Un chef très confiant en ses qualités, faisant preuve d'autorité naturelle et cherchant à se faire admirer, est-il nécessairement bénéfique à une entreprise, une organisation ou un pays ?
Barbara Nevicka et ses collègues de l'Université d'Amsterdam ont fait une expérience où des groupes de trois personnes disposaient d'informations sur des candidats à recruter, et devaient choisir le meilleur candidat. Des informations différentes étaient données à chaque participant, de sorte que la qualité de leur décision commune dépendait de la capacité des membres du trio à partager leurs données. Au sein de chaque groupe, un leader était désigné au hasard par les psychologues.
Chaque participant remplissait aussi un questionnaire d'évaluation du narcissisme, comportant des questions telles que : « Je suis plus capable que la plupart des gens » ; « J'aime être le centre de l'attention » ; « Je veux compter aux yeux des autres » ; « J'aime mon corps » ; « J'ai un désir de puissance ».
Les résultats ont montré que plus un leader est narcissique, moins le choix collectif est judicieux. Les participants, bien que persuadés des qualités de leur leader, livrent moins d'informations à la réflexion collective. Le leader leur demande moins souvent leur avis, et des données essentielles sont oubliées.
Contrairement au lien parfois établi implicitement entre charisme et leadership, cette étude montre que les leaders narcissiques, malgré leur aura, ont un impact parfois désastreux sur les performances d'un groupe. De nombreux chefs d'État ont souvent une composante narcissique importante. Les conséquences pour leur pays peuvent être négatives, alors même que le narcissisme semble être un avantage pour arriver au pouvoir...
Par Sébastien Bohler www.pourlascience.fr