA, Stiegler, qui anime aussi le groupe international de réflexion Ars Industrialis, estime que l’Amérique, les géants du web, aidés du complexe militaro-industriel US ont eux une vraie vision et un discours sur cette disrutpion, appuyés sur des fonds publics.

 

« Les gens de Facebook, les gens de Google, les gens d’Amazon, surtout Amazon -- parce que Amazon c’est quand même une réflexion extrêmement systématique sur cette question-- , mais beaucoup d’autres, eux, ont une vision de la disruption, ont un discours sur la disruption. Leur discours n’est pas forcément leur visée, ils savent très bien distinguer ce que l’on doit dire au peuple, au vulgum pecus, et ce que l’on doit garder parce que l’on a une politique de la disruption. L’armée américaine aussi a une politique de la disruption ».

(…)
« Je pense qu’il faut une politique nationale et européenne sur ces sujets. Tant qu’il n’y en aura pas, on passera son temps à courir après la disruption en étant fasciné, fatigué de courir d’ailleurs, épuisé, et on disparaîtra, parce que c’est ce qui est en train de se passer ».
 
« Je suis stupéfait lorsque je vais aux Etats-Unis où j’enseigne, je peux faire des cours sur le numérique, la théologie etc… mais ici je ne peux pas. En France, il y a un très gros problème de sous-estimation de ce dont il s’agit avec le numérique. Le numérique c’est ce que j’appelais une disruption tout à l’heure, en fait c’est ce que Michel Foucault appelait un changement d’épistème (NDLR : ensemble des connaissances scientifiques, du savoir d’une époque) 
 
Et je dirais que ce changement d’épistème, c’est un méta-changement d’épistème, parce que ce n’est pas seulement un changement d’épistème comme il s’est produit par exemple à la Renaissance. C’est beaucoup plus que ça encore, c’est beaucoup plus profond que ça. Certains disent que c’est peut-être l’origine même de l’écriture en tant que telle qui est en jeu, je pense que c’est même encore plus profond que ça. C’est de l’ampleur du passage du paléolithique supérieur, du mésolithique au néolithique. Grosso modo, le début de la sédentarisation. C’est de cette ampleur là ce qui est en train de se passer et si nous ne le voyons pas, nous ne verrons rien. Les gens qui réfléchissent à ces questions, aux Etats-Unis notamment, au Canada aussi, eux le voient ».

 

La dernière édition du magazine trimestriel de Prospective Usbek & Rica dénonce d’ailleurs, cet été, dans une longue enquête « l’absence de culture numérique de la classe politique française (…) qui est en train de passer dangereusement à côté de la révolution numérique ».

 


Enorme menace sur les industries culturelles européennes :


 

Stiegler y voit d’abord une énorme menace sur les industries culturelles européennes :

 

« Nous allons vers un effondrement généralisé de toutes les industries éditoriales Françaises et Européennes ».
« J’aurais pu rajouter la disparition des Presses Universitaires de France, l’effondrement programmé de Gallimard avec Flammarion qu’il a racheté et qui s’est endetté qui ne pourra pas payer etc.
En tout cas le tableau est absolument sinistre. C’est une catastrophe. Et ce n’est pas simplement en France, en Allemagne aussi. En Italie aussi. En Allemagne par exemple il y a des grands éditeurs, de très grands éditeurs, formidables, qui se font racheter par des fonds de pension et qui sont en train de complètement détruire leurs lignes éditoriales, totalement, pour se soumettre à la logique Amazon ».
 
Et Stiegler, membre de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), accuse les Européens, pourtant inventeurs du web, d’avoir laisser les Américains s’emparer très vite de cette plateforme il y a seulement quelques années :


 

«Souvenez-vous, cent sites web, cent mille sites web, un million de sites web, dix millions de sites web, cinquante millions de sites web, ça progressait comme ça en l’espace de semaines. Et on a eu de nouveau ce truc là avec Facebook. Et ça n’a pas été analysé du tout ce qui est absolument incroyable. Assister à un phénomène pareil qui est un phénomène stupéfiant, disruptif, sans l’analyser quand on est responsable d’Etat, c’est une grave faute. Ca a été analysé, oui mais sous la pression du storytelling des cabinets de conseil anglo-saxons ».
(…) A Bruxelles, « Les anglo-saxons venaient porter la bonne parole américaine qui vous expliquait comment marchait le web, alors que c’est nous qui l’avions crée quand même. C’est incroyable ça. Stupéfiante démission de la responsabilité publique dans cette affaire. Mais pas simplement publique, aussi privée. Les initiatives privées ont été lamentables dans cette affaire ».
Il stigmatise ensuite l’abandon progressif du caractère d’expression individuelle, contributive et démocratique du web, dans « l’extraordinaire dynamique de ce que l’on appelait le web 2, qui depuis a été tué, massacré, par le social engineering, par les big data, par les mesures de doubles numériques de Amazon, par l’automatisation généralisée qui éliminent les singularités ».

 

Repenser le web au niveau européen :


 

Stiegler veut donc non seulement « repenser l’architecture du web », mais aussi « relancer une politique européenne du web ». « Parce qu’il n’y a pas de politiques numériques en Europe ».
Sans l’armée américaine pendant des années en Californie sur ces sujets, il n’y aurait jamais eu Google, ajoute-t-il. Par conséquent, on vous dit « aux Etats Unis il n’y a pas d’aides publiques » c’est archi-faux. L’Etat américain avait mis mille milliards de dollars dans le multimédia en vingt ans, par l’intermédiaire de l’armée. C’est beaucoup ».
« Et ça, c'est ce que les Européens n'ont pas compris, parce que les Européens sont toujours dans le modèle de la Royal Academy, Newton ».
« Il faut aussi repenser le web, et ça c'est un élément de discussion qui suppose un investissement à long terme par l’Europe sur une vingtaine d'années et ça veut dire qu'il faut lancer une politique d'investissement public ... »
(…) « Il faut bien comprendre que si on veut que la compétence, celle des professionnels, se développe, il faut qu’elle se développe partout. (…) Il faut développer les digital studies. Nous pensons qu’il faut bien comprendre que la disruption telle qu’elle se produit avec le digital, elle commence par transformer radicalement ce que c’est que l’enseignement et la pratique de l’histoire par exemple, ce que c’est que l’astrophysique ou la nano-physique, ce que c’est que la biologie, les mathématiques… bref c’est une révolution épistémique et épistémologique ».

 

La menace encore plus vaste de l’automatisation sur l’emploi :


 

Cette ignorance des politiques est encore plus dangereuse face au nouveau changement en cours : la nouvelle automatisation logicielle qui va se substituer à des millions d’emplois.


 

« Ce que nous soutenons, c’est que nous entrons dans une période très intéressante, extrêmement importante et extraordinairement dangereuse de disruption massive et généralisée qui est en train de faire exploser le modèle de redistribution et donc toute la solvabilité des Etats, des entreprises, des banques etc… parce que si on croit en tout cas Oxford, le MIT, Bill Gates et un certain nombre d’autres, et bien la voie de la redistribution par le salaire est finie, elle va régresser donc la macroéconomie devient insolvable ».
« Elle est déjà depuis déjà un certains temps mais on la dissimule avec du spéculatif, du capital spéculatif qui a une fonction de dissimulation de l’insolvabilité, ça a jusqu'à maintenant plus au moins bien ou mal marché ... et maintenant ça ne peux plus marcher car l’insolvabilité à absorber va être absolument colossale ». 


 

Détérioration de la vie, dégradation sociale :


 
Dans le partie « Détérioration de la qualité de la vie humaine et dégradation sociale », le pape François, craint lui que « les dynamiques des moyens de communication sociale et du monde digital, qui, en devenant omniprésentes, ne favorisent pas le développement d’une capacité de vivre avec sagesse, de penser en profondeur, d’aimer avec générosité. Les grands sages du passé, dans ce contexte, auraient couru le risque de voir s’éteindre leur sagesse au milieu du bruit de l’information qui devient divertissement. Cela exige de nous un effort pour que ces moyens de communication se traduisent par un nouveau développement culturel de l’humanité, et non par une détérioration de sa richesse la plus profonde ».
 
« La vraie sagesse, fruit de la réflexion, du dialogue et de la rencontre généreuse entre les personnes, ne s’obtient pas par une pure accumulation de données qui finissent par saturer et obnubiler, comme une espèce de pollution mentale ».
 

Le système va partir en vrille :


 

Avec Ars Industrialis, Stiegler entend lui « réfléchir à de nouveaux critères de redistribution ».


 

Se basant sur une étude de 2012 de 22 universitaires américains surtout de Berkeley : écologistes, climatologues qui disent : "Attention nous sommes arrivés à une période de shift, c'est à dire au moment où le système va partir en vrille et on ne saura pas le contrôler. Ce n'est pas pour vous tenir un discours apocalyptique, mais d'un point de vue macro-économique le problème est que nous produisons beaucoup d'entropie et pas assez de néguentropie. Il faut passer de la politique de l'emploi à une politique du travail ». « Une politique de l'emploi qui rémunère des employés entropiques qui exécutent des tâches, à des gens qui travaillent et  qui sont capable de dire "non ca va pas je modifie la tache".
 
« Demain il faut rémunérer les gens qui désautomatisent, mais pour les rémunérer, il faut les former. Qu'est ce que c'est qu'un journaliste demain ? C'est quelqu'un qui est capable d’utiliser des automates pour produire la désautomatisation. »


 

« Le problème c'est de repenser fondamentalement la fonction éditoriale : pour la repenser, .. et c'est tout à fait possible, parce que c'est une politique d'investissement dans la nouvelle formation, dans la nouvelle recherche,  si nous voulons créer une économie fondée sur la valorisation de la néguentropie, et ça suppose une extension progressive du régime des intermittents du spectacle qui consiste à dire :vous produisez vos capacités hors emploi ».


 

« Pour que ce soit possible, il faut réinventer totalement la fonction éditoriale, il faut modifier le fonctionnement des universités, des écoles ect....  il faut donc que les éditeurs, la presse, les éditeurs de logiciels, les acteurs télcos modifient très profondément leur business modèles, qu'il soient financés par une puissance public, parce que à court terme ceci n'est pas solvable.
 
C'est ce que l'US Army a fait entre 1950 et 1999, moment où Google a lancé son activité. C'est parce que l'armé américaine quasi pendant 50 ans a permis ce genre de chose, que Google est né ....  Google n'est pas né comme ça, et je pense que l'Europe doit prendre la mesure de ces questions.... ».
 

Mélancolique insatisfaction :


 

Le pape, enfin, a des doutes sur les vertus des écrans et des communications par Internet.


 

« Cela permet de sélectionner ou d’éliminer les relations selon notre libre arbitre, et il naît ainsi un nouveau type d’émotions artificielles, qui ont plus à voir avec des dispositifs et des écrans qu’avec les personnes et la nature. Les moyens actuels nous permettent de communiquer et de partager des connaissances et des sentiments.
 
Cependant, ils nous empêchent aussi parfois d’entrer en contact direct avec la détresse, l’inquiétude, la joie de l’autre et avec la complexité de son expérience personnelle. C’est pourquoi nous ne devrions pas nous étonner qu’avec l’offre écrasante de ces produits se développe une profonde et mélancolique insatisfaction dans les relations interpersonnelles, ou un isolement dommageable. ».
 
Sources :
 

par Eric Scherer, Directeur de la Prospective, France Télévisions

Pour Méta-Média – FranceTV.Info

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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 17:17

C'est le blogueur américain Eric Barker qui diffuse cette liste pour le moins surprenante ! Elle ne vient pas de nulle part, puisqu'il la tire de la lecture de l'ouvrage The Wisdom of Psychopaths, traduisez "La sagesse des psychopathes" écrit par le psychologue Kevin Dutton, étrange personnage spécialiste de la question.

 

 

Quel corps de métier cache le plus de psychopathes ?

Quel corps de métier cache le plus de psychopathes ?

 

Kevin Dutton sait pourtant de quoi il parle !

 

Franc-tireur de l'analyse des psychopathes, il en est l'un des principaux vulgarisateur dans le monde anglo-saxon et dirige une grande enquête nationale sur les psychopathes en Grande-Bretagne, tout cela pour mieux déterminer qui ils sont. Car sa grande thèse, c'est que les psychopathes ne sont pas tous des meurtriers.

 

D'après le site Psychologies.com, la psychopathie concerne 3% des hommes et 1% des femmes. Les psychopathes sont donc bien plus nombreux qu'on le croit. Et à en juger par la liste des métiers où on en recense le plus, ils sont clairement parmi nous.

 

Mais commençons par les 10 métiers où l'on trouve le moins de psychopathes :

  1. Aide soignant

  2. infirmière

  3. psychothérapeute (et professions associés)

  4. artisan

  5. esthéticienne

  6. styliste

  7. enseignant

  8. artiste

  9. médecin (et professions associées)

  10. comptable.

 

Ces professions impliquent du rapport humain et nécessitent une implication émotionnelle tout en offrant peu de pouvoir. De par leur nature, les psychopathes ne seraient pas attirés par ces métiers. En revanche, les situations qui impliquent de prendre des décisions précises, détachées des émotions leur vont très bien. Pas étonnant lorsqu'on sait que les symptômes de la psychopathie regroupent l'indifférence, le narcissisme, l'absence de culpabilité et l’asociabilité.

 

De quoi expliquer le pourquoi du comment des 10 métiers où l'on trouve le plus de psychopathes !

 

Voyons maintenant les 10 métiers où l'on trouve le plus de psychopathes, selon l'étude de Kevin Dutton :

  1. Directeur d'entreprise et PDG

  2. avocat (et professions associées)

  3. Les médias et l'audiovisuels

  4. Vendeur

  5. Chirurgien

  6. Officier de police

  7. Journaliste

  8. Homme d'église

  9. Chef en cuisine

  10. Les hauts fonctionnaires (inclus les personnages politiques)

 

Qu'est-ce qu'un psychopathe ?

 

Si on pense immédiatement au tueur en série des films hollywoodiens, on se trompe. C'est plus compliqué que ça. D'après Wikipedia, un psychopathe est sujet à un trouble de la personnalité qui a été décrit comme étant caractérisé par des émotions peu profondes (en particulier une crainte réduite), un manque d'empathie, de l'égocentrisme, de l'impulsivité, de l'irresponsabilité, de la manipulation et un comportement antisocial comme un mode de vie criminel et instable.

 

Il n'existe aucun consensus concernant le critère symptomatique et de nombreuses discussions sont établies concernant les causes éventuelles et des possibilités de traitements. Malgré les termes similaires, les psychopathes sont rarement psychotiques. Les psychopathes ne sont pas tous violents; ils utilisent la manipulation pour obtenir ce qu'ils souhaitent. En général, ce sont des individus qui se soucient de ce que les autres pensent d'eux et les utilisent pour atteindre leur but.

 

La thèse de Kevin Dutton, mais aussi d'autres psychologues, est que la psychopathie se caractérise plus par des tendances à, que par une nature propre aux psychopathes. Pour résumer, on pourrait dire qu'on ne naît pas psychopathe, on le devient, même si certains individus peuvent être prédisposés à développer tel ou tel type de comportement.

 

Lien similaire :  http://www.psy-luxeuil.fr/2015/04/8-signes-pour-detecter-un-vrai-psychopathe.html 

 

Source: http://www.huffingtonpost.fr/

psychologue à Luxeuil-les-bains (70300). psychothérapeute à luxeuil-les-bains 70300. psychanalyste à luxeuil-les-bains 70. psychiatre à luxeuil-les-bains 70. psychologue à luxeuil-les-bains 70. psychothérapeute psychologue psychiatre psychanalyste. hypnose hypnothérapeute haute-saône 70200 Lure Luxeuil Vesoul Saint-sauveur Saint-loup 70800 Saulx Roye 70200 Faverney 70160 Conflans sur lanterne. Haute Saône 70 Port sur Saône Ronchamp 70250

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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 16:45

Suite aux crimes visant le journal satirique charlie hebdo et les attaques récentes de Saint-quentin-Fallavier, le « terrorisme » nécessite d’être redéfini et analysé sous l'angle de la psychologie sociale, pour contenir l’angoisse qu’il provoque et limiter sa capacité toxique d’emprise sur les populations.

 

Un tout jeune garçon recruté par l'état islamique exécute un otage

Un tout jeune garçon recruté par l'état islamique exécute un otage

L'essence du terrorisme est précisément là, comme l'expliquait Raymond Aron :

 " rechercher un impact psychologique hors de proportion avec les effets physiques produits et les moyens utilisés "

Le terrorisme utilise la stratégie de la peur comme levier de masse, pour insuffler une inquiétude diffuse qui vise à déstabiliser les états et à frapper l'opinion par le bruit médiatique.

 

Dès lors que le monde a connu un formidable accroissement des échanges et un développement inimaginable des nouvelles techniques de l’information et de la communication, du tout image, d’une culture du visuel, ce qui va primer c’est l’esthétique de la mise en scène et la diffusion sans fin des images des événements. On pense bien sûr aux récents événements, au 11 septembre ou encore aux diffusions des exécutions.... 

 

Le terrorisme est l'une de ces "nouvelles peurs" décryptées par l'anthropologue Marc Augé. Un phénomène inquiétant en ce qu'il porte et qui défie notre compréhension. 

 

En situation de stress social, il y a augmentation combinée de l’anxiété et de la méfiance. Le phénomène de Rumeur a donc toute place pour apparaître et se diffuser.

 

 

Les jugements portés sur le terrorisme expriment un rejet, une condamnation, notamment, au nom de valeurs morales fondamentales pour vivre en paix (liberté, démocratie …), de Normes sociales de comportement indispensables dans une société civilisée (pas de crimes ni de mise en danger des personnes …), de préceptes religieux en faveur de la maîtrise de soi (aimer son prochain …). Ce qui conduit à considérer les auteurs comme d’autant plus étrangers qu’ils sont violents et dangereux !

 

Il y a toujours, au bout du compte, le camp du bien (assimilé pour nous aux nations occidentales dites « évoluées ») et celui du mal (réseau terroriste, « axe du mal »).

 

D’une certaine manière, les représentations sociales permettent à la population de faire face au phénomène. L’équilibre, même précaire, peut ainsi être maintenu à travers une vision positive de soi en tant qu’individu, groupe, culture ou société qui s’oppose à un ennemi plus ou moins déshumanisé ou diabolisé. 
 

De l’autre côté, les représentations sociales du terrorisme contribuent à leur donner une visibilité, une reconnaissance et une crédibilité. En d’autres termes, ils sont devenus, à travers nos représentations, ce qu’ils ont voulu être, à savoir des sources crédibles de menace. 
 

On peut donc dire que les représentations sociales participent de et à cette logique de la terreur, devenant alors aussi des outils au service de la cause terroriste. William Thomas disait:
 

 " si nous décrivons une chose comme réelle, elle est devient réelle dans ses conséquences "

Ainsi, notre appréhension du terrorisme est fondée sur notre façon de le construire en tant qu’objet et non sur sa connaissance directe. Le terrorisme est un objet dont nous ne connaissons pratiquement rien.  Le terrorisme d'Etat a été remplacé par un terrorisme pluriel, nébuleux, avec un ennemi aux contours flous. En fait, c’est justement l’inconnu qui prend le plus d’importance dans cette construction de l’objet.

 

Néanmoins, en réponse, nous adoptons une foule de comportements, individuels, de groupes, et en tant qu’État, qui ont des effets importants sur l’ensemble de la population.

 

 

Le sondage Ifop pour L’Humanité révèle que deux tiers des Français (66%) estiment aujourd’hui que la France pourrait connaître une explosion sociale au cours des prochains mois. Ce résultat demeure à un niveau élevé, bien qu’inférieur à la dernière mesure (76% en novembre 2013, soit au plus fort du « mouvement des Bonnets rouges »). On remarque que ce risque est jugé certain par un Français sur cinq (20%) alors que ceux qui le réfutent le plus (en répondant que l’explosion sociale n’arrivera « certainement pas ») ne représentent que 6% de la population.    >> Télécharger les résultats de l'étude (pdf, 622 ko) .

 

 

1. Eléments d’analyse :

 

Mondialisation culturelle et terrorisme sont associés: le combat entre universalisme et particularismes. Dès lors que la mondialisation culturelle apparaît dans les faits, même de façon caricaturale, comme une homogénéisation des cultures.

 

Celle-ci correspond en fait à la domination des comportements culturels par le pays qui produit cette culture (journaux, cinéma, musique, modes de vie, etc.). Des groupes hostiles à ce processus développent alors une stratégie de rupture visant à détruire les signes extérieurs et ostentatoires de cette culture. 

 

La culture, dès lors qu’elle fonctionne comme une idéologie constitue le socle à partir duquel vont être légitimées certaines actions terroristes. Bien évidemment, toutes les sociétés sont susceptibles de produire des terrorismes, y compris sur des bases religieuses. 

 

C’est lorsque le risque de stigmatisation de telle ou telle culture prend corps qu’il devient urgent de briser les Stéréotypes, d’expliquer qu’il n’existe bien évidemment pas de culture terroriste en soit.

 

 

Robert Merton explique que le consensus social peut mener aux crimes : il suffit que le consensus sur la valeur des objectifs de réussite personnelle soit plus puissant que le consensus sur les moyens acceptables de les réaliser. Par exemple, si une société donnée valorise la richesse de façon disproportionnée tout en « garantissant » que seule une minorité puisse y accéder, les autres vivent une tension qu’ils tentent de contourner d’une manière ou d’une autre.

 

La disparité et la tension sont souvent évoquées pour expliquer certaines formes de terrorisme. Toutefois, bien des terroristes sont issus de classes sociales moyennes-hautes. Cependant, si l’on se situe au niveau macroscopique, il s’agit d’exceptions. On peut également rappeler que le discours terroriste réajuste constamment le niveau d’analyse des membres en plaçant les disparités au niveau géopolitique et non pas personnel. 

 

Néanmoins, on peut avancer que l'une des grandes tendances du terrorisme moderne est l'élargissement de sa base sociale, la participation d'un grand nombre de représentants de différentes catégories sociales et la formation de cercles relativement stables de "sympathisants »

 

 

2. Points de vigilance :

 

Pour Jeffrey Reiman la guerre contre le crime sert à détourner l’attention du public des conduites dommageables des élites économiques et politiques. Il ne s’agit pas de conspiration, mais d’un état de faits qui a évolué étant particulièrement adapté aux sociétés capitalistes.

 

L’identification de groupes ou d’individus comme terroristes peut en effet permettre de justifier des actions gouvernementales radicalisées. Cela peut par exemple permettre de dédouaner les gouvernements de leurs propres actions violentes à l’étranger.

 

Jonathan Simon a remarqué à quel point le concept de crime sert à contrôler une multitude d’aspects de la vie sociale.

 

 

3. Le crime permet :

 

  • la mobilisation maximale de l’État (force létale contre ses citoyens)

  • la maximisation de la surveillance 

  • le contrôle d’une foule d’activités à travers le concept de responsabilisation du citoyen

  • le  renforcement des contrôles déjà existants (sur l’immigration, l’usage de l’internet...) 

4. Préconisations :

 

Il existe une forte tendance à sous-estimer les possibilités qu'offre l'utilisation des facteurs culturels pour la compréhension et la lutte contre le terrorisme. Il s’agit pourtant d’une piste d’efficacité à long terme. 

 

Cet état de fait ne permet pas de comprendre véritablement comment le terrorisme tend à se développer, et ne permet pas non plus d'élaborer des mesures pour prévenir les activités terroristes.

 

La culture sous toutes ses formes (art, patrimoine culturel, Religion, médias, recherche, enseignement, jeunesse et sport) devrait davantage être considérée comme un moyen de prévention à court terme et d'endiguement à long terme.

 

Cependant, après des actes terroristes, ces mesures paraissent inappropriées, voir choquantes comme si il fallait à tout prix répondre à la violence par la violence.

 

 

5. En guise de conclusion, il serait important :

 

  • d’encourager la réflexion intellectuelle et la recherche sur le terrorisme et la culture afin de mieux comprendre les causes et l’évolution du terrorisme

  • de garantir un cadre juridique et politique approprié pour la libre expression et la véritable représentation de toutes les minorités culturelles et de toutes les opinions, politiques, croyances religieuses… 

  • d’encourager la diffusion de travaux culturels et audiovisuels d’autres régions du monde et de  soutenir la mobilité et les échanges d’artistes, d’universitaires et de scientifiques

  • de concevoir des projets culturels ciblés sur certaines régions critiques d’Europe où il existe des tensions et un danger de terrorisme.

 


L'inquiétante propagation tumorale de la barbarie

 

Alexander George « The Discipline of Terrorology », A. George, Western State Terrorism, New York, Routledge, 1991

Governing Through Crime : Criminal Law and the Reshaping of American Government, 1965-2000

G.T. Marx, la « La société à sécurité maximale » (1987, Déviance et société, 12 (2), 147-166)

Source: http://www.psychologie-sociale.com

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21 juin 2015 7 21 /06 /juin /2015 16:02

La numérisation généralisée qui est en cours conduit à l'automatisation intégrale, et ce fait emporte des questions épistémologiques aussi bien qu'économiques, sociales et politiques de première grandeur. Cet article s'attachera tout d'abord à esquisser le contexte de cette métamorphose des sociétés -- qui se décline aussi bien du côté du calcul intensif et de la "smart city" que de la production robotisée, de la neuro-économie, du corps et de la transformation des conditions de la décision dans tous les domaines. Il tentera ensuite de montrer que toute l'organisation économique qui s'était concrétisée au cours du XXè siècle autour de l'organisation fordiste et keynésienne de la production et de la consommation s'en trouve compromise. Il soutiendra enfin que, d'une part, loin d'être le contraire de l'automatisation, la capacité de décision la suppose, et d'autre part, seule l'automatisation qui permet la désautomatisation est productrice de valeur durable -- c'est à dire de néguentropie.

 

Chaine de montage entièrement automatisée... sans humains !

Chaine de montage entièrement automatisée... sans humains !

  • A propos de l'ouvrage "La société automatique"

  

Le 19 juillet 2014, le journal Le Soir révélait à Bruxelles que selon des estimations américaines, britanniques et belges, la France, la Belgique, le Royaume-Uni, l’Italie, la Pologne et les États-Unis pourraient perdre entre 43 et 50 % de leurs emplois dans les dix à quinze prochaines années. Trois mois plus tard, le Journal du dimanche soutenait que trois millions d’emplois seraient condamnés à disparaître en France au cours des dix prochaines années.

 
L’automatisation intégrée est le principal résultat de ce que l’on appelle « l’économie des data ». Organisant des boucles de rétroactions à la vitesse de la lumière (à travers les réseaux sociaux, objets communicants, puces RFID, capteurs, actionneurs, calcul intensif sur données massives appelées big data, smart cities et robots en tout genre) entre consommation, marketing, production, logistique et distribution, la réticulation généralisée conduit à une régression drastique de l’emploi dans tous les secteurs – de l’avocat au chauffeur routier, du médecin au manutentionnaire – et dans tous les pays.

 
Pourquoi le rapport remis en juin 2014 au président de la République française par Jean Pisani-Ferry occulte-t-il ces prévisions ? Pourquoi le gouvernement n’ouvre-t-il pas un débat sur l’avenir de la France et de l’Europe dans ce nouveau contexte ?

 
L’automatisation intégrale et généralisée fut anticipée de longue date – notamment par Karl Marx en 1857, par John Maynard Keynes en 1930, par Norbert Wiener et Georges Friedmann en 1950, et par Georges Elgozy en 1967. Tous ces penseurs y voyaient la nécessité d’un changement économique, politique et culturel radical.

 
Le temps de ce changement est venu, et le présent ouvrage est consacré à en analyser les fondements, à en décrire les enjeux et à préconiser des mesures à la hauteur d’une situation exceptionnelle à tous égards – où il se pourrait que commence véritablement le temps du travail.

 

1_Prolétarisation de la théorie

 

L’ère du capitalisme industriel atteint son point de « prolétarisation » ultime. Après la perte du « savoir-faire » des travailleurs – provoquée au XIXe siècle par le machinisme –, après la perte du « savoir-vivre » des consommateurs – provoquée au XXe siècle par le marketing –, Stiegler soutient, avec un effet de vérité certain sur son lecteur, que c’est la perte du « savoir-théorique » des citoyens qui, aujourd’hui, menace. En effet, la « gouvernementalité algorithmique » induite par les big data (la masse des données numériques), anticipant nos faits, nos gestes et nos choix, « automatise » nos attentes. Mais aussi « dé-cultive » notre liberté de raisonner, de synthétiser, de concevoir des manières singulières – plutôt que moyennes – d’avancer.

 

2_Désautomatiser les automatismes

 

Stiegler n’oppose pas la technique à la vie. Il démontre même que l’invention technique est au fondement même de l’humanité. L’homme est l’animal qui se dote d’organes artificiels (silex, écriture ou numérique) : il ne cesse d’extérioriser sa puissance d’être dans de nouveaux automatismes. Mais, toujours, il préserve une capacité à « désautomatiser », à bifurquer, à prendre une décision, à sortir du cadre… Bref, à penser. Or toute pensée nous vient de notre faculté de rêver, et donc d’élaborer de nouvelles tekhnes afin de réaliser nos rêves. Telle est la vie du désir que Stiegler appelle « les intermittences de l’âme » et que le capitalisme « 24/7 » est en train d’étrangler.

 

3_Économie de la contribution

 

Face à la destruction annoncée, d’ici à une ou deux décennies, de plus de la moitié des emplois salariés par la robotisation, il s’agit donc de travailler à la sortie de l’organisation « tayloriste, keynésienne et consumériste ». Et d’inventer alors une « économie de la contribution », fondée sur une pratique et une politique du savoir – par où se crée la nouvelle valeur. Cela passerait, d’une part, par une généralisation du régime des intermittents, fondé en 1946 en France, redistribuant non pas des salaires, mais le « temps libre » permis par l’automatisation. Et, d’autre part, par la mise en œuvre d’une « technologie digitale herméneutique » où chacun pourrait participer à l’interprétation des nouveaux savoirs – faire, vivre, concevoir.

 

Bernard Stiegler , Philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation

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Peut-on aborder la question du chômage autrement que comme une fatalité ? Quelles pistes d'avenir pour un retour de l'emploi ou… du travail ?

 

 

Un niveau est inégalé depuis 5 ans… Il ne s’agit pas de la courbe du chômage qui, elle, a atteint en mars un sommet historique, mais du moral des ménages. Un paradoxe en temps de crise qui n’appelle aucune morale, plutôt quelques explications… Si ce n’est sur le taux de chômage ni sur les points de croissance, sur quoi avons-nous indexé notre moral ? Sur le cours du pétrole, nous dit Libération, la baisse continue des prix du Brut donnerait en effet un petit coup de pouce au pouvoir d’achat qui relance la demande et regonfle la confiance… D’autres mettent ce regain d’optimisme sur le compte de la faible inflation. Quelqu’en soit la cause, cette tendance n’est en rien révélatrice de "l’état de l’économie réelle" (Libération, 30 avril 2015).

 

De ce côté-ci, les mauvaises nouvelles se sont accumulées cette semaine :  des 600 emplois français bientôt supprimés par le fabricant Vallourec aux 500 postes menacés chez le suédois Renaud Trucks, il n’y a guère que l’industrie de l’armement qui tire son épingle du jeu avec la vente annoncée de 24 rafales au Qatar.

 

 

Des annonces qui ajoutent une touche de noir au tableau déjà peu réjouissant de l’emploi dans l’hexagone, à l’heure où François Hollande, le Président qui avait promis d’inverser la courbe du chômage, fête ses trois ans à l’Elysée. Avec ce nouveau cap de plus de 3 millions et demi de chômeurs en mars, la situation ne s’arrange pas. 3 millions et demi de personnes n’ayant pas du tout travaillé et dès lors privées de leur légitimité à fêter le travail, à communier avec un brin de muguet autour de ce fondement du lien social, de cette valeur sacralisée que la sociologue Dominique Méda interrogeait  il y a 20 ans comme une espèce « en voie de disparation ». Le travail que l’avenir pourrait réhabiliter, en enterrant définitivement l’emploi.

 

Sources : http://www.fayard.fr/   http://www.philomag.com/   http://www.franceculture.fr/

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9 juin 2015 2 09 /06 /juin /2015 18:12

Une expérience étrange, menée par des économistes Zurichois, montre que les professionnels de la finance sont honnêtes… sauf quand on leur rappelle les vices de leur métier !

 

-L'étrange psychologie des banquiers Suisses !-

Un banquier fraude-t-il quand il joue à pile ou face ? C’est ce qu’ont tenté de déterminer Alain Cohn, Ernst Fehr et Michel André Maréchal, économistes à l’Université de Zurich, qui rapportent leurs travaux dans la dernière édition de la revue "Nature". Ils ont enrôlé 128 personnes, toutes employées d’une «major internationale de la banque» dont le nom et la nationalité sont tenus secrets. Objectif: étudier leur éthique, pour donner une base scientifique aux réflexions en cours dans une industrie qui cherche à redorer son blason suite aux scandales qui l’ont agitée ces dernières années.

 

Les volontaires, répartis par tirage au sort en deux groupes, devaient dans un premier temps répondre à un questionnaire personnel, puis tirer dix fois à pile ou face avant d’annoncer leurs résultats. Promesse a été faite aux participants de recevoir 20 dollars pour chaque face gagnante obtenue. Détail d’importance, ces derniers connaissaient à l’avance quelle était la face gagnante pour chaque tirage. Un véritable pousse-au-crime, puisque les lancers de pièces se faisaient à l’abri des regards indiscrets. Certains n’ont pas hésité à tricher.

 

Le premier groupe s’est montré très honnête: en moyenne, les membres ont déclaré 51,6% de «pile», une proportion équivalente, d’un point de vue statistique, aux «50%» que donne le calcul de probabilité. On ne peut pas en dire autant du second échantillon, qui a proclamé 58,2% de «pile». «C’est un écart significatif», nous explique Marie Claire Villeval, économiste au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS), à qui Nature a demandé de commenter les travaux de ses collègues. Autrement dit, il y avait des tricheurs dans le second groupe, mais pas dans le premier.

 

A bien les regarder, rien ne distingue pourtant les deux groupes: le panel total de volontaires était constitué pour moitié d’employés rodés à manipuler de l’argent (traders, investisseurs, gestionnaires de fonds, etc.) et pour l’autre de personnels d’unités de support (ressources humaines, etc.), tous répartis aléatoirement dans l’un ou l’autre groupe, afin d’éviter tout biais. Comment, dès lors, expliquer un tel écart dans leurs déclarations?

 

«Cette différence de comportement est le fruit d’une manipulation mentale», résume Alain Cohn. Car les membres des deux groupes n’ont pas répondu au même questionnaire avant de procéder au tirage par pile ou face. Celui-ci commençait par trois questions banales, communes à tous les participants. Ensuite, ceux du premier groupe devaient répondre à sept questions sur leurs loisirs, tandis que les autres étaient interrogés sur leur activité professionnelle. Un moyen d’orienter les esprits avant d’entamer le jeu. «Chaque individu possède plusieurs identités, justifie Marie Claire Villeval. Une identité professionnelle, sociale, familiale, etc. Suivant le contexte, une facette devient plus saillante, et induit les comportements associés. C’est là-dessus que mes collègues se sont appuyés.»

 

«Cette manipulation s’est révélée très efficace, observe Alain Cohn. Ainsi, les deux groupes se sont comportés très différemment quand on leur a demandé de compléter à leur guise des mots amputés d’une ou deux lettres.» Face à «. oney» ou «..oker», les uns ont plutôt répondu «honey» (miel) ou «smoker» (fumeur), tandis que les autres citaient plus volontiers «money» (argent) ou «broker» (courtier)… Ce sont ceux-là qui ont ensuite – collectivement – fait preuve d’une certaine malhonnêteté face à la possibilité d’empocher quelques dizaines de dollars de plus.

 

Pour déterminer si c’est bien le conditionnement à leur environnement professionnel qui explique ce résultat, Alain Cohn et ses collègues ont conduit d’autres expériences identiques. D’abord avec un échantillon de personnes d’univers différents, sans rapport avec la finance. Ensuite avec des étudiants. Dans les deux cas, les deux groupes formés – l’un conditionné à son cadre professionnel et l’autre pas – ont montré le même niveau d’honnêteté.

 

A l’inverse, des criminels trichent d’autant plus qu’on leur rappelle qui ils sont. «C’est ce que nous avions constaté il y a quelques années lors d’une première expérience avec des détenus de prisons suisses», souligne Alain Cohn. Dans les univers qui valorisent le gain facile, la dérive serait d’autant plus grande qu’on a son identité professionnelle à l’esprit.

 

«Ces travaux montrent bien que, dans le monde de la finance, les normes d’éthique se sont distendues, laissant s’exprimer des comportements malhonnêtes», analyse Marie Claire Villeval, qui souligne «que ce type d’expérience est plus fiable que de simples enquêtes qui ne reposent que sur un questionnaire».

 

Pour Alain Cohn, il conviendrait donc de rénover la culture d’entreprise des institutions bancaires: «C’est long et difficile. Mais il ne s’agit pas seulement de réaffirmer des règles. Il faut agir de manière concrète, par exemple en réorientant certaines incitations liées aux profits vers des facteurs immatériels, comme l’honnêteté. Et, pourquoi pas, instaurer un engagement éthique à la manière du serment d’Hippocrate des médecins.» Marie Claire Villeval suggère de son côté d’étudier la classe politique, dont l’image dans l’opinion est elle aussi bien écornée. «On pourrait faire des expériences analogues pour déceler s’il y a – ou pas – une tendance collective à la malhonnêteté ou à la corruption.»

 

A condition que les politiciens acceptent de se prêter à un jeu qui peut montrer que l’éthique des individus ne résiste pas toujours à la récompense, pourvu qu’elle soit suffisamment alléchante. Sans compter que la forte médiatisation des travaux du groupe de Zurich dans une actualité riche en scandales financiers risque d’avoir éventé la méthode pour longtemps !

 

" Jacques Sapir : Les rémunérations sont telles que les banquiers/traders se foutent d'être viré "

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Polémique : L’Association suisse des banquiers défend à son tour le secteur suite à une étude publiée dans la revue « Nature » montrant que des comportements malhonnêtes sont tolérés dans le secteur !

 

Et si, plutôt que des «employés malhonnêtes», il ne s’agissait pas de chercheurs qui manquent de sérieux?, se demande l’Association des banquiers (ASB). Dans un texte publié sur le site du lobby du secteur, Thomas Sutter, responsable de la communication, réagit à l’étude publiée la semaine dernière dans Nature par une équipe de chercheurs de l’Institut d’économie politique de l’Université de Zurich, montrant que des comportements malhonnêtes sont tolérés dans le secteur.

 

« Peu sérieux, populiste et alors?» s’est dit Thomas Sutter, à la lecture de l’étude. En tant qu’employé du lobby, il se dit «habitué» à ce qu’on considère les banquiers comme plus malhonnêtes que d’autres professions. Selon lui, cette étude n’ajoute rien, d’autant qu’il juge que l’échantillon n’est pas forcément représentatif. Or, se demande-t-il, «peut-on vraiment clouer au pilori toute une profession à partir d’une simple étude de laboratoire ? »

 

Il reproche aux chercheurs de ne s’être pas attardés sur l’évolution des comportements: «Ces dernières années, une réorientation s’est opérée dans le secteur», estime-t-il, citant le développement de la compliance, de la formation et d’une culture d’entreprise moderne. Il reconnaît que les scandales de manipulation des taux Libor et des devises ont montré que les «banquiers ne sont pas parfaits». Mais il serait plus intéressant, pour lui, d’étudier si les mécanismes de contrôles, qui ont été développés de manière «massive» ces dernières années, fonctionnent.

 

L’Association suisse des employés de banques (ASEB) s’était déjà dite «consternée» par cette même étude la semaine dernière. Le syndicat du secteur, avait soutenu que «l’écrasante majorité des employés de banque sont honnêtes et s’engagent totalement pour offrir à leurs clients des services de qualité répondant à leurs attentes». En outre, pour l’ASEB, «l’étude reflète surtout la culture bancaire anglo-saxonne prévalant à l’étranger». Dans cette étude, 128 employés de banque ont répondu de manière anonyme sans qu’il soit possible d’identifier leur lieu de travail.

 

Dans la SonntagsZeitung, le professeur Beat Bernet a également réagi, soulignant qu’il n’existe pas de «culture bancaire» unique. L’expert de l’Université de Saint-Gall estime qu’il existe d’importantes différences, qu’il s’agisse d’une grande banque ou d’un établissement de type Raiffeisen ou cantonal.

 

Pour lui, l’étude porte surtout sur des grandes institutions, alors qu’en Suisse, les petites dominent largement le paysage. Il ajoute que la grande majorité des employés des grandes banques se comporte bien, mais qu’il s’agit «du système de valeur de quelques domaines spécifiques de la finance qui corrompt les employés».

 

Denis Delbecq et Mathilde Farine pour http://www.letemps.ch/

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31 mai 2015 7 31 /05 /mai /2015 12:41

Pour l'opinion publique, la cause est entendue : le bouddhisme est une religion tolérante, sinon « la » religion de la tolérance. Mais cette tolérance - au demeurant discutable et apparente - est-elle liée à la nature du bouddhisme, ou est-elle le fruit de nécessités historiques et politiques ? Voici quelques révélations sur le sujet ... par le Pr. Bernard Faure.

 

MATTHIEU RICARD : Une opération marketing réussie ! ... En partenariat avec Google.

MATTHIEU RICARD : Une opération marketing réussie ! ... En partenariat avec Google.

" Le monde à perdu bon nombre d'hommes et de femmes de courage : L'abbé Pierre, Balavoine, Coluche, Mandela, Gandhi, Luther-King, Mère Térésa et beaucoup d'autres sont morts... Ils représentaient ces guerriers de l'espoir qui ne craignaient pas de commettre des erreurs ou de se salir les mains pour aider leurs prochains... Seuls, nous nous tournons désormais vers des idoles aux mains propres et revêtus d'habits de lumière. Des saints à vendre, souvent orientaux, dont l'image lissée et retravaillée par des cabinets-experts en marketing leur permet des ventes réussies d'ouvrages, où les mots sont parfois très éloignés de leurs personnalités véritables...

 

Sous l'idéal du bien commun, ils dupent la majorité d'entre nous. Mais pour ceux qui, avec le recul de la vie et le vécu de l'histoire, ont un regard plus affiné, ils sont en droit de se demander ce que cache réellement ces apparences, soutenues par ce que les sociologues appellent le « soft power ». Bernard Faure, professeur à l'université de Stanford, nous éclaire sur ces questions religieuses, de son regard critique et rationnel. "

 

 

<< Penser, c'est refuser, c'est dire non, c'est penser contre soi. Jean d'Ormesson >>

 

 

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PAR BERNARD FAURE

Professeur à l'université de Stanford, Californie. Auteur notamment de Bouddhisme , Liana Levi, 2001 ; Bouddhismes, philosophies et religions , Flammarion, 1998.

   

Dès son origine, le bouddhisme insiste sur la compassion envers autrui : le premier bouddhisme, dit Theravâda, toujours présent en Asie du Sud-Est et au Sri Lanka, met l'accent sur une introspection personnelle qui doit permettre de comprendre la nature de nos rapports avec l'autre (pour les débuts du bouddhisme, voir l'article, pp. 22-25 ; pour son histoire, voir la carte p. 26 et l'encadré, pp. 30-31). Il n'y a pas de dogme fondamental, en dehors de quelques notions issues de l'hindouisme. Il n'existe pas non plus d'autorité ecclésiastique ultime. Ces deux traits font qu'il est de prime abord difficile de parler d'orthodoxie, et à plus forte raison de fondamentalisme bouddhique. Les bouddhismes, par nature pluriels, ont su accueillir en leur sein les doctrines les plus diverses.

 

Plus tard, le bouddhisme Mahâyâna (« grand véhicule »), aujourd'hui répandu en Chine, en Corée, au Japon et au Viêtnam, prône la compassion pour tous les êtres, même les pires. Ce sentiment de communion est fondé sur la croyance en la transmigration des âmes, laquelle conduit les êtres à renaître en diverses destinées, humaines et non-humaines. Le Mahâyâna insiste sur la présence d'une nature de bouddha en tout être.

 

Quant au bouddhisme Vajrayâna (ésotérique, tantrique), issu du Mahâyâna et aujourd'hui localisé au Tibet et en Mongolie, il offre une vision grandiose de l'univers tout entier, qui n'est autre que le corps du Bouddha cosmique. A l'époque contemporaine, compassion et tolérance sont devenues, en partie par la personne médiatique du dalaï-lama actuel, icône moderne du bouddhisme tibétain, l'image de marque même du bouddhisme dans son ensemble.

 

Les penseurs bouddhistes ont rapidement élaboré des concepts propres à expliquer divers degrés de vérité. Le Bouddha lui-même, selon un enseignement ultérieurement synthétisé, notamment par le Mahâyâna, prêchait ainsi une vérité conventionnelle (accessible à tous), adaptée aux facultés limitées de ses auditeurs, réservant la vérité ultime à une élite spirituelle. Ce recours constant à des expédients salvifiques (upâya), balisant des voies différentes et plus ou moins difficiles d'accès au salut, rend le dogmatisme difficile, car tout dogme relève du domaine de la parole, donc de la vérité conventionnelle.

 

Un syncrétisme militant

 

Ces théories vont faciliter diverses formes de syncrétisme ou de synthèse, comme celles de Zhiyi (539-597) et de Guifeng Zongmi (780-841) en Chine, de Kûkai (774-835) au Japon, et de Tsong-kha-pa (1357-1419) au Tibet. Il s'agit généralement d'une sorte de syncrétisme militant, par lequel les cultes rivaux (religion bön au Tibet, confucianisme et taoïsme en Chine, shinto au Japon...) sont intégrés à un rang subalterne dans un système dont le point culminant est la doctrine de l'auteur. Ces élaborations aboutissent rapidement à faire du bouddhisme un polythéisme, qui assimile et mêle dans ses panthéons les dieux des religions qui lui préexistaient (de l'hindouisme, du bön, du taoïsme...). Au demeurant, la pratique n'a pas toujours été aussi harmonieuse que la théorie. On observe par exemple dans le bouddhisme chinois et japonais, entre les viiie et xiiie siècles de notre ère, une tendance marquée par l'adoption d'une pratique unique (par exemple la méditation assise, ou la récitation du nom du bouddha Amida), censée subsumer toutes les autres. Ainsi de certaines écoles du courant de l'amidisme, chinois et japonais, qui postulent que celui qui récite simplement une formule cultuelle au moment de mourir se voit garantir sa réincarnation au paradis de la Terre pure.

 

Mais c'est surtout en raison de son évolution historique que le bouddhisme est conduit à faire des accrocs à ses grands principes. Le principal écueil réside dans les rapports de cette religion avec les cultures qu'elle rencontre au cours de son expansion. L'attitude des bouddhistes envers les religions locales est souvent décrite comme un exemple classique de tolérance. Il s'agit en réalité d'une tentative de mainmise : les dieux indigènes les plus importants sont convertis, les autres sont rejetés dans les ténèbres extérieures, ravalés au rang de démons et, le cas échéant, soumis ou détruits par des rites appropriés. Certes, le processus est souvent représenté dans les sources bouddhiques comme une conversion volontaire des divinités locales. Mais la réalité est fréquemment toute autre, comme en témoignent certains mythes, qui suggèrent que le bouddhisme a parfois cherché à éradiquer les cultes locaux qui lui faisaient obstacle.

 

C'est ainsi que le Tibet est « pacifié » au VIIIe siècle par le maître indien Padmasambhava, lorsque celui-ci soumet tous les « démons » locaux (en réalité, les anciens dieux) grâce à ses formidables pouvoirs. Un siècle auparavant, le premier roi bouddhique Trisong Detsen a déjà soumis les forces telluriques (énergies terrestres de nature « magique » qui influencent individus et habitats), symbolisées par une démone, dont le corps recouvrait tout le territoire tibétain, en « clouant » celle-ci au sol par des stûpas (monuments commémoratifs et souvent centres de pèlerinage) fichés aux douze points de son corps. Le temple du Jokhang à Lhasa, lieu saint du bouddhisme tibétain, serait le « pieu » enfoncé en la partie centrale du corps de la démone, son sexe.

 

Ce symbolisme, décrivant la « conquête » bouddhique comme une sorte de soumission sexuelle, se retrouve dans un des mythes fondateurs du bouddhisme tantrique, la soumission du dieu Maheshvara par Vajrapâni, émanation terrifiante du bouddha cosmique Vairocana. Maheshvara est l'un des noms de Shiva, l'un des grands dieux de la mythologie hindoue. Ce dernier, ravalé par le bouddhisme au rang de démon, n'a commis d'autre crime que de se croire le Créateur, et de refuser de se soumettre à Vajrapâni, en qui il ne voit qu'un démon. Son arrogance lui vaut d'être piétiné à mort ou, selon un pieux euphémisme, « libéré », malgré la molle intercession du bouddha Vairocana pour freiner la fureur destructrice de son avatar Vajrapâni. Pris de peur, les autres démons (dieux hindous) se soumettent sans résistance. Dans une version encore plus violente, le dieu Rudra (autre forme de Shiva) est empalé par son redoutable adversaire. Le mythe de la soumission de Maheshvara se retrouve au Japon, même si, dans ce dernier pays, les choses se passent dans l'ensemble de manière moins violente. Certes, on voit ici aussi de nombreux récits de conversions plus ou moins forcées des dieux autochtnones. Mais bientôt, une solution plus élégante est trouvée, avec la théorie dite « essence et traces » (honji suijaku). Selon cette théorie, les dieux japonais (kami) ne sont que des « traces », des manifestations locales dont l'« essence » (honji) réside en des bouddhas indiens. Plus besoin de conversion, donc, puisque les kamis sont déjà des reflets des bouddhas.

 

Paradoxalement, la notion d'absolu dégagée par la spéculation bouddhique va permettre aux théoriciens d'une nouvelle religion, le soi-disant « ancien » shinto, de remettre en question la synthèse bouddhique au nom d'une réforme purificatrice et nationaliste. A terme, ce fondamentalisme shinto mènera à la « révolution culturelle » de Meiji (1868-1873), au cours de laquelle le bouddhisme, dénoncé comme religion étrangère, verra une bonne partie de ses temples détruits ou confisqués. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, la religion officielle japonaise réinvestit les mythes shintos et s'organise autour du culte de l'Empereur divinisé, descendant du plus important kami national, la déesse du Soleil. Par contre-coup, le bouddhisme à son tour se réfugie dans un purisme teinté de modernisme, qui rejette comme autant de « superstitions » les croyances locales.

  

Le bouddhisme, les femmes et les hérésies

 

Comme on l'a vu, la métaphore qui inspire les récits de conversions des divinités locales est souvent celle de la soumission sexuelle. Dans ces récits, le bouddhisme est fondamentalement mâle, tandis que les cultes locaux sont souvent féminisés. La question des rapports du bouddhisme et des femmes constitue un autre cas de dissonance entre la théorie et la pratique.

 

L'histoire commence d'ailleurs assez mal. La tradition rapporte que le Bouddha refusa initialement, dans l'ordre qu'il venait de fonder, sa propre tante et mère adoptive, Mahâprâjapati. C'est après l'intervention réitérée de son disciple et cousin bien-aimé Ânanda que le Bouddha aurait fini par consentir à accepter l'ordination des femmes, non sans imposer à celles-ci quelques règles particulièrement sévères (en raison de l'extrême imperfection féminine). En outre, il prédit que, du fait de leur présence, la Loi (Dharma) bouddhique était condamnée à décliner au bout de cinq siècles.

 

En théorie, le principe de non-dualité si cher au bouddhisme Mahâyâna semble pourtant impliquer une égalité entre hommes et femmes. Dans la réalité monastique, les nonnes restent inférieures aux moines, et sont souvent réduites à des conditions d'existence précaires. Avec l'accès des cultures asiatiques à la modernité, les nonnes revendiquent une plus grande égalité. Toutefois, leurs tentatives se heurtent à de fortes résistances de la part des autorités ecclésiastiques. Tout récemment, les médias ont rapporté le cas d'une nonne thaïe physiquement agressée par certains moines pour avoir demandé une amélioration du statut des nonnes.

 

Le bouddhisme a par ailleurs longtemps imposé aux femmes toutes sortes de tabous. La misogynie la plus crue s'exprime dans certains textes bouddhiques qui décrivent la femme comme un être pervers, quasi démoniaque. Perçues comme foncièrement impures, les femmes étaient exclues des lieux sacrés, et ne pouvaient par exemple faire de pèlerinages en montagne. Pire encore, du fait de la pollution menstruelle et du sang versé lors de l'accouchement, elles étaient condamnées à tomber dans un enfer spécial, celui de l'Etang de Sang. Le clergé bouddhique offrait bien sûr un remède, en l'occurrence les rites, exécutés, moyennant redevances, par des prêtres. Car le bouddhisme, dans sa grande tolérance, est censé sauver même les êtres les plus vils...

 

La notion d'hérésie n'est que rarement employée dans le bouddhisme, et elle ne déboucha pas sur les excès de fanatisme familiers à l'Occident. On parle parfois des « maîtres d'hérésie » vaincus par le Bouddha, et en particulier de l'« hérésie personnaliste » ou « substantialiste », qui remettait en question le principe de l'absence de moi. Mais ces événements ne donnèrent pas lieu à des autodafés - peut-être parce qu'ils se développèrent au sein de traditions orales.

 

Le bouddhisme chinois se caractérise par une forte tendance syncrétique. Une exception est celle du chan (qui deviendra le zen au Japon) de l'école dite du Sud. Cette dernière rejette l'approche doctrinale traditionnelle, qualifiée de gradualiste, selon laquelle la délivrance ne s'acquiert qu'à la suite d'un long processus de méditation, au nom d'un éveil subit qui postule que la délivrance peut intervenir à n'importe quel moment. Le chef de file de l'école du Sud, Shenhui (670-762), s'en prend violemment à ses rivaux de l'école Chan du Nord en 732. Son activisme, exceptionnel parmi les bouddhistes chinois, lui vaut d'être envoyé en exil.

 

Au Japon, où les courants doctrinaux ont eu tendance à se durcir en « sectes », on trouve des exemples d'intolérance plus familiers à un observateur occidental. Ainsi, la secte de la Terre pure (Nembutusu), fondée par Hônen Shônin (1133-1212), dont les disciples, dans leur dévotion exclusive au bouddha Amida, jugent inutiles les anciens cultes (aux autres bouddhas, mais surtout aux kamis japonais) - minant par là-même les fondements religieux de la société médiévale. C'est pour réagir contre cette intransigeance, qui a conduit certains des adeptes de cette secte à l'iconoclasme, que ses rivaux la dénoncent et cherchent à la faire interdire. Hônen Shônin est envoyé en exil en 1207, et sa tombe est profanée quelques années plus tard.

 

Quant au maître zen Dôgen (1200-1253), fondateur de la secte Sôtô, il s'en prend à l'« hérésie naturaliste » - terme sous lequel il désigne pêle-mêle l'hindouïsme, le taoïsme, le confucianisme, et un courant rival du sien, l'école de Bodhidharma (Darumashû). Les termes par lesquels il condamne deux moines chinois, assassins présumés du patriarche indien Bodhidharma, en les qualifiant notamment de « chiens », sont caractéristiques d'un nouvel état d'esprit polémique. Une telle attitude a de quoi surprendre chez un maître en principe « éveillé », que l'on a voulu présenter comme l'un des principaux philosophes japonais.

 

Cet esprit se retrouve chez Nichiren (1222-1282), fondateur de la secte du même nom, qui se prend pour un prophète persécuté. Nichiren dénonce en particulier le zen comme une « fausse doctrine » qui n'attire que les dégénérés. Mais aucune des autres écoles du bouddhisme japonais ne trouve grâce à ses yeux. A l'en croire, « les savants du Tendai et du Shingon flattent et craignent les patrons du nembutsu et du zen ; ils sont comme des chiens qui agitent la queue devant leurs maîtres, comme des souris qui ont peur des chats » (Georges Renondeau, La Doctrine de Nichiren, Puf, 1953).

 

Il faut enfin mentionner les luttes intestines qui opposent, au sein de la secte Tendai (tendance majoritaire du bouddhisme japonais du viiie au xiiie siècle), les factions du mont Hiei et du Miidera. A diverses reprises, les monastères des deux protagonistes sont détruits par les « moines-guerriers » du rival. Les raids périodiques de ces armées monacales sur la capitale, Kyôto, défrayent les chroniques médiévales. C'est seulement vers la fin du xvie siècle qu'un guerrier à bout de patience, Oda Nobunaga (1534-1582), décide de raser ces temples et de passer par le fil du sabre les fauteurs de troubles.

 

 " Fondamentalismes bouddhiques "

 

Les rapports du bouddhisme et de la guerre sont complexes. Dans les pays où il constituait l'idéologie officielle, il fut tenu de soutenir l'effort de guerre. Il existe également dans le bouddhisme tantrique un arsenal important de techniques magiques visant à soumettre les démons. Il fut toujours tentant d'assimiler les ennemis à des hordes démoniaques, et de chercher à les soumettre par le fer et le feu rituel.

 

Avec la montée des nationalismes au xixe siècle, le bouddhisme s'est trouvé confronté à une tendance fondamentaliste. Certes, la chose n'était pas tout à fait nouvelle. Dans le Japon du xiiie siècle, lors des invasions mongoles (elles-mêmes légitimées par les maîtres bouddhiques de la cour de Kûbilaï Khân), les bouddhistes japonais invoquèrent les « vents divins » (kamikaze) qui détruisirent l'armada ennemie. Ils mirent également en avant la notion du Japon « terre des dieux » (shinkoku), qui prendra une importance cruciale dans le Japon impérialiste du xxe siècle. Durant la Seconde Guerre mondiale, les bouddhistes japonais devaient soutenir l'effort de guerre, mettant leur rhétorique au service de la mystique impériale. Même Daisetz T. Suzuki, le principal propagateur du zen en Occident, se fera le porte-parole de cette idéologie belliciste.

 

Plus récemment, c'est à Sri Lanka que cet aspect agonistique a pris le dessus, avec la revendication d'indépendance de la minorité tamoule, qui a conduit depuis 1983 à de sanglants affrontements entre les ethnies sinhala et tamoule. Le discours des Sinhalas constitue l'exemple le plus approchant d'une apologie bouddhique de la guerre sainte. Certes, il s'agit d'un fondamentalisme un peu particulier, puisqu'il repose sur un groupe ethnique plutôt que sur un texte sacré. Il existe bien une autorité scripturaire, le Mahâvamsa, chronique mytho-historique où sont décrits les voyages magiques du Bouddha à Sri Lanka, ainsi que la lutte victorieuse du roi Duttaghâmanî contre les Damilas (Tamouls) au service du bouddhisme. Le Mahâvamsa sert ainsi de caution à la croyance selon laquelle l'île et son gouvernement ont traditionnellement été sinhalas et bouddhistes. C'est notamment dans ses pages qu'apparaît le terme de Dharma-dîpa (île de la Loi bouddhique). Il ne restait qu'un pas, vite franchi, pour faire de Sri Lanka la terre sacrée du bouddhisme, qu'il faut à tout prix défendre contre les infidèles. Ce fondamentalisme est avant tout une idéologie politique.

 

Mentionnons pour finir un cas significatif, puisqu'il met en cause la personne même du dalaï-lama, le personnage qui personnifie aux yeux de la plupart l'image même de la tolérance bouddhique. Il s'agit du culte d'une divinité tantrique du nom de Dorje Shugden, esprit d'un ancien lama, rival du cinquième dalaï-lama, et assassiné par les partisans de celui-ci, adeptes des Gelugpa, au xviie siècle. Par un étrange retour des choses, cette divinité était devenue le protecteur de la secte des Gelugpa, et plus précisément de l'actuel Dalaï-Lama, jusqu'à ce que ce dernier, sur la base d'oracles délivrés par une autre divinité plus puissante, Pehar, en vienne à interdire son culte à ses disciples. Cette décision a suscité une levée de boucliers parmi les fidèles de Shugden, qui ont reproché au dalaï-lama son intolérance. Inutile de dire que les Chinois ont su exploiter cette querelle à toutes fins utiles de propagande. L'histoire a été portée sur les devants de la scène après le meurtre d'un partisan du dalaï-lama par un de ses rivaux, il y a quelques années. Par-delà les questions de personne et les dissensions politiques, ce fait divers souligne les relations toujours tendues entre les diverses sectes du bouddhisme tibétain.

 

Même s'il ne saurait être question de nier l'existence au coeur du bouddhisme d'un idéal de paix et de tolérance, fondé sur de nombreux passages scripturaux, ceux-ci sont contrebalancés par d'autres sources selon lesquelles la violence et la guerre sont permises lorsque le Dharma bouddhique est menacé par des infidèles. Dans le Kalacakra-tantra par exemple, texte auquel se réfère souvent le dalaï-lama, les infidèles en question sont des musulmans qui menacent l'existence du royaume mythique de Shambhala. A ceux qui rêvent d'une tradition bouddhique monologique et apaisée, il convient d'opposer, par souci de vérité, cette part d'ombre.

  

     Vingt-cinq siècles de bouddhisme ...

   

Le bouddhisme est né d'une réforme de la religion védique. Les trois grandes traditions bouddhistes visent à atteindre la fin des douleurs, engendrées par la succession des vies sur terre, par l'accès à l'état de sainteté.

 

- La première version du bouddhisme (theravâda, ou voie des anciens, appelée par dérision « petit véhicule » par ses adversaires issus de la réforme mahâyâna) défend que seuls les moines peuvent accéder au salut. De l'Inde, le theravâda a conquis toute l'Asie du Sud-Est. S'il a survécu au Laos, en Thaïlande, au Cambodge et au Myanmar, il a été supplanté par l'islam en Indonésie et Malaisie.

 

- La réforme mahâyâna (« grand véhicule ») stipule que chacun peut accéder au salut par une vie de mérites. Le mahâyâna a gagné la Chine, puis la Corée et le Japon, n'hésitant pas à se fondre dans de vastes systèmes syncrétiques destinés à lui assurer son succès par l'élaboration de cosmogonies compatibles avec les cultes qui lui préexistaient (taoïsme, confucianisme et culte des ancêtres en Chine ; taoïsme, confucianisme et chamanisme en Corée ; shinto - culte des esprits proche du chamanisme dans sa version d'origine - au Japon...).

 

- Quant au vajrayâna (« véhicule de diamant »), ou lamaïsme, ou encore bouddhisme tantrique, qui prône le salut par l'étude ésotérique, il est surtout présent au Tibet et en Mongolie. Issu du mahâyâna, il a souvent intégré dans son culte des éléments des religions indigènes : bön au Tibet, chamanisme en Mongolie.

 

Le bouddhisme compte aujourd'hui, selon les estimations, de 300 à 600 millions d'adeptes, dont 50 à 100 millions pour le theravâda (Sud-Est asiatique), le solde étant mahâyâna (dont la Chine, avec 100 à 250 millions d'adeptes). Le vajrayâna regroupe de 10 à 20 millions de pratiquants. La production littéraire des diverses écoles en Occident, par laquelle on peut se documenter sur le bouddhisme, est d'importance variée : l'essentiel est produit par une école tibétaine et une ou deux écoles du zen... des courants minoritaires au regard du bouddhisme tel qu'il est pratiqué dans le monde.

 

L'EXPANSION DU BOUDDHISME

 

Au départ limité au nord de l'Inde, le bouddhisme n'est alors présent que par la voie du theravâda. Sa doctrine se répand en Inde, à Sri Lanka et à l'ensemble du Sud-Est asiatique, tant continental qu'insulaire, mais aussi en Mongolie. Mais très vite, à partir du siècle suivant, une réforme le divise en deux grands courants qui vont eux-mêmes se fragmenter en multiples écoles, ou sectes. C'est donc le bouddhisme mahâyâna qui se répand en Chine dès le iie siècle de notre ère, par le biais des routes commerciales qui convergent vers Chang'an, capitale de l'empire Tang du viie au xe siècle). De là, il atteint rapidement la Corée et le Japon, des pays sous influence culturelle de l'empire du Milieu.

 

LE CAS JAPONAIS

 

Dans un premier temps, des moines chinois importent au pays du Soleil levant les doctrines de leurs écoles et fondent six sectes (copiées sur les modèles continentaux) à Nara, capitale impériale. L'empereur Kammu, au viiie siècle, désireux de contrer l'ascendant de ces sectes, déplace la capitale à Kyôto et favorise l'expansion de deux sectes « officielles », Tendai et Shingon, influencées par le tantrisme et le shinto.

 

Jusqu'au xiiie siècle, le bouddhisme reste réservé à l'élite, le peuple demeure shinto. Mais l'implantation de l'amidisme, propagé depuis la Chine, la fondation du nichirénisme et l'arrivée du zen propagent le bouddhisme dans toutes les couches sociales.

 

  • L'amidisme postule que tout un chacun peut accéder au salut pour peu qu'il adhère à un credo très simple, qui parfois se rapproche de la magie (récitation d'une formule).
  • Le nichirénisme voit dans les autres écoles un danger pour l'unité du bouddhisme, qu'il importe de combattre par tous les moyens. Il emprunte à l'amidisme son dogme simplifié.
  • Le zen, plus élitiste, prône la recherche du salut par le dépouillement et la méditation.

 

Aujourd'hui, on estime approximativement que, sur 90 millions de Japonais officiellement bouddhistes, 30 sont amidistes, 30 sont nichirénistes, 14 sont shingon, 6 sont zen, 5 sont tendai, le solde se répartissant entre quelques dizaines d'autres mouvements.

 

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17 mai 2015 7 17 /05 /mai /2015 18:52

La fête instaure une rupture avec le quotidien. Elle perturbe l’ordre normatif de la société tandis qu'elle suscite un véritable « dépaysement », tant le changement radical qu’entraînent les débordements de celle-ci est cathartique. Selon les auteurs cités, la fête se caractérise par des excès dus au relâchement du contrôle de soi, imposé habituellement par notre image sociale résiduelle... Un véritable bain de jouvence en dehors des conventions sociales !

 

-Les vertus de &quot;La Fête&quot;... dans toutes ses dimensions !-

Extrait I : La fête pour rompre avec le quotidien : désordre, excès, « soupape »

 

La fête telle qu’elle est définie par les ethnologues renvoie au temps : elle est un temps hors du temps (celui de la quotidienneté). Elle nous fait également prendre conscience du temps, entretenant une mémoire de celui-ci, tout en célébrant le temps qui passe, c’est la raison pour laquelle la fête évoque à la fois la vie et la mort (Halloween, Carnaval). Elle renvoie enfin au temps individuel et social lesquels définissent de fait des cycles de fêtes : cycle de la vie individuelle : naissance, mariage etc, cycle de l’histoire : fêtes de commémoration, d’un personnage ou d’un événement parfois mythique, cycle du travail : les fêtes du milieu rural célèbrent bien souvent les saisons ou les activités agricoles, cycles religieux enfin lesquels ont souvent repris des célébrations païennes. Les deux derniers types de fêtes se retrouvent sur le même calendrier avec des célébrations qui deviennent très nombreuses après le solstice d’hiver et surtout après l’équinoxe de printemps. Le temps de la fête lui-même n’est pas continu, des fêtes ont disparu puis ressurgi, de nouvelles fêtes apparaissent, d’autres s’éteignent. Il faut le temps d’une génération pour qu’une fête s’inscrive dans la mémoire collective. Et il suffit parfois d’en reprendre l’idée pour que l’interruption soit oubliée (il en est ainsi pour le carnaval de Venise).

 

La fête est facteur de cohésion sociale, en particulier dans le cas des fêtes publiques. elle est une initiation aux règles de la société, c’est un rituel de passage, dans la fête traditionnelle c’est la jeunesse qui gouverne, elle reproduit les hiérarchies en usage, se plaçant sous un pouvoir, religieux, économique ou politique. Mais elle est aussi rupture, par la transgression de la norme sociale : l’alcool à outrance, la drogue, la ripaille, le gaspillage, le bruit, le travestissement sont autorisés de même que la dérision de l’autorité.

 

Elle est "un excès permis, voire ordonné, une violence solennelle d’un interdit".(Freud).

 

Là encore, il n’y a pas de linéarité, si bien des fêtes sont d’origine ancienne, on s’aperçoit que leurs règles sociales de départ ont changé : les débordements ne sont autorisés que dans un certain seuil sous le regard de la police, des municipalités, des services de santé lesquels soumettent à autorisation les rassemblements dans l’espace public, les transgressions ont de moins en moins de sens, ainsi en est-il de la transgression de l’identité sexuelle (hommes enceintes, hommes déguisés en femmes), le gaspillage perd de son sens dans une société de consommation, ou il le renouvelle, de l’excès de table de la ripaille carnavalesque, on passe à l’alcoolisation de plus en plus jeune et plus excessive qu’autrefois, ou à la multiplication des événements consommatoires (fêtes des grands mères, festivals et fêtes à foison). Enfin la cohésion sociale n’est plus toujours assurée, dans la mesure où certaines catégories de la population sont exclues ou s’excluent elles mêmes de la fête. Ainsi les festivals qui dans une certaine mesure, à condition qu’ils soient inscrits dans la durée, sont une forme contemporaine de la fête ne peuvent être facteur de cohésion sociale puisqu’ils s’adressent toujours à un type de population, souvent cultivée ou aisée ou encore jeune. Il reste néanmoins des fêtes à même de rassembler lesquelles assurent la vision de l’autre, dans sa différence, sinon sa rencontre mais ne sont-elles pas moins nombreuses ?

 

Enfin, les fêtes s’inscrivent dans l’espace, elles existent en campagne et en ville, elles ne sont pas historiquement une spécificité urbaine. Elles ont par contre, dans chacun de ces cadres, des spécificités : les fêtes rurales renvoient plus souvent au rapport à la nature, aux animaux, au cycle des saisons. Les fêtes urbaines quant à elles investissent beaucoup plus l’espace public, œuvrant au lien entre les différents espaces de la ville, notamment entre les quartiers et le centre. Elles diffèrent également par les énormes concentrations d’individus qu’elles suscitent, c’est l’effet de foule et de concentration. Là encore les transformations sont nombreuses : beaucoup de fêtes ont disparu notamment dans les plus grandes villes, ainsi en est-il des carnavals, des fêtes de la ville placées sous l’auspice d’un saint patron, des fêtes de quartier ou des représentations des quartiers dans les fêtes de la ville. Bien souvent ce sont les festivals qui les ont remplacés, lesquels par l’investissement des lieux qu’ils proposent recomposent une mémoire mais ne donnent pas toujours à voir les effets de concentration et de foule. […]

 

La fête, par le rassemblement qu’elle provoque, par la sélection de lieux qu’elle établit, reflet à la fois d’une volonté municipale et d’un rapport particulier entre la population et l’espace urbain, suscite adhésion et sentiment identitaire. Cette existence paraît toutefois plus superficielle qu’autrefois. La fête met en exergue des identités et des attitudes qui ne s’expriment plus, chez bien des individus, qu’à ce moment-là : c’est une mise en spectacle de l’attachement à la ville. Cette mise en spectacle est liée tout autant à la croissance du budget culturel des municipalités (tablant sur la valorisation du caractère gai de la cité dans la course à l’image) qu’au comportement de consommateurs des produits et des productions de la ville des individus.

 

Toutefois dans ce moment de liesse, l’urbanité, perdue dans le mouvement et l’échange, dans les cloisonnements et morcellements de l’espace, retrouve dans la fête l’exaltation des fondations, la vie de la rue, la rumeur qui contribuent à nous assurer que la ville continue d’exister. La ville retrouve de la lisibilité, permettant à la foule comme le remarque Pierre Sansot " de mêler des individus d’origines différentes, brassant les êtres dans sa fluidité ".

 

Par Isabelle Garat « Fêtes en villes, villes en fête », cafe-geo.net

 

 
 

Extrait II : Jean Cazeneuve, La Vie dans la société moderne, 1982

  

 

Faire la fête, c’est, d’une manière ou d’une autre, n’être plus tout à fait soi-même, laisser la spontanéité jaillir en levant les habituelles barrières que la convenance impose. Au masque social que l’individu porte quotidiennement sans s’en rendre compte se substitue celui d’un personnage mythique, grotesque si possible. Tout ce qui peut contribuer à affaiblir le contrôle de soi-même est fortement recommandé. Les beuveries sont souvent un élément important de la célébration, aussi bien dans la fête des Indiens Papagos en l’honneur de la liqueur de saguaro que dans la fête des vendanges à Neufchâtel et dans beaucoup de variétés du carnaval contemporain. Les bruits, les chants, les effets de foule, l’agitation, la danse, tout contribue, en même temps que l’étrangeté des décors et des costumes, à créer l’indispensable dépaysement. On sait qu’il suffira, la fête finie, d’ôter les masques, de balayer les confettis et de brûler Mardi-Gras pour retrouver d’un coup le monde de tous les jours, fastidieux peut-être, mais rassurant. Tout au plus devra-t-on pendant quelques jours soigner les foies et les estomacs s’ils ont la mémoire courte.

 

  

Extrait 3 :Roger Caillois, L’Homme et le Sacré, 1939

 

 

A la vie régulière, occupée aux travaux quotidiens, paisible, prise dans un système d’interdits, toute de précautions, où la maxime quieta non movere (ne pas troubler la tranquilité) maintient l’ordre du monde, s’oppose l’effervescence de la fête. Celle-ci, si l’on ne considère que ses aspects extérieurs, présente des caractères identiques à n’importe quel niveau de civilisation. Elle implique un grand concours de peuple agité et bruyant. Ces rassemblements massifs favorisent éminemment la naissance et la contagion d’une exaltation qui se dépense en cris et en gestes, qui incite à s’abandonner sans contrôle aux pulsions les plus irréfléchies. Même aujourd’hui, où cependant les fêtes appauvries ressortent si peu sur le fond de grisaille que constitue la monotonie de la vie courante et y apparaissent dispersées, émiettées, presque enlisées, on distingue encore en elles quelques misérables vestiges du déchaînement collectif qui caractérise les anciennes frairies. En effet, les déguisements et les audaces permises au carnaval, les libations et les bals de carrefour du 14 juillet témoignent de la même nécessité sociale et la continuent. Il n’y a pas de fête, même triste par définition qui ne comporte au moins un début d’excès et de bombance : il n’est qu’à évoquer les repas d’enterrement à la campagne. De jadis ou d’aujourd’hui, la fête se définit toujours par la danse, le chant, l’ingestion de nourriture, la beuverie. Il faut s’en donner tout son soûl, jusqu’à s’épuiser, jusqu’à se rendre malade. C’est la loi même de la fête.

 

 

Extrait 4 : La fête commerciale, l’exemple de la fête des grands-mères

 

Texte 1 : Michel Raffoul, Le Monde, 26 février 1999.

 

Avec son inscription sur huit millions d’agendas et 300 000 calendriers de la marque Quo Vadis, la Fête des grands-mères fait son entrée dans le club très fermé des fêtes « officielles ». Totalement inconnue du public il y a encore dix ans, cette nouvelle célébration familiale, née en 1987, et qui concerne sept millions de mamies, s’est imposée à une vitesse fulgurante au point de se hisser juste derrière la très populaire Fête des mères. Une réussite largement due à une campagne de promotion, celle des cafés Grand’Mère du groupe Kraft Jacobs Suchard (KJS) qui a chargé l’agence Euro RSCG Vitesse … de faire disparaître toute référence à la marque au profit d’événements « gratuits et désintéressés » en faveur des grands-mères.

 

« Nous voulons être les promoteurs anonymes d’une valeur familiale, explique-t-on au service marketing de KJS. Si nous souhaitons populariser cette fête, c’est d’abord pour développer un lien social. » Louable générosité qui n’empêche pas une vaste – et fructueuse – opération « Cafés Grand’Mère » dans les grandes surfaces relayée par une campagne de 138 spots télévisés !

 

Aussi surprenante qu’elle paraisse, cette démarche n’est pas une première. En 1949, les briquets Flaminaire avaient lancé en France, avec le succès que l’on sait, une tradition américaine née en 1910 : la Fête des pères. En s’inspirant de ce modèle, mais avec des moyens autrement plus importants, KJS a confié une vaste opération commerciale à plusieurs agences spécialisées. Leur mission : faire en sorte d’inscrire la fête – et le café du même nom – dans les habitudes françaises.

 

L’agence Eccla organise la campagne en grandes et moyennes surfaces, Young et Rubicam se charge des spots télévisés, Véronique Foucauld Conseil soutient des actions « citoyennes » dans le Nord – Pas de Calais, où est née l’entreprise, et s’associe depuis trois ans à la « Ronde des géants » qui veille à la sauvegarde des mannequins d’osier traditionnels. Parallèlement, Vitesse développe une campagne tous azimuts en multipliant les initiatives « sociales » le jour de la fête : parcours-découvertes avec grand-mère dans quarante villes de France, menu spécial « fête des grands-mères » proposé par quatre cents grandes tables, « cadeaux à croquer » envoyés par « Pense-fêtes », cartes postales Ingénio de La Poste à personnaliser, projets pédagogiques dans 1200 écoles, sites Internet pour envoyer des souhaits virtuels aux « cyber grands-mères », mobilisation de 20 000 commerçants autour de la fête, finales de l’élection d’une « super-mamie » qui aura lieu cette année au Futuroscope de Poitiers … Un service Minitel a également été mis en place par une opportune « Association pour la promotion de la Fête des grands-mères » pour orienter les amateurs.

 

L’inscription sur la page du calendrier de Quo Vadis couronne aujourd’hui les efforts de KJS. « Plus les gens s’approprieront cette fête, mieux l’association remplira son rôle, insiste-t-on à l’agence Vitesse. Le calendrier institutionnalise l’événement et lui apporte la légitimité sociologique que nos recherchions. » Bel exemple de marketing ….

 

Texte 2 : Nicolas Herpin, Le Monde, 26 février 1999, propos recueillis par Michel Raffoul

 

Comment expliquez-vous l’emballement du phénomène des fêtes ?

Il s’agit d’une stratégie destinée à mieux réguler les comportements de consommation tout au long de l’année. On assiste depuis peu à l’émergence de nouvelles formes de commercialisation pour mieux faire face aux à-coups subis par la grande distribution lors des fêtes traditionnelles. Les opérateurs industriels ne cherchent pas tant à multiplier le nombre des fêtes qu’à mieux les répartir dans le temps, si possible pendant les périodes creuses. La fête présente l’avantage de provoquer artificiellement un mouvement de mobilisation collective qui induit de façon accélérée le passage à l’acte d’acheter. Les gens sont entraînés par l’atmosphère générale. « Je pourrais acheter ce produit » se transforme alors en « j’achète ! ».

 

A force de multiplier les dates, ne risque-t-on pas de lasser le consommateur ?

Chaque personnage n’est pas concerné de la même manière par toutes les fêtes et les entreprises jouent sur cette situation. Elles ne conçoivent pas ces événements festifs pour motiver tout le monde en même temps mais plutôt à tour de rôle des franges de la population dont elles ont au préalable ciblé les besoins. Ce qui explique en partie la désaffection grandissante pour les fêtes de fin d’année : les célébrations uniformisantes cèdent peu à peu la place aux fêtes qui s’adressent à un public spécifique.

 

Comment expliquer le succès de fêtes non commerciales comme la Gay Pride ou la parade techno par exemple ?

Ces fêtes sont liées à l’émergence de communautés culturelles de plus en plus volontaristes qui souhaitent revendiquer leur identité et une reconnaissance sociale. Certains opérateurs soutiennent ces événements. Ils apparaissent très clairement dans ces manifestations sous forme de « publicité bricolée ». On s’aperçoit qu’institutionnaliser une fête entraîne sa commercialisation.

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1 mai 2015 5 01 /05 /mai /2015 15:32

Que l'on soit enfant unique ou issu d'une famille nombreuse, que l'on n'ait que des sœurs ou que des frères, que l'on soit adopté, jumeau, triplé... chacun a une place unique dans sa fratrie qui influe sur la vie tout entière. A travers cette ébauche de comportements infanto-juvéniles, les auteurs nous expliquent les angoisses et difficultés des jeunes générations en fonction du rang qu'ils occupent !

 

L’aînée 

 

L’aînée ouvre le bal, c’est la concrétisation d’un amour et le commencement d’une vie de famille. Parents, nous sommes et inexpérimentés. On se donne corps et âme pour être à la hauteur. Ce premier enfant va focaliser toute notre attention, pas de faux pas, il faut être des parent digne de ce nom et le chouchouter… et surtout ne pas reproduire les erreurs de la lignée.

 

Beaucoup d'attentes pèsent sur le premier né de nos chérubins ! En retour, il ou elle a tout intérêt à être le fils ou fille parfait(e)….Et inconsciemment, on projette tout nos rêves et nos espoirs sur cet enfant idéalisé... qui risque par incidence de perdre sa spontanéité.

 

Du côté de l’aînée, s’opère alors un étonnant mimétisme, il s’imprègne des caractéristiques d’un univers perfectionniste et ambitieux orchestré par ses parents. L’enfant est généralement appliqué et sérieux pour les séduire.

 

Avec la fratrie, c’est le chef de bande, celui à qui les parents font confiance et demandent de l’aide pour surveiller les plus petits. Il acquiert ainsi l’autorité, les responsabilités et la détermination liés à son rang.

 

 S’il est sur-impliqué très tôt, l’aînée peut devenir un adulte inquiet qui par peur de décevoir, adoptera une nature assez conventionnelle et anxieuse.  « Les aînés n’aiment être exposés aux regards des autres que s’ils sont la vedette. S’ils risquent de commettre une erreur susceptible de ternir leur image de perfection, ils préfèrent s’abstenir »,Michael Grose spécialiste de l’éducation et auteur du livre Pourquoi les aînés veulent diriger le monde et les benjamins le changer (Marabout-Hachette)

 

Le cadet

 

Le cadet est l’enfant qui viendra cimenter votre nouveau rôle de parent. C’est l’enfant qui vous mettra à l’épreuve car pour lui, il est difficile de passer après l’aînée et de trouver sa place. On dit du deuxième qu’il est imprévisible, contestataire, paradoxal mais sociable, partageur et indépendant.  

 

Le cadet fait tout pour attirer l’attention de ses parents quitte à cumuler les bêtises.

 « il est l’esprit libre de la famille ou le plus susceptible d’énerver ses frères et sœurs. Quand trois enfants regardent  tranquillement la télévision, si vous entendez soudainement crier, vous pouvez parier que c’est le cadet qui est venu troubler la paix ! » Affirme Michael Grose.

 

Plus l’écart d’âge est réduit entre l’aînée et le cadet (-2 ans), plus ils entretiendront une relation paradoxale basée sur l’alternance de moments forts en rivalité comme en complicité. Face à l’autorité de l’aînée qu’il jugera injuste, il aura aussi tendance à se venger sur les plus petits.  

 

Oui difficile de trouver sa place mais cela lui permettra d’acquérir assez tôt des capacités d’adaptation plus grande que l’ainée.  De plus, pour séduire l’aînée qu’il ne pourra pas corrompre, il apprendra à user de diplomatie pour arriver à ses fins !

 

 

  

L’enfant du milieu 

 

Appelée aussi l’enfant sandwich, c’est celui à qui on alloue moins de temps, l'enfant qui grandit vite sans qu'on s’en aperçoive.  

« il ne peut pas toujours compter sur son aîné ou demander de l’aide à ses parents, davantage disponibles pour le dernier. Il se tourne donc vers ses camarades », constate Michael Grose spécialiste de l’éducation

 

Ainsi, tout naturellement, l’enfant devient plus indépendant, il apprend très tôt à demander peu d’aider, à se débrouiller seul tout en étant sociable.

 

Cette aptitude d’adaptation qu’il a acquit va faire de lui un être sociable. Plus l’enfant se sentira lésé par rapport un aîné plus privilègié et un dernier plus gâté, plus une fois adulte, il sera dominé par un esprit de conciliation et de justice. 

 

Attention, il peut aussi montrer une extrême réserve pour ne pas subir les conflits et sécuriser sa tranquillité qui lui est chère.  

 

 Le benjamin  

 

Celui-ci est votre tout dernier, celui que l’on souhaite garder le plus longtemps possible à ses côtés. Le plus veinard parmi tous ! Puisque nos exigences s'émoussent et qu’on relâche la pression.

 

Ainsi nous sommes plus tolérants avec lui et à la fois moins sensible à ses exploits. Oui pas facile de passer derrière les dessins et les notes de ses frères et soeurs. De ce fait, le benjamin ne recueillera pas toute la reconnaissance qu’il aurait méritée.

 

Comme lui vit- il ce statut du dernier de la famille ? D’une part, le benjamin trouve son compte dans cette situation.  Un peu fainéant, passer pour le bébé, lui convient puisqu'il échappe aux responsabilités et aux prises des décisions. Il saura aussi en tirer profit pour arriver à ses fins. Un brin charmeur et manipulateur, il suffit pour lui de jouer la carte de la vulnérabilité pour que l’on se rue à son secours. 

 

Toutefois, l’enfant trop protégé aura du mal à se prendre en main par peur d’être jugé et notamment par la fratrie.

 

Adulte, il peinera être pris au sérieux sans passer par des moments de désaccord violent pour proclamer son statut d’adulte et sa capacité de décision.

 

Même si le benjamin est « Destiné à rester petit, c’est au petit dernier de prouver le contraire. Ce qui est souvent un moteur pour sa vie » constate Françoise Peille Psychologue clinicienne.

 

Frères et soeurs : Chacun cherche sa place - Psychologie et Psychanalyse - Hachette.

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 09:24

On sait que la coiffure a une fonction de valorisation de l’attrait et de démonstration de la jeunesse. Chez les femmes, sa fonction esthétique est manifeste et les volumes financiers qui y sont consacrés sont loin d’être négligeables. L'étude montre que le cheveu reflète aussi l’état de santé, la jeunesse... et surtout l'affectivité !

 

 

 " Le désir, sous toutes ses formes, est ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue."

  

 

On sait par exemple que la grossesse affecte la qualité du cheveu (Symons, 1995). De fait la longueur servirait aussi à qualifier ces caractéristiques : plus elles seraient positives, plus on montrerait de cheveux et donc de longueur. Jacobi et Cash (1994), en questionnant des femmes, ont montré que ces dernières pensent que les hommes préfèrent les femmes avec de longs cheveux... La crinière féminine est - en effet - un facteur manifeste de douceur et de puissance affective, dirigée vers le conjoint ou l' enfant. La chevelure, c'est aussi l'expression du désir, le soin d'exister pleinement et durablement en temps que femme libre des normes sociétales.

 

Pour d’autres chercheurs, en dehors de l’attrait esthétique, la longueur des cheveux servirait différentes stratégies et varierait en fonction de celles-ci. Par exemple, une femme installée dans une relation avec des enfants tendrait à avoir des cheveux plus courts qu’une femme à la recherche d’un partenaire, les centres d'intérêts étant essentiellement orientés vers les besoins du foyer.

 

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La longueur des cheveux est-elle liée à la santé ? © Nathalie Baye, Studio Harcourt

 

Afin de vérifier le rapport entre santé, esthétique, amour et longs cheveux, Hinsz, Matz et Patience (2001) ont interrogé plusieurs centaines de femmes âgées entre 13 et 73 ans, prises au hasard dans la rue. Ils leur demandaient de répondre à une enquête où on mesurait des données démographiques (enfants, âge…) puis l’état de la relation maritale ou sentimentale. Une mesure de l’état de santé demandé par rapport à une femme de leur âge était faite. On évaluait la longueur et la qualité des cheveux après formation des observateurs (l’enquêteur et un observateur discret à distance) par du personnel de salon de coiffure.

 

Les hommes préfèrent-ils les femmes aux cheveux longs ? ©&nbsp;Katie Sagona CC&nbsp;by-sa&nbsp;3.0
Les hommes préfèrent-ils les femmes aux cheveux longs ? © Katie Sagona CC by-sa 3.0

 

Longueur de cheveux et potentiel de reproduction

  

Une corrélation négative entre longueur des cheveux et âge sera trouvée : plus une femme est âgée et plus la longueur de ses cheveux diminue.

 

Il en va de même avec la nature de sa relation sentimentale : plus une femme est installée dans une relation durable et satisfaisante sentimentalement, plus elle tend à avoir des cheveux courts ; l' acquis favorisant la perte du besoin de séduction. Les mêmes effets sont observés avec les questions relevant de l’état physique : plus leur santé est bonne et plus elles tendent à avoir des cheveux longs.

 

Dans le même temps, une relation positive entre longueur de cheveux et potentiel de reproduction sera trouvée : à âge contrôlé, les femmes qui ont eu plusieurs d’enfants tendent à avoir des cheveux plus longs. Lorsque l’on demande aux personnes d’évaluer leur état de santé de manière personnelle, on observe le même effet : celles qui déclarent se sentir bien sont également celles qui ont les cheveux les plus longs.

 

La puissance de la douceur : un facteur de séduction ! © Anahi Linda

La puissance de la douceur : un facteur de séduction ! © Anahi Linda

Il semble donc que la longueur du cheveu soit un élément contenant de nombreuses informations. Pour les chercheurs, la longueur et la qualité des cheveux agiraient comme des prédicteurs de la jeunesse et de la santé. Le cheveu pourrait donc servir aux hommes d’indicateur de potentiel génétique. Or, ce paramètre est important dans l’évaluation des femmes. Celui qui cherche tant à disséminer son patrimoine génétique est logiquement celui qui doit avoir le plus de capacité à repérer ce potentiel.

 

Résumé de l'étude recensée par N.Guéguen, Docteur en psychologie.
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10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 11:00

Beaucoup de ceux qui travaillent dans le domaine de la culture en France sont inquiets. Les menaces qui pèsent sur les radios, la réduction des budgets de subvention, et les impératifs de rentabilité qui sont exigés désormais ont grandement changé le paysage de la création artistique en France. Les pouvoirs publics évoquent la crise économique, mais le mal est plus profond et semble dessiner une remise en cause de l’esprit même de la politique culturelle que mène la France depuis 50 ans... Imaginez le néant d'un futur sans culture !

Journée culture morte

Journée culture morte

Entre 2002 et 2014, l’État n’a pas versé les 87 millions d’euros à Radio France qui étaient prévus dans le contrat d’objectifs et moyens. 2015 voit le premier budget de Radio France voté avec un déficit de 21 millions d’euros. Face à ce désengagement de l’État dans le maintien d’une radio de service public de qualité et d’excellence, les salariés de Radio France ont entamé une grève qui dure désormais depuis 20 jours.

 

Mais qu’est-ce que la radio de service public aujourd’hui ? Radio France, ce sont des missions de la République pour les citoyens, autour du triptyque Informer-Éduquer-Divertir. Radio France, ce sont 7 chaînes de radio, deux orchestres, un chœur et une maîtrise, qui permettent de s’adresser à tous les publics avec des programmes exigeants et de qualité. Radio France, c’est aussi le premier employeur de comédiens en France, et un défricheur indispensable au tissu artistique français.

 

Si nous ne nous battons pas pour garder un niveau de financement acceptable pour produire une véritable radio de service public qui offre des programmes que personne d’autres ne propose (magazines, documentaires, fictions…), nous allons vers un appauvrissement culturel et intellectuel qui peut avoir des conséquences dramatiques sur notre société. Au-delà de Radio France, c’est toute l’industrie culturelle qui est menacée. Elle a déjà été très éprouvée, on sait que de nombreux festivals ont fermé, les subventions de l’État baissent un peu partout. L’éducation et la culture sont de tous temps indispensables au maintien de la civilisation ; elles le sont d’autant plus en période de crises, lorsque la cohésion sociale est menacée. La crise ne doit pas justifier ces coupes budgétaires, ça n’est pas une fatalité, c’est une question de  courage politique.

 

Le ministère de la culture ne porte pas de discours clair sur l’avenir de la radio de service public. Le désengagement de l’État est d’autant plus difficile à comprendre qu’il encourage en parallèle la mise en place d’actions d’éducation artistique et culturelle, et notamment l’éducation aux médias.

 

C’est contre la politique d’austérité (et contre la destruction programmée de l'ensemble du patrimoine) qui s’attaque au dernier bastion de la culture qu’est Radio France et qui avait été jusque-là préservé que luttent ses salariés ; et il faut tous se soutenir et s’associer pleinement à leur combat.

 

Loé Lagrange, porte-parole et Audrey Le Tiec, adhérente ND, salariée de Radio France pour http://www.nouvelledonne.fr/

 

Sans art et sans culture, quelle humanité serions-nous ?

 

Dès l’Idéologie allemande, Marx refusait la segmentation arbitraire des activités humaines et des rôles auxquels notre condition notamment sociale nous assigne. L’idée selon laquelle l’affirmation et la réalisation de soi passent par une voie unique est radicalement écartée, voire discréditée. Le mouvement qu’appelle et génère le projet communiste ne peut effectivement se contenter de limiter ainsi l’offre des expériences au monde.

 

Or, les logiques capitalistes à l’œuvre dans les « démocraties modernes » valident et acceptent de fait la répartition déterminée sociologiquement du savoir et l’exclusivité des jouissances intellectuelles. À l’accaparation du profit vient s’ajouter une accaparation tout aussi violente et organisée des richesses et des produits de la pensée.

 

L’art, s’il a été par le passé et demeure par une partie des forces réactionnaires réduit à sa dimension purement consumériste et/ou industrielle, doit redevenir pour la gauche le lieu et les occasions par lesquelles tous les individus sont amenés à partager une expérience sensible. Dans une société dans laquelle on a si longtemps prescrit que cette dimension pouvait être cantonnée à un service commercial, on a subordonné cet objet à sa dimension profitable : le reléguant à un statut de marchandise mis en concurrence comme tout autre dans la course de la mondialisation.

 

Contre la commercialisation de l’art et la culture, il nous faut redonner à ces réalités leur caractère politique en tant qu’elles mettent le monde en mouvement et prétendent à leur manière saisir le réel. C’est pourquoi la défense du droit « à éprouver et cultiver le beau » en multipliant les expériences esthétiques n’est jamais un vœu pieu ni une idée purement abstraite : elle incarne au contraire, à travers les gestes de la pensée et de la création, un attachement ferme à l’accès à la citoyenneté, la liberté, l’égalité.

 

Prôner une véritable démocratie culturelle, c’est donc revendiquer une société de citoyens épanouis et conscients, tous capables de penser et qui refusent de n’être valorisés ou considérés que sur le plan comptable, monnayable, c’est-à-dire comme « clients du monde que nous partageons ».

 

Comme le dit fort justement la philosophe Marie-José Mondzain, le défi consiste à se battre contre « la réglementation de nos divertissements, de la distribution de l’information, du savoir… sous le régime de la concurrence, de l’évaluation, de la normalisation… ». D’où la question, fondée autant philosophiquement que politiquement, quelle société sans art et sans culture ? Laquelle contient l’interrogation sous-jacente : quelle humanité voulons-nous être ?

 

La crise économique multiforme que nous vivons s’impose avec la force d’une évidence, mais qu’est-il fait pour prévenir, éviter ou même contenir la « crise culturelle » qui se profile ? Force est de constater que ce sont les mêmes élites qui jouissent le mieux et le plus durablement de l’offre culturelle et artistique, en qualité et en diversité. Réanimant les vieilles mais persistantes oppositions de classe.

 

Une refondation du rapport de l’art à la société, de l’art au travail, de la politique à l’esthétique… ne peut donc faire l’économie d’une transformation profonde de cette relation privant de nombreux groupes sociaux (relativement) de toute possibilité d’expression et de manifestation artistiques, excluant ainsi la majorité même du corps social des fruits de cet apprentissage.

 

Car nous n’entrons pas dans l’art ou en art comme on pousse les portes de son supermarché. La méconnaissance des codes esthétiques, l’ignorance des présupposés et référants historiques, des comportements correspondant à ces savoirs et leur apprivoisement… n’en finissent pas de maintenir bien vivante cette ségrégation culturelle qui sévit sans pousser un cri ni verser une goutte de sang.

 

Mais combien de temps allons-nous laisser les privilégiés culturels conserver jalousement l’étendue infinie qu’ouvrent ces savoirs, qui, s’ils tendent à s’homogénéiser, offrent une remarquable diversité d’apprivoisement du sensible et de représentations du réel ?

 

Sans les relais institutionnels, associatifs et pédagogiques que représentent l’école, les missions d’éducation populaire, les comités d’entreprise, les ateliers d’initiation… cette promesse ne peut se faire jour. Cette promesse n’est rien.

 

Aussi, que ce soit dans l’entreprise, au sein de la famille, dès l’école élémentaire jusqu’aux bancs de l’université, la création – par-delà les considérations et les débats portant sur la formation et la légitimité du jugement du goût – doit être approchée comme un but en soi, existant pour lui-même et par lui-même. Indistinctement des capacités initiales de chacun.

 

Pour lutter contre l’uniformisation de la pensée ou le tri organisé entre savoirs utiles et dispensables, il faut abandonner la croyance selon laquelle un champ de connaissance posséderait un primat sur un autre. Regardons plutôt en quoi et combien tous participent, avec leurs outils propres, à comprendre ce monde que nous avons trouvé et à agir sur lui. Or un projet émancipateur réellement égalitaire place cette faculté, ou cette capacité, comme potentiellement présente en tout homme et donc appropriable collectivement. Une éducation artistique et une ouverture culturelle véritablement partagées permettront alors de sortir du schéma de 
domination sociale écrasant et figé (en plus d’être stérile) élites « savantes »/peuple « à cultiver ».

 

Or le moyen le plus sûr et efficace d’offrir à tous les connaissances et pratiques artistiques qu’il transportera (voire transformera) toute sa vie comme à la fois une stimulation de ses potentialités et un éveil de son imaginaire est que l’école républicaine place chacun devant les mêmes possibles. Entendons par là des invitations concrètes incitant à devenir à la fois spectateur et acteur de la chose artistique comme de l’expérience culturelle.

 

Si on adhère avec Marx à l’idée selon laquelle « le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous », n’attendons pas, n’attendons plus pour dénoncer et dépasser « la concentration exclusive du talent artistique chez quelques individualités, et corrélativement son écrasement dans la grande masse des gens ».

 

(*) La Revue du projet consacre, dans 
son numéro d’octobre (n° 20), son dossier à 
« l’art et la culture, les sentiers de l’émancipation ». 
Pour consulter la revue, tapez : http://projet.pcf.fr/

Source: Nicolas Dutent pour http://www.humanite.fr

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