L'année 2012 a été proclamée Année internationale des coopératives par les Nations-Unies. A travers cette initiative et dans un contexte où le monde connaît l’une des crises les plus difficiles de son histoire, la communauté internationale reconnaît l’efficacité du modèle coopératif, sa pertinence face aux excès du capitalisme et son apport en termes de pratiques économiques et sociales : gouvernance démocratique, partage des décisions, répartition équitable des bénéfices, innovation… Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes sont membres de coopératives à travers le monde. En savoir plus: http://www.les-scop.coop/sites/fr/
Quelques parcours de co-entrepreneurs:
Laurence Ruffin : de l'Essec à la Scop
Lorsqu’en 2009, à l’âge de 31 ans, Laurence Ruffin est élue Directrice Générale par les salariés associés d’Alma, elle a déjà des projets plein la tête. Il faut dire qu’elle connaît bien son sujet. Diplômée de l’Essec, elle exerce dans une agence de conseil, puis au service marketing de Renault. Si son travail l’intéresse, elle ressent néanmoins le besoin de donner du sens à ses actions, et la solution coopérative s’impose alors naturellement à elle. D’abord consultante puis responsable du développement au sein de l’Union Régionale des Scop Rhône-Alpes, elle a accompagné la création du fonds d’investissement Transméa. Mais pour cette championne de France de natation synchronisée, l’épanouissement professionnel passe par le terrain, et c’est avec enthousiasme et discernement que la directrice générale occupe cette fonction depuis 2 ans. Bientôt, on ne s’étonnera plus de découvrir des étudiants de grandes écoles prêts à rejoindre le monde des Scops et ses valeurs. Voir la vidéo de présentation d'Alma (photo : Severine Cattiaux)
Virginie Vincent : une stagiaire devenue administratrice
« Je suis bien dans mes baskets ici », résume Virginie Vincent. Responsable du département prépresse de la Nouvelle Imprimerie Laballery à Clamecy (Nièvre), Virginie Vincent y fait ses premiers pas comme stagiaire en 2000. Heureuse de son expérience, elle y revient en 2001 pour un nouveau stage qui débouchera sur un remplacement d’été. La jeune femme quitte ensuite l’imprimerie pour un journal gratuit « mais j’ai toujours gardé le contact avec le service prépresse à Laballery », précise-t-elle. Lorsque le directeur, Dominique Haudiquet l’appelle en 2003, elle n’hésite pas une seconde à rejoindre Clamecy : « J’ai retrouvé mon bien-être, d’autant que Laballery s’efforce d’évoluer avec la technologie. » Fin 2005, Virginie devient, à 25 ans, responsable du département prépresse et de ses huit salariés. En 2007, elle devient administratrice : « au fil des CA, j’ai compris que je n’étais pas là uniquement pour représenter le service, mais bien pour faire évoluer l’entreprise. »
Sébastien Chameroy : la Scop écologique
Maître Ingénieur en aéro-structure de formation, Sébastien Chameroy décide de partir au Québec pour se former aux métiers de la construction écologique. De retour en France, il s’associe à trois charpentiers avec lesquels il crée, en février 2010, la Scop Echopaille, à Larré, dans le Morbihan (56). Elle réalise à base de matériaux naturels des bâtis très performants thermiquement. La même année, la Scop a remporté le prix régional du concours des Talents des Boutiques de gestion, dans la catégorie économie sociale. Enfin, pour ajouter au succès de l’entreprise, ils ont obtenu le « coup de coeur » du jury national du même concours !
Danielle Combes : une Scop sauvée de justesse
Danielle Combes a remporté en 2010 le trophée « Femme chef d’entreprise de l’année ». Un aboutissement pour cette femme qui aura connu des situations délicates à gérer dès la reprise de sa Scop. Mère de famille indépendante, Danielle tente de monter une Scop en 1982, après avoir passé son CAP et travaillé comme aide-comptable dans le bâtiment. Mais l’expérience ne dure que quatre ans. Elle rejoint alors en 1996 l’équipe de l’entreprise Firm’Inox, la plus ancienne Scop de la Loire. En 2001, elle est nommée PDG de l’entreprise qui vit à l’époque une gestion désastreuse : des employés recrutés sur les 35 heures doivent être licenciés et les autres font des sacrifices. Avec l’aide du député-maire, qui débloque la situation auprès d’une banque, Danielle Combes améliore au fil du temps la santé de son entreprise. En 2010, la Scop Firm’Inox compte 30 salariés, un capital variable de 110 000 euros et le chiffre d’affaires de 2009 - 3,21 millions d’euros - est même déjà dépassé.
Jean-Michel Berjaud & Olivier Canonne : le développement durable au service des entreprises...
La Scop Alteractive est née d’une rencontre. Jean-Michel Berjaud, diplômé de l’ESC Rouen, travaille 10 ans dans le marketing BtoB pour le sport professionnel, avant de s’engager dans une activité porteuse de sens, le développement durable. De son côté, Olivier Canonne, diplômé de l’EM Lyon avec une spécialisation RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) en Norvège, intègre pendant 4 ans la Direction développement durable et insertion du Groupe Adecco. Ensemble, ils créent, à Lyon, Alteractive, une société de services et de formation qui donne aux entreprises les moyens d’obtenir un retour sur investissement de leur engagement dans le développement durable. Le modèle coopératif est apparu comme une évidence pour mettre en totale adéquation activité et statuts de l’entreprise.
Marie-Laure Brunet : la volonté d’entreprendre
Assistante de direction dans une entreprise de découpe de viande dans le Cher, Marie-Laure Brunet, 40 ans, subit un licenciement économique en 2004. En 2005, après avoir accouché de son quatrième enfant, elle a recours à une travailleuse familiale. Ces deux événements la décident à lancer son projet de toujours, devenir chef d’entreprise dans le secteur de l’aide à la personne : elle crée ainsi la SARL Dom A-Z Services (Nièvre) en décembre 2007. Au fur et à mesure de ses rencontres, elle diversifie les activités, passant du ménage au jardinage, des personnes handicapées aux enfants, et, parce que la notion de partage lui est essentielle, Marie-Laure Brunet, choisit la transformation en Scop. Avec ses 18 salariés, la Scop est lauréate du concours Talents 2010 de l’économie sociale et solidaire pour la région Bourgogne.
Yannick Rousseau & Laurent Russo : l’informatique au bout des doigts
L’un est créatif, il écrit. L’autre est ingénieur, il crée. Dans l’industrie du jeu vidéo depuis 1995 pour Laurent Russo et 2000 pour Yannick Rousseau, les deux comparses se complètent dans leurs compétences et se rejoignent sur leurs idéaux... A la recherche d’un cadre qui responsabilise les salariés dans les décisions stratégiques et encourage la réussite collective plutôt qu’individuelle, et après avoir tenté sans succès de développer cette vision au sein d’entreprises classiques, la création d’un studio de développement de jeux vidéo en Scop s’est imposée. Basée à Lyon et sous le nom de Galactic Gaming Guild, l’entreprise autofinance son premier lancement à la mi-2007 : Full Ace, simulation de tennis, adaptée à la production à deux, et diffusée exclusivement en ligne.
Christine Cussac : coopérer pour enseigner
Après une formation en langues étrangères, Christine Cussac part à Londres puis Madrid pour étudier d’autres formes d’enseignement. De retour en France, elle est fin prête pour son projet d’école internationale, structure rare à l’époque, à but plutôt lucratif et qui scolarise les enfants d’expatriés, français ou étrangers : elle crée en 1989, l’association Bordeaux International School (BIS) qui devient, dix ans après et à son initiative, une coopérative : « Le statut Scop était fait pour nous ! Partage des responsabilités, implication des 13 salariés associés, reconnaissance de l’esprit de coopération et d’échange au sein de l’équipe pédagogique et administrative, pour les anciens comme pour les nouveaux ! », explique Christine Cussac. Respecté de tous les partenaires de l’école, il intrigue parfois les parents d’élèves, mais avec un peu de pédagogie et d’excellents résultats, le statut est devenu… une évidence. Les compétences et les projets de chacun sont valorisés et développés au service des élèves et de l’école. Et les projets fusent... ».
Benoît Galetou : PDG à 26 ans d’Innov’Alu
Benoît Galetou est arrivé à 23 ans comme commercial chez Innov’Alu, une Scop limousine spécialisée dans les fermetures et menuiseries en aluminium. Trois ans plus tard, en 2006, il est élu le PDG parmi la trentaine de salariés. « Je souhaitais évoluer, mais pas obligatoirement à une telle fonction aussi vite », tempère celui qui n’a pas encore trente ans. Il n’envisageait pas non plus de se fixer aussi jeune dans une entreprise, mais il a trouvé dans la Scop « des gens engagés qui défendent tous la même chose. Ils m’ont permis d’évoluer à mon poste, j’ai appris le métier du bâtiment à leur contact. Je n’aurais pas pu envisager une telle progression dans une entreprise traditionnelle ». Après trois années de direction, Benoît Galetou garde le cap fixé : favoriser la meilleure organisation du travail possible pour assurer une croissance raisonnable au bénéfice des salariés.
Clémentine et Rose-Anne Page : le choix écologique
A 23 ans, Clémentine Page a deux « métiers », gérante de Scop et maman. Durant sa grossesse lui vient l’idée de créer son entreprise de fabrication de couches lavables. Après diverses lectures sur le bilan écologique d’une couche jetable (un enfant génère une tonne de déchets non renouvelables jusqu’à ses 3 ans et qui subsisteront 200 à 500 ans sous terre), Clémentine, costumière de formation, conçoit ses premiers prototypes en coton biologique et exempts des produits toxiques qui composent les couches à usage unique. Sa soeur, Rose-Anne, la rejoint pour gérer la communication et la commercialisation. Doujañ (protéger, respecter en breton) voit le jour avec le soutien financier de Garrigue et des Cigales en juillet 2008, sous forme de Scop, statut en cohérence avec l’esprit humain et environnemental du projet.
Jérôme Guyomar : l’ascension d’un couvreur
29 ans, Jérôme Guyomar est devenu en octobre 2009 le dirigeant de L’Union des ouvriers couvreurs, une Scop bretonne de 27 salariés. Titulaire d’un CAP couvreur, il intègre l’entreprise en 1998 et commence sa vie professionnelle sur les toits. Il réussira un brevet professionnel tout en restant dans la Scop comme apprenti. Il complète ensuite ses compétences par une formation de technicien métreur en charpente bois et couverture et une première expérience dans une entreprise de Chinon qui le tiendront éloigné des toits et de la Bretagne durant deux ans. « Mon objectif était de continuer à me former pour revenir ensuite à L’Union des ouvriers couvreurs. La Scop c’est le bon mode de fonctionnement d’une entreprise », explique-t-il. Il réintègre la Scop après quelques mois d’intérim, toujours comme couvreur. C’est en septembre 2008 qu’il est élu à la succession de M. Bellec qui prépare sa retraite. Ce dernier lui transmet durant un an son expérience de dirigeant avant de quitter définitivement l’entreprise.
Pierre Duponchel : la fibre solidaire
25 ans après la création du Relais à Bruay-la-Buissière (Pas-de-Calais), Pierre Duponchel, fondateur et actuel président de l’union de Scop Le Relais, a reçu le Prix de l’entrepreneur social de l’année 2009. Le prix, attribué par la fondation Schwab, marque la reconnaissance du parcours de cet ingénieur qui a quitté une carrière toute tracée dans l’industrie pour « dépenser son énergie utilement ». Pierre Duponchel crée le Relais après avoir agi bénévolement pendant des années au sein d’une Communauté Emmaüs. En compagnie du Père Léon, directeur de la communauté, il souhaite mettre en place des solutions de réinsertion pérenne pour ceux qui en ont le plus besoin. De la forme associative, Le Relais devient Scop et même union de Scop en 2000 avec sa douzaine d’entités
dans toute la France. « Nous avions dès le départ construit un système de démocratie directe et nous vivions les mêmes valeurs que les Scop », précise-t-il. Le Relais, devenu leader de la collecte et du traitement des textiles d’occasion, compte aujourd’hui 1 500 salariés, dont 400 en insertion, 800 en CDI et 300 en Afrique.
Brigitte Bari : comptable et présidente
Tout juste diplômée d’un BTS Gestion comptabilité, Brigitte Bari est embauchée en 1983 par les Pompes Japy, Scop franc-comtoise spécialisée dans la fabrication de pompes hydrauliques. « Il a fallu tout de suite être réactif et polyvalent », se souvient Brigitte Bari. L’entreprise connaissait quelques difficultés qui aboutirent, en 1986, à un redressement judiciaire. Dès lors une collaboration s’instaure entre Brigitte Bari et Michel Rondot, le dirigeant de l’époque. Une direction bicéphale qui s’inscrira dans le marbre avec l’élection de Brigitte Bari comme présidente du conseil d’administration
au départ de Michel Rondot, M. Lauret prenant la direction opérationnelle : « C’est très riche comme mode de fonctionnement car on n’est jamais seul. » Malgré son statut de présidente, la comptable n’a jamais abandonné son métier d’origine, pas plus que la seule entreprise qu’elle a connue. « J’ai eu d’autres propositions, mais je tenais à rester dans cette entreprise, car l’Homme y a vraiment sa place. »
Gérard Liberos : le dynamisme au service du bâtiment
Gérard Liberos, PDG de Socorem, Scop de 50 salariés située à Ramonville-Sainte-Agne (31) et spécialisée dans le génie électrique, le génie climatique et les énergies renouvelables, a été nommé Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’honneur au titre du Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer. Titulaire d’un DUT de génie mécanique et d’électricité ainsi que d’un diplôme d’ingénieur CESI, complétés par un mastère de dirigeant d’entreprise, Gérard Liberos débute sa carrière en 1976 chez CGEE Alsthom. Il rejoint Saunier Duval en 1986, puis Souchon Electricité en 1989 et prend la direction de Socorem en 1992. Parallèlement, Gérard Liberos est de longue date engagé dans les instances du Mouvement coopératif tant au niveau régional que national : membre du CA de la Fédération Sud-Ouest des Scop du BTP, il en est président depuis 1993 ; membre du CEFR SO puis du Directoire de Socoden, trésorier de la Fédération nationale des Scop du BTP depuis 2004, il est l’un des principaux artisans de son renouveau notamment en matière de lobbying ; par ailleurs, il est président depuis 2003 du Club de l’innovation pour l’industrie (GIPI) et, depuis 2005, président du Gemip, qui rassemble tous les groupements d’employeurs de Midi-Pyrénées.
José Magalhaes : de second à premier
José Magalhaes est entré chez Veyret techniques découpe en 1979 comme comptable. En 1993, il en devient le dirigeant suite à la reprise de la société placée en liquidation judicaire, par 30 salariés sur les 35 de l’époque. Aujourd’hui, la Scop compte 90 salariés. « J’ai toujours été passionné de technique et attiré par le contact client, relève-t-il, très vite, j’ai fait la compta de cinq à sept le soir ». Formé à la comptabilité, il apprend au quotidien tous les rouages de l’entreprise. «J’étais capable de mettre des prix et des coûts derrière chaque acte économique. » En 1993, José Magalhaes conduit le projet de reprise entouré de tout l’encadrement de l’entreprise. Il sait très bien ce qui a conduit l’entreprise à la liquidation judiciaire et connaît le potentiel non exploité. « J’ai la prétention de croire que j’étais un bon second. J’ai beaucoup appris au contact de M. Veyret le fondateur. Mais j’étais loin de m’imaginer la teneur de la responsabilité quand on est le gérant ». Quinze ans après, il porte toujours cette responsabilité et il y a quelques mois, les salariés-associés ont comploté pour qu’il obtienne la médaille du travail.