26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 17:53

-Via les blogs ou les chats, le Net véhicule insultes et photos humiliantes.
Les instigateurs ? Ceux que l’ado lésé considère comme ses potes...

       
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Ils ont beau faire, les parents auront toujours de la peine à imaginer les violences auxquelles peuvent être confrontés leurs enfants en surfant sur Internet. C’est que celles-ci ne cessent de prendre de nouveaux visages. Depuis des années que sont dénoncés les pédophiles cachés derrière des pseudos adolescents, les parents ont installé des filtres et discuté avec leur progéniture des dangers de rencontres dans la vraie vie. Puis il y a eu la prise de conscience que certains jeux ou usages pouvaient engendrer la dépendance: les parents se sont mis à (essayer de) limiter les moments passés devant l’écran.

 

Mais la prévention a toujours un temps de retard, et voici qu’arrive un nouveau péril: l’humiliation. Ce danger est d’autant plus insidieux qu’il vient souvent des copains ou du moins ceux que l’adolescent considérait comme tels la veille encore. Images dégradantes, volées, échangées voire trafiquées, insultes sur les chats, règlements de comptes groupés ou humiliations sur les blogs, les ados ne sont pas tendres entre eux. «Les réseaux sociaux, les blogs, les chats ou les forums sont des outils fantastiques, mais on l’a vu avec tous les drames récents, ils risquent de placer l’enfant, seul, face à des situations périlleuses», insiste Tiziana Bellucci, la directrice générale d’Action Innocence.

 

L’association s’est donné pour but de préserver la dignité et l’intégrité des enfants sur Internet et sa nouvelle campagne de pub frappe fort. Elle montre une chambre d’enfant, avec le tag «T qu’une salope», inscrit sur une maison de poupée. On imagine la détresse que peut ressentir une jeune bafouée et dénigrée publiquement sur le Web, atteinte alors qu’elle se sent protégée dans l’intimité de l’appartement familial.

  

Dans les classes

 

Pour accompagner ses publicités, Action Innocence envoie des collaborateurs dans les écoles de Suisse romande informer les élèves et les parents. Ainsi Virginie Fournier, l’une des psychologues de l’association, anime une séance avec une classe de 8e primaire de l’école catholique du Valentin, à Lausanne. Pédagogue, elle commence par rappeler aux ados qu’ils ne sont jamais seuls sur Internet: «On ne s’en rend pas forcément compte, mais se connecter, c’est comme sortir un samedi après-midi dans une grande ville comme Paris. La Toile est un lieu public où tout le monde a accès aux photos et aux informations que vous donnez. Et comme dans la vraie vie, on doit respecter les lois.» Les élèves sont très réceptifs, car en matière de nouvelles technologies, ils en connaissent un rayon. Presque tous ont leur compte MSN, un réseau social très populaire qui leur permet de communiquer en temps réel avec leurs contacts.

 

Pour illustrer son propos, la spécialiste fait défiler, au rétroprojecteur, des exemples de situations scabreuses. Elle commence par celle d’une bloggeuse exposée dans une pose provocante, dont elle ne semble pas avoir pris conscience. La réaction? Une centaine de commentaires grivois d’internautes, du genre «tu es bonne» jusqu’aux propositions sexuelles.

  

«Qui d’entre vous s’est déjà fait insulter sur le Net?» De nombreuses mains se lèvent: «On nous traite de lesbienne, de salope, ricane une participante. C’est courant sur MSN. On ose le faire car on est derrière notre ordi, c’est facile.» Mais voilà, certains commentaires sont tellement dénigrants qu’ils mettent sérieusement à mal l’estime de soi. «Si l’ado n’est pas bien dans ses baskets, cela peut avoir des effets dévastateurs, s’inquiète la psychologue, voire tourner au suicide.» Preuve que ce phénomène prend de l’ampleur, des écoles font directement appel aux services d’Action Innocence. Les enseignants sont alertés par les parents qui se plaignent que leurs enfants sont calomniés ou humiliés par des camarades, via le Web.

 

Images détournées

  

Au chapitre des blogs, Virginie Fournier rappelle aux écoliers qu’ils ne faut pas les confondre avec un journal intime: «Tout le monde peut le consulter, obtenir toutes les infos et les photos de vous. Et pas seulement vos copains.» La psychologue raconte l’histoire effrayante d’une internaute qui a posté plusieurs images d’elle en maillot de bain durant ses vacances. L’erreur de la novice? Donner son mot de passe à une amie. Il a mystérieusement atterri entre les mains d’un petit malin qui a réalisé des montages avec des corps nus en gardant le visage de la bloggeuse. Comme l’usurpateur avait modifié les codes d’accès, la malheureuse n’a pas réussi à reprendre le contrôle et supprimer ces clichés pornographiques. Même sans être détournées, des photos postées sur la Toile puis sorties, plus tard, de leur contexte, peuvent porter de sérieux préjudices. C’est l’expérience qu’ont faite des étudiants de l’Ecole internationale de Genève, qui se seraient vu refuser l’admission dans une université américaine, pour cause de photos d’eux, éméchés et dans de drôles de postures, postées sur le réseau Facebook. «Si ces jeux en viennent à briser des projets d’avenir, cela devient vraiment inquiétant, déplore Virginie Fournier. Les adultes n’en ont pas forcément conscience non plus. Un cliché enregistré sur le Net reste une mémoire à long terme.»

  

Jeux dangereux La formatrice d’Action Innocence en profite pour insister auprès des apprentis internautes que, selon la loi, ils n’ont pas le droit de poster des photos ou des films de leurs camarades sans leur accord et celui de leurs parents s’ils sont mineurs – une règle rarement respectée. Pour que les élèves intègrent bien les risques, elle raconte la mésaventure d’une adolescente qui s’est amusée à faire un strip-tease par webcam pour son petit ami. Ce dernier avait enregistré le minifilm. Et dès qu’ils ont rompu, il l’a diffusé à tous ses copains de l’école.

 

Internet a le pouvoir de déshiniber. Le danger c’est que les jeunes internautes développent un sentiment d’anonymat et d’impunité. «Même s’ils commettent des actes illégaux, ils imaginent qu’il est impossible de les reconnaître, cachés derrière leurs écrans, relève Virginie Fournier. Mais je leur rappelle que la police peut remonter jusqu’à eux, grâce à l’adresse IP de leur ordinateur…»

  

7 Conseils aux parents pour protéger les ados

  1. Installez l’ordinateur connecté à Internet dans une pièce commune.
  2. Montrez de l’intérêt pour les activités appréciées par vos enfants (blogs, chats, jeux, etc.)
  3. Rendez-les attentifs au fait qu’Internet est un lieu public. La loi est applicable et toutes les informations publiées sont accessibles à n’importe qui.
  4. Sensibilisez-les aux risques liés à la diffusion d’informations personnelles, à la publication de photos et à l’utilisation de la webcam.
  5. Engagez le dialogue avec vos enfants et encouragez-les à parler de leurs mauvaises expériences (propos déplacés, contenus choquants).
  6. Instaurez une relation de confiance qui invite vos enfants à avoir une utilisation responsable d’Internet.
  7. Aidez vos enfants à développer leur esprit critique face à Internet.

 

  Site à consulter: http://www.actioninnocence.org/

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