"Les Nouveaux chemins de la connaissance, sur France Culture"
Podcast de l'émission et extrait des théories de Winniccott à travers le livre "La Honte" de Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, directeur de Recherches à l'Université Paris Ouest Nanterre.
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Une attitude maternelle intrusive est susceptible de favoriser la mise en place de réponses de hontes aux difficultés de l'environnement...
Winnicott, en insistant sur le rôle joué par la mère réelle dans les premiers soins, a montré comment le narcissisme de base se constitue à travers les premières interactions mère-enfant. L'organisation narcissique est liée dans sa structure à la consistance des liens que le sujet a établis en lui-même avec ses objets primordiaux. Et en étant liée au narcissisme dans ces différents états, la honte l'est aussi aux investissements narcissiques premiers dont l'enfant a été l'objet de la part de son environnement primaire. Ces investissements peuvent avoir été défaillants ou inadaptés.
Ainsi une attitude maternelle intrusive, en entravant le développement
chez l'enfant d'une identité distincte, peut favoriser la mise en place
de réponses de honte aux difficultés de l'environnement. Il s'agit par
exemple de mères qui assortissent leur dressage éducatif de menaces
telles que « tu ne peux rien me cacher », « je te vois même quand j'ai le
dos tourné », « mon petit doigt me l'a dit », etc. L'effet de telles attitudes
est évidemment d'autant plus grave que le père est plus effacé ou absent.
De tels enfants, narcissiquement fragilisés, pourront avoir alors tendance
à réagir par de la honte, avec une propension persécutive, là où d'autres
réagissent avec culpabilité.