Texte révélateur d'Alexandre Girardot:
En proposant la relation commerciale, comme unique horizon des relations humaines, les personnes sont réifiées.
La caractéristique principale de la personne est qu’elle se définit elle-même en tant que singularité. L’affirmation et la place que prendra cette singularité dans le tissus social va lui permettre ou non d’exister en tant que telle.
Or, la relation commerciale, en déplaçant la personne sur le champ du spectacle total, réifie cette dernière. Elle perd toute singularité.
Ainsi, on assiste à l’usage généralisé du prêt à penser, au nivèlement par le bas, non plus à la pensée unique mais à la pensée « ground zero », caractérisée par un glissement du sens, une simplification de l’expression, une pioche quasi systématique d’idées et de pensées émises par des personnes qui, elles, sont totalement dans le champ spectaculaire, je veux parler des nombreux intervenants intellectuels et artistiques ayant accès à la Scène Médiatique.
Peu après les attentats du 11 Septembre 2001, on distinguait encore dans les médias « l’islamisme » de « l’islam », le premier relevant d’une idéologie quand le second est sur le terrain religieux. Très vite, on a cessé de parler de l’islam quand on souhaitait parler de la religion, pour ne plus parler que d’islamisme ou d’islamique. Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres mais il semble bien que pour obtenir de la personne qu’elle accepte de perdre sa singularité, il faille lui donner quelques contreparties, ces dernières consistant exclusivement en une identification à un modèle spectaculaire réifiant et réifié. Il faut aussi que la personne cesse peu à peu de penser par elle-même, car c’est d’abord ici le lieu de sa singularisation.
Cette perte de singularité se traduit par un grand conformisme : toutes les idées se valent, seul le système actuel, tant politique qu’économique, est satisfaisant et répond ou répondra à toutes les attentes.
Le niveau scolaire à considérablement baissé ces 30 dernières années, et déjà alors le mouvement à la baisse était amorcé. Aujourd’hui, la qualité et la richesse de l’expression écrite et orale se nivèle vers le bas.
En ramenant les relations humaines à des relations à caractère exclusivement commerciales et spectaculaire, ces dernières s’appauvrissent. Le résultat : plus de 10% de la population mondiale est touchée par toutes sortes de troubles affectifs et psychiques. Et ce chiffre est en constante augmentation. Rien de surprenant à cela, la personne humaine, ontologiquement singulière réagit à l’uniformisation, la réification et la paupérisation.
Mais on va choisir de trouver des médications standards plutôt que traiter le problème à la source. Et quand la médication n’est plus possible, alors reste la mise à l’écart, que ce soit par la mise en dépendances des personnes atteintes, par internement psychiatrique ou par l’emprisonnement quand le trouble déborde et devient violence.
"Depuis le 11/9, ce sont les singularités que nous sommes qui sont victimes d’attentats quotidiens, d’assauts répétés. La pensée « ground zero » doit régner."
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