L’autoformation, c’est se former soi-même, chez soi, dans un système éducatif, ou dans des groupes sociaux, ou autres. L’individu est le principal responsable des paramètres de la formation . Il gère au maximum les espaces, les ressources et les temps de sa formation. Il négocie son projet de formation et sa validation avec différentes institutions.
Le GRAF (Groupe de recherche sur l’autoformation en France) a donné une définition approchante : « la formation de soi par soi ». L’autoformation est abordée aujourd’hui selon les cinq différentes approches et dimensions de la notion, formant la « galaxie de l’autoformation » de P. Carré, 1996
- L’autoformation intégrale : apprentissage en dehors de tout rapport avec les institutions et agents éducatifs formels (autodidaxie).
- L’autoformation existentielle (apprendre à être) : définissant la démarche « d’appropriation par le vivant de son pouvoir de formation », ce courant vise l’émancipation du sujet par des rétroactions sur sa vie et une prise de conscience des influences des autres et des choses sur la formation de soi (histoire de vie - blasons – poïétique – ateliers de praxéologie, autobiographie – pédagogie du projet- interculturalité).
- L’autoformation éducative : ce courant recouvre l’ensemble des pratiques pédagogiques et dispositifs de formation visant explicitement à développer et faciliter les apprentissages autonomes dans le cadre d’institutions spécifiquement éducatives (Atelier de Pédagogie Personnalisée, centre de ressources, individualisation, Formation Ouverte et A Distance).
- L’autoformation sociale (apprendre dans et par le groupe social) : toutes formes d’apprentissage réalisées par les sujets eux-mêmes à l’extérieur du champ éducatif, par la participation à des groupes sociaux (Réseau d’échanges réciproque de savoir, organisation apprenante, formation expérientielle, auto éducation permanente, éducation informelle).
- L’autoformation cognitive (apprendre à apprendre) : conception de l’acte d’apprendre envisagé sous l’angle des mécanismes psychologiques en jeu (auto direction des apprentissages – métacognition – remédiation cognitive).
Dans le cadre de l’autoformation éducative, les sept piliers de l’autoformation proposés par Philippe CARRE dans son article "Le pari de l’autoformation " fondent la démarche pédagogique de l’Atelier de Pédagogie Personnalisée ; ils sont en cohérence avec les points clés issus des études, recherches et pratiques Afpa sur l’individualisation :
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- 1. le projet individuel comme fondation majeure de l’entrée en autoformation
- 2. le contrat pédagogique comme cœur de la négociation
- 3. la préformation propédeutique (phase préparatoire) de l’autoformation
- 4. des formateurs-facilitateurs
- 5. un environnement ouvert de formation
- 6. l’alternance individuel-collectif comme rythme de la formation
- 7. trois niveaux de suivi : individu, groupe, institution.
Définition « institutionnelle », l’exemple de l’Afpa :
L’Afpa a, par le passé, fait le choix d’une orientation multiple de l’autoformation :
- Vers l’autoformation existentielle (avec le travail du groupe SERA de la DF, de 1980 à 1991, sur l’autoformation en lien avec l’Université de Tours -Gaston Pineau), avec les productions suivantes : « Autobiographie-projet et formation professionnelle d’adultes » document DF/SERA en 1988 ; « Le projet : nébuleuse ou galaxie ? » Bernadette Courtois et Marie-Christine Josso, Ch. (dir.) Neuchâtel et Paris, Delachaux et Niestlé, 1997 ; « la formation expérientielle des adultes »
- Vers l’autoformation éducative : module d’élaboration d’outils d’autoformation (1985) et modèle d’élaboration de guide d’apprentissage (depuis 1995)
- Et plus récemment vers l’autoformation cognitive et sociale par la mise en œuvre de la VAE
L’orientation la plus ancienne est celle de l’autoformation existentielle :
S’autoformer, c’est se former soi-même.C’est se donner sa propre "forme" ; construire son identité aussi bien professionnelle qu’humaine : acquérir ou développer son autonomie.
" S’autoformer ce n’est donc pas se former seul. C’est par la rencontre avec le monde physique et les autres, individus, groupes, entités sociales que l’on se définit soi-même. C’est l’Autre qui fait prendre conscience de ce que l’on est.
C’est essentiellement des rencontres qui nous révèlent à nous-mêmes.
Il résulte de cette définition quatre caractéristiques :
- 1. L’expérience y joue un rôle central. L’expérience est centrale dans les deux sens du terme :
D’abord parce que l’adulte se forme essentiellement par l’expérience : ne serait-ce que parce qu’il est, pour la majorité de son temps en situation de production et situation de vie, et non "en stage" ;
Ensuite parce que l’expérience est précédée par le projet qui oriente vers certaines expériences et non d’autres, et donne aux expériences leur finalité ; et elle est suivie par la réflexion qui seule permet de donner sens à l’expérience vécue.
- 2. Or l’expérience concerne l’ensemble de la personne. L’autoformation prend donc en compte les différents aspects de la personne : cognitifs, affectifs, axiologiques (les valeurs). Elle est multidimensionnelle.
- 3. L’orientation fait partie intégrante de la personne. S’autoformer c’est construire sa propre forme : c’est donc en particulier s’autodiriger. L’autoformation suppose, de la part de celui qui se forme une recherche de ses motivations profondes.
- 4. L’expérience doit être interprétée. Cette interprétation ne peut s’effectuer que dans la confrontation avec les autres. C’est dire que celui qui vit des expériences doit prendre du recul par rapport à celles-ci.
L’autoformation est donc une formation expérientielle, multidimensionnelle, autodirigée, critique. » (Guy Bonvalot)"
Autodidactes : ce qu'il faut valoriser dans votre candidature
Les autodidactes ont désormais les moyens de valoriser leur parcours, même sans le sacro-saint diplôme. Autodidactes et recruteurs témoignent...
Si les diplômes comptent aux yeux des recruteurs, l'expérience pour le poste visé et les compétences conservent toute leur importance. Dans une société où le désir d'apprendre, l'engagement et l'ambition sont en voies de disparition, les priorités s'orientent davantage vers un nouveau mode de recrutement. De fait, les autodidactes ont leur carte à jouer dans la course aux postes.
Les talents à valoriser
" L'autodidacte a dû faire preuve d’adaptation ", entame Laurent Corbon, lui-même autodidacte et directeur administratif et financier (DAF) du groupe Prieux qui regroupe 350 salariés. Cet ancien chef de mission chez Mazars est parfois amené à recruter. Il recense les qualités essentielles à valoriser : " L'autodidacte a pour lui l'expérience du terrain et des hommes, ainsi qu'une grande facilité de contact et d'apprentissage. Il fait attention à beaucoup plus de détails dans un projet, ce qui rend sa démarche très sécurisante pour ses supérieurs. Enfin, il a une vision globale des problèmes parce qu'on ne lui a jamais appris à isoler les éléments, à se concentrer sur un seul aspect. "
Hélène Bézille, Professeur à Paris 12 et spécialiste de l'autodidaxie, résume les 7 talents d'un autodidacte : il a la passion d'apprendre, il sait s'autoriser la déviance et la résistance aux conformismes sociaux, il sait explorer une pensé buissonnière, saisir les opportunités, expérimenter, tolérer l'incertitude et improviser. 7 talents à valoriser dans une recherche d'emploi, en les déclinant bien sûr par rapport au poste visé.
La structure du CV
" Je leur vois 3 qualités principales, ajoute Elodie Faure, responsable des ressources humaines sur site du groupe Les Mousquetaires. La prise de recul avec les situations, parce qu'ils analysent et réfléchissent davantage aux conséquences d'une action ; la ténacité sur les projets et les missions, ce qui est flagrant chez les autodidactes seniors ; leur caractère posé et rassurant. " Pour Elodie Faure, le CV doit être très structuré et mettre en avant les compétences acquises et directement opérationnelles pour le poste visé. " Il faut absolument sortir du CV par périodes qui reprend dix fois le même poste sur toute la longueur et qui n'apprend rien de neuf au recruteur. On mettra donc les expériences en quelques lignes et, en fin de CV, on ajoutera les formations suivies et les outils maîtrisés ", conclut-elle. " Dans mon CV, à la place de Diplômes, je mets Acquis, explique Laurent Corbon : de telle année à telle année, j'ai acquis la maîtrise de tel outil, comme s'il s'agissait d'un vrai diplôme. Mieux : l'autodidacte peut préciser que pour tel acquis, il a le " niveau Master 2 " par exemple, ce qui signifiera " l'équivalent de... ". Mais attention, il ne faut pas mentir et l'expliciter immédiatement lors l'entretien ! "
A qui adresser sa candidature ?
Pour Laurent Corbon, pas de doute, il vaut mieux l'envoyer directement aux entreprises plutôt que de passer par les cabinets de recrutement. " Les difficultés dans l'emploi, les autodidactes connaissent bien, eux qui ont souvent tendance à minimiser leurs compétences On nous pardonne moins les fautes dans notre parcours, regrette le DAF." "Mais nous pouvons transformer cela en force, surtout en entretien de recrutement puisque nous avons cette plus grande capacité à reconnaître nos échecs. "
Les MOOCS et le numérique
Que m'apporte les cours en ligne ?
En tant qu’étudiant, le numérique peut vous aider à vous orienter, vous former, vous insérer dans le monde professionnel à travers "l'autoformation numérique".
Au moment de votre entrée dans l’enseignement supérieur ou en cours de parcours, vous avez la possibilité de vous appuyer sur des ressources numériques pour vous familiariser avec de nouvelles filières et de nouvelles disciplines, vous auto-évaluer, vous remettre à niveau. Les technologies numériques permettent également de mieux visualiser, simuler, comme dans le domaine de la physique ou celui de la santé, ou s’entrainer avec l’utilisation de "jeux sérieux". Plus largement, le monde professionnel a intégré des modes de fonctionnement innovants en lien avec ces technologies numériques auxquelles il convient d’avoir été confronté.
Quelle que soit votre situation géographique ou vos contraintes, des formations en ligne ou "hybrides" (mélange de formation en présentiel et à distance) vous permettent d’avoir accès de façon souple, de n’importe quel lieu et à n’importe quel moment, depuis votre ordinateur, tablette ou smartphone, à vos cours, vos exercices ou vos études de cas. Vous échangez facilement avec vos enseignants et les autres étudiants et pouvez travailler en groupe, même éloigné les uns des autres. Vous accédez à des formations à distance dispensées par des établissements du monde entier, avec des possibilités de certification. Le suivi de certaines formations, comme aujourd’hui les MOOCs, est ouvert et gratuit.
En activité ou en recherche d’emploi, les technologies numériques permettent une plus grande flexibilité dans l’organisation de la formation et un élargissement de l’offre. Le numérique autorise l’accès à un catalogue de formations en ligne plus riche et plus varié. Vous pouvez élargir vos domaines de compétences de façon modulaire, articuler le présentiel et la distance, interagir en face à face ou en ligne avec vos formateurs, vos tuteurs ou vos pairs.
En savoir plus et s'inscrire: http://www.france-universite-numerique.fr/
Article rédigé par Jean Chabod APEC - http://www.encyclopedie-de-la-formation.fr