11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 10:59

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L’état d’esprit modifie la perception du temps.

 

Vous n’avez jamais remarqué comment vous attendez quelque chose, comme Noël, plus longtemps qu’il n’arrive, alors que les examens que vous craignez tant arrivent toujours trop rapidement ? Ceci vient de ce que notre perception du temps qui passe dépend de votre état d’esprit, affirme une étude de psychologues qui ont étudié la science derrière le fait d’être rivé sur l’horloge.

  

Des chercheurs de l’École d’Économie de Paris ont trouvé que différents types d’anticipation pour un événement donné, affectaient la durée que les gens éprouvaient avant l’arrivée d’un événement, ce qui est techniquement appelé sa "durée anticipée".

 

Le sentiment que vous "ne pouvez pas attendre quelque chose" le rend plus long à venir. D’un autre côté, la crainte d’une obligation fait paraître le temps comme plus rapide. Les scientifiques ont découvert qu’attendre un événement créé une impatience qui signifie que vous pensez beaucoup à l’événement et cela semble "étendre le temps", cela semble une éternité.

 

D’un autre côté, le fait de redouter un événement créé de l’anxiété, et cela signifie que vous le sortez de votre tête et cela a un effet de "contraction" sur le temps. Les chercheurs déclarent que le temps n’est pas absolu, mais peut avoir une certaine "élasticité" qui dépendra du type d’émotions qu’on éprouve. "Quand une personne anticipe un événement qui produit une émotion positive, disons passer les prochaines vacances sur une plage ensoleillée aux Maldives, elle pourrait vivre de l’impatience et pourrait ressentir que ces vacances tant attendues n’arriveront jamais" explique les auteurs dirigés par Pierre-Yves Geoffard.

 

"La durée anticipée s’allonge. D’un autre côté, si la même personne doit faire face à un événement négatif, comme un examen difficile, elle pourrait ressentir de l’anxiété, et le temps semblera comme filant jusqu’à cet événement. D’où la sensation d’un temps se contractant."

 

L’étude, publiée dans le journal Philosophical Transactions of the Royal Society, a présenté un ensemble d’autres études. Comme, par exemple, celle sur des volontaires auxquels on a demandé de donner la vitesse du temps passé avant de recevoir un baiser d’une star de cinéma, ou quand ils recevaient un choc électrique... "imaginez les résultats !".

 

Enfants, seniors, schizophrènes, dépressifs, autistes… chacun perçoit le temps à sa façon.

    

C'est un objet d'étude assez insaisis­sable - la perception du temps - qui a réuni pendant tout un colloque psychiatres, psychologues, psychanalystes, philosophes et experts en biologie moléculaire à l'université de Rennes. Enfants, seniors, dépressifs, schizophrènes, autistes: chacun a sa perception du temps qui passe. C'est grâce à une horloge interne et à un mécanisme de comptage évolué que notre cerveau semble capable d'estimer la durée d'un moment passé et, parfois, de se tromper.

  

Une chose est sûre: le temps ne passe pas à la même vitesse pour tout le monde. Les rythmes biologiques pourraient peut-être expliquer certaines variations de la perception du temps en fonction de l'âge: «Les personnes âgées ayant une fréquence cardiaque ralentie auront l'impression que ce qui les entoure va très vite, alors que les enfants (qui ont une fréquence cardiaque accélérée) ont l'impression que tout va trop lentement », détaille le Pr Sylvie Tordjman, responsable du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de Rennes.

  

Le Dr Dina Joubrel, psychiatre et coordonnatrice de la cellule d'urgences médico-psychologique de la région Bretagne, insiste sur la subjectivité de la perception du temps selon les situations: «En cas de traumatisme, le temps est comme figé. Il reste tel quel, il devient intemporel, il n'évolue plus. Le temps du mélancolique, lui, est éternel, il ne finira jamais, et il y a un risque de passage à l'acte (le suicide, NDLR) pour l'arrêter. Au contraire, le temps de l'angoisse se resserre, devient trop court, c'est un temps de l'immédiateté.»

 

Effet accélérateur des émotions

  

Ainsi, dans la schizophrénie, une maladie marquée par des pensées délirantes, la perception du temps se trouve-t-elle aussi modifiée. «Ce qui est étrange, soulève le Dr Olivier Bonnot, pédopsychiatre (Pitié-Salpêtrière, Paris), c'est que le temps devient ramassé - comme si tous les événements s'étaient agglomérés - seulement lorsque les premiers symptômes de la maladie se manifestent, souvent entre 15 et 25 ans. Nos recherches plaident plutôt pour un mécanisme dû aux problèmes cognitifs (mémoire, attention). »

  

Les émotions pourraient aussi accélérer le débit du générateur d'impulsion de notre horloge interne, d'où une sensation que le temps passe plus vite. L'attention peut également avoir un effet modulateur: «L'attention portée à un événement est corrélée à la perception subjective de sa durée», explique le Pr Tordjman.Il est plus difficile de comprendre pourquoi le temps semble aller au ralenti lorsque l'on attend quelque chose.

  

Dans une étude sur 50 enfants autistes, Sylvie Tordjman a ainsi pu mettre en évidence chez près des deux tiers d'entre eux la disparition des fluctuations normales du cortisol, hormone de l'éveil qui monte en principe progressivement avec un pic de sécrétion vers 8 heures: «Ne pas être confronté à des fluctuations biologiques majeures pourrait entraîner des difficultés à s'adapter au changement et jouer un rôle dans l'intolérance au changement observée chez les enfants autistes. Les enfants avec autisme auraient besoin de créer des discontinuités stéréotypées comportementales et/ou idéiques (par exemple, balancement du corps), car des discontinuités répétées à intervalles réguliers leur auraient manqué dans leur développement physiologique, du fait, par exemple, du trouble des rythmes biologiques.»

 

Recréer une harmonie

 

On peut avec saint Augustin relever que le temps passé n'existe plus et que le temps futur n'existe pas encore, nous condamnant au présent, mais la perception du temps est plus délicate encore puisqu'il faut un intervalle entre deux événements pour estimer à quelle vitesse il est passé. «Imaginons que je sois au pub avec des amis. À un moment, je regarde l'heure et je suis surpris de voir qu'il est 3 heures du matin. Je me dis que le temps est passé vite. Du moins, je fais cette déduction, car je ne m'en suis pas rendu compte sur le coup », explique le Pr John Wearden (université de Keele, Angle­terre), un psychologue dont les travaux ont transformé la notion de perception du temps chez l'homme à la fin des années 1980. Pour éclairer la perception humaine du temps, Wearden a modifié un modèle de mesure des performances en temps limité (Scalar Expectancy Theory [SET]) proposé chez l'animal: « Tout se passe comme si nous avions dans le cerveau un générateur d'impulsions. Ces impulsions sont stockées dans un accumulateur, et c'est là que se trouve la représentation brute du temps. Lorsqu'il est peu rempli, on dit que le temps est passé lentement », précise-t-il.

 

Recréer une harmonie entre le temps biologique, le temps mesuré, le temps vécu serait donc un gage de bonne santé ou de bien-être. « Notre organisme comporte de nombreuses horloges biologiques, remarque le Pr Yvan Touitou, vice-président de la Société internationale de chronobiologie. Je ne sais pas où est le chef d'orchestre, mais je ne peux pas imaginer qu'elles ne soient pas coordonnées entre elles.»

  

Sources: http://www.insoliscience.fr et http://www.lefigaro.fr/

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