25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 13:10

"Voici un recueil de poèmes des grands noms de la littérature". Une façon de nous souvenir que nous avons profondément aimé la vie... avant l'avènement de la société consumériste et du lot de misère qu'elle nous inflige chaque jour. A tous ceux dont l'espoir brille encore quelque part dans les tréfonds de leur être, je leur dédie ces poèmes des temps passés...

 

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1- Toute l’âme résumée
Quand lente nous l’expirons
Dans plusieurs ronds de fumée
Abolis en autres ronds

Atteste quelque cigare
Brûlant savamment pour peu
Que la cendre se sépare
De son clair baiser de feu

Ainsi le chœur des romances
À la lèvre vole-t-il
Exclus-en si tu commences
Le réel parce que vil

Le sens trop précis rature
Ta vague littérature.

Stéphane Mallarmé, Poésies.
 
2- Que diras-tu ce soir, pauvre âme solitaire,
Que diras-tu, mon coeur, coeur autrefois flétri,
A la très-belle, à la très-bonne, à la très-chère,
Dont le regard divin t'a soudain refleuri ?

- Nous mettrons notre orgueil à chanter ses louanges :
Rien ne vaut la douceur de son autorité ;
Sa chair spirituelle a le parfum des Anges,
Et son oeil nous revêt d'un habit de clarté.

Que ce soit dans la nuit et dans la solitude,
Que ce soit dans la rue et dans la multitude,
Son fantôme dans l'air danse comme un flambeau.

Parfois il parle et dit : " Je suis belle, et j'ordonne
Que pour l'amour de moi vous n'aimiez que le Beau ;
Je suis l'Ange gardien, la Muse et la Madone. "
Charles BAUDELAIRE   (1821-1867)
 

3- Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?
Ô saisons, ô châteaux,
J'ai fait la magique étude
Du Bonheur, que nul n'élude.
Ô vive lui, chaque fois
Que chante son coq gaulois.
Mais ! je n'aurai plus d'envie,
Il s'est chargé de ma vie.
Ce Charme ! il prit âme et corps,
Et dispersa tous efforts.
Que comprendre à ma parole ?
Il fait qu'elle fuie et vole !
Ô saisons, ô châteaux !
Et, si le malheur m'entraîne,
Sa disgrâce m'est certaine.
Il faut que son dédain, las !
Me livre au plus prompt trépas !
Ô Saisons, ô Châteaux !
Quelle âme est sans défauts ?

Arthur Rimbaud (1854-1891)

 

4- Ô triste, triste était mon âme

A cause, à cause d'une femme.

Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé,

Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.

Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s'en soit allé.

Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,

Est-il possible, - le fût-il -
Ce fier exil, ce triste exil ?

Mon âme dit à mon coeur: Sais-je
Moi-même que nous veut ce piège

D'être présents bien qu'exilés,
Encore que loin en allés ?

Paul Verlaine (Romances sans paroles)
 
tendresse
 

5- LA MUSE

Poète,prends ton luth;la nuit sur la pelouse

Balance le zéphyr dans son voile odorant.

La rose,vierge encor,se refeme jalouse

Sur le frelonnazcré qu'elle enivre en mourant

Ecoute!tout se tait:songe à ta bien-aimée

Ce soir,sous les tilleuls à la sombre ramée

le rayon du couchant laisse un adieu plus doux.

Ce soir, tout va fleurir :l'immortelle nature

Se remplit de parfums,d'amour et de murmure,

Comme le lit joyeux de deux jeunes époux

 

LE POETE

Pourquoi mon cœur bat-il si vite?

Qu'ai-je donc en moi qui s'agite

Dont je me sens épouvanté?

Ne frappe-t-on pas a ma porte?

Pourquoi ma lampe à demi morte

m'éblouit-elle de clarté?

Dieu puissant!tout mon corps frisonne

Qui vient?qui m'appelle?- personne

Je suis seul!c'est l'heure qui sonne

O solitude! O pauvreté

 

LA MUSE

Poète,prends ton luth;le vin de la jeunesse

Fermente cette nuit dans les veines de Dieu

Mon sein est inquiet,la volupté l'oppresse,

Et les vents altérés m'ont mis  la lèvre en feu

O,paresseux enfant regarde je suis belle

notre premier baiser,ne t'en souviens -tu pas

Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile

Et que les yeux en pleurs,tu tombas dans mes bras

Ah! je t'ai consolé d'une amère souffrance!

Hélas!bien jeune encor,tu te mourais d'amour

Console moi ce soir,je me meurs d'espérance;

J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour

 

LE POETE

Est-ce toi dont la voix m'appelle,

O,ma pauvre muse!est-ce toi

O,ma fleur ô mon immortelle

Seul être pudique et fidèle

Ou vive encore l'amour de moi!

Oui te voila c'est toi ma blonde

Ma maîtresse et ma sœur

Et je sens dans la nuit profonde

De ta robe qui m'inonde

les rayons glisser dans mon cœur.
Extrait de "La nuit de Mai" Par Alfred de Musset.

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