13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 12:48

"Voici le dernier document d'été de référence sur l'histoire de la psychanalyse : A partir d'une petite vidéo et d'un texte bien fourni, je vous propose la vie et l'oeuvre du pédiatre et psychanalyste Donald Woods Winnicott... qui, comme Françoise Dolto, était très attentif au bon développement des enfants."

 

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"Apprendre c'est supporter l'absence. L'identité d'un enfant se construit sur un manque, sur une frustration, sur une réponse mal adaptée à son désir. Winnicott, en élaborant sa théorie sur l'objet transitionnel nous montre comment l'enfant met en place des stratégies de substitution au manque et développe ainsi sa capacité de penser." .

 

Portrait de ce Pédiatre et Psychanalyste à qui l'on doit, entre autre, l'objet transitionnel...

  

Biographie :

 

Winnicott est issus est d’une fratrie de deux sœurs. Le climat familial dans lequel il grandit fût serein, harmonieux. Il effectuera des études médicales, puis s’intéressera au développement de l’enfant et à la psychanalyse, d’ailleurs il fera son autoanalyse. En 1923, il obtiendra un poste à Londres de pédiatre. A la fin de sa carrière, Winnicott aura examiné environ 70000 personnes, sa grande expérience de clinicien lui servira pour ses recherches. Au cours de son travail à l’hôpital, il s’orientera vers les troubles psychiatriques et son service va alors progressivement se tourner vers la psychiatrie (il appellera son service : " le snack bar en psychiatrie ". Très tôt, il va s’attacher à observer le couple Mère – Enfant, étudier les relations et les perturbations possibles que cela peut provoquer sur la santé. Winnicott aura une vue très réaliste du développent de l’enfant et en dira :

" Un nourrisson ça n’existe pas, car il est toujours en relation avec quelqu’un d’autre ! ".
" On ne peut rien comprendre à la vie psychique de l’enfant si on ne prend pas en compte la relation mère –enfant ". (Winnicott utilise beaucoup le paradoxe).

 

Ces concepts :


La préoccupation maternelle primaire : c'est l'état de la mère pendant la grossesse et quelques semaines après la naissance. La femme ne se souviendra pas de cet état. C'est l'équivalent d'un état de repli, de dissociation, de fugue vis à vis de la réalité et qui peut ressembler à un épisode schizoïde. C'est une sorte d'hyper sensibilité quasi pathologique. Une femme en bonne santé physique et mentale peut à la fois atteindre cet état et l'abandonner quelques semaines après la naissance de l'enfant. La préoccupation maternelle primaire fournit à l'enfant les conditions nécessaires à son développement. Il y a une sorte d'adéquation totale entre la mère et son bébé. Ce dernier n'éprouve aucun danger, aucune menace et peut s'investir lui-même sans problème.

 

Le holding : l'enfant vit des choses bonnes ou mauvaises hors de sa portée et dont il n'est pas responsable. Il rassemble les facteurs externes dans le champ de la toute-puissance. Il donne une signification interne à ce qui est externe. Ce sont les soins maternels qui soutiennent son Moi, encore incapable de maîtriser les expériences, bonnes ou mauvaises. Le "holding", c'est l'environnement stable, ferme et capable de porter psychiquement et physiquement l'enfant. C'est quelque chose de naturel à la mère. Elle comprend spontanément et par empathie ce qu'il faut à l'enfant, ce qui est bon pour lui. C'est ainsi que WINNICOTT peut dire que la plupart des mères sont suffisamment bonnes. La mère elle-même sait qu'elle n'est pas parfaite. Elle est capable d'assumer ses défaillances transitoires. En étant "bonne", elle entretient une "illusion positive" vis à vis de l'enfant qui croit créer lui-même la réalité extérieure. Il finira par prendre conscience de cela petit à petit. Cette illusion positive permet à l'enfant d'émerger de la fusion.

   

 

WINNICOTT distingue 3 étapes:

  

Etape de dépendance absolue: l'enfant n'est pas capable de reconnaître les soins maternels dans ce qu'ils ont de bon ou de mauvais. Il en tire profit ou en souffre et là s'arrête sa participation. Ainsi on observera au niveau du langage la mère qui s'exprime et fait les réponses à sa place. Dans le comportement alimentaire, quand l'enfant a faim, il pleure avec conviction parce qu'il est déstructuré.

 

Etape de dépendance relative: l'enfant est capable de se rendre compte en détail des soins dont il a besoin. Il les relie à des impulsions personnelles. Il les repère, les juge en fonction de ses désirs et de leur adéquation. Il n'est pas encore capable de s'en passer. Ainsi, l'enfant pourra décrypter ce que dit la mère. Quand il a faim, il pleurera pour appeler.

 

Etape d'indépendance: l'enfant peut se passer des soins, en emmagasinant des souvenirs. Il possède une certaine compréhension intellectuelle et une confiance en l'environnement. Il a introjecté les soins antérieurs et peut projeter ses besoins sur autre chose. Il est capable de différer. Ainsi il pourra répondre, prendre en charge le langage. Quand il a faim, il sait attendre un peu, et sait halluciner le biberon pour patienter.

  

L'espace potentiel : pendant les premières semaines, l'enfant vit dans un état de toute puissance magique (il a fabriqué le lait qu'il reçoit). Pour renoncer à cette omnipotence, et reconnaître l'existence de la réalité extérieure distincte, il va fabriquer, concevoir entre l'interne et l'externe une aire intermédiaire qui n'appartient ni à l'un ni à l'autre. C'est l'espace transitionnel, ou potentiel. Une des manifestations de cet espace sera l'Objet transitionnel, dont on peut distinguer plusieurs caractéristiques: c'est un objet matériel (et non un fantasme ou une hallucination), réconfortant pour l'enfant. Il a une consistance. Ce qui est transitionnel, ce n'est pas l'Objet lui-même mais son utilisation. Sa fonction est de représenter le passage entre la mère et l'environnement, de rétablir la continuité menacée par la séparation. C'est la première possession non-Moi de l'Enfant. L'Objet transitionnel ne doit pas être changé par l'extérieur, et doit avoir une permanence. L'enfant a tous les droits sur l'Objet. Il l'aime passionnément, et en même temps le maltraite et le mutile. L'Objet survit à son agressivité. Il sera délaissé quand l'enfant en aura progressivement retiré sa signification affective, l'Objet s'étant alors répandu sur tout le territoire intermédiaire qui sépare la réalité psychique intérieure du monde extérieur. C'est le territoire de la culture et de la communication, du langage et du jeu, de l'art... L'aire transitionnelle est une zone entre le Moi et le non-Moi: l'Objet transitionnel permet le passage dans cette zone. Il est à la fois une projection narcissique et une relation objectale. L'Enfant l'aime comme si c'était quelqu'un d'autre et comme si c'était lui.

 

L'agressivité : il y a d'abord un stade théorique de non- inquiétude, de cruauté. L'enfant a un but et ne se soucie pas des conséquences. Il ne se rend pas compte que ce qu'il détruit, c'est la même chose que ce qu'il estime (clivage du comportement). L'agressivité fait partie de l'amour. L'amour va jusqu'à une attaque imaginaire (du corps de la mère, de l'extérieur, de soi). L'enfant n'est pas responsable de ses actes car il ne sait pas qu'il en est responsable. Ce stade de cruauté doit être vécu pleinement: s'il n'existe pas, ou s'il disparaît trop tôt, s'ensuit une absence de capacité d'aimer, une absence d'aptitude à établir des relations objectales. Il faut en effet que cette non inquiétude soit vécue pleinement pour que le sujet puisse la dépasser. Arrive alors le stade du souci, de l'inquiétude, où l'intégration du Moi est suffisante. L'enfant peut désormais se rendre compte, se soucier des résultats de son agressivité physique ou psychique. Il est capable de se sentir coupable, de ressentir du chagrin. Un enfant en bonne santé peut supporter cette culpabilité, et donc se supporter comme coupable et agressif. Il devient alors capable de découvrir son propre besoin de donner, son propre besoin de construire et de réparer. Une grande partie de l'agressivité donne naissance aux fonctions sociales. La frustration agit comme une échappatoire à la culpabilité et engendre des mécanismes de défense, comme par exemple le clivage où il y a diminution de la culpabilité et renforcement de la haine et de l'agressivité. Cette agressivité est un élément nécessaire au développement. L'Objet interne ne doit pas seulement être gratifiant, il doit aussi être persécutant pour favoriser un potentiel réactionnel.

 

Notion de self : la mère assume un rôle de représentation continue du monde. Elle est suffisamment bonne et entretient l'illusion positive. Elle permet à l'enfant de se forger un vrai self, c'est à dire de passer de la non intégration primaire, archaïque, à l'intégration, au "je". Le vrai self permis par l'environnement, c'est, au stade le plus primitif, le geste spontané, l'idée personnelle. C'est lui qui crée l'espace potentiel, l'Objet transitionnel. Seul le vrai self peut être créateur, et peut être ressenti comme réel. Il est lié à l'idée de processus primaire (condensation, déplacement... processus inconscients) et devient une réalité vivante par la réussite répétée du geste spontané, de la pensée personnelle du nourrisson, ainsi que par l'adaptation de sa mère. L'enfant voit que c'est accepté par l'extérieur. C'est le noyau de ce qu'il est vraiment, des éléments personnels et spontanés, auxquels on adapte les événements extérieurs.

 

Lorsque l'environnement ne s'adapte pas au self, ou lorsque l'enfant ne transforme pas l'environnement suffisamment bon en environnement parfait, il se soumet aux exigences de cet environnement par peur de la désintégration. Il développe un faux self, une personnalité d'emprunt qui pourra être très bien adaptée à la société, très performante mais qui laissera toujours au sujet un sentiment d'inutilité, de vide, de néant, de futilité de l'existence. Le monde devient alors fallacieux, falsifié, il n'existe pas vraiment. Le faux self donne l'impression à la personne de jouer un rôle, de dissimuler, de faire "comme si". Le vrai self n'a alors plus droit à l'existence, et autour de lui se forge un masque qui tente de le protéger. Plutôt que d'intégrer les données extérieures à son self, le sujet en viendra à transformer son self en fonction de l'environnement. Il apprend les choses mais ne les habite pas. La réaction pourra aller jusqu'au repli autistique.

   

Ses principaux ouvrages :

  

De la pédiatrie à la psychanalyse.
Payot éd., Paris, 1969 ( Petite Bibliothèque Payot n°253)

L'enfant et le monde extérieur.
Petite Bibliothèque Payot n°205

L'enfant et sa famille. P.B.P. n°182

La consultation thérapeutique et l'enfant.
Gallimard, coll.Tel, Paris

Processus de maturation chez l'enfant.
Développement affectif et environnement.
Payot éd., Paris, 1970 (PBP n° 245)

Fragments d'une analyse. P.B.P. n°355

La petite "Piggle". Traitement psychanalytique d'une petite fille
Collected papers, London, 1958, Tavistock

The family and individual development.
London, 1965, Tavistock

 

A voir aussi: http://www.educspe.com/

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