Bien que déjà étudié en psychanalyse, il est important de constater combien les importantes conceptions de Freud s’imbriquent parfaitement, contre toute attente, dans la neurologie moderne.
Le refoulement empêche une émotion douloureuse de parvenir à la conscience, dans les zones du cortex cérébral (voir « Les fonctions du cerveau »). Les refoulements se rencontrent souvent dans l’hostilité, l’agressivité, la colère, la haine, les souhaits de morts, etc. Le refoulement reste inconscient (nous ne percevons pas que nous refoulons un sentiment), ou bien ne fait qu’une apparition éclair dans le champs de conscience, pour être instantanément rejeté.
Une règle d’or : « Tous les sentiments que l’on refoule sont chargés d’émotions pénibles ». Le refoulement est un réflexe naturel de l’organisme, qui tend à éliminer toutes perturbations psychiques dans le but de survivre !
Exactement comme dans le cas de blessures physiques infectées par un corps étranger. Il est certain que l’organisme recherche l’agréable et préfère ne pas prendre conscience du reste…le refoulement oppose donc un barrage aux émotions pénibles.
Un exemple : un ado peut avoir une impulsion inconsciente (un souhait de mort) envers un parent qu’il aime. Ce souhait de mort passe en un éclair, mais est chargé d’une violente émotion. Il a donc toutes les chances d’être immédiatement refoulé.
-Que se passe t-il dans ce cas précis ?
Normalement : Les impulsions, mêmes douloureuses, devraient se diriger vers les centres supérieurs du cerveau (cortex). Arrivées dans ces zones, elles devraient être constatées lucidement puis acceptées ou rejetées volontairement (voir « Les conditions de l’authentique volonté »).
Un adolescent parfaitement équilibré, et dont l’éducation est faite de tolérance de soi, constaterait : « mon père m’a vivement contrarié, j’ai éprouvé un impulsion qui souhaitait sa mort ou son rejet, alors que je l’aime ! Pourquoi ai-je ressenti cela et à la suite de quel événement ? ».
Libre à lui, après avoir accepté consciemment cette impulsion, de l’analyser puis de la valider ou de la repousser, selon les circonstances et selon son degré de conscience.
Le souhait de mort se manifeste également dans le cas d’un frère en colère envers sa grande sœur, qui est humilié par elle (ou inversement).
Anormalement : -Une pulsion pénible apparaît dans les centres inférieurs du cerveau (amygdale). Elle a tendance à remonter naturellement vers la conscience (ou cortex).
- Un barrage moral (éducatif) est opposé à cette pulsion. Des réflexes conditionnés et inconscients (voir le béhaviorisme de John Watson et Pavlov) font bifurquer les impulsions nerveuses électriques, qui ne parviennent donc pas à la conscience !
- Ces impulsions dérivent puissamment vers le système nerveux sympathique (voir « Dépression et médecine psychosomatique ») qui est soumis à une excitation renforcée.
- De plus, l’influx nerveux (bloqué dans les centres inconscients) continue à tourner dans les zones subconscientes. Il produit alors de nouvelles pulsions de rejet…de la première pulsion refoulée, qui sont refoulées à leur tour… et produisent de nouvelles pulsions, refoulées de nouveau, et cætera…
Résultat : Une tension intérieure grandit. L’angoisse et les complexes apparaissent. Le système nerveux, perturbé, se dérègle ! Et c’est l’amorce des névroses et des troubles organiques…
« Que fait la psychanalyse dans ce cas ? » Elle permet aux impulsions refoulées de remonter vers le cortex et les zones conscientes. Ces impulsions douloureuses reprennent alors leurs places dans « le fonctionnement global du cerveau ».
La psychanalyse permet donc aux satellites égarés, que sont les complexes et les refoulements, de retrouver une orbite naturelle et d’être intégrés dans le champ de conscience cérébral (voir les travaux de Pierre Janet).
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Note : Nous comprenons, à la lumière de cet exposé, pourquoi cette discipline est souvent méprisée (ou mise en quarantaine) par une communauté de scientifiques, « somme toute minoritaire, mais médiatiquement puissante ». Car elle évite souvent d’avoir recours à la chimie et aux psychotropes pour stopper le processus destructeur du refoulement.
Cela ne permet pas, hélas, de relancer et de sustenter le marché de la neuro-économie, bien au contraire…