Comme toute manifestation humaine, la volonté est soumise à des lois. Je vais donc envisager les conditions de la véritable volonté et ce qui freine ou annule l’authenticité de celle-ci.
Prenons l’exemple d’un mulet, bloqué sur ses pattes, ne donne t-il pas une apparence de volonté, parce qu’il dit « non » avec une fermeté inébranlable ? Et beaucoup de personnes n’agissent-elles pas de même, tout en croyant sincèrement être « très volontaires » ?
Examinons premièrement ce qui empêche l’expression de la volonté :
L’impulsivité exagérée, l’inhibition exagérée, le manque d’énergie et les fausses énergies (fatigue, agitation, nervosité, émotivité), l’indifférence maladive.
Voyons à présent ce qui permet la volonté :
L’équilibre entre l’impulsivité et l’inhibition, la vitalité, la véritable énergie, la maîtrise de soi, l’intérêt affectif pour un but précis.
Définition de l’impulsif et de l’inhibé :
L’impulsif est-il volontaire ? Hélas non ! L’impulsif est souvent explosif, agité…
Il fonce et est incapable de se freiner. Il se considère souvent comme un leader, toujours volontaire pour intervenir ! L’impulsif se lance toujours dans des actions exagérées, il court sans cesse. Il semble bourré de volonté et de puissance mentale mais il sait, tout au fond de lui (si toutefois il ose y regarder), qu’il est incapable de volonté réelle. Sous son faux esprit de décision se cachent l’impuissance, la peur et l’émotivité.
C’est un drogué esclave du mouvement, souvent agressif…il est incapable de revenir sur ses pas pour changer de direction. Ce n’est pas un volontaire mais un automate de ses pulsions inconscientes.
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L’inhibition est l’opposée de l’impulsion : elle consiste à bloquer un mouvement ou une pensée. Dans un contexte psychologique équilibré, elle permet de ralentir une action afin de la raisonner et de la justifier. La personne normalement inhibée va donc interrompre son entrain pour vérifier si l’action du moment correspond à la situation extérieure, dans le but de s’adapter à son environnement.
L’excès d’inhibition provoque un arrêt prolongé… ou la personne rumine, doute, hésite longuement et reviens sur ses décisions ! Parfois allant jusqu’à une paralysie totale, dans certains cas de timidité extrême. L’inhibé n’est donc pas volontaire, sa volonté est prisonnière comme une voiture aux freins serrés…la dépression, l’éducation, les sentiments d’infériorités ou les névroses soumettent l’individu à un blocage plus ou moins puissant.
La faculté d’agir consciemment demande donc à la fois une part équitable d’impulsions et d’inhibitions. Sans cet équilibre, nous tombons dans l’excès et les réflexes inconscients reprennent immédiatement le dessus sur la volonté véritable.
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En conclusion, une personne qui agirait uniquement d’après ses réflexes inconscients (volontariste exagéré, autoritariste, hyperactif ou timide, hyperémotif, complexé) ne serait pas un être humain mais une machine… programmée uniquement pour répondre à des besoins de sécurité.
La volonté authentique est une fonction supérieure, elle doit donc se baser sur une personnalité équilibrée et purifiée des troubles de l’éducation ou de la socialisation. Beaucoup de gens passent toute leur vie sans avoir accompli un seul acte de volonté ! Tout en ayant répété « je veux » à satiété. Il faut songer ici à nouveau aux névroses, aux peurs, aux angoisses, aux compensations : ces maladies font agir l’individu à travers une affectivité radicalement faussée. L’homme ne va alors vers son but qu’avec une petite partie de lui-même, et cette partie qui dit « je veux » est bien souvent la partie malade !