Voici le deuxième opus de la médecine psychosomatique, qui tend à prouver, au contraire de certains chercheurs, que nos émotions et nos actions façonnent l’expression de nos gênes de façon constante.
A la demande de certains lecteurs, je vais d'abord vous définir le terme "ADN":
En biologie, c'est le principal constituant des chromosomes, qui sert de support à l'information génétique et à sa transmission héréditaire (Acide DésoxyriboNucléique), les chromosomes étant eux-mêmes les éléments constituants du noyau d'une cellule.
Si l’on sait que nos états d’âmes et nos traumatismes influent sur notre santé (comme vu précédemment), les travaux récents démontrent qu’ils vont au-delà, jusqu’à attaquer notre ADN avec des conséquences que je vais exposer ci-après :
Violences, mauvais traitements, névroses et troubles psychologiques laissent des traces indélébiles une fois atteint l’âge adulte. Ces expériences négatives s’inscrivent dans notre organisme au point d’affecter durablement notre comportement ou notre santé !
Dans un état de stress, le cortisol se libère sur ordre des centres nerveux du cerveau au travers des glandes surrénales, situées au dessus des reins. L’excès de cette hormone entraine une augmentation de la pression artérielle et du taux de sucre dans le sang. Mais ce n’est pas tout, le stress provoque un vieillissement accéléré et une dégradation de l’ADN comme s’il était rongé par l’angoisse…
On remarque alors que les chromosomes issus de cette ADN modifié sont « raccourcis » au niveau des télomères. Les télomères sont des extrémités, comme des capuchons, protecteurs de l’érosion au fil des divisions cellulaires. Le vieillissement du corps humain et proportionnel à la longueur des télomères : plus ils sont courts, plus les cellules se dégradent, comme l’ADN.
L’effet est toutefois réversible, des études ont prouvé que si le niveau de stress diminue, la longueur des télomères augmente de nouveau.
La grande question est : comment le stress peut-il raccourcir les capuchons des chromosomes ?
Pour y répondre correctement, je vais reprendre point par point depuis le premier article les causes et conséquences d’une inadaptation psychologique :
En premier lieu, un traumatisme ou simplement une colère refoulée produisent des influx nerveux mal répartis dans l’organisme. Ces influx sont appelés « anarchiques » parce qu’ils débordent des voies naturelles et se détournent vers le système neuro-végétatif (ou système sympathique) au lieu de remonter à la conscience (cortex), qui elle, digère les événements.
Les différents viscères du corps (cœur, poumons, reins, intestins, etc..) se mettent alors à dysfonctionner et envoient à leurs tours des influx erronés au cerveau ainsi que des hormones non adaptées à la situation du moment. Ces hormones circulent alors en excès dans l’organisme et commencent à dégrader celui-ci.
Une fois cette étape franchie, le cercle vicieux psychosomatique est en marche ! Cercle qui ne pourra être rompu qu’avec une intervention extérieure (psychanalyse ou médication antidépressive).
De toutes les hormones, c’est le cortisol décrit ci-dessus, hormone du stress par excellence, qui serait à l’origine de la réduction de la télomérase (molécule chargée de l’entretien des télomères) par un jeu d’interaction chimique encore mal défini.
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La question des télomères étant élucidée, nous comprenons maintenant pourquoi le stress produit une accélération du vieillissement. Mais nous ne savons toujours pas pourquoi l’ADN est lui aussi rongé par nos émotions négatives ?
Dans l’article sur le fonctionnement cérébral, j’ai montré sur l’infographie que l’Hippocampe est aussi un centre nerveux de toute importance dans l’adaptation des événements. Cette zone gère, comme vu auparavant, les moments marquants de notre vie ! Et c’est elle qui entre justement en scène dans cette fameuse dégradation de l’ADN, en accord avec l'Hypothalamus et l'Amygdale.
Voici un schéma :
Le phénomène biologique encore obscur se dévoile de plus en plus dans l'action de ces centres nerveux. On sait en Epigénétique (étude de l'expression des gênes d'une génération à l'autre), que l'hippocampe génère des erreurs d'étiquetage des groupes méthyles sous l'effet du stress.
Les groupes méthyles sont des molécules qui empêchent physiquement l'expression de certains gênes lorsque cela s'avère nécessaire, pour produire des cellules différentes selon les besoins.
Sur une étude faite sur des rats, on remarque que les hippocampes des bébés rats cajolés sont moins envahis par les groupes méthyles. Alors que chez les bébés rats abandonnés, ces groupes méthyles envahissent leurs hippocampes et apparaissent en noir dans les imageries médicales.
L'Hippocampe des rats délaissés bloque toute possibilité d'expression de l'ARN entrant dans la fabrication des récepteurs au cortisol (encore lui), et ces mêmes récepteurs sont indispensables pour répondre aux effets négatifs produits par le stress. Sans ces récepteurs, le bébé rat sera désarmé face aux angoisses perpétuelles qu'il ressent et souffrira de troubles de la mémoire ainsi que d'un comportement dépréssif.
Même à l'âge adulte, le moindre événement dans la vie du rat prendra des proportions alarmantes!
Le même problème se pose chez les humains, d'où l'importance de ne pas avoir peur de se prendre en charge psychologiquement lorsque rien ne va plus, afin de limiter la production des groupes méthyles et de favoriser l'expression des gênes récepteurs...