8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 15:57

Les suicides d'enfants sont plus nombreux qu'on ne le croit...

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Par Claire Hédon

Comment comprendre qu’un enfant puisse se donner la mort ?
Comment faire pour aider ces enfants ? Quels sont les moyens de prévention possibles ?
Les risques sont plus importants dans certains groupes de populations, c’est le cas entre autres des enfants de migrants qui sont souvent fortement impactés par le malheur parental souffrant à leur tour de troubles anxieux.

 

   Avec :

  • Pr Boris Cyrulnik, Neuropsychiatre, Psychanalyste et directeur d’enseignement à l’Université de Toulon. Il vient de publier : Quand un enfant se donne la mort. Attachement et sociétés. Aux éditions Odile Jacob. Rapport sur le suicide des enfants remis, ce jeudi, à la Secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab.
  • Dr Ghizlane Benjelloun, responsable de l’Unité de pédopsychiatrie de l’hôpital pour enfants au CHU de Casablanca.
Priorite sante
(19:31)

 

Les suicides d'enfants sont-ils sous-estimés dans les statistiques ? C'est en tout cas ce qu'affirme le neuropsychiatre Boris Cyrulnik dans un rapport qu'il remet jeudi au gouvernement, le premier sur le sujet. Même si "les suicides aboutis sont rares", selon le médecin, l'Inserm a noté une forte augmentation de leur nombre. Pour Boris Cyrulnik, la solitude des enfants explique en grande partie cette tendance.

 

"Un enfant qui se suicide, ça questionne la société"

 

En 2009, 37 enfants entre 5 et 14 se sont donné la mort. Au début de l'année 2011, un garçon de 11 ans et une fillette de 9 ans se sont suicidés. Ces cas rapprochés avaient poussé la secrétaire d'Etat à la Jeunesse, Jeanette Boughrab, a demander un rapport. "Un enfant qui se suicide, ça questionne la société toute entière", avait-elle déclaré à l'époque.

 

Les statistiques officielles ne retiennent que les "suicides évidents", regrette Boris Cyrulnik dans son rapport. L'enfant "peut écrire une lettre d'adieu (...) mais le plus souvent, il se penche trop par la fenêtre ou descend d'un autobus en marche. Alors les adultes parlent d'accident", dit le psychiatre et psychanalyste.

 

"Un moment d’extrême colère"

 

Xavier a perdu son fils de 9 ans. L'enfant, qui souffrait de maladies chroniques et ne supportait plus d'être différent, s'est pendu avec un drap dans sa chambre. "On essaye de comprendre, et encore de comprendre ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là, un jour. Possiblement que ce jour-là, quand il a tiré sur son drap, c’était plus un moment d’extrême colère peut-être contre lui-même, contre nous, contre la situation, contre cet état de chose, qui était si difficile à vivre" analyse Xavier.

 

"On essaye de comprendre" :


1 appel sur 5 pour des enfants suicidaires.

 

Sur le terrain, les associations d'écoute constatent une nette augmentation du nombre d'appels à propos d'enfants suicidaires. Thérèse Hannier qui dirige l'une de ces plateformes parle même d'un appel sur cinq. "Depuis trois ans environ, on a des appels de parents qui concernent leur enfant de 8, 9, 10 ans. Et là, ça représente environ 20% de nos appels", assure-t-elle.

 

Pour Boris Cyrulnik, cette évolution est à mettre au compte d'un dérèglement de la société actuelle. Malgré tout le confort matériel dont bénéficient les enfants, il manque un élément essentiel : "quand un petit enfant est gardé par un frigidaire et par la télévision, il est seul. Or, ce qui donne confiance à un enfant, ce qui le sécurise, c’est la relation humaine".

 

"Gardé par la télévision, un enfant est seul" :

 

Mieux entourer les enfants.

 

Mais pour le neuropsychiatre, le suicide des enfants n'est pas une fatalité et il existe des solutions. Boris Cyrulnik préconise ainsi de mieux développer les métiers de la petite enfance, pour retrouver une sécurité affective. Il propose également de prolonger les congés maternité avant et après la naissance.

 

Jeannette Bougrab s'est félicitée de ce "rapport inédit qui aborde ce qu'on refuse de voir, le suicide des tous petits de sept, huit, neuf ou dix ans", a-t-elle dit en s'adressant à Boris Cyrulnik qui, selon elle a "brisé un tabou". "On assiste à une augmentation du phénomène, en parler est essentiel pour mettre en place des dispositifs de prévention. On ne peut pas dire que parce que ça ne concerne que quelques enfants, on ne va pas s'en occuper", a déclaré la secrétaire d'Etat. "Ne pas en parler, ne va pas éteindre le phénomène", a-t-elle conclut.

   

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