12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 09:59

Nous avons tous ou presque nos petits moments peu glorieux vis-à-vis de notre partenaire. Parfois, cela va plus loin, et le manque de respect claque comme un coup de fouet. De la banale distraction au mépris humiliant, ces marques laissent toujours des traces. Pourquoi les subit-on ? Comment leur faire barrage ?

 

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Le secret de l'amour : Le respect !

 

La petite pique qui blesse, le gros éclat de voix qui secoue ou le silence méprisant qui glace… La vie de couple est aussi faite de ces échanges, plus ou moins violents, plus ou moins fréquents. La fatigue, le stress, la vie commune, tout simplement, offrent mille et une occasions de laisser s’exprimer notre agressivité. Les dérapages verbaux, qui peuvent aller jusqu’à l’insulte ou la menace, nous rappellent si besoin était que le sentiment amoureux est intrinsèquement ambivalent. Dans l’amour, et pas seulement sur un champ de bataille, on marque son territoire, on intimide, on donne ou on rend les coups, on s’affirme pour défendre sa liberté, et parfois pour prendre le pouvoir. La plupart des couples trouvent, au fil du temps, l’alchimie qui leur va, l’équilibre qui permet à la relation de durer sans les abîmer. Certains puisent même dans le rapport de force une stimulation, voire une excitation, qui donne à l’intimité le coup de fouet qui l’empêche de ronronner. D’autres, en revanche, subissent, dans la douleur et souvent dans le silence, l’irrespect chronique de leur conjoint.

 

Éric, 44 ans, évoque une ex-compagne qui se débrouillait toujours pour souligner leur différence de salaire. « C’était tellement subtil, bien enrobé, que je ne pouvais pas le prendre mal, en tout cas, je ne savais pas comment riposter sans paraître geignard, j’étais humilié et réduit au silence. » Ponctuelles ou régulières, ces marques d’irrespect ne sont jamais, aux yeux des thérapeutes de couple, anodines et inoff ensives. Et elles peuvent prendre de multiples formes.

 

En parole, en action et par omission...

 

Selon Patrick Estrade, auteur du Couple retrouvé (Dangles 1991), le manque de respect est polymorphe. Il va de la distraction à la négligence, en passant par la grossièreté, sans oublier le silence. « Il suffit d’être en face de l’autre, en sa présence, et de se conduire comme si l’on était seul pour être dans le manque de considération, détaille le psychologue et thérapeute de couple. La distance est la mesure étalon du respect dans le couple : trop loin, je t’ignore ; trop près, je ne te vois plus. » Quelques manifestations parmi d’autres : couper la parole, laisser courir son regard partout pendant que l’autre parle, ne pas être attentif à ce qu’il dit, hausser des sourcils agacés ou ironiques lorsqu’il s’exprime, adopter des postures relâchées, pratiquer la moquerie chronique…

 

« Dans tous les cas de figure, l’irrespectueux n’est pas dans le souci de l’autre, ajoute Patrick Estrade. Il peut être dans le souci de donner une bonne image de lui à l’extérieur et considérer que, une fois rentré chez lui, il peut se vautrer dans l’intimité car il pense qu’il n’a plus d’efforts à faire. C’est aussi cela le manque de respect : prendre ses aises, s’avachir, se permettre… » Maxime, 34 ans, se souvient d’une petite amie qui s’épilait les jambes à la cire sur le canapé du salon et laissait traîner ses Coton-Tige usagés sur le lavabo de leur salle de bains. « À l’extérieur elle était toujours impeccable, et à la maison c’était presque une souillon ! Elle l’a très mal pris quand je lui en ai fait la remarque, elle m’a traité de maniaque coincé ! »

 

Il existe, selon Patrick Estrade, deux formes d’irrespect : celui qui naît de la négligence, et celui qui est actif, agressif – et qui apparaît dans ce qu’il appelle les « champs de batailles secondaires ». C’est-à-dire les petits conflits qui n’ont pas été réglés et qui empoisonnent la relation. Chacun se rend la monnaie de sa pièce. Selon son style. Railleries devant les amis, soupirs excédés à la moindre remarque, manque flagrant d’attention… À propos de style, le psychanalyste Gérard Bonnet, auteur de L'irrésistible pouvoir du sexe (Payot 2001), remarque que les hommes et les femmes ont des manières distinctes d’être irrespectueux. Les premiers seraient plus agressifs, plus directs ; les secondes, plus allusives. « Les hommes écrasent, les femmes déstabilisent, mais la violence est présente chez les uns et chez les autres. Et le grand perdant, c’est toujours le couple. »

 

« Les partenaires irrespectueux nient l’autre, ils ne prennent en compte ni ses émotions ni ses besoins, affirme le psychanalyste Jean- Michel Hirt, auteur de L'insolence de amour, fictions de la vie sexuelle (Albin Michel 2007). Il y a toujours dans ces comportements une indéniable part de haine. Une haine qui fait partie de l’amour, et qui devient de l’irrespect quand on la refoule. » Ainsi, moins on est conscient de ce qui se joue en soi, plus on a du mal à assumer l’ambivalence de nos sentiments, plus on projette sur l’autre nos conflits intérieurs. Dans l’irrespect, la vengeance n’est jamais loin. Il y a, dans le fait de blesser, le désir de faire payer l’autre. Pour la mauvaise image qu’il renvoie de soi, pour son insupportable supériorité, réelle ou fantasmée, pour ce qu’il réactive du passé. En revanche, la négligence par distraction est décodée comme telle, et par son auteur et par celui qui en fait les frais. « La négligence sans intentions agressives fait presque toujours l’objet d’excuses spontanées, note le psychanalyste. Plus grave est, en revanche, la propension à accuser sa victime d’hypersusceptibilité ou de paranoïa, ce déni de violence est en soi une nouvelle violence. »

 

La sexualité, un espace catalyseur

 

Florence, 42 ans, a mis des mois avant d’oser dire à son compagnon qu’elle se sentait agressée, dans leur relation sexuelle, par certains de ses gestes. « Je percevais dans sa manière de me toucher quelque chose qui était plus de l’ordre de la colère que de l’excitation. Quand je lui en ai parlé, il est devenu agressif, il n’a pas supporté d’être mis en cause dans ce qu’il estimait être ses compétences viriles. Nous avons pris la décision d’aller voir un sexothérapeute, et le dialogue a pu être possible. »

 

Catherine Blanc, auteur de La sexualité des femmes n'est pas celle des magazines (Pocket 2009) rappelle que « la libido est agressivité, c’est une forme de violence nécessaire et inhérente au sexuel. Du coup, certaines prises de pouvoir sur l’autre sont facilitées, analyse la sexologue, et il n’est pas toujours facile de les identifier, encore moins de les mettre en mots ». Difficulté supplémentaire, Catherine Blanc souligne que la notion de respect est étroitement liée au rapport que chacun entretient avec la sexualité. Avec ses inhibitions, son corps et ses fantasmes. « Toute la difficulté est de poser ses limites, mais sans camper sur des positions rigides de principe, résume-t-elle. Subir l’irrespect en se taisant est un calcul qui se révèle dangereux à long terme, pour soi comme pour la relation. »

 

Trouver la force de poser les limites

 

Alors comment faire face ? « Au premier dérapage, il est bénéfique de marquer le coup de manière forte, avance Jean-Michel Hirt. Cette confrontation a valeur de test. Il s’agit de poser ses limites et d’inviter l’autre à en tenir compte. S’il est dans le déni ou dans la recherche de domination, chacun en tirera ses conclusions en toute connaissance de cause. » S’affirmer pour dire stop exige que l’on soit conscient de l’affront et que l’on puisse trouver en soi la capacité de refuser. Une double condition qui semble évidente à ceux et celles qui ont été respectés enfants et qui ont suffisamment de sécurité intérieure pour braver la peur du conflit.

 

« Quand on n’ose pas réagir, il peut être très aidant de chercher un lien entre la situation présente et une situation déjà vécue dans le passé avec ses parents. La prise de conscience est un premier pas indispensable, affirme Maryse Vaillant, auteure avec Sophie Carquain de La répétition amoureuse, sortir de l'échec (Albin Michel 2010). Une mauvaise opinion de soi, l’habitude d’avoir été négligé ou maltraité par ses parents peuvent conduire, à l’âge adulte, à la répétition de relations maltraitantes, poursuit la psychologue. Pour sortir de l’engrenage, il faut souvent atteindre un trop-plein de souffrance. »

 

Mais parfois, un ras-le-bol suffit. C’est ce qu’a vécu Dominique, 46 ans, après vingt-quatre ans de mariage avec un homme « froid et condescendant », ressemblant étrangement à sa mère. « Ma soeur, qui est mère de deux enfants de 11 et 8 ans, venait de faire une nouvelle tentative de suicide. Inutile de dire que j’étais dans tous mes états. Mais là, quand mon mari a dit : “Son égocentrisme n’a pas de limites”, tout est devenu clair dans ma tête. J’ai su que j’allais enfin avoir le courage de divorcer. »

 

Témoignage

 

Manon, 39 ans, chargée de mission dans l’économie sociale et solidaire
« Je harcelais mon mari sans le savoir »

 

« Je suis d’une nature angoissée et je suis une mère très anxieuse. Pendant toute la petite enfance de mon fils Loris, c’est Simon, son père, mon ex-mari, qui en a fait les frais. Lui est d’un tempérament optimiste, frisant l’insouciance. Ce n’est qu’avec un travail sur moi et après mon second mariage que j’ai réalisé que je lui avais manqué de respect en le faisant passer, aux yeux de son fils, pour un dangereux inconscient. Je le harcelais sans le savoir. Il ne pouvait prendre aucune initiative concernant Loris sans que je supervise tout. Je ne le laissais jamais seul avec lui. Les conflits étaient incessants, et quand il m’accusait d’être d’une anxiété maladive, je lui renvoyais toutes ses erreurs et ses échecs dans le domaine professionnel. Aujourd’hui, j’en ai vraiment honte. Le pire, ça a été quand Loris, à la veille de fêter ses 6 ans, a demandé à son père s’il avait mon autorisation pour faire un mini-feu d’artifice, car cela pouvait être dangereux. Je n’ai pas oublié le regard que m’a lancé Simon. »

 

Propos recueillis par Flavia Mazelin Salvi - www.psychologies.com

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